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vendredi 12 novembre 2010

Florent Pagny et les chasseurs de sorcières



Dans la rubrique : "Les dames patronnesses sont de sortie !", voilà que de belles âmes, qui n'ont apparemment que ça à faire, sont allées chercher des poux sur la tête de Florent Pagny, pour des propos frisant le racisme, paraît-il.

J'ai bien entendu les propos de Pagny, repris par la plupart des radios et de la presse écrite. Et j'avoue m'être pincé devant la polémique artificielle qu'ils ont suscitée.

Je cite francesoir.fr :

Mardi sur Chérie FM, le chanteur indiquait que ses enfants étaient désormais scolarisés aux Etats-Unis, et déclarait au micro : « Et puis, c'est vrai, il y a un moment où ton môme, il rentre à la maison et d'un seul coup, il se met à parler rebeu... ». Il ajoutait : « Ce n'est pas possible: tu ne vas pas pouvoir me parler +çacom+ (NDLR : comme ça, en verlan), parce que verlan, encore, tout va bien, mais là, il n'y a pas de raisons (...). Tu vas passer à autre chose et tu vas essayer de rattraper le groupe de tête plutôt que de traîner ». Le même jour, le CRAN avait dénoncé un « dérapage raciste ».

Mercredi, Florent Pagny s'est excusé sur RTL après s'être expliqué la veille au Grand Journal de Canal+. « Je tiens à m'excuser si j'ai blessé, choqué, offensé des gens. Moi, raciste, c'est l'antipode de ce que je peux être », a-t-il affirmé sur les ondes de RTL. « Je prie juste de m'excuser, je parle des fois un peu vite. Il y a des propos qui peuvent avoir d'autres conséquences. On ne maîtrise pas tout, je suis un homme ordinaire », a-t-il plaidé.

Fin de citation


Je précise, à tout hasard, que je suis noir de peau et détenteur d'un passeport africain. Ce qui veut dire que je suis de nationalité africaine, pas d'origine africaine, comme on l'entend souvent dans les médias ; non, je suis bel et bien AFRICAIN !

Cela étant, j'interdis à ce monsieur Lozès, que je ne connais pas, ainsi qu'à ses acolytes du CRAN - ce groupuscule autoproclamé "conseil représentatif de je ne sais trop quoi" - de prétendre parler en mon nom. Je suis noir et je me contrefiche des élucubrations du CRAN. Jusqu'à ce jour, je me contentais de suivre de loin les plaisanteries de ce groupuscule, mais au train où vont les choses, je crois que je vais bientôt descendre dans la rue pour que ces messieurs-dames du CRAN nous lâchent les baskets !

Franchement, la cause de l'anti-racisme mérite autre chose que du grand-guignol !

Raciste, Pagny, tout simplement parce qu'il aurait eu un haut-le-coeur en entendant son fils parler une espèce de charabia ? Mais de qui se moque-t-on ?

Pagny a dit que son fils s'est mis à "parler rebeu". Les gens du CRAN savent-ils seulement ce que "parler rebeu" veut dire ? Moi non. Donc, dans le doute, on s'abstient, comme, du reste, les représentants - s'ils existent ! - de la communauté "arabe" de France se sont abstenus de toute polémique.

Parce que, si je suis le raisonnement de certains, "rebeu" renvoie à "beur", autant dire arabe... Mais je ne sache pas qu'il existe un "parler beur" dans les banlieues que je fréquente depuis longtemps, la grande majorité des jeunes Maghrébins nés en France ne maîtrisant même pas l'arabe ! Pagny a fort bien pu utiliser cette expression en pensant à tout autre chose. Mais bon, admettons qu'il s'agisse de cela.

Questions : Le fils de Florent Pagny lui a-t-il seulement parlé en arabe ? Et si c'était le cas, en quoi le CRAN est-il représentatif des Arabes de ce pays ? Et s'il ne s'agit pas de parler arabe mais une sorte de sabir, comme ceux que l'on entend souvent dans les cours de récréation, voire qu'on lit sur les SMS ou sur Internet, depuis quand la réfutation d'un mode d'expresssion un peu trop familier, voire vulgaire, a-t-elle quoi que ce soit à voir avec du racisme ?

Et la preuve que le père de famille visait tout autre chose que la "race", cette injonction qu'il fait à son fils : "Tu vas passer à autre chose et tu vas essayer de rattraper le groupe de tête plutôt que de traîner ».

En bon français : "si tu veux faire de bonnes études, tu dois faire partie des meilleurs de ta classe, ce qui passe par la maîtrise des bases, c'est-à-dire du vocabulaire, de l'orthographe et de la syntaxe de la (de TA !) langue, de manière à pouvoir, demain, être compris de tes employeurs, collaborateurs, clients..., alors même que ce patois que tu essaies de baragouiner ne contribuera qu'à t'enfermer au sein d'une petite bande, ce qui ne te sera d'aucune utilté à l'avenir."

Voilà un discours pédagogique tenu à son fils par un père de famille responsable.

Et face à ça, qu'est-ce qu'on entend du côté du CRAN ? Tout et n'importe quoi !

En ces temps où la plus immonde des vulgarités n'hésite pas à se parer des habits de la bonne conscience et d'une moralité de pacotille, je tenais à exprimer à Florent Pagny toute ma solidarité de nègre africain, tout en espérant que monsieur Lozès, qui, décidément, a du temps à perdre, trouve enfin une occupation décente qui lui évite, à l'avenir, de se morfondre dans l'oisiveté.

Parce que moi, si un fils, ou une fille, ou un neveu se targuait de venir me parler dans un de ces patois de banlieue - qui ne sont que la manifestation d'un conformisme à travers lequel certains jeunes essaient coûte que coûte de s'intégrer au sein d'un groupe -, je le mettrais en demeure de changer de discours sous peine de sévères représailles.

Ce qui est arrivé au père de famille qu'est Florent Pagny n'est pas inédit : dans les "fratries" scolaires, il est souvent mal vu de se singulariser. Donc, tout le monde cherche à s'intégrer au groupe et, plus précisément, aux éléments les plus costauds et, souvent, les moins intelligents du groupe. Par conséquent, pour être accepté par ses pairs, il faut parfois en arriver à singer le plus grand nombre. J'observe, en passant, que si un petit Pagny s'est mis à parler "rebeu" en présence de son père, ça veut dire que les enfants Pagny allaient à l'école avec des enfants du peuple, alors qu'ils auraient pu être scolarisés du côté de Notre-Dame de l'Assomption ou de toute autre institution où les garçons portent le blazer à écusson et la cravate, et les filles une jupe plissée bleu-marine et un chemisier blanc ainsi qu'un petit chapeau rond. Je connais ; j'ai habité quelques années dans le 16ème arrondissement de Paris, où j'ai aussi officié comme professeur particulier auprès de quelques familles plutôt huppées.

Florent Pagny a décidé de se replier avec femme et enfants vers la Floride ? À part les tartuffes de tel petit lobby noir, qui osera lui jeter la pierre ?