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jeudi 17 octobre 2019

Sémantique de la désinformation #18


Épisode §18. Un "tweet" !


Et dire que Jean Anouilh a échappé à une convocation par la Kommandantur. Tandis que Dieudonné...

Citation :
Actuellement on se contente d’excommunier les représentants des monarques : ce n’est pas les ambassadeurs que je veux dire, mais les comédiens, qui sont rois et empereurs trois ou quatre fois par semaine, et qui gouvernent l’univers pour gagner leur vie. (...) Je ne connais guère que leur profession et celle des sorciers à qui on fasse aujourd’hui cet honneur. Mais comme il n’y a plus de sorciers depuis environ soixante à quatre-vingts ans, que la bonne philosophie a été connue des hommes, il ne reste plus pour victimes qu’Alexandre, César, Athalie, Polyeucte, Andromaque, Brutus, Zaïre, et Arlequin. (...) La grande raison qu’on en apporte, c’est que ces messieurs et ces dames représentent des passions. Mais, si la peinture du cœur humain mérite une si horrible flétrissure, on devrait donc user d’une plus grande rigueur avec les peintres et les statuaires. Il y a beaucoup de tableaux licencieux qu’on vend publiquement, au lieu qu’on ne représente pas un seul poème dramatique qui ne soit dans la plus exacte bienséance. La Vénus du Titien et celle du Corrége sont toutes nues, et sont dangereuses en tout temps pour notre jeunesse modeste ; mais les comédiens ne récitent les vers admirables de Cinna que pendant environ deux heures, et avec l’approbation du magistrat, sous l’autorité royale. Pourquoi donc ces personnages vivants sur le théâtre sont-ils plus condamnés que ces comédiens muets sur la toile ? Ut mictura poesis erit. Qu’auraient dit les Sophocle et les Euripide, s’ils avaient pu prévoir qu’un peuple qui n’a cessé d’être barbare qu’en les imitant imprimerait un jour cette tache au théâtre, qui reçut de leur temps une si haute gloire ? (Voltaire)

Vous ai-je déjà avoué détester lesdits "réseaux sociaux" ? "J'ai mal digéré un sandwich, vite, un tweet ! Il pleut des cordes devant ma fenêtre ? Vite un message, que les "followers" vont s'empresser de 'liker' ! J'ai croisé dans la rue une personne habillée bizarrement ; rendez-vous compte, elle portait un foulard  ! Vite, un tweet, pour susciter l'indignation en cascade des "followers" !" Le tout en cent quarante, pardon ! on est passé à deux cent quatre-vingts signes !

Voici venu le temps des idéologues à la pensée étriquée, rabougrie, rapetissée, façon Jivaros, le temps des exhibitionnistes en tous genres, des Tartuffes narcissiques de tous acabits ! Signe des temps, n'est-il pas ? Il faut dire que le "selfie" (de 'self' : soi-même) est passé par-là !

Moi qui suis un adepte des "longs papiers", soit de plus de 6000 signes, en général, je m'amuse depuis peu à expérimenter la pensée en 280 caractères, puisque je me suis inscrit sur le portail Tw..., bien moins chiant, il faut bien le dire, que Face-machin ou que Insta-truc, le tout dans le but de contacter certaines personnes, la règle vous imposant de créer un compte si vous voulez participer à une discussion ou envoyer un message à quelqu'un...

Donc, je me suis mis à envoyer des tweets par-ci, par-là, pas tous les jours, je vous rassure ! Le dernier en date ? Le voici, destiné à Mme Belloubet, Ministre (française) de la Justice.

Vous avez compris qu'il y était question d'un procès survenu récemment, intenté au seul comédien au monde (hors territoire taliban ou islamiste) à être régulièrement inquiété pour propos tenus sur la scène d'un théâtre, j'ai nommé Dieudonné.

Le message affiché ci-dessus était suivi de l'adresse numérique d'un texte important que l'on doit à feu Henri Meschonnic, alors professeur à l'Université Paris VIII et traducteur de la Bible.  Compte tenu des aléas toujours envisageables sur l'affichage de documents en ligne, le texte en question pouvant disparaître à tout moment, au gré des humeurs de son éditeur, j'ai choisi de l'afficher ici même, in extenso.

Pour en finir avec le mot "Shoah", par Henri Meschonnic (Le Monde, 19 février 2005)
"Comme tout ce qui touche au langage touche à l'éthique d'une société, donc à sa politique, je proposerais, pour qu'au moins une fois on l'entende, qu'on laisse le mot "Shoah" aux poubelles de l'histoire".
Jacques Sebag a rassemblé (Le Monde du 27 janvier) presque toutes les raisons de rejeter le terme "Holocauste" pour désigner l'extermination des juifs par le nazisme et par Vichy : puisque le mot désigne un sacrifice offert à Dieu, où, au lieu de manger la bête sacrifiée, on la brûle en entier, c'est-à-dire qu'on l'offre en entier à la divinité.
D'où le scandale d'user de cette appellation pour dire une extermination voulue par une idéologie sans rapport avec le divin. Appellation qui constitue un "contresens majeur", comme disait Jacques Sebag, mais nullement une "flagrante maladresse de langage". C'est bien plus grave. D'autant que le mot s'est installé, comme il le rappelle, aux Etats-Unis, conforté par la diffusion du film américain du même nom.
Pour condamner "Holocauste", il faut ajouter que non seulement le terme implique une théologie qui justifie le meurtre de masse en le présentant comme une dévotion et un sacrifice en paiement des péchés, ce qui en fait une punition divine - sacrilège maximal au nom du religieux -, mais c'est aussi parce que c'est un terme grec, qui vient de la traduction des Septante, texte de base du christianisme, une christianisation, une archéologisation.
Le consensus s'est déplacé, en français, sur le mot "Shoah", lui aussi porté par un film à succès, celui de Claude Lanzmann. Mais autant Jacques Sebag rassemble avec énergie l'argumentation "pour en finir avec le mot Holocauste", autant il semble, comme tout le monde, accepter le mot "Shoah" et même le justifier : "Shoah dit la judéité de la victime et souligne, à juste titre, sa spécificité religieuse et culturelle."
Or, là aussi, il y a de l'intolérable, et il faut le faire entendre, d'autant plus qu'on ne l'entend pas. Les références mêmes à l'hébreu, avec l'apparence du savoir, inversent toute la réalité historique du mot, et aggravent un contresens généralisé qui ne semble gêner personne.
Ce qui accroît le scandale. Car le mot "Shoah" n'a pas du tout, en hébreu, de "connotation religieuse", et il ne désigne pas "également" un cataclysme et il ne renvoie pas "aussi à l'idée de "catastrophe naturelle"". Le mot n'a rien à voir avec le massacre, il n'introduit pas non plus du "providentiel".
Le scandale, que la médiatisation du mot rend inaudible, est que c'est un mot qui, dans la Bible où il se rencontre treize fois, désigne une tempête, un orage et les ravages - deux fois dans Job - laissés par la tempête dévastatrice. Un phénomène naturel, simplement.

Il y a d'autres mots, dans la Bible, pour désigner une catastrophe causée par les hommes. Le scandale est d'abord d'employer un mot qui désigne un phénomène de la nature pour dire une barbarie tout humaine.
L'hébreu dit, par exemple, "hurban". C'est le mot qu'emploie Manès Sperber dans Etre Juif (Odile Jacob, 1994). Je ne connais que trois auteurs qui emploient ce terme : Manès Sperber, Elias Canetti et Daniel Lindenberg, dans Figures d'Israël (Hachette, 1997), qui note que "hurb (a) n", en hébreu, égale "destruction, ruine (forme yiddish : hurbn)". Terme qui serait "peut-être plus approprié pour désigner le génocide nazi des juifs, entre 1941 et 1945".
Le consensus s'est collé sur le mot "Shoah". Ecrit à l'anglaise. Et ce mot est une pollution de l'esprit. Pour plusieurs raisons, qui tiennent à ses effets pervers.
Il n'y a pas à céder, un peu vite et lâchement, à l'argument qui mettrait le rappel du sens biblique de ce mot au compte d'un souci déplacé pour une archéologie du langage. Il est vrai que l'histoire ne cesse de montrer que des mots prennent des sens nouveaux, perdent des sens anciens.
Mais il n'est pas anodin d'avoir pris, pour nommer une horreur toute ciblée, un mot d'hébreu biblique. Il y a là d'abord une insensibilité au langage qui juge ceux qui l'acceptent et s'y associent sans même le savoir, sans chercher à le savoir.
Ici intervient un autre aspect du scandale de ce mot, c'est qu'il est présenté comme le "nom définitif" de l'innommable. Tout se passe comme si Claude Lanzmann, l'auteur du film Shoah, identifiait son film à la nomination de l'innommable même, ayant choisi ce nom hébreu, de son propre aveu, parce qu'il ne connaît pas l'hébreu (Libération du 24 janvier) : "J'ai choisi ce nom parce que je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire". Où se mêlent l'idée de "destruction" et "aussi bien - celle d' - une catastrophe naturelle". D'où est privilégié l'"opaque", renforçant ainsi l'identification entre l'innommable au sens d'une horreur que le langage ne peut pas dire, et l'effet de nom "éponyme", "acte radical de nomination", qu'il s'approprie : "L'auteur de la Shoah, c'est Hitler. Lanzmann, c'est l'auteur de Shoah."
Les nazis avaient des raisons qui étaient propres à leur tactique pour recourir à une terminologie de masquage qui était en même temps explicite : "solution finale", "évacuation" (pour déportation). Il n'y avait là rien d'innommable ou d'indicible. Tout était parfaitement nommé. Les états d'âme concernant la désignation sont apparus en 1944-1945, en même temps que le tabou qui rendait inaudibles les récits des témoins et survivants.
L'invention du terme "génocide" est assez vite devenue matière à problème, celui d'une spécificité-unicité. Revendiquée par les uns, refusée par les autres, étant donné la multiplication des massacres de masse : génocides arménien, cambodgien, rwandais... Ce que récemment l'apparition du terme "judéocide" tend peut-être à conjurer.
Car il y a bien, chaque fois, une spécificité, une unicité. La spécificité juive tient à tout un héritage d'enseignement non du "mépris", comme disait Jules Isaac, mais de la haine. Un héritage théologico-politique qui s'est biologisé, radicalisé, selon une rhétorique remarquable d'inversion : la haine contre ce que Hegel appelait la religion de la haine, opposée à la religion de l'amour - le christianisme. Même rhétorique de l'inversion, et je la mentionne parce qu'elle est essentielle, dans l'utilisation des Protocoles des Sages de Sion : une réelle volonté de destruction de ceux à qui on impute cette volonté de destruction. C'est la continuité de l'antijudaïsme chrétien à l'antisémitisme du XIXe siècle, qui aboutit à une radicalisation d'hygiène populiste avec Hitler et Vichy. Parfaitement nommée "solution finale".
Au passage, puisqu'on en est aux commémorations, je propose qu'on organise un centenaire des Protocoles des Sages de Sion : 1905. Ce serait une occasion unique à saisir pour montrer à tous la bête immonde et son utilisation par une autre rhétorique d'inversion, tout actuelle, la même et pas la même. Sans oublier que ce sont les Arabes chrétiens qui, vers 1920, ont traduit en arabe cette Bible du tuez-le-juif.
Là-dessus, deux problèmes. L'un est que le choix d'un mot hébreu pour désigner la "solution finale", liée à des siècles de haine, fait dire dans la langue emblématique des victimes un acte entièrement imputable aux hygiénistes de la race. Ce n'était pas la langue de ceux qu'on a massacrés. L'hébreu leur était une langue liturgique. Sans parler des enfants, dont beaucoup ne parlaient pas encore, mais Drieu La Rochelle avait dit de ne pas oublier "les petits". Nommer cet acte en allemand, Endlösung, serait aussi faire offense à ceux qui ont les premiers rempli les camps, et la langue allemande n'y est pour rien.
L'autre problème, dans ce mot empoisonné, c'est une victimisation tout aussi totalitaire que le massacre : ce qu'Ami Bouganim appelle le "traumatisme de la Shoah", dans Le Juif égaré (Desclée de Brouwer, 1990). On retrouve l'interdit énoncé par Adorno en 1949, qu'il serait barbare et impossible d'écrire des poèmes après Auschwitz.
Ainsi "Shoah" condense un "culte du souvenir" qui s'est mis à dévorer ce qui reste de vivant chez les survivants. Le procès apparemment fait à un mot porte sur tout ce qui porte ce mot, comme dit Yeshayahu Leibowitz : "La grande erreur d'aujourd'hui consiste à faire de la Shoah la question centrale à propos de tout ce qui concerne le peuple juif", et la Shoah est devenue ainsi pour certains "le substitut du judaïsme" (dans Israël et judaïsme, Desclée de Brouwer, 1996).
Le mot ramasse ce qu'on a appelé "la question juive". Qui est tout sauf juive. Une fois de plus, comme écrivait Hegel, les juifs n'ont pas d'histoire, n'ayant que celle de leur martyre. Alors, pour lutter contre les rhétoriques d'inversion et de dénégation liées à la victimisation, qu'énonçait déjà Rudolf Hoess, le chef du camp d'Auschwitz, dans ses Mémoires, quand il disait que, de cette extermination (inachevée), ce seraient encore les juifs qui tireraient le plus de profit, et comme tout ce qui touche au langage touche à l'éthique d'une société, donc à sa politique, je proposerais, pour qu'au moins une fois on l'entende, qu'on laisse le mot "Shoah" aux poubelles de l'histoire.
Raul Hilberg ne s'en embarrassait pas, dans son livre La Destruction des juifs d'Europe. Et lui ne voulait pas du terme d'"extermination". Il y a eu, et il y a encore, une purulence humaine qui a voulu et qui veut la mort des juifs. Il n'y a pas besoin d'un mot hébreu pour le dire. On peut le dire dans toutes les langues avec des mots qui disent ce qu'ils veulent dire, et dont chacun connaît le sens.
Le mot "Shoah", avec sa majuscule qui l'essentialise, contient et maintient l'accomplissement du théologico-politique, la solution finale du "peuple déicide" pour être le vrai peuple élu. Il serait plus sain pour le langage que ce mot ne soit plus un jour que le titre d'un film.

Henri Meschonnic est traducteur de la Bible, professeur émérite à l'université Paris-VIII. (Source)


Liens : 01 - 02 - 03  


mardi 2 juillet 2019

À propos de Dieudonné. Quelques observations sur ce pays si tolérant qu'est (censée être) la France


Nouvelles brèves du pays de Voltaire... 

Avertissement : à l'attention de mes nombreux visiteurs qui ne vivent pas en France : Dieudonné est, pour dire les choses simplement, le meilleur humoriste français de ce début de 21ème siècle. Et, pour affirmer cela, je me contente de me baser sur quelques données incontestables : par exemple, c'est le seul homme de scène francophone à remplir de grandes salles de spectacle moyennant zéro couverture médiatique ; le seul à faire carrière sans percevoir le moindre salaire d'appoint comme "humoriste officiel" au service d'une radio ou télévision, et ce, contrairement à la quasi-totalité de ses confrères.

C'est aussi le seul et unique humoriste à avoir suscité la confection de sondages auprès du grand public, dans la rubrique : "Ça ne s'invente pas !". 

 
Autre détail important et tout aussi incontestable : autrefois, il y eut les Raimu, Fernandel, Bourvil, Coluche..., identifiables à leur unique nom de scène. Le fait est que, pour l'heure, en France, il n'y a qu'un humoriste dont le prénom suffise à l'identifier, là où tous les autres ont besoin de faire citer leur patronyme (Elie Semoun, Djamel Debbouze, Florence Foresti, Jean-Marie Bigard, etc.). 

Ah, bien sûr, j'allais oublier : Dieudonné passe auprès de certains "bienpensants" (au lexique bien pauvre !) pour un "antisémite", lui qui, par ses amitiés pro-palestiniennes, doit se considérer plutôt comme un champion du pro-sémitisme ou du philosémitisme, les Palestiniens et leurs cousins arabes représentant près de 90 % des Sémites peuplant cette Terre.

Par parenthèse, j'invite ceux et celles que ça intéresse à lire le chapitre consacré aux Juifs dans le Dictionnaire Philosophique de Voltaire, ainsi qu'un petit opuscule qu'on doit à Martin Luther, et intitulé (j'ai une réédition de l'original en allemand) : Von den Juden und ihren Lügen, histoire de se convaincre que Dieudonné se trouve en très bonne compagnie ! Mais ai-je besoin d'ajouter que l'assimilation de l'opposition à la politique - maintes fois condamnée par l'ONU - de l'occupant israélien en Palestine, avec de la judéophobie - terme bien plus indiqué que le prétendu "antisémitisme" - relève, selon moi, de la plus vile crétinerie ?

               Une cathédrale, quelque part en France. Ecclesia et Synagoga, ou l'Église       
 triomphante face à la Synagogue désemparée (aux yeux bandés)
 
 Fin de l'avertissement

À vrai dire, j'étais parti pour afficher, ici même, une simple revue de presse, sans commentaires. Il s'agit d'un article reprenant un autre article... Vous allez comprendre. Lors de la préparation d'un spectacle de Dieudonné, un voisin irascible serait intervenu au volant d'un gros véhicule et serait littéralement entré dans le décor du spectacle, heurtant quelques quidams au passage, ce qui devrait - en principe ! - lui valoir une plainte en bonne et due forme pour tentative de meurtre. Nous verrons ce qu'il en sera par la suite.


Citation
FAITS-DIVERS - Un homme d’une cinquantaine d’années a légèrement blessé quatre personnes dimanche 30 juin dans la soirée en fonçant en voiture sur une scène que s’apprêtait à occuper le polémiste Dieudonné, sans savoir apparemment que celui-ci s’y produirait, ont indiqué les gendarmes à l’AFP.
L’homme, a expliqué le colonel Rénald Boismoreau, commandant du groupement de l’Yonne, est un voisin de la personne chez laquelle Dieudonné devait donner son spectacle dimanche à Neuvy-Sautour.
Vers 18h00, il est venu demander aux régisseurs à qui était destinée la scène qu’ils étaient en train de monter. “Un peu sur les nerfs, il semblait redouter un spectacle bruyant”, a expliqué le colonel. Comme il n’obtenait pas de réponse satisfaisante, il a foncé en voiture en direction de la scène.
Deux des personnes en sont tombées et se sont légèrement blessées dans leur chute. L’homme a mordu une troisième personne et en a frappé une quatrième. Mais aucune n’a été hospitalisée et elles ont pu assurer le spectacle devant 200 personnes, a précisé le colonel Boismoreau.
Une enquête a été ouverte pour violences volontaires. L’homme était toujours en garde à vue dimanche en fin de soirée à la brigade de Saint-Florentin, tandis que les témoins défilaient devant les gendarmes, avant de partir lundi pour une autre ville. Ce voisin irascible, qui suivrait un traitement à base d’anxiolytiques, a indiqué ne s’être rendu compte qu’après coup de qui était l’artiste attendu, selon le colonel Boismoreau.
“Les faits commis n’ont aucun lien avec la présence de Dieudonné”, a estimé de son côté la procureure d’Auxerre Sophie Macquart-Moulin.
Dieudonné M’Bala M’Bala a été condamné à de multiples reprises pour ses propos antisémites ou négationnistes. Egalement pour fraude fiscale ou abus de biens sociaux notamment.
Il ne se produit plus pratiquement que chez des particuliers, et les lieux précis sont annoncés à la dernière minute aux personnes inscrites. Sur les réseaux sociaux, Dieudonné a présenté...

Retrouvez cet article sur le Huffington Post

Fin de citation


Je ne ferai qu'un seul commentaire, consistant à m'interroger sur la pertinence - suite à la question : "quel rapport avec le fait divers ?" - de l'incise mise en exergue ci-dessus : "Dieuconné M... a été condamné...".

Ça doit être ça, leur conception du journalisme !

Mais vous connaissez mon appétence pour les forums de discussion - la seule chose qui m'intéresse vraiment quand je consulte des sites en ligne -, qui donnent la parole aux vraies gens, même si je n'en ai pas sur ce blog, dès lors que je ne supporte pas les fautes d'orthographe et de syntaxe, tout en revendiquant le droit -  pour tout bon dactylographe - de commettre ici ou là quelques coquilles pour cause de frappe (trop) rapide !

Donc, sur le site yahoo.fr, on a ce forum dont j'extrais ce qui suit. 




Observons, en passant, que le "téléphone arabe 2.0" semble avoir fait son oeuvre, puisque, malgré tous les efforts des gazettes, d'aucuns semblent informés de l'identité de l'agresseur, un médecin nommé Gilles C... 

By the way, par parenthèse, s'il vous vient l'envie et la curiosité d'inspecter les sites en ligne à propos de ce fait divers, vous constaterez que l'ensemble des articles de presse se bornent à reproduire, à la virgule près, le même papier, visiblement concocté par l'AFP (Agence France Presse). Du vulgaire copié-collé, donc. Vous comprenez maintenant pourquoi il y a de moins en moins de "journalistes" ? Puisque c'est l'AFP qui se charge de tout le boulot !

Question : au vu des prises de position précédentes, pensez-vous que le grand public soit (encore) sensible à la doxa ambiante en vigueur dans la grande (et petite) presse ? 

Question subsidiaire : ne serait-ce pas là l'explication du succès jamais démenti de Dieudonné auprès d'un public qui ne lui a jamais tourné le dos ?

C'est ici que j'adresserais volontiers un petit message à notre presse (quasi) officielle, de plus en plus moribonde si j'en juge par les tirages, toujours plus faibles : "Il va pourtant falloir que vous compreniez, une fois pour toutes, que ce que vous n'avez pas fait, vous aurez le plus grand mal à le défaire !". 

Last but not least, dans la rubrique "pédagogue un jour, pédagogue toujours", j'aime bien que les visiteurs de ce blog repartent d'ici en étant un peu plus riches (intellectuellement) que lors de leur connection. C'est peut-être prétentieux, mais bon, à chacun ses lubies ! Et puis, comment ne pas reconnaître, par pure honnêteté intellectuelle, que d'autres font aussi du bon (ou mauvais !) travail ? D'où la présence systématique de liens hypertexte complétant mes articles. 



Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 - 08 - 09

Autre chose ? Dans la rubrique "Kaum zu glauben!" (c'est de l'allemand) : suivez le lien...



vendredi 23 septembre 2016

Hillary Clinton et son double : le mensonge dans la peau ! Hillary and her double: Mrs Clinton living a lie!


Vous savez quoi ?

À peine s'était-elle réfugiée chez sa fille, à la suite d'un gros coup de fatigue, suivi du diagnostic d'une pneumonie, qu'Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidence des Etats-Unis, s'en allait caresser une petite fille (au risque de lui refiler ses microbes) et saluer le public dans la rue, le tout visant à attester de son excellente santé retrouvée.

Le problème de Madame Clinton est qu'elle n'est qu'un dinosaure de la politique qui fonctionne encore sous le logiciel autrefois conçu par Josef Goebbels ! Ce qui lui a fait ignorer la puissance de feu de l'Internet et la capacité des internautes de se lancer immédiatement dans des analyses et recoupements autour du moindre fait suspect, ainsi qu'ils l'ont brillamment démontré après le 11 septembre 2001.

Ce qui nous a donné, notamment, de bien intéressantes images, à l'instar de ce qui suit :

clinton_hillary_fake_double_sosie_doppelgänger_trump_lie_mensonge_escroquerie_usa_election_campaign_propaganda_goebbels

Voilà une image qui a fait le tour du monde "internautique". Comme on peut le voir, les différences sont notables. Commençons par le visage : bien évidemment, sans un rapprochement entre les deux images, on ne se rend pas immédiatement compte, sauf à connaître par coeur la morphologie de Mme Clinton. Mais la simple juxtaposition des deux personnages ne laisse aucun doute sur la supercherie : si la vraie Clinton est à droite (en bleu), alors la Clinton (en noir) censée sortir de l'appartement de sa fille est un clone, ou un double, ou un sosie, comme vous voulez. Le fait est qu'elle a un visage bien plus jeune que la candidate démocrate, de même qu'il y a eu préméditation, la comédienne en noir s'étant mise à la disposition de Clinton depuis un certain temps auparavant, ce qui explique la rapidité de la mise en scène, et ce, malgré l'urgence de la situation.

Mais il y a plus : comme le suggèrent plein d'internautes, il y aurait eu dans l'appartement de Chelsea un équipement de liposuccion, à en croire la perte spectaculaire de poids affichée par la Clinton en noir.

Pour rendre les choses encore plus visibles, je me suis amusé à équiper les deux personnages d'une même (double) flèche rouge.

clinton_hillary_fake_double_sosie_doppelgänger_trump_lie_mensonge_escroquerie_usa_election_campaign_propaganda_goebbels

Étonnant non !?

Le plus incroyable, depuis ce "fake", c'est le silence radio de la grande presse, devant un mensonge aussi grossier, réalisé par rien moins qu'une candidate à la présidence de quoi déjà ? ... la plus grande démocratie du monde ?

Quelque chose me dit que cette histoire de sosie a dû jeter de la consternation au sein du clan démocrate américain, lequel n'a pas dû prévoir de plan "B" consistant à remplacer au pied levé une candidate devenue brusquement terriblement sulfureuse !

Par parenthèse, en prévision des débats contradictoires prévus à la télévision entre Trump et Clinton, comment Donald Trump peut-il être certain de l'identité de l'adversaire qu'il aura en face de lui ? 

Question subsidiaire : comment Trump va-t-il s'y prendre pour s'assurer de la véritable identité de son adversaire ?

Wait and see! 






mardi 18 février 2014

Quand la France renoue avec des moeurs pétainisantes, voici Le Canard Enchaîné jouant les auxiliaires de police


La Une du Canard Enchaîné du 12 février 2014


Il faut croire que le pouvoir socialiste est dans une merde noire pour que le Canard Enchaîné se croie ainsi obligé de voler à son secours dans la persécution d'un modeste saltimbanque, et ce, de numéro en numéro ! Par parenthèse, cet hebdomadaire semble avoir mis du temps pour découvrir l'existence de Dieudonné, jamais évoqué auparavant dans la rubrique "Spectacles" du canard. Mais bon, on me fera remarquer que je ne suis probablement pas un lecteur assidu de ce journal.

Toujours est-il que, dans un précédent numéro du Canard, on nous avait expliqué qu'il "blanchissait" de l'argent via des virements vers le Cameroun, le pays de son père, comme s'il était interdit à un Français vivant, par exemple, aux Etats-Unis, d'investir de l'argent en... France !

Tout et n'importe quoi !, ont dû penser les lecteurs du Canard. Lequel a dû en remettre une couche, face au fiasco de l'épisode précédent.

Toujours est-il que tout le monde voit, gros comme une maison, les énormes ficelles de la manip, le fameux journal ne fournissant à ses lecteurs que des documents - s'ils sont authentiques - dont l'expéditeur est on ne peut plus facile à identifier : l'appareil d'Etat français. Fichtre ! Pour agir ainsi, quasiment à visage découvert, il faut vraiment que le pouvoir socialiste soit dans une merde noire !

Quant au Canard Enchaîné, décidément, il n'a pas de chance, puisque l'Internet nous permet désormais de recouper les informations - ce qui aurait été plus difficile en des temps anciens - et de découvrir, par exemple, ce scoop :

Titre : Quand Hollande alimentait le Canard Enchaîné.

Rachid Kasri, chauffeur et garde du corps de François Hollande, époque PS et rue de Solférino, raconte sa relation avec le président de la République dans le numéro 8 de la revue Charles. "C'était un bon patron. Chaque jour j'étais content d'aller bosser", explique-t-il avant de raconter que le chef de l'Etat dévorait la presse chaque matin. Une presse - notamment le Canard enchaîné - que le premier secrétaire du PS alimentait lui-même. "À une époque, j’allais directement le chercher au Canard enchaîné le mardi, il n’attendait pas la sortie en kiosque. Bien sûr, il alimentait Le Canard. On était proches de Didier Hassoux (Journaliste au Canard enchaîné depuis 2006 et en charge du suivi du Parti socialiste – NDLR)", raconte Rachid Kasri à Charles. 

Source 01 - Source 02      


Et voilà le travail !

Un journal qui renvoie l'ascenseur à un de ses "collaborateurs", c'est ce qui s'appelle un échange de bons procédés, n'est-il pas ?

Vous voulez mon avis ?

Il faut vraiment que le pouvoir socialiste et ses courroies de transmission dans la presse soient dans une merde noire pour ignorer, par exemple, que le Canard Enchaîné est un journal surtout lu par des retraités et des seniors, certainement pas par les fans de Dieudonné, lesquels ne risquent pas d'être déstabilisés par cette assez misérable tentative de diabolisation.

Par parenthèse, l'ex-premier secrétaire du parti socialiste semble avoir eu une brillante carrière d'"informateur", ainsi qu'il ressort d'un papier lu récemment sur Boulevard Voltaire sous le titre : "Quand François Hollande se faisait passer pour un dirigeant de droite"... 

À mourir de rire !






mercredi 22 janvier 2014

Dieudonné et les ennemis de la liberté de créer : retour sur un précédent


Intro

Pour mémoire, les ennuis actuels de Dieudonné face à un certain lobby obscurantiste et totalitaire, car capable de nous ramener au temps de l'Ancien Régime et de la persécution des artistes, datent de l'année 2003. Seulement voilà : une année auparavant, les élèves et enseignants d'un lycée des Yvelines se voient empêchés de monter un spectacle par... le même lobby obscurantiste qui harcèle Dieudonné aujourd'hui. Le tout sous couvert de lutte contre l'"antisé...tisme". Retenez bien cette phrase : "L'incitation à la haine raciale est interdite en France.", s'agissant d'une pièce écrite par un contemporain de... Shakespeare !

Tiré des archives du Parisien (24.12.2002) :   
Sous la pression de certaines associations juives qui la jugent antisémite, la pièce « lJuif de Malte » ne sera pas montée en janvier par la section britannique du lycée international de Saint-Germain-en-Laye.  
Après un tour de table réunissant des membres de la communauté juive libérale, un rabbin, des professeurs britanniqueet français et des parents d'élèves, le proviseur vient d'annuler les trois représentations prévues de cette oeuvre écrite en 1590 par le dramaturge anglais Christopher Marlowe. « Cettpièce représente le juif sous sa pire caricature, sale, voleur et assassin, dénoncNicole Cohn, présidente de la communauté juive libérale Paris-Yvelineet à l'origine de la polémique. J'ai reçu des plaintes de plusieurs familles, toute la communauté juive d'Ile-de-Francétait derrièrnous, c'est une injure à la mémoire et à nos conditions de vie si difficiles. Comment peut-on oser faire brûler un juif sur scène aujourd'hui ? »  
Le proviseur du lycée, qui affirmait grâcà cette pièce lutter contre l'antisémitisme, se refuse aujourd'hui à tout commentaire. Quant au rectorat, il justifie cette décision par un « choix pédagogique ». La pièce était au programmofficiel de l'université de Cambridge avec laquelle travaille la section britannique. Le ched'établissement avait proposé aux membres de la communauté juive d'encadrer les représentations par une mise en garde et un débat. Certains parents y ont opposé un refus net. « Les élèven'auraient pas écouté cette argumentation. Nous ne refusons pas l'étude de ce texten classmais sa représentation. L'incitation à la haine raciale est un délit en France. Le plus tristc'est que leenseignants semblent avoir cédé à nos arguments sans avoir eu unelle prisde conscience du caractère offensant de cette pièce », poursuit Nicole Cohn.  
(...) Cette argumentation est rejee par d'autres parents d'élèvejuifs, qui ne se reconnaissent pas dans ces organisations très militantes. « Je regrette qucette pièce soit arrêtée, c'est dommage et un précédent dangereux, soutient JérômJaffré, pèrd'un élève juif qui devait jouer dans la pièce. Certes un antisémite pouvait faire une misen scène antisémite mais les professeurs avaient toute ma confiance. Les risques étaient limités, la pièce devant être  interprétée en anglais du XVIIsiècle. Dans cette histoire, nous avons affaire à des petits groupes de pression très militants et la direction a préféré reculer. »  
Pour ce parent d'élève, cette représentation aurait pu être l'occasion d'un débat sur l'antisémitisme. « La discussion est malheureusement impossible. Lors de la réunion, ces représentants sont venus avec des affiches du spectacle à l'époque des nazis et des photos dcharniers des camps de concentration. Tout ce que retiendront les élèves de cette histoire, c'est qu'il suffit d'un petit groupe de pression exerçant des menaces pour qu'un projet pédagogiqus'arrête. C'est mauvais pour la liberté académique. » 
Si la pièce restait programmée, la mobilisation était déjà organisée. Deux associations d'anciens déportés étaient prêtes à venir manifester avec les communautés juives d'Ile-de-France, la Ligue internationale de lutte contre le racismet l'antisémitisme (Licra) et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Extraits du Juif de Malte de Christopher Marlowe



        
Nota bene : face à la question (stupide) : "comment peut-on brûler un Juif sur scène aujourd'hui ?", j'avoue qu'on reste un moment coi, sans voix, à l'idée du nombre de livres qu'il faudrait passer à l'autodafé pour complaire à certains terroristes de l'esprit. Et puis, on se ressaisit et on leur rappelle les croisades, les guerres de religion, la guillotine de la Révolution française, la Traite des Noirs, l'extermination des Amérindiens..., toutes choses que leurs auteurs trouvaient tout à fait normales à l'époque. Est-ce parce que nous avons répudié ces antiques pratiques que nous devons nous infliger je ne sais quelle cure d'amnésie en face d'un certain héritage culturel, dont les pièces de théâtre rendent abondamment compte ? Par ailleurs, quiconque a lu Le Juif de Malte se rend compte immédiatement de la phénoménale mauvaise foi dont les hystériques interrogés par ce journal sont capables. Car enfin, Barabas n'est pas un enfant de chœur (!) ; c'est même un tueur, et en série, capable d'exterminer par le poison toute la population d'un couvent de nonnes, couvent au sein duquel s'était réfugiée sa propre fille ! Voici, donc, ce qu'on aurait pu conseiller à tous les hystériques décrits plus haut : "avant de voir de l'antisé...tisme partout, lisez donc la pièce de Marlowe avant d'éructer bêtement, bande d'imbéciles !".


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POLICE DES SPECTACLES

On excommuniait autrefois les rois de France, et, depuis Philippe Ier jusqu’à Louis VIII, tous l’ont été solennellement, de même que tous les empereurs depuis Henri IV jusqu’à Louis de Bavière inclusivement. Les rois d’Angleterre ont eu aussi une part très-honnête à ces présents de la cour de Rome. C’était la folie du temps, et cette folie coûta la vie à cinq ou six cent mille hommes. Actuellement on se contente d’excommunier les représentants des monarques : ce n’est pas les ambassadeurs que je veux dire, mais les comédiens, qui sont rois et empereurs trois ou quatre fois par semaine, et qui gouvernent l’univers pour gagner leur vie.
Je ne connais guère que leur profession et celle des sorciers à qui on fasse aujourd’hui cet honneur. Mais comme il n’y a plus de sorciers depuis environ soixante à quatre-vingts ans, que la bonne philosophie a été connue des hommes, il ne reste plus pour victimes qu’Alexandre, César, Athalie, Polyeucte, Andromaque, Brutus, Zaïre et Arlequin.
La grande raison qu’on en apporte, c’est que ces messieurs et ces dames représentent des passions. Mais si la peinture du cœur humain mérite une si horrible flétrissure, on devrait donc user d’une plus grande rigueur avec les peintres et les statuaires. Il y a beaucoup de tableaux licencieux qu’on vend publiquement, au lieu qu’on ne représente pas un seul poëme dramatique qui ne soit dans la plus exacte bienséance. La Vénus du Titien et celle du Corrége sont toutes nues, et sont dangereuses en tout temps pour notre jeunesse modeste ; mais les comédiens ne récitent les vers admirables de Cinna que pendant environ deux heures, et avec l’approbation du magistrat, sous l’autorité royale. Pourquoi donc ces personnages vivants sur le théâtre sont-ils plus condamnés que ces comédiens muets sur la toile ? Ut pictura poesis erit. Qu’auraient dit les Sophocle et les Euripide, s’ils avaient pu prévoir qu’un peuple qui n’a cessé d’être barbare qu’en les imitant imprimerait un jour cette tache au théâtre, qui reçut de leur temps une si haute gloire ?
Ésopus et Roscius n’étaient pas des sénateurs romains, il est vrai ; mais le flamen ne les déclarait point infâmes, et on ne se doutait pas que l’art de Térence fût un art semblable à celui de Locuste. Le grand pape, le grand prince Léon X, à qui on doit la renaissance de la bonne tragédie et de la bonne comédie en Europe, et qui fit représenter tant de pièces de théâtre dans son palais avec tant de magnificence, ne devinait pas qu’un jour, dans une partie de la Gaule, des descendants des Celtes et des Goths se croiraient en droit de flétrir ce qu’il honorait. Si le cardinal de Richelieu eût vécu, lui qui a fait bâtir la salle du Palais-Royal, lui à qui la France doit le théâtre, il n’eût pas souffert plus longtemps que l’on osât couvrir d’ignominie ceux qu’il employait à réciter ses propres ouvrages.
Ce sont les hérétiques, il le faut avouer, qui ont commencé à se déchaîner contre le plus beau de tous les arts. Léon X ressuscitait la scène tragique ; il n’en fallait pas davantage aux prétendus réformateurs pour crier à l’œuvre de Satan. Aussi la ville de Genève et plusieurs illustres bourgades de Suisse ont été cent cinquante ans sans souffrir chez elles un violon. Les jansénistes, qui dansent aujourd’hui sur le tombeau de saint Paris, à la grande édification du prochain, défendirent le siècle passé, à une princesse de Conti qu’ils gouvernaient, de faire apprendre à danser à son fils, attendu que la danse est trop profane. Cependant il fallait avoir bonne grâce, et savoir le menuet ; on ne voulait point de violon, et le directeur eut beaucoup de peine à souffrir, par accommodement, qu’on montrât à danser au prince de Conti avec des castagnettes. Quelques catholiques un peu visigoths de deçà les monts craignirent donc les reproches des réformateurs, et crièrent aussi haut qu’eux ; ainsi peu à peu s’établit dans notre France la mode de diffamer César et Pompée, et de refuser certaines cérémonies à certaines personnes gagées par le roi, et travaillant sous les yeux du magistrat. On ne s’avisa point de réclamer contre cet abus : car qui aurait voulu se brouiller avec des hommes puissants, et des hommes du temps présent, pour Phèdre et pour les héros des siècles passés ?
On se contenta donc de trouver cette rigueur absurde, et d’admirer toujours à bon compte les chefs-d’œuvre de notre scène.
Rome, de qui nous avons appris notre catéchisme, n’en use point comme nous : elle a su toujours tempérer les lois selon les temps et selon les besoins ; elle a su distinguer les bateleurs effrontés, qu’on censurait autrefois avec raison, d’avec les pièces de théâtre du Trissin et de plusieurs évêques et cardinaux qui ont aidé à ressusciter la tragédie. Aujourd’hui même on représente à Rome publiquement des comédies dans des maisons religieuses. Les dames y vont sans scandale ; on ne croit point que des dialogues récités sur des planches soient une infamie diabolique. On a vu jusqu’à la pièce de George Dandin exécutée à Rome par des religieuses, en présence d’une foule d’ecclésiastiques et de dames. Les sages Romains se gardent bien surtout d’excommunier ces messieurs qui chantent le dessus dans les opéras italiens : car en vérité c’est bien assez d’être châtré dans ce monde, sans être encore damné dans l’autre.
Dans le bon temps de Louis XIV il y avait toujours aux spectacles qu’il donnait un banc qu’on nommait le banc des évêques. J’ai été témoin que dans la minorité de Louis XV, le cardinal de Fleury, alors évêque de Fréjus, fut très pressé de faire revivre cette coutume. D’autres temps, d’autres mœurs ; nous sommes apparemment bien plus sages que dans les temps où l’Europe entière venait admirer nos fêtes, où Richelieu fit revivre la scène en France, où Léon X fit renaître en Italie le siècle d’Auguste. Mais un temps viendra où nos neveux, en voyant l’impertinent ouvrage du P. Le Brun contre l’art des Sophocles, et les œuvres de nos grands hommes, imprimés dans le même temps, s’écrieront : Est-il possible que les Français aient pu ainsi se contredire, et que la plus absurde barbarie ait levé si orgueilleusement la tête contre les plus belles productions de l’esprit humain ?
Saint-Thomas d'Aquin, dont les mœurs valaient bien celles de Calvin et du P. Quesnel ; saint Thomas, qui n’avait jamais vu de bonne comédie, et qui ne connaissait que de malheureux histrions, devine pourtant que le théâtre peut être utile. Il eut assez de bon sens et assez de justice pour sentir le mérite de cet art, tout informe qu’il était ; il le permit, il l’approuva. Saint Charles Borromée examinait lui-même les pièces qu’on jouait à Milan ; il les munissait de son approbation et de son seing.
Qui seront après cela les visigoths qui voudront traiter d’empoisonneurs Rodrigue et Chimène ? Plût au ciel que ces barbares, ennemis du plus beau des arts, eussent la piété de Polyeucte, la clémence d’Auguste, la vertu de Burrhus, et qu’ils finissent comme le mari d’Alzire !

Voltaire, Dictionnaire philosophique, Article : POLICE DES SPECTACLES


Vous voulez que je vous dise ? Avouez que c'est un vrai régal que de lire Voltaire ; quelle subtilité et quelle finesse ! C'est quand même autrement plus ciselé que la prose faiblarde et redondante d'un Bernard-Henri Lévy ou d'un Alain Finkielkraut..., qui prouvent, si cela était encore nécessaire, à quel niveau de déliquescence la soi-disant "philosophie" française se trouve réduite.

 "La Vénus du Titien et celle du Corrége sont toutes nues, et sont dangereuses en tout temps pour notre jeunesse modeste ; mais les comédiens ne récitent les vers admirables de Cinna que pendant environ deux heures, et avec l’approbation du magistrat, sous l’autorité royale. Pourquoi donc ces personnages vivants sur le théâtre sont-ils plus condamnés que ces comédiens muets sur la toile ?"

Sacré Voltaire ! 

À titre d'illustration, je n'ai pas choisi un tableau du Titien, mais Les Trois grâces, thème ô combien revisité par les artistes plasticiens depuis la plus haute antiquité, en passant par Botticcelli (cf. La Primavera), Lucas Cranach, Raphaël,  Rubens, Salvador Dali, Nicki de Saint-Phalle, etc.