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mardi 30 novembre 2021

Zemmour-la-baudruche et le bilan de six décennies d'infantilisation. 2/3


Grisé par les "bons" sondages, dont certains n'avaient pas hésité à le voir présent au second tour d'une présidentielle, et propulsé en avant par ses petits amis de la presse dite "mainstream", moyennant une, deux, trois, quatre, cinq... émissions quotidiennes en majeure partie dédiées à sa cause sur les chaînes dites d'info, voilà que celui que j'ai nommé Zemmour-la-baudruche s'est senti pousser des ailes, alignant les meetings à travers la France, sans oublier un passage assez raté à Londres.

Et puis, un jour, en marge d'un déplacement à Marseille, notre baudruche médiatique a été prise en flagrant délit de vulgarité, allant jusqu'à échanger un doigt d'honneur avec une manifestante.

Aux dernières nouvelles, le bonimenteur de foire aurait déclaré sa candidature pour l'élection présidentielle française d'avril 2022. Pour l'heure, nous nous contenterons d'un port-folio à base de captures d'écran. 









 
















 



 

dimanche 31 octobre 2021

Zemmour-la-baudruche et le bilan de six décennies d'infantilisation. 1/3




Au sortir de l'enfer de 1939-45, la grande majorité des pays de l'Europe non communiste renouent avec la démocratie parlementaire, hormis quelques pays qui connaîtront des parenthèses dictatoriales (Espagne, Portugal, Grèce). Presque tous les pays, y compris la France, qui se dote d'une 4ème Constitution républicaine et parlementaire en 1948.

Et voilà que surgit un général de brigade né au XIXème siècle, grand admirateur de Francisco Franco, et qui est tout sauf un démocrate, à ceci près que, gêné aux entournures, il hésitera longtemps avant de franchir le pas. On pense à cette fameuse conférence de presse où on l'entendit clamer son innocence : 

- Pourquoi voulez-vous qu'à soixante-sept ans je commence une carrière de dictateur ? (Source)

Comme preuve qu'il était tout à fait conscient de la méfiance qu'il suscitait ici et là ! La déclaration qui précède date de l'année 1958 qui vit la France entrer en Cinquième République. Quatre années plus tard, De Gaulle commencera par tomber le masque.

Car, comme souvent, les dictateurs avancent masqués, attendant la bonne occase pour abattre leurs cartes. Pensons à Recep Tahip Erdogan, profitant d'une tentative de coup d'État pour initier une refonte de la Constitution à son seul profit. Pensons également à tous ces autocrates africains, n'hésitant pas à rafistoler la Constitution, histoire de proroger indéfiniment leur maintien au pouvoir.

Tous ceux-là peuvent se réclamer de De Gaulle, lequel, profitant d'attentats ourdis contre sa personne en marge de la guerre d'Algérie, sauta sur l'occasion pour transformer la Cinquième République, première manière (1958), avec un président de la République désigné par de grands électeurs, en un régime autocratique (1962) voyant le président désormais élu par le peuple.  

Mais ce n'était visiblement qu'une étape, De Gaulle ayant tenté une nouvelle évolution autocratique en 1969, qui le vit mordre la poussière, le peuple, par referendum, ayant rejeté sa proposition de réforme du Sénat.

Et voilà la France devenue le seul État de l'Union Européenne à traîner comme un boulet ce régime bonapartiste qui voit une ultra-minorité au premier tour de la présidentielle (ex. Macron : 24% des suffrages exprimés en 2017) convertie en une ultra-majorité au second tour (ex. Macron : 2017, 66%). 

Et tout le monde en France de trouver tout à fait normal que le pays soit dirigé par quelqu'un n'ayant pas rassemblé plus d'un quart des électeurs au cours du seul tour de scrutin réellement significatif.

Par parenthèse, en Allemagne, avec un peu plus de 25% aux législatives, le SPD ne peut nullement gouverner seul le pays, se voyant contraint de conclure une alliance avec d'éventuels partenaires (FDP, Grünen) afin de disposer de la majorité absolue au Bundestag.

Ainsi se passent les choses dans une authentique démocratie. Tout le monde aura compris que la France n'en est pas une !

Et voilà qu'à l'approche des élections nationales de 2022, toute une flopée de démagogues se voient déjà "président de la République", moyennant les propositions les plus extravagantes, comme, par exemple, l'arrêt de ce que d'aucuns appellent l'"immigration", entendez par-là le déplacement transfrontalier de populations.

Le problème est qu'il n'y a pas que les humains qui migrent. Il y  a aussi les marchandises et les masses monétaires qui y sont attachées, le tout dans un mouvement inverse.

De fait, les pays ayant une balance commerciale excédentaire peuvent considérer que le dynamisme de leur marché du travail est assuré par les pays étrangers qui leur achètent de la marchandise, ce qui est précisément le cas de la championne toutes catégories des excédents commerciaux : l'Allemagne.

Et la France dans tout ça ? Elle cumule les records en matière de déficit de son commerce extérieur.

En 2020, le déficit du commerce extérieur de la France a atteint 82.5 milliards, selon Eurostat. Un double record : historique pour la France depuis 1982 ; européen aussi, jamais un pays n’a connu un déficit commercial aussi important. La pandémie y est pour beaucoup, mais pas pour l’essentiel. L’aéronautique, qui représente en moyenne 12% des exportations françaises a chuté et les importations de masques ont représenté 5.9 milliards d’euros en 2020. (Source)

L'Afrique, paradis perdu des exportateurs français

La France n'est plus le premier fournisseur européen. Ses parts de marché sur le continent ont été divisées par deux entre 2000 et 2017, note une étude de Coface.

De fait, avec ladite mondialisation, si l'Afrique a longtemps été la chasse gardée de la France et de ses entreprises, ce n'est désormais plus le cas. Année après année, l'Hexagone perd de son influence économique sur le continent. En 2017, la France, dépassée par l'Allemagne, a perdu son statut de premier fournisseur européen du « continent noir ».

« Ce constat symbolise l'érosion continue des parts de marché des entreprises françaises en Afrique », note Coface qui publie une étude sur la « Course aux parts de marché en Afrique ». Un marché estimé à 484 milliards de dollars l'an dernier.

(...)

Qui a profité du recul de la France, sensible à partir de 2015 ? La Chine, tout d'abord, dont la progression a été fulgurante : son poids dans les exportations vers le continent est passé de 3 % en 2001 à 17,6 % l'an passé. Suivent l'Allemagne, qui avec 5,6 % a ravi à la France (5,5 %) le titre de premier fournisseur européen, et les États-Unis (5 %).

(...)

L'Inde et la Turquie ont signé aussi des progressions non négligeables (+ 1 à 3 points), grâce à des gains sur des secteurs comme les machines-outils, l'automobile ou la pharmacie. Un exemple : la part relative de l'Inde dans ce dernier secteur a bondi de 5 % en 2001 à 18 % en 2017 grâce aux médicaments génériques à bas coût, tandis que celle de la France fondait quasiment de moitié (de 33 % à 19 %).  (Source)

"Il faut mettre fin à l'immigration !" clament les démagogues, dont le dernier à avoir pris le train en marche : un certain Eric Zemmour, à vrai dire une de ces baudruches qui ne doivent leur existence qu'à la complaisance de leurs réseaux médiatiques, Zemmour ayant été employé par Bolloré au sein de la chaîne de télévision CNews.

Le problème de Zemmour, c'est qu'il confond une certaine notoriété médiatique avec de la popularité. Et le voilà, avec zéro parti politique pour le soutenir, passant pour pouvoir se qualifier pour le second tour d'une présidentielle. C'est vous dire le degré d'effondrement dans lequel six décennies d'errance autocratique ont mis ce pays.

Je tombe tantôt sur un tweet concernant une interview de Michel Onfray sur Marianne-le-Mag. Ci-dessous, une capture d'écran et ma réponse plus bas.

À suivre...


Lectures : 01 - 02


mardi 10 mars 2020

Sémantique de la désinformation #28


Épisode §28. Paris vaut bien quelques fake news !

Dans la rubrique "Décidément, il n'ont que ça à faire !", c'est tous les jours qu'on a droit à la dernière fournée de sondages concernant les élections municipales à... Paris, avec des choses comme ce qui suit, à croire que d'aucuns sont vraiment passés maîtres dans l'art de désinformer :


Et les sondologues, sondocrates, politologues et autres politocrates de se perdre en conjectures. Ça fait vendre du papier et accessoirement, ça donne du travail à une cohorte bien connue de consultants usant le fond de leurs pantalons et jupes de tailleur sur les fauteuils moelleux des studios de radio et de télévision.

Alors, on leur rappelle, à ces braves nigauds, le principe d'une élection municipale ?

En France, les maires ne sont pas élus au suffrage universel direct mais sont désignés par un collège de grands électeurs - les conseillers municipaux - à l'instar de tout premier ministre ou chancelier dans une république parlementaire (les députés, élus au suffrage universel direct, désignent ensuite le Premier ministre).

Par ailleurs, dans le(s) cas de Paris, Lyon, Marseille, villes découpées en arrondissements, les élections municipales sont "sectarisées" par arrondissements voire par secteurs susceptibles de regrouper plusieurs arrondissements, soit dix-sept circonscriptions parisiennes pour les vingt arrondissements, chaque circonscription envoyant un contingent défini d'élus siégeant au sein du Conseil de Paris.

Il s'ensuit - on enseigne cela aux élèves de collège dans le cadre de l'E.C.J.S. (Education Civique Juridique et Sociale) - qu'un camp peut être majoritaire en voix, tout en étant minoritaire en sièges au sein du Conseil de Paris, à l'instar de ce qui se produit parfois aux Etats-Unis, dans le cadre des élections présidentielles, où l'on a vu Hillary Clinton devancer Donald Trump de plusieurs millions de suffrages exprimés dans l'ensemble de l'électorat, tout en étant battue par le même Trump en termes de nombre de grands électeurs.

Et c'est exactement ce qui s'est produit à Paris, notamment en 2001, où les listes de droite (Philippe Séguin + le dissident Jean Tibéri) ont obtenu bien plus de voix que les listes menées par Bertrand Delanoë, le futur maire !

En clair, les sondages portant sur Tout-Paris, Tout-Lyon ou Tout-Marseille ne présentent aucun intérêt, à supposer qu'un sondage ait le moindre intérêt (scientifique) en matière électorale, dès lors que la Science ne fait pas de prévisions, se contentant de décrire la réalité ! (1)

Vous avez compris que ce type de sondage, c'était juste bon pour appâter les gogos ? (2)

Le comble c'est que ça semble (encore !) marcher...



(1) Par parenthèse, Archimède n'a jamais dit : "Je vais trouver !", ni "Je trouverai !", mais bien "J'ai trouvé !". La Science est, donc, de l'ordre de l'accompli, pas de la spéculation (hasardeuse) ! 

(2) Question : mais pourquoi diable nos experts en sondologie ne procèdent-ils pas à des enquêtes sectorielles (arrondissement par arrondissement), de manière à mieux cadrer avec la configuration électorale ? Euh, c'est-à-dire que... Vous avez vu les commanditaires desdits sondages ? Ils se mettent souvent à 3, 4, 5 organes de presse différents pour se partager les frais. C'est qu'un sondage par jour, voire par semaine, ça finit par faire très cher pour des médias low cost ! Alors, vous imaginez sonder secteur par secteur, soit dix-sept sondages à chaque fois pour Paris, vous n'y pensez pas ma bonne  dame !  


Liens : 01 - 02 - 03- 04 



jeudi 27 juin 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #25



Épisode §25. La première victoire politique des Gilets Jaunes...

... et le triomphe du téléphone arabe 2.0

"Un mouvement peu structuré, sans leaders officiels ou affirmés, sans ligne directrice affichée...", ainsi fut catalogué le mouvement dit des Gilets Jaunes, sous-entendu : "Ah, si seulement ces GJ voulaient bien fonctionner à l'ancienne, avec tout le fatras administratif des président, vice-président, secrétaire général, etc., c'est fou ce qu'on y verrait plus clair dans leurs intentions. Tandis que là, quel foutoir !".

Il se trouve simplement que ce "foutoir" a joué un rôle non négligeable dans la tournure française des dernières élections européennes, et je m'étonne - enfin, on se comprend ! - de la discrétion de Sioux affichée par nos politologues, profs à Science Po' et autres politocrates en la matière. Rendez-vous compte : ce pays - la France - habitué à pondre une dizaine de sondages politiques par semaine, n'a toujours pas trouvé le temps d'analyser par le menu les raisons de l'échec - que dis-je ! - du fiasco de la liste soutenue par le roi, pardon !, par le président de la République. 

Ce dernier s'est pourtant copieusement démené, allant jusqu'à nous promettre, croix de bois, croix de fer (si je mens je vais en enfer !), qu'il n'était pas question que le Rassemblement National vire en tête au soir de ces élections européennes.
Et qu'a-t-on vu ? Enfer et damnation ! Stupeur et consternation ! Le Rassemblement National vire bel et bien en tête des élections pour le Parlement Européen !

Curieusement, du côté de la presse dite "mainstream", c'est tout juste si l'on a noté la déroute du clan présidentiel, préférant se focaliser sur Les Insoumis ou Les Républicains. Flagornerie quand tu nous tiens !

Et comme, visiblement, nos éminents politocrates ont la mémoire courte, appliquons-nous à la leur rafraîchir.

 

Citation : 
A neuf jours des élections européennes, Emmanuel Macron s'attaque de nouveau frontalement au Rassemblement national. Le RN, "ce sont les sortants. Qu'ont fait les sortants? Ils ont voté contre tous les projets que la France a défendus en Europe y compris pour nous protéger", a dénoncé vendredi le chef de l'Etat face à des journalistes, lors d'un déplacement à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), consacré à la préparation du sommet du G7 que la station balnéaire basque accueillera du 24 au 26 août.
(...)
Le chef de l'Etat a assuré qu'il allait continuer à s'exprimer sur l'Europe d'ici au 26 mai, mais en indiquant ne pas savoir sous quelle forme (entretien à des journaux, intervention sur des réseaux sociaux...) Ses déclarations ont suscité la colère dans les rangs du Rassemblement national.
(…)
"Emmanuel Macron détourne la fonction présidentielle et en abuse pour se comporter en véritable chef de clan", a immédiatement rétorqué sur Twitter la tête de liste RN Jordan Bardella. Steeve Briois, vice-président du parti a lui fustigé "un chef de gang. Un gang qui a mis la France à feu et à sang", qualifiant le président de "honte". (JDD)
 
"Le RN ce sont les sortants...". Comme dirait l'autre, ça ne s'invente pas, n'est-ce pas !?!?!

Rappelons simplement qu'il s'agissait d'élections au Parlement Européen, instance au sein de laquelle la majorité sortante était essentiellement constituée autour du PPE et des Socio-démocrates européens. Autant dire que la formule "Le RN ce sont les sortants" est une totale ineptie !

Constatons, par ailleurs, que les présidents français s'étaient toujours appliqués à ne pas parler de politique intérieure lors de déplacements à l'étranger, tradition qui semble avoir fait long feu...



"Le président de la République lors de sa conférence de presse à Sibiu, en Roumanie, le 9 mai 2019."

Observons simplement que toute cette fébrilité n'a pas fait tiquer grand monde, ce qui ne peut que rehausser l'originalité de l'analyse qui suit.
Elections européennes : "En mettant tout son poids dans la balance, Emmanuel Macron fait un cadeau à Marine Le Pen"

Ce samedi, Catherine Nay décrypte la stratégie d'Emmanuel Macron pour battre le Rassemblement national lors des élections européennes.

Les élections européennes, c'est dans 15 jours. Le Président Macron a profité du sommet européen de Sibiu, en Roumanie, pour dramatiser les enjeux. Il fera tout, a-t-il dit, pour empêcher le Rassemblement National d'arriver en tête, comme si cette élection se résumait à un duel avec Marine Le Pen. Alors, utile ou dangereux ?

Les deux ! L'heure est en effet à la dramatisation puisque la liste Renaissance, conduite par Nathalie Loiseau, et celle du Rassemblement National sont à égalité. 22% des intentions de vote. Pour le Président, l'alternative est claire : est-ce qu'on veut encore construire l'Europe, même différente et en améliorant les choses ? Ou en contraire, déconstruire, détruire, revenir au nationalisme. La question se pose puisque les partis nationalistes européens devraient entrer en force au Parlement de Strasbourg. 180 sièges, soit un quart de l'hémicycle. Une mosaïque d'une très grande complexité. (...)
En mettant tout son poids dans la balance, Emmanuel Macron fait un cadeau à Marine Le Pen. Que dit-elle ? Qu'il transforme ainsi cette élection en référendum pour ou contre lui. Et s'il perd, il devrait avoir la dignité et l'honneur de partir comme De Gaulle. Ce qui n'a aucun sens puisqu'Emmanuel Macron ne partira pas, mais qui est une invite aux opposants de Macron, qui sont nombreux. Elle leur dit : "votez pour moi", elle drague les "gilets jaunes". Il y a 34 listes, ce qui souligne la fracturation du pays.

Les Républicains sont les seuls à faire plus de 10%. Et la France insoumise et Europe Ecologie entre 7 et 10. Mais tous les autres, qui ne feront pas 5%, n'ont aucune chance d'avoir un élu. Donc Marine Le Pen dit à cela : le vote utile, c'est moi, puisque vous êtes tous contre Macron.(Europe 1)


Précisément,  en parcourant les innombrables forums de discussion disponibles en ligne, on sentait bien, du côté des Gilets Jaunes, un flou de moins en moins opaque à mesure qu'approchait le scrutin européen. Bien évidemment, aucune personnalité "emblématique" animant le mouvement n'avait ouvertement annoncé la couleur, hormis le fait qu'il fallait barrer la route à la liste "Macron". On peut passer sous silence les pauvres égarés (Cauchy, Chalençon, Lalanne...) partis s'acoquiner qui avec Dupont-Aignan, qui avec Philippot..., et dont on sentait très bien, en parcourant les forums, que leurs chances de subsister étaient à peu près nulles.

Toujours est-il que la consigne, apparue sur le mode "subliminal", était "Tout sauf Macron", sans autre précision.


Dès février, Eric Drouet avait annoncé qu'il comptait faire "un post [Facebook] ou un sondage [sur les européennes] pour qu'on soit tous raccord. Je n'ai pas d'avis dessus mais il faudra qu'on ait tous le même", estimait-il, avant de poursuivre: "Oui on peut voter ce qu'on veut mais ce serait bien qu'on ne se disperse pas sur les personnes à voter et qu'on donne plus de force contre Macron. Si on peut essayer de s'entendre dessus, on verra."

De son côté, Maxime Nicolle a expliqué dans une longue vidéo en mars sur Facebook Live pourquoi il encourageait les Gilets jaunes à aller voter aux européennes sans appeler à choisir une liste en particulier. "J'appelle à voter personne. Ce n'est pas moi qui vais vous dire : 'votez untel' ou 'ne votez pas untel'. La seule chose que je vous dis c'est : 'Ne votez pas Macron'."

Dans cette vidéo, l'intérimaire breton met en garde les Gilets jaunes sur "l'abstention différentielle", soit la démobilisation d'une partie spécifique de l'électorat permettant à l'autre camp d'obtenir un score plus important que celui des sondages, et souvent de gagner. "L'abstention différentielle, c'est le fait que la classe moyenne inférieure [les Gilets jaunes dans son raisonnement, NDLR] ne s'intéresse pas à cette élection. Donc, il y a un très fort taux d'abstention. En revanche, chez les classes supérieures [qui votent Macron pour Nicolle, NDLR], il y a un taux d'abstention très faible", résume-t-il, à sa façon. (…)
Le chef de l'Etat s'est donné pour objectif d'arriver en tête du scrutin devant le Rassemblement national de Marine Le Pen. Autre figure des Gilets jaunes, Jérôme Rodrigues est conscient de cet enjeu : "J'appelle aujourd'hui aux européennes à faire un vote anti-Macron, quitte à ce qu'il finisse deuxième, qu'il redescende un petit peu d'un étage, qu'il redevienne un petit peu terre à terre et qu'il vienne nous servir nous plutôt que les plus riches", a déclaré Jérôme Rodrigues, samedi à Lyon avant le départ de la manifestation des Gilets jaunes. (JDD)

Comme il fallait s'y attendre, à la suite du scrutin européen, on a eu droit aux commentaires de ceux qui faisaient mine de croire à la légitimité des listes "jaunes" tout en insistant sur la déroute du mouvement.


Le mouvement était déjà à la peine lors des derniers samedis de mobilisation. Mais les gilets jaunes n'ont pas non plus séduit dans les urnes, dimanche. Assiste-t-on à la fin du mouvement social ?

Les élections européennes auront-elles eu raison des gilets jaunes ? Alors que l'essoufflement de la mobilisation grandit de samedi en samedi, les manifestants n'ont pas fait mieux dans les urnes ce dimanche. Avec 0,54% des voix pour l'Alliance jaune du chanteur Francis Lalanne et 0,01% pour sa concurrente Évolution citoyenne, menée par Christophe Chalençon, les deux listes qui se revendiquaient des jaunes arrivent loin du seuil de remboursement de la campagne fixé à 3 %, et encore plus du palier des 5 %, nécessaire pour obtenir un élu. Les gilets jaunes ont-ils pour autant dit leur dernier mot ? Pas si sûr.

Le score d'hier n'est pas un désaveu pour le mouvement, martèlent les têtes d'affiche des manifestants. Et ce car celui-ci a, dans sa majorité, largement critiqué ces listes dès leur lancement. "Certains ont voulu surfer sur la vague jaune, mais il était normal de ne pas participer à ça, on est un mouvement apolitique", commente ainsi auprès de L'Express Jérôme Rodrigues, figure emblématique des gilets jaunes. "Lalanne, je n'ai rien contre lui mais il aurait dû écouter quand on lui disait : 'Les gars ne veulent pas de listes gilets jaunes.'" (L'Express)

"Alors que l'essoufflement de la mobilisation grandit de samedi en samedi, les manifestants n'ont pas fait mieux dans les urnes ce dimanche.", etc. Bel exercice de désinformation dans lequel d'aucuns - titulaires de la carte de presse ! - sont passés maîtres.

Ce qui suit semble un peu plus nuancé. Toujours est-il qu'il est bien plus intéressant de ne jamais parler en lieu et place des intéressés eux-mêmes.


La vague jaune sortie dans les rues n’est pas entrée dans les urnes. Les deux listes issues des Gilets jaunes ont recueilli à peine 1% des suffrages aux élections européennes ce dimanche 27 mai. "Alliance jaune", menée par Francis Lalanne, n’a récolté que 0,5% et "Evolution citoyenne", de Christophe Chalençon, moins de 0,5% des voix.

Une rouste qui ne surprend personne. Encore moins sur Facebook, où la colère s’est cristallisée avant de faire naître la contestation en novembre dernier. Car tout au long de la campagne, les membres des différents groupes de Gilets jaunes n’ont cessé de rappeler qu’aucune des listes ne pouvait se revendiquer du mouvement. Maxime Nicolle, invité sur Sud Radio le soir des élections, a estimé que cette défaite "correspondait avec ce que les manifestants voulaient depuis le début : ne pas être un parti".

C'est pourquoi, chez certains, le bonheur est à son comble. Ramous, l’une des figures des Gilets jaunes sur Facebook, s’est félicité, dans une vidéo vue plus de 68.000 fois en douze heures, du "naufrage" d’Emmanuel Macron. Surexcité, cet ancien chroniqueur de Touche pas à mon poste met un "carton rouge" au chef de l'Etat avec la musique du film Titanic en fond sonore. "On ne fête pas la victoire d’un parti, parce que vous êtes tous les mêmes pourris (…) mais on fête la défaite d’un dictateur", lance-t-il.

Une opinion que partage Laëtitia Dewalle. Proche d’Eric Drouet, cette Gilet jaune médiatisée estime elle aussi qu’on n’en a "rien à faire du premier", et préfère remettre en cause la "légitimité" du président de la République. "Macron a moins d’un votant sur quatre (…) Les urnes ont parlé !", écrit-t-elle sur les réseaux sociaux. (LCI)

Une rouste qui ne surprend personne. Encore moins sur Facebook (...) différents groupes de Gilets jaunes n’ont cessé de rappeler qu’aucune des listes ne pouvait se revendiquer du mouvement. 

Voilà qui a le mérite d'être clair, non ?!

A l'occasion de l'unique tour des élections européennes organisé ce dimanche 26 mai, le Huffingtonpost révèle que de nombreux gilets jaunes ont affiché sur Facebook leur carte d'électeur brûlée ou tamponnée. 

Premier rendez-vous électoral depuis le début du mouvement des gilets jaunes, le scrutin des Européennes était attendu comme un éventuel couperet pour Emmanuel Macron.

Ce dimanche 26 mai, de nombreux électeurs ayant participé aux rassemblements des gilets jaunes ont souhaité profiter de cette occasion pour exprimer leur mécontentement contre le pouvoir en place. Alors que la participation était en forte hausse à 19 heures (52%) par rapport à 2014 (42,43%), le Huffingtonpost indique que des gilets jaunes, vêtus de leur chasuble, ont fait part de leur motivation de sanctionner la politique d'Emmanuel Macron en publiant sur Facebook leur carte électorale dûment tamponnée. Un acte symbolique qui s'est traduit dans les urnes par le score à 20 heures de la liste LREM menée par Nathalie Loiseau (21,9%). (Actu.Orange.fr)

Et c'est là qu'on aurait aimé entendre ou lire les analyses de nos experts en sondologie, qui font de la France probablement la plus grande consommatrice de sondages politiques au monde. Quid, en effet, de l'impact des Gilets Jaunes sur le dernier scrutin européen ?  Pour toute réponse, on a eu droit à un 'motus et bouche cousue', tandis que d'aucuns se perdent en conjectures, ou alors, pas vraiment...

À la grande surprise des docteurs en sciences politiques, ces voix se sont évaporées. Perdues dans un grand trou noir. Leur liste, quasi farlelue, n’a obtenu qu’une poignée de suffrages. Et tous les autres ? Comment retrouver leurs traces ?

A priori, contrairement à ce que les gens de la France Insoumise ont espéré, les Indignés du bitume n’ont pas apporté le moindre soutien à leur parti, principal perdant de ce rendez-vous européen. Le score de 6,5% est un échec retentissant pour Jean-Luc Mélenchon. Sa défense rugueuse et radicale des « gilets jaunes », accompagnée par tous les dirigeants de LFI, est visiblement une erreur tactique. Elle a affaibli considérablement son leader pour les années à venir. On peut dire la même chose pour Laurent Wauquiez, lequel est allé jusquà porter lui-même la chasuble des rebelles des ronds-points. Posture étrange pour un représentant du parti de l’ordre et d’une bourgeoisie de province ayant une passion modérée pour les mouvements de rue. En courant, un temps, derrière les « gilets jaunes », le patron de LR s’est mis dans un sale pétrin et pourrait bien payer les pots cassés de cette tactique hasardeuse. (…)
Mais alors, direz-vous, où est donc passé le vote des « gilets jaunes » ? Chez Marine Le Pen, bien sûr. La patronne du Rassemblement National, avec une habileté réelle, ne s’est pas jetée dans les bras des promeneurs hebdomadaires. Elle les a tenus à distance, sans les contrarier, sans les flatter, gardant une stature de représentante de l’ordre républicain. Elle a appliqué le précepte généralement utilisé en amour « Suis-le, il te fuit. Fuis-le, il te suit ». Que représenterait le pourcentage du vote des Gilets jaunes dans le résultat du Rassemblement National ? Deux, trois, voire quatre pour cent ? Impossible de le savoir avec précision tant ces militants du troisième type jouent les électeurs masqués. Une seule certitude : ils ne sont pas rués chez Laurent Wauquiez ou chez Jean-Luc Mélenchon. Bien sûr, la déroute électorale de ces deux dirigeants ne se réduit pas à cette question, mais il est certain que leur posture de « copains des émeutiers » a effrayé une partie de leurs sympathisants respectifs. LR ou LFI rêvaient d’être une alternative crédible au duel Macron-Le Pen, donc d’eniler le costume de parti de gouvernement. Cette perspective s’éloigne de plus en plus. (NouvelObs)
Ainsi, donc, à en croire certains, les Gilets Jaunes auraient pris fait et cause pour le Rassemblement National. Et c'est aussi mon avis, du moins d'un point de vue purement conjoncturel ou tactique (= dicté par les circonstances du moment). Et si vous me demandez qui serait à l'origine de cette adhésion subite et pas vraiment annoncée auparavant, je vous répondrai sans hésitation : ben, le roi de France, pardon, enfin, je veux dire son Excellence le Président de la République ! Entre nous, je le croyais bien plus intelligent que ça !

Autant dire que le ci-devant Jupiter français s'est tiré là quelques boulets de canon dans le pied, manoeuvrant avec brio de manière à ce que le Rassemblement National sorte gagnant de ce scrutin européen.

En effet, si la consigne de départ était bien "Tout sauf Macron", rien dans les déclarations des Gilets Jaunes "canal historique" ou dans les prises de position au sein des forums de discussion ne permettait de supposer un mouvement massif en faveur de la liste Bardella.

Il se trouve simplement que c'est par son activisme et son omniprésence médiatique que notre Jupiter a fini par cristalliser un mouvement d'opinion en faveur du RN. Et là, Macron ne peut s'en prendre qu'à lui-même, ainsi qu'annoncé plus haut par Catherine Nay : (...) Marine Le Pen dit à cela : le vote utile, c'est moi, puisque vous êtes tous contre Macron. 

De fait, vote utile veut dire que l'électeur ne va pas hésiter à voter, au besoin, contre son camp de prédilection, dès lors que ce dernier n'a aucune chance de battre le parti du monarque. Ce n'est pas forcément un vote d'adhésion, mais à tout le moins, d'opportunité.

Et où nos experts en politologie ou en politocratie, mais aussi les partis politiques en général se doivent d'éplucher scrupuleusement les résultats des dernières élections européennes, c'est notamment dans la concommitance entre progression de la participation depuis les dernières européennes et poussée en faveur du parti de Marine Le Pen.

Un indice intéressant de la chose nous est fourni par La Réunion. Il se trouve que c'est le département ultramarin qui a vu la plus forte mobilisation des Gilets Jaunes. Et, comme par hasard, le Rassemblement National y est arrivé en tête dans toutes les communes, ce qui n'est quand même pas banal, et annonce des élections municipales plutôt rock'n-roll !

En tout cas, Marine Le Pen peut adresser un vibrant "Merci pour ce coup de pouce !" au monarque-président ou président-monarque. Cela dit, si j'avais un conseil à adresser à la présidente du RN, ce serait de ne pas se réjouir trop vite.

En effet, ma conviction est que les Gilets Jaunes ont surtout entendu s'appuyer sur la technique du levier (cf. Archimède), dans la mesure où "Tout sauf Macron" voulait dire que "tout levier susceptible d'entraver la marche en avant de la liste soutenue par le roi, pardon !, par le président, devait être actionné en priorité, dans un souci d'efficacité.". Le fait est que Macron a, lui-même - erreur monumentale ! - , désigné aux Gilets Jaunes le "bon" levier à actionner pour ruiner ses plans : le Rassemblement National. Et c'est là qu'on devrait voir si Marine Le Pen a la stature d'une femme d'Etat - et pas simplement d'une vulgaire aboyeuse abonnée à Twitter ! -, susceptible de lui faire transformer l'essai lors des scrutins futurs, à commencer, par exemple, par le gain de quelques municipalités en Réunion, à Mayotte, en Guyane, et pourquoi pas aussi aux Antilles, ce qui correspondrait à une déflagration nucléaire et sonnerait le commencement du démantèlement dudit "plafond de verre"... !

N'oublions pas qu'il s'est agi, aux dernières européennes, d'un scrutin proportionnel à un seul tour et sur une seule circonscription. Lors des prochaines élections (locales : municipales, départementales, régionales), les forces en présence varieront forcément de circonscription en circonscription, surtout si, comme on peut s'y attendre, les Gilets Jaunes s'engagent, cette fois, dans la bataille électorale, notamment lors des municipales, le scrutin le mieux adapté à un mouvement ouvertement anti-partis politiques.

Pour en revenir à notre sous-titre : Le téléphone arabe 2.0, il se confirme que, décidément, bien des experts de la chose sociale et politique, ceux que j'appelle des politocrates, n'ont toujours pas compris les enjeux du monde moderne, persistant à analyser les faits sociaux à l'aide de leurs vieux instruments éculés (ex. les sondages).

Il se trouve que ces mêmes "experts" n'ont pas vu venir les Gilets Jaunes, tout comme ils se sont appliqués à dévaloriser ce mouvement qui, sans chefs, ne pouvait que péricliter. Mais, des mois après, il n'avait toujours pas périclité. Oui, mais, attendez !, va-t-on nous rétorquer, vous ne voyez pas qu'ils sont de moins en moins nombreux ? Comme si un iceberg se réduisait à sa pointe émergée !

Le fait est que ce mouvement, qui n'attirerait plus grand monde dans la rue, à en croire les gazettes, a été en mesure de faire appliquer avec efficacité une consigne non dite, autant dire du type subliminal, consigne abondamment suivie par tous sous la forme d'une participation accrue des électeurs et de la défaite du clan d'un président qui avait monopolisé les média écrits et audiovisuels comme aucun des ses prédécesseurs, allant même jusqu'à se produire sur Youtube, histoire, paraît-il, de mobiliser les jeunes. On a vu avec quel résultat !



C'est dire si la performance réalisée en coulisses par les Gilets Jaunes - sans avoir l'air d'y toucher - est tout bonnement époustouflante et devrait leur donner des idées pour la suite (cf. élections municipales et ss.). Et tout cela a été rendu possible par l'antique téléphone arabe adossé aux nouvelles technologies de l'information. Et la chose n'a rien d'extraordinaire : voyez tous ces mouvements sociaux en ce moment-même, et sans chefs, au Soudan, en Algérie, au Nicaragua, à Hong-Kong...

Les politologues et autres politocrates vont devoir se faire une raison : les temps changent ! 


Petit supplément illustré

 
 



 

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