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mardi 17 avril 2012

Journalisme de merde !, ou comment certains journalistes traitent les faits divers...


... Un article dont la bêtise et l’inanité ne tarderont pas à servir de modèle du genre « papier de merde », dans les écoles de journalisme. (Audrey Pulvar, France Inter, 26 janvier 2012)

Il s'agissait, comme tout le monde le sait maintenant, d'une diatribe de la journaliste de France Inter contre un papier paru dans Elle à propos du "Black Fashion Power".

Je me demande ce qu'Audrey Pulvar aurait dit à propos du traitement journalistique récent de la traque policière d'un tueur en série présumé (on ne sait pas encore qui a tué ni s'il y a un tueur ou plusieurs !) dans plusieurs villes de l'Essonne (91).

Car le moins qu'on puisse dire est que le traitement journalistique de l'affaire ne manque pas de sel ! Les images qui suivent sont des captures d'écran réalisées à partir de reportages télévisés.

16 avril 2012 : l'enquête de police judiciaire semble avoir abouti à l'arrestation de deux suspects, dont l'un semble correspondre au profil du "tueur" : il possède une moto correspondant au signalement, a déjà eu maille à partir avec la justice, a fréquenté au moins un stand de tir, divers indices (douille) ont été retrouvés chez lui, etc. C'est ce que confirme le procureur de la République au cours d'une conférence de presse.


Observons, en passant, que Madame le Procureur n'a livré aucun détail précis au sujet du pedigree (origine ethnique, taille, poids, statut marital ou non, etc.) du suspect.

Et comme il se doit, à la télévision, d'aucuns ont tenu à respecter la présomption d'innocence à laquelle l'homme a droit, en diffusant des images sur lesquelles on le voit avec un vêtement sur la tête. Cf. TF1, journal télévisé de 20 heures, le 16 avril 2012.



Fort curieusement, le même soir, sur la chaîne d'en face, je veux dire France 2, voilà que notre homme a une partie du visage découverte, ce qui n'a pu se faire que par la volonté d'un des policiers de son escorte, et dont un cameraman de la chaîne publique a promptement profité, sans que personne en régie ne pense à corriger cet impair en floutant l'image, par exemple.


Nous savions désormais que le suspect avait la peau noire. Du coup, la suite coulait de source... On n'allait quand même pas se gêner !



Voilà ce qu'en termes journalistiques on appelle un scoop : un portrait du suspect, tiré du journal de la chaîne soeur de France 2, je veux dire France 3. Notons qu'à ce stade, on nous épargne encore le nom, la taille, le groupe sanguin, la religion, etc., du client !

Retour sur le journal de 20 heures de France 2, du 16 avril 2012. Le présentateur en studio est en duplex avec un reporter présent sur le terrain. Résumé de la conférence de presse de Madame le Procureur puis représentation du suspect sous forme d'incrustations.




Fin du reportage du journaliste de France 2. Et c'est là que je suis parti d'un grand éclat de rire.





Vous avez compris ? À France 2, on a jugé que le suspect n'avait pas droit au respect de son anonymat, tout le contraire du traitement réservé aux policiers de l'escorte, dont le visage a été dûment "flouté". Non mais, ça ne vous donne pas envie d'éclater de rire ? Enfin, c'est une façon de parler !

Le fin mot de l'histoire ?

Voyez comment, à la radio, certains journalistes ont traité l'affaire.

RTL, 15 avril 2012, 8h20 : Selon Brice Dugénie, deux hommes, dont l'un (un trentenaire possédant une grosse moto) est considéré par les enquêteurs comme un suspect très sérieux, ont été mis en garde à vue.

RTL, 15 avril 2012, 8h33 : Raphaël Vantard précise que le principal suspect en garde à vue présentait un comportement trouble et qu'il fut repéré dans un stand de tir quatre ans plus tôt, qu'il portait en permanence un bonnet vissé sur la tête...

La performance de ces deux journalistes (de RTL) est d'autant plus stupéfiante que, dès la veille, certains de leurs collègues semblaient bien plus au parfum...

France Info, 14 avril 2012, 20h02. Mathilde Lemerre (ou Lemaire) dixit : "Un jeune homme de trente-trois ans, d'origine antillaise, a été arrêté par la police en marge de l'enquête sur les tueries dans l'Essonne...".

En voilà une qui a dû bénéficier d'un tuyau, fourni par qui, sinon par la police, sur l'origine ethnico-géographique du suspect. La précision fournie par Mathilde Lemerre est d'autant plus intéressante que, sur la même chaîne, une demi-heure plus tard, on a eu droit à ça :

France Info, 14 avril 2012, 20h30. Gilles Bessec : "Un des deux suspects, âgé de 33 ans, est considéré par les enquêteurs comme particulièrement sérieux... Amateur d'armes... C'est la moto..."

RMC, 14 avril 2012, 20h57. Denis Lemoine : "Cet homme est décrit comme un Antillais...".

France Inter, 15 avril 2012, 17h01. Virginie Piraunon : "un homme originaire des Antilles...".

Conclusion : à partir des mêmes dépêches d'agence, de vrais journalistes s'en sont tenus à l'information brute, tandis que d'autres (sur France Info, France Inter et RMC) relayaient des détails, fournis par des sources proches de l'enquête (police/justice) et dont le caractère raciste n'est pas contestable.

Pour mémoire, quand un instituteur est arrêté pour suspicion de crimes sexuels commis sur des enfants de maternelle, personne ne précise quelle est son origine ethnique ou géographique, ce qui revient à suggérer de manière subliminale qu'il n'est ni noir, ni asiatique, ni arabe... 

En voulez-vous une illustration éclatante ? Voyez cette capture d'écran sur le site de la chaîne de télévision M6/MSN...


Imbécile et raciste, aurait (peut-être) dit Audrey Pulvar...

Gageons que la police ne fournira jamais à la presse la photo de l'instituteur soupçonné d'agressions sexuelles sur des bébés de moins de cinq ans... En tout cas, nous pouvons être sûrs qu'il n'est pas Africain, ni Asiatique, ni Sudaméricain... Pourquoi ? Tout simplement parce que les Africains, Asiatiques, Sudaméricains... ne mangent pas de ce pain-là ! Vous pouvez vérifier en consultant les annales judiciaires !



P.S. Reçu dans ma boîte de courriels :



Monsieur Jaquin, de la rédaction de France 3, joue avec les mots et me demande de lui indiquer les journaux ou journalistes qui auraient fait mention de l'information "d'origine antillaise". Parce que l'homme que l'on voit sur la photo ci-dessous - document France 3 - est "d'origine bretonne", ou alors "d'origine alsacienne", peut-être "d'origine corse, basque, chti..." ? 




J'ai répondu au médiateur de France 3 que j'attendais que le tueur présumé de l'Essonne ait droit au même traitement que les violeurs de bébés de maternelle, s'agissant du respect de leur anonymat et de la présomption de leur innocence, ni plus ni moins. Je constate simplement que lorsqu'un instituteur est présumé avoir violé des bébés dans une maternelle, son visage n'est jamais divulgué au grand public ! 

Le fait est que des viols de bambins, dans des maternelles antillaises, je n'en ai jamais entendu parler !

Par ailleurs, Monsieur Jaquin ajoute qu'il n'ouvre jamais les adresses grossières et qu'il n'est pas payé pour ça. On parie combien qu'il a bien lu ma prose ?

lundi 19 mars 2012

Elle et le 'Black Fashion Power'. Retour sur une bien étrange polémique


Épisode 1. Mazette, quel tohu-bohu !



Avertissement n° 1. Si j'ai pris la liberté d'afficher ici, et dans leur intégralité, la plupart des textes auxquels j'entends me référer, c'est à la suite de la disparition du site elle.fr de la version numérique de l'article dont est partie la polémique, laquelle polémique a vu plus d'un(e) intervenant(e) prendre part à un débat sans même avoir pris la peine de s'informer sur l'origine même de tout ce débat. En présentant les textes ici même, j'entends éviter à mes lecteurs et lectrices de se retrouver grosjean comme devant, parce que tel lien ou telle adresse électronique aurait été désactivée.... Mais, par acquît de conscience, j'ai entendu maintenir visibles les adresses (URL) renvoyant aux documents cités.)

Avertissement n° 2. Il m'arrive, deux ou trois fois par semaine, de consulter le compteur de visites du blog, non pas pour savoir combien de gens consultent le site, ce dont je me contrefiche absolument ; entre nous, qu'est-ce qui est le plus important, dix mille "surfeurs" ne faisant que passer, en consacrant moins de trente secondes à votre prose, ou mille internautes sérieux, qui vont vous lire attentivement en y mettant le temps requis ? Le fait est que moi, je déteste "surfer", ce qui peut me faire passer des heures sur un seul site intéressant. Il y en a. Précisément, le compteur de visites me renseigne sur la manière dont les gens visitent mon blog, et là, je suis parfois un peu surpris... Il est vrai que les "surfeurs" restent surtout sur la page d'accueil des sites qu'ils visitent ! Ceux et celles-là oublient que, dans un mémoire universitaire, par exemple, voire une thèse doctorale ou un essai philosophique ou sociologique, le plus intéressant c'est souvent ce qui est écrit en tout petit, tout en bas : les notes de bas de page, car ce sont elles qui vous renseignent instantanément sur la profondeur du travail (de recherche) réalisé par l'auteur. Par ailleurs, le génie tout particulier de l'Internet réside dans la faculté de naviguer d'une page vers une autre via les liens hypertexte... Et pour ma part, atavisme universitaire oblige, je ne cite jamais rien sans mentionner la référence idoine, de même que je prends toujours un malin plaisir à garnir mes pages de "liens de bas de page"... Avis, donc, aux "surfeurs" et "surfeuses" adeptes de la lecture en diagonale ! (Je sais, l'avertissement est un peu long... Mais c'est voulu : les surfeurs et surfeuses n'auront qu'à passer leur chemin !) (1)
 
Tout a commencé, en ce qui me concerne, par un bien tonitruant papier d'Audrey Pulvar, un matin sur France Inter.

Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît"*

Quel dommage ! L’article a disparu. Pfuit ! Envolé ! Une multitude de liens y menaient pourtant, mais quand on clique dessus, on tombe sur un pinceau de maquillage et un poudrier rose. Ah bon ? Bah… on est sur le site du magazine Elle donc n’en demandons pas trop non plus ! Contentons-nous de réclamer de ce magazine un minimum de respect dû à ses lecteurs et de rigueur de la part de ses « journalistes »… Par exemple quand il prétend décrire le « phénomène »  Black Fashion Power dans un article dont la bêtise et l’inanité ne tarderont pas à servir de modèle du genre « papier de merde», dans les écoles de journalisme. Sur les captures d’écran réalisées par quelques bloggeurs, on peut tout de même lire cet article fantôme. On y apprend que, ouvrez les guillemets :« Dans cette Amérique dirigée pour la première fois par un Noir, le chic est devenu une option plausible pour une communauté [noire] jusque-là arrimée à ses codes streetwear ». Ainsi, avant les Obama, les Noirs, au moins aux Etats-Unis, ignoraient-ils « le chic ». Pas une option pour eux. Voilà qui fera plaisir à Condoleeza Rice. Comme à des cohortes de Noirs, femmes et hommes, maires, députés, conseillers politiques de premiers plans, architectes, médecins, secrétaires, banquiers, policiers, juges, avocats, enseignants, cinéastes, comédiens on en passe et des meilleurs, se mouvant tous les jours dans leurs villes, leurs rues, leurs bureaux, leurs métros en affichant les mêmes codes vestimentaires que les milieux dans lesquels ils évoluent. Ont-ils attendu le couple Obama pour mettre au placard la ceinture de bananes et les soutiens gorges en noix de coco ? Ah non, on a mal lu : ils étaient « arrimés au streetwear »… ?! Mais combien d’entre eux, imagine la journaliste du magazine Elle, se présentent au bureau habillés façon « streetwear» ? A moins que dans son esprit, un Noir ne soit destiné qu’à tourner des clips de rap ou à vendre de la drogue aux coins de rues, dans la tenue préférée des petits dealers: jean baggy et tee-shirt XXL ?

La stupidité de l’article ne s’arrête pas là, puisqu’il nous est expliqué que dans le sillage de Michelle Obama, qui décline « en mode jazzy », forcément, le vestiaire de Jackie Kennedy, « l’audace et la créativité se sont réveillées »… Mazette ! Sainte Michelle, un temps adepte de robes à fleurs importables, nous montrerait donc la voie ! Mais attention, pour les noires fashionistas, les « black-geoises » comme les surnomme Elle, bien qu’ayant « intégré tous les codes blancs » (sic), pas question d’oublier leurs « racines » ! Ainsi, ces nouvelles égéries du style n’oublieraient jamais de casser le classicisme blanc avec « un boubou, un collier en coquillage ou… une créole de rappeur » ! Ben voyons ! Mais au fait, madame la journaliste de Elle, de quelles racines parle-t-on exactement pour des Noirs présents depuis 4 siècles sur le continent nord-américain et qui, comme d’autres communautés, ont bâti, au prix que l’on sait, leur pays d’aujourd’hui ? Et en quoi  la «communauté noire » est-elle une entité homogène et moutonnière ?

Pour appuyer sa navrante démonstration, Elle.fr déforme les propos de John Caramanica, journaliste mode au New York Times, ça fait toujours sérieux. Caramanica estimerait, nous dit Elle, que ce retour au style constitue pour les Noirs « une source de dignité »… Un détour par le site du journal américain montre pourtant que Caramanica consacrant un article à deux jeunes Noirs de Brooklyn, créateurs de mode très en vogue, écrit qu’ils perpétuent une tradition datant de l’émergence de Harlem et ayant accompagné les luttes menées par les Noirs, pour le respect de leurs droits fondamentaux,tradition du vêtement comme vecteur de leur dignité. L’article imbécile et raciste de Elle, provoque à juste titre l’indignation et les moqueries de milliers d’internautes, en France comme aux États-Unis où il est relayé par plusieurs sites. Des excuses sont-elles une « option plausible » pour ce journal ?

Affaire à suivre. 
[© Audrey Pulvar]
*Lino Ventura dans le film "Les tontons flingeurs" (1963). Un film réalisé par Georges Lautner et dialogué par Michel Audiard


Et puis, très vite, la polémique s'est mise à enfler, comme l'illustre une pétition publiée sur le site lemonde.fr




C'est le magazine Elle qui nous l'apprend : en matière de mode, en 2012, "la ‘black-geoisie' a intégré tous les codes blancs..". D'ailleurs, "le chic est devenu une option plausible pour une communauté jusque là arrimée à ses codes streetwear." Eh oui, tandis que durant des décennies les Noirs se sont habillés comme des "cailleras" à capuche, ils ont enfin compris, grâce à l'enseignement des Blancs, qu'il convenait de faire plus attention à leur apparence. Voilà la teneur d'un article paru le 13 janvier dans l'hebdomadaire préféré des ménagères de la "white-geoisie" (puisqu'apparemment il faut désormais distinguer les bourgeois eux aussi racialement), intitulé "Black fashion power", tentant d'analyser les raisons du succès sur les red carpets de personnalités afro-américaines.

Et c'est simple : si les Noirs sont enfin chics, c'est parce qu'ils ont désormais une icône digne de ce nom, Michelle Obama, qui donne le ton en "revisitant en mode jazzy le vestiaire de Jacky O." Oui, car toute première dame qu'elle soit, Michelle Obama elle-même n'a pu s'inspirer que d'un modèle blanc ; et comme elle a le rythme dans la peau, elle y ajoute une touche jazz, normal.

Mais attention, les Noires n'ont pas intégré ces codes  "de manière littérale. C'est toujours classique avec un twist, bourgeois avec une référence ethnique (un boubou en wax, un collier coquillage, une créole de rappeur…) qui rappelle les racines." N'avez-vous pas remarqué l'os que Halle Berry arbore fièrement dans son nez ? Ne voyez-vous pas à quel point Rama Yade aime rappeler ses exotiques "origines" en se drapant dans un pagne léopard avant de prononcer ses discours ?

Il serait temps que les rédactrices de Elle s'aventurent hors de leurs bureaux vitrés du quartier d'affaires de Levallois-Perret afin de se mêler à la population, ce qui leur permettrait de voir à quoi ressemblent les Noirs et comment ils s'habillent en vrai. Il serait également temps de se rendre compte que des femmes noires, il y en a aussi en France, qu'elles ne vivent pas toutes aux États-Unis et ne sont pas toutes stars de la chanson, du cinéma ou du sport. Pourquoi ramener toute femme noire élégante à Michelle Obama, et pourquoi toujours comparer à Barack Obama Omar Sy dans le film Intouchables - et avec lui beaucoup de Noirs - élégants en France -, dès lors qu'il passe du jean-basket au costume noir-chemise blanche ? A défaut de fréquenter des Noirs, la consultation de la presse de ces dernières années suffit pourtant à constater qu'il y a même eu des femmes noires au gouvernement, à l'Assemblée Nationale, à la présentation de journaux télévisés et au cinéma !

Enfin, un peu de recherche et de bon sens nous aurait épargné l'affirmation selon laquelle "pour la communauté afro, le vêtement est devenu une arme politique", dépréciant par là la véritable et douloureuse histoire des combats des minorités noires en faisant de la moindre starlette bien habillée la porte-parole de cette lutte. Quant aux Noirs qui ne font pas de politique, on se demande s'ils se promènent nus…

Tout cela aurait pu n'être qu'une banale affaire d'inculture et d'ignorance vite oubliée, si le magazine avait daigné répondre aux nombreuses protestations de lectrices et lecteurs choqués par l'article. Car c'est sa publication sur le site web du magazine qui déclenche une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, les blogs mode (AfroSomething, BlackBeautyBag, ThaCrunch et TiModElle) - grâce auxquels l'affaire traverse l'Atlantique - et même sur Elle.fr, où en quelques jours plus de mille commentaires réclamant des explications ou des excuses sont postés. Réponse de la rédaction : aucune. Jusqu'à ce que le 24 janvier, Valérie Toranian, directrice de la rédaction, se fende d'un petit commentaire dont il ressort en substance que les "indignés" n'ont rien compris à l'article. Nouvelle vague de protestations, aboutissant  finalement à la suppression pure et simple de l'article. Mais le mal est fait. Jeudi matin, sur France Inter, Audrey Pulvar dénonce le papier dans un édito intitulé "Y a bon Obamania", avant d'être invitée vendredi soir dans le Grand Journal de Canal+ pour débattre face à Valérie Toranian. Si la directrice de la rédaction y exprime des regrets, elle maintient sa position et persiste en affirmant avoir voulu être "bienveillante" avec les Noirs. En d'autres mots, si les propos sont offensants, les intentions étaient bonnes, alors pourquoi se plaindre ? Les Noirs, hommes ou femmes, n'ont pas besoin de bienveillance, mais d'égalité. Or cette affaire est un révélateur : l'article est le symptôme médiatique d'une exclusion à la fois culturelle et sociale.

Puisque le débat a été lancé, poursuivons-le. Nous aimerions ici suggérer aux salariés de Elle d'essayer d'ouvrir leurs horizons. Puisque la tendance est à la "black fashion", pourquoi ne pas y adhérer en recrutant par exemple plus de rédactrices noires ? Et pourquoi pas, soyons fous, choisir une femme noire pour poser sur la couverture du magazine ? Juste une fois, pour voir ? Deux millions de femmes noires en France, qui dépensent sept fois plus d'argent dans les cosmétiques que leurs congénères blanches, et dont le pouvoir d'achat grandissant constitue un marché en expansion pour les produits de beauté et de mode, est-ce si négligeable? Car ce "racisme structurel" de notre société, dont parle si bien Valérie Toranian sur les plateaux de télévision, est aussi alimenté par l'absence des femmes noires à la Une des titres de presse féminine : en près de 70 ans d'existence, Elle n'a daigné accorder sa couverture qu'à une poignée de femmes noires. Pourquoi la bienveillance du magazine envers les "black-geoises" se limiterait-elle à un dossier spécial chaque année bissextile ? Quand celles-ci auront-elles droit de cité dans les pages du magazine sans se voir affublées de qualificatifs grotesques ? C'est sur ce sujet que nous aurions aimé l'entendre l'autre soir et que nous l'attendons désormais.

Premiers signataires : Sonia Rolland (comédienne), Rokhaya Diallo (éditorialiste et militante), Fred Royer (créateur de la cérémonie des Gérard), Audrey Pulvar (journaliste), Léonora Miano (écrivaine), China Moses (chanteuse et présentatrice TV), Mokobé (rappeur), Jalil Lespert (comédien et réalisateur), Aïssa Maïga (comédienne), Kareen Guiock (journaliste), Eric Fassin (sociologue, ENS), Disiz (chanteur), Marc Cheb Sun (fondateur de Respect Mag), Anastasie Tudieshe (journaliste), Noémie Lenoir (mannequin), Clémentine Autain (directrice de la revue Regards), Olivier Laouchez (président de Trace TV), Jean-Benoît Gillig (producteur), DJ Pone (compositeur), Pap Ndiaye (historien, EHESS).

Ainsi que : Serge Toubiana, Charles Tesson (délégué général de la semaine de la critique du Festival de Cannes), Doryla Calmec (comédienne), Julius E. Coles (directeur du Morehouse College à Atlanta), Hélène Geran (comédienne), Josiane Cueff (CMAC Martinique), Vincent Malausa (les Cahiers du cinéma), Mylène Marie-Rose (chroniqueuse cinéma), Thomas Le moine (réalisateur), Osange Silou Kieffer, b(FEMI Guadeloupe), Marie-Christine Duval (agence Comecla), Harry Roselmack (journaliste) ; Lucien Jean-Baptiste (acteur et réalisateur) ; Dominique Sopo (président de SOS Racisme) ; Cathy Thiam (journaliste).


Vous avouerai-je que j'ai trouvé toutes ces prises de position, à commencer par le pamphlet d'Audrey Pulvar, quelque peu  étranges, pour ne pas dire en décalage total avec une certaine réalité des choses, telle que je la ressens moi-même, que j'ai décidé de m'intéresser d'un peu plus près à cette polémique ?

Mais, dans un premier temps, il a bien fallu chercher à mettre la main sur ce fameux article, ce qui ne fut pas simple, même pour un habitué des moteurs de recherche.





(1) Ne dit-on pas que la musique adoucit les moeurs ? Spéciale dédicace à Audrey Pulvar, Sonia Rolland, Rokhaya Diallo et à toute la "blackgeoisie" française. Ça tombe bien : à l'instar de ces grandes librairies (Fnac, Gibert) où je me rends toujours en prévoyant large, soit toute une matinée ou tout un après-midi, j'avais passé déjà pas mal d'heures à farfouiller dans les bacs de cette médiathèque de la Ville de Paris, lorsque je suis tombé sur ce disque, que je n'ai pu apprécier qu'une fois rentré chez moi. Une pure merveille ! Et là, on coupe le téléphone, on s'assied par terre et on décolle ! Et si vous n'êtes pas subjugué(e)s par ce sublime timbre de contralto, c'est que vous n'avez pas d'oreilles ! Mais qui cela peut-il bien être ? Je vous dis tout de suite que ce n'est pas la regrettée Kathleen Ferrier (dont je vous recommande la version de la Rhapsodie pour contralto, choeur et orchestre de Brahms, entre autres merveilles !). La réponse se trouve quelque part sur ce blog ou ailleurs, à l'instar de l'identité de l'auteur de cette magnifique Joconde noire ci-dessus. À vous de faire comme moi et de farfouiller dans les coins et recoins... Bonne chance !


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Elle et le 'Black Fashion Power'. Retour sur une bien tonitruante polémique

Épisode 3. Le corps du délit




Ce fameux article de Nathalie Dolivo, paru initialement dans la version papier de Elle du 13 janvier 2012 puis sur le site Internet du magazine, pour en être malencontreusement évincé par la Rédactrice en Chef, suite à la polémique que vous savez, je vous avoue avoir eu quelque mal à mettre la main dessus, le magazine n'étant évidemment plus disponible dans les kiosques et étant par ailleurs introuvable - quel succès ! - dans la quasi totalité des bibliothèques publiques de la ville de Paris. Finalement, à force d'osbtination, j'ai bien fini par mettre la main dessus, et comme chez Elle, on semble apprécier les coups de ciseaux, ici au moins, il ne risque pas d'être victime de la censure.

Je vous l'offre, donc, ci-dessous, in extenso, dans sa version originale illustrée, dont j'ai pris soin d'extraire l'intégralité du texte, pour ceux et celles qui souhaiteraient faire des citations (exactes !!!) des propos réellement tenus par Nathalie Dolivo.

Ainsi, ceux et celles qui n'ont pas eu accès à ce texte vont pouvoir juger sur pièce et en parler en connaissance de cause, au lieu de ce que j'ai pu observer ici ou là, notamment sur des forums de discussion, où plus d'un(e) intervenant(e) y est allé(e) de son grain de sel sans même avoir pu examiner le "corps du délit" ! Une bien détestable habitude à laquelle il va bien nous falloir - hélas ! - nous conformer, quand on voit les phénoménales capacités de l'Internet à générer du "buzz" !






Elles sont pop, elles sont choc, elles sont top... De Rihanna à Nicki Minaj, Solange Knowles ou Inna Modja, les nouvelles égéries noires fascinent les créateurs, emballent les rédactrices de mode et inspirent la rue. Décryptage. Par Nathalie Dolivo

Le « red carpet » ? Appellation dépassée ! Ces derniers temps, l'heure est au « black carpet ». Une génération de jeunes femmes noires, souvent afro-américaines, truste en effet les premières places du baromètre fashion mondial. Et le phénomène est sans précédent. En haut de l'affiche, la bombe manga Nicki Minaj a provoqué une véritable défla­gration : ses looks explosifs, ses mix improbables, ses che­veux pink ont mis le feu au fash pack. Ils rendraient Lady Gaga presque fadasse en comparaison et font se pâmer les rédactrices de mode, la puissante Anna Wintour au premier chef. Mais Nicki est loin d'être la seule à faire tourner les têtes branchées. Voici Janelle Monáe, petite silhouette androgyne et fifties toujours affublée d'un costard, d'une banane rockab' et d'une sage chemise preppy. Sa musique soul fait danser les foules et son allure fascine Karl Lagerfeld. Et puis Solange Knowles, sœur de Beyoncé, qui, à la différence de son aînée, maîtrise parfaitement les codes les plus pointus du moment. Sa spécialité ? Un savant dosage d'ethnique et de preppy qui la rend irrésistible. Sa noto­riété, elle la doit plus à son sens du style qu'à sa musique. Citons aussi Kelly Rowland, ex-Destiny's Child, et Azealia Banks, rappeuse de Harlem et sensation du moment, qui a su imposer son cocktail régres­sif : sweat-shirt Mickey, nattes de petite fille, microshorts. Zoé Saldana, actrice, tient égale­ment parfaitement son rang. Rihanna, quant à elle, est loin d'avoir pris sa retraite mode et continue d'être in. Elle vient d'ailleurs de signer une mini­collection avec Armani et la moindre de ses apparitions est scrutée à la loupe. La liste exhaustive serait trop lon­gue... « Voilà une génération de filles qui s'expriment par autre chose que par les codes du sexy, note Olivier Cachin*, fin spécialiste des musiques blacks et de la culture afro-américaine. On est sorti des références bling du R'n'B et du hip-hop de ces dernières années. Ce sont des filles à forte personnalité qui ne sont pas un plaqué de fantasme masculin. » À leur insu, elles sont donc peut-être en train de réinventer le « girl power » et d'envoyer bouler leurs mentors hip-hop, ceux qui avaient tant de mal à voir les filles autrement que comme des potiches en string et décolleté. « Aujourd'hui, je veux avoir l'air pointu, différente et inattendue », confiait récem­ment Rihanna au journal « The Observer », illustrant cette volonté de se démarquer par le vêtement.

Dans une société obsédée par l'image, ces filles ont donc compris, mieux que quiconque, l'importance du look. On pourrait même dire que, pour la communauté afro, le vêtement est devenu une arme politique. Jon Caramanica, journaliste au « New York Times », affirmait récemment dans un article consacré à cette renaissance noire que « ce retour au style constituait pour la communauté noire une source de dignité ». Comment ne pas y voir l'effet du cou­ple Obama ? Dans cette Amérique dirigée pour la première fois par un président noir, le chic est devenu une option plausible pour une communauté jusque-là arrimée à ses codes streetwear. La First Lady Michelle donne le ton, misant sur des marques pointues, transcendant les robes trois trous, revisitant en mode jazzy le vestiaire de Jackie O. Bref, l'audace et la créativité se sont réveillées, le preppy a de nouveau droit de cité. Comme dans les années 30, le mouvement Cotton Club, les costumes de jazzmen et les robes charleston. Et dans les années 60, le combat pour les droits civiques, le black power, la classe ineffable et inégalée d'une Angela Davis. Mais, si, en 2012, la « blackgeoisie » a intégré tous les codes blancs, elle ne le fait pas de manière littérale. C'est toujours classique avec un twist, bourgeois avec une référence ethnique (un boubou en wax, un collier coquillage, une créole de rappeur...) qui rappelle les racines. C'est décalé, nouveau, désirable, puissant. « En cette période de crise mondiale, il y a un vrai besoin de fun et de créativité, reprend Olivier Cachin. Des Nicki Minaj ou des Janelle Monáe, originales et fortes visuellement, qui répon­dent totalement à cet air du temps difficile et anxiogène, en sont comme l'antidote. »

Les voilà donc icônes d'aujourd'hui. La mode les fait reines, assouvissant ainsi son besoin constant de se renou­veler. Lorsque les tendances patinent, la fashion se tourne toujours vers la rue. Ce fut le cas dans les années 80, les défilés Gaultier, la culture Benetton, le début du hip-hop. C'est de nou­veau le cas : la rue, et la culture afro en parti­culier, semble constituer un inépuisable vivier d'idées. « A New York, explique Sylvia Jorif, chef des infos mode à ELLE, le phénomène est fou ! Une classe moyenne noire a émergé et joue avec la mode. Ce sont bien souvent des looks désuets, vintage, avec une connotation artistique et musicale. Tout est toujours un peu exagéré : le dress code Hamptons est +++, le vestiaire Ivy League est boosté. C'est souvent drôle mais jamais ridicule. Et ce sont de formidables leçons de style ! » On n'a pas fini de s'inspirer de ce fashion black power ! N. DO {Auteur de "Prince, Purple règne" (Ed. Fetjaine}


L'AFRO EN TÊTE

Emblème de cette tendance, l'afro fait un retour en force sur la tête des filles les plus lancées. Inna Modja ou Solange Knowles ont réhabilité ce qui était jusque-là marqué du sceau des 60's. Comment oublier Angela Davis ? On pense aussi à Diana Ross ou à Sly and the Family Stone. Aujourd'hui, les filles à afro s'appellent des « nappies », soit la contraction de « naturel » et de « hippy ». C'est un retour aux sources de la beauté noire. Une manière d'affirmer son refus de tout ce qui contraint la femme noire : lissage, blanchiment. Elles sont blacks et fières de l'être !


JULIA SARR-JAMOIS, LA IT GIRL QUI BUZZE

Ces dernières fashion weeks, on ne voyait qu'elle : Julia Sarr-Jamois n'a que 23 ans et s'est imposée en quelques mois. Elle pourrait être mannequin, mais elle est rédactrice de mode pour le magazine britannique et fashionissime « Wonderland ». Et, avec elle, le défilé est... devant les défilés !


1069 mots

6293 signes


Lire la suite...



mercredi 9 février 2011

Mea maxima culpa ?


Nota bene : ce papier a été rédigé entre le début de janvier et le premier tiers de février 2011, soit sur plus d'un mois, et à cela, il y a des raisons.

Un jour de (ce mois de) janvier (2011), j'écoute mollement la matinale de Patrick Cohen sur France Inter. Je dis "mollement" parce qu'avec le principe de l'invité(e) du jour, il arrive que l'on soit intéressé, un peu, passionnément, pas du tout. Je ne me souviens plus de l'identité de l'invité de ce jour-là, mais bon. Arrive la revue de presse, que j'écoute toujours avec intérêt, dès lors qu'elle me permet souvent de me faire des pense-bêtes, du type "penser à acheter La Croix d'aujourd'hui, ou l'Humanité, ou La Tribune..."

Fin de la revue de presse, et voilà que Cohen annonce la rubrique "Sans préjugés" d'Audrey Pulvar. Mais c'est ben vrai ça, pensai-je, qu'elle a perdu son interview de 7h52 ! Et j'avoue que j'en étais resté, avec cette journaliste, au papier "incendiaire", à en croire certains, que je lui ai consacré ici même, et qui m'a valu moult commentaires, parfois acerbes, selon lesquels j'aurais été à la frontière de la méchanceté gratuite, voire de la goujaterie. Méchanceté gratuite ? Non mais vous m'avez bien regardé ?

Il se trouve que lorsque j'ai écrit mon papier, je veux dire le premier, sur Audrey Pulvar, cette dernière donnait encore des interviews matinales sur France Inter (7h52) et assurait encore des interviews dans ce qui restait de son émission A.P.S. sur I-Télé, sauf que les personnalités invitées n'avaient rien à voir avec la politique, ce qui me paraissait acrobatique comme exercice. Comment empêcher quelqu'un comme Axel Kahn, par exemple, de parler de politique ? Et Philippe Torreton ? Et Pierre Arditti ? Et moi de pester contre cette fille, que j'avais trouvée bien nunuche, je l'avoue. Parce qu'en plus, j'avais dit qu'elle aurait des problèmes avec ses employeurs. Et les problèmes sont arrivés très vite. Non mais zut alors ?

Dans cette chronique du 6 janvier 2011, il était question du travail et des 35 heures.

J'écoute consciencieusement le papier de Pulvar, et là je sursaute. Qu'est-ce qu'elle a dit ? Elle a dit "prédicat" ?

"... quel que soit le bout par lequel ce débat est pris par les uns et les autres depuis dimanche, c’est toujours avec pour prédicat que le travail est un revenu."



Et là, je me dis : "Ben ça alors ?"

Essayez donc de caser le mot prédicat dans un discours, je veux dire de le caser à bon escient dans un discours. Mieux : essayez donc de me dénicher ce mot dans la bouche d'un des papes de la chronique audiovisuelle, pour m'en tenir à ce milieu-là : je pense aux Alain Duhamel, Claude Askolovitch, Jean-Michel Aphatie, Jean-Marie Colombani et autres Serge July, pour ne parler que de ceux-là. Vous aurez du mal !

La dernière fois que j'ai entendu ce mot, au cours d'une conversation, nous étions en plein séminaire de linguistique, quelque part, dans une FAC française. Il faut dire que les linguistes adorent ce genre de vocables, censés conférer un caractère scientifique à leur prose, je pense à des termes comme "rhème", perlocutoire", "paradigme", "signifiant", "signifié", "acception", etc., pour m'en tenir à des notions "simples". Il se trouve que ces vocables peuplent tout bon essai de linguistique, mais qu'ils apparaissent plus rarement dans le discours usuel. C'est dire ma stupéfaction en entendant  ce mot dans la bouche de Mlle Pulvar.

Je ne veux surtout pas insinuer qu'Audrey Pulvar ait été pédante. Bien au contraire : le pédant use souvent de termes abscons,  toujours  employés à mauvais escient, dans la mesure où l'on sent bien qu'il aurait pu s'exprimer plus simplement ; du coup, il se dégage de son discours une impression de "cheveux sur la soupe".

Par exemple, le pédant constelle volontiers son discours de mots comme "nonobstant" (synonyme : malgré), utilisé souvent à contre-sens, voire en l'absence de toute cohérence syntaxique. Exemple : "mais il a fait cela nonobstant.", ou "il a nonobstant fait cela.", au lieu de "il a fait cela malgré tout." Un autre exemple d'une utilisation à mauvais escient nous est fourni par le mot "acception", auquel nombre de sot(te)s et de maladroit(e)s substituent souvent le le quasi-homonyme "acceptation".

Mais revenons à Mlle Pulvar. Elle a, donc, parlé d'un prédicat (cf. wikipedia : Proposition analytique et jugement synthétique a priori),  donc postulat généralement admis, selon lequel le travail serait un revenu. Du coup, je me mets à écouter le reste de la chronique, en trouvant tout ça fichtrement bien écrit, en tout cas, mille fois plus intéressant et plus instructif que la prose faiblarde d'un Alain Duhamel, par exemple, qui nous sert depuis quarante ans ses "François Miterrand" un jour, ses "Valéry Giscard d'Estaing" le lendemain, puis ses "Jacques Chirac", puis ses "François Bayrou" ; il y a eu les "Ségolène Royal", les "Martine Aubry", ne parlons pas des "Dominique Strauss-Kahn" et autres "Le Pen", Jean-Marie, d'abord, Marine maintenant. Bref,  le gna-gna-gni et gna-gna-gna de la petite routine quotidienne, sur fond de sondages juste paraphrasés. Ce serait d'ailleurs amusant, d'un point de vue de documentaliste - un de mes premiers métiers - de "lister" les sujets traités par Alain Duhamel au cours de toutes ces décennies de péroraisons matinales, sur Europe 1 d'abord, sur RTL ensuite. Je veux dire, combien de fois Giscard, combien de Chirac, combien de Sarkozy, de Strauss-Kahn..., et l'on verrait à quel point ce grand esprit manque d'imagination, à toujours radoter sur les mêmes poncifs.

Il faut dire que le travail d'un chroniqueur politique, façon Alain Duhamel, se limite souvent  à la  paraphrase de sondages. Que, demain, les sondages ne soient plus favorables à Dominique Strauss-Kahn, par exemple, et vous verrez Alain Duhamel changer son fusil d'épaule et expliquer à ses chers z'auditeurs que Strauss-Kahn n'a plus aucune chance, qu'il ne s'est jamais imposé véritablement, et de toute façon, le FMI, c'est si loin, que les plus jeunes des militants socialistes ne savent même pas qui est Strauss-Kahn ! Et patati et patata...

Ça s'appelle un chroniqueur politique, voire un politologue. Moi, j'appelle ça un politocrate. Audrey Pulvar est tout le contraire d'une politocrate. Et  je l'ai quand même traitée de nunuche !

En allemand, on dit "Das hat Hand und Fuß (Fuss) !" : "Ça a de la main et du pied !" Sous-entendu : c'est construit, c'est structuré, ça tient debout !

Il faut dire que, contrairement à la quasi-totalité de ses confrères chroniqueurs, dont l'inénarrable Alain Duhamel est un magnifique spécimen, lesquels se contentent généralement d'étaler leurs états d'âme en tentant de les vendre au cher z'auditeur comme ayant valeur d'oracle, Audrey Pulvar s'appuie énormément sur des notes de lecture, ce qui fait que sa chronique de 8h40 s'harmonise parfaitement avec la revue de presse qui la précède. C'est ainsi que, souvent, elle nous livre, en trois minutes chrono,  une synthèse centrée sur un texte voire plusieurs, traitant du même sujet.

Tiens, juste pour rire : combien de journalistes voire de personnalités politico-médiatiques seraient capables de saisir la nuance contenue dans la proposition suivante, et de se corriger en conséquence ? Le 3 février 2011, Audrey Pulvar dit textuellement ceci (il est question d'une manifestation d'élus) : "ceints de leurs écharpes tricolores, de leur écharpe tricolore..."

Pour se corriger au beau milieu de son propos, comme ci-dessus, vous avez compris qu'il fallait préalablement respecter la liaison : leurs-z-écharpes ! Entre nous, combien sont-ils et elles à pratiquer systématiquement la liaison à la radio et à la télévision ? Le fait est qu'ici, le choix du singulier s'imposait, et bravo à Mlle Pulvar d'avoir instinctivement rectifié le tir, parce que ces élus ne portaient chacun qu'une écharpe, de même qu'on n'a qu'un visage, un nez... Il faudrait, donc, écrire et dire, par exemple : "tous affichaient une belle indignation et un air de dégoût, visibles sur leur visage", et non sur leurs visages, ou encore : "j'ai cru reconnaître à leur accent qu'il s'agissait d'une troupe québécoise..." (parce que chacun n'avait qu'un accent, voire que le groupe, originaire du même lieu, affichait le même accent.). 

Ecouter Audrey Pulvar tous les matins, voilà un excellent exercice à conseiller à tous les professionnels de la profession de journaliste, voire aux formateurs en école de journalisme, où je ne sache pas que l'on apprenne ne serait-ce que les rudiments de la rhétorique.

Pour cause de "libido incompatible avec la déontologie journalistique", Audrey Pulvar n'assure donc plus l'interview "politique" de 7h52, sur France Inter, désormais dévolue à Pascale Clark (particulièrement inspirée, le 11 janvier, face à Dominique Paillé, apparemment tombé en disgrâce auprès du nouveau petit caporal de l'UMP...), mais elle assure toujours des interviewes au sein de son émission, comme ce mardi 18 janvier, avec pour invité l'avocat à la haute stature et à la voix de stentor, j'ai nommé Jean-Yves Le Borgne, pour son livre La garde à vue, un résidu de barbarie. (Ed. du Cherche Midi). Un modèle d'interview par sa fluidité, je veux dire par-là qu'entre l'auteur d'un bouquin et un interlocuteur qui a lu le bouquin, il s'installe comme une osmose : l'intervieweur doit pouvoir rebondir sur une réponse, quitte à renoncer à poser une question déjà prête, dans la mesure où l'autre y a déjà répondu par anticipation. Et dans cet exercice, Audrey Pulvar fait merveille. 

Et dire que j'ai traité cette fille de "nunuche" !

Face à ce ténor du barreau qu'est Maître Le Borgne, Pulvar  a juste été épatante,  et je suppose que, pour un auteur, cela doit être particulièrement agréable de sentir que l'autre vous a lu, et pas qu'en diagonale. Parce qu'il y a tant de mauvais intervieweurs/weuses à la radio et à la télévision. Je pense à cette mauvaise intervieweuse que fut Christine Ockrent, ancienne présentatrice du JT du soir sur France 3, et animatrice de France-Europe Express, émission dans laquelle il y avait plein d'invités, et au cours de laquelle Ockrent servait toujours son cocktail de questions préparées à l'avance, et dont elle ne déviait pas d'un pouce, au point d'interrompre régulièrement l'invité(e) au beau milieu d'une réponse, pour pouvoir caser la question qu'elle jugeait opportun de poser à ce moment précis ! Tout le contraire de Pulvar. Du coup, j'ai pensé que Le Borgne devait être ravi de s'être levé dès potron-minet pour être mis en lumière de manière aussi brillante !

Les interviews et chroniques d'Audrey Pulvar fourmillent de données factuelles comme des citations de documents effectivement consultés, des statistiques ; elle fait aussi référence à des réformes en cours, à telle ou telle déclaration de tel ou tel responsable politique, auteur ou chercheur ;  rien à voir avec les états d'âme d'un Alain Duhamel ou d'un Jean-Michel Aphatie et autres... Bref, du travail de journaliste, label trois étoiles au Michelin !

J'encourage ceux que ça intéresse à se rendre sur le site de France Inter pour y consulter les archives sonores (moi, je ne dis pas "podcast" !)... Il suffit, du reste, de consulter la liste des invités matinaux de Pulvar  : des Jacques Testart, des Hubert Reeves, des Jacques Cotta, des Jean-Pierre Rioux, soit une grosse majorité d'essayistes -  autant dire pas de romanciers à la petite semaine, comme on en voit tant dans toutes les émissions de bas de gamme et autres "talk shows" pour ménagères de moins de dix ans d'âge mental !  -, mais aussi des artistes, un danseur ce matin du 9 février, mais aussi un Jean-Christophe Spinosi, une Emmanuelle Haim, et j'en passe, pour se rendre compte du challenge qu'elle s'impose à elle-même tous les matins.

Histoire d'enfoncer le clou, prenons le plus écouté des intervieweurs du matin, comme dit la propagande de la "première radio de France", tout le monde aura noté que ce grand intervieweur ne reçoit que des politiques, les mêmes qui tournent d'un micro à l'autre, d'un studio à l'autre, depuis vingt, trente, voire quarante ans. Quelques syndicalistes et chefs d'entreprises s'ajoutent à la liste. Et c'est toujours la même chose, et patati et patata. Tout le monde connaît le style "Aphatie", consistant à prononcer le nom de son invité toutes les trente secondes, comme s'il avait peur de tomber en amnésie ! Ça donne des interviewes plan-plan, gnan-gnan, qui ne vous apprennent rien. Par exemple : recevoir Manuel Valls au lendemain de son passage dans une émission de télévision, en sachant pertinemment qu'il va répéter ce qu'il a déjà dit la veille, ou tel ou tel ministre au lendemain d'une interview parue dans la presse écrite... Accumulations, truismes, redondances, ainsi va le petit monde bien pépère de nos grands chroniqueurs et intervieweurs constituant la volaille qui fait l'opinion !

Tiens, ce mercredi 9 février 2011, devinez qui l'immense intervieweur de RTL reçoit-il à l'heure du café ? Jean-Marc Ayrault, le bien pépère président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, omniprésent dans les médias, ces derniers temps, pour réclamer la démission de Michèle Alliot-Marie, pour parler de quoi, je vous le demande ? De broutilles, qu'un ancien ministre socialiste des Affaires Etrangères (Hubert Védrine), qualifiait de "minusculissimes" (Europe 1, 5 février 2011, interview Dominique Souchiez), l'essentiel étant ailleurs. Et entre Aphatie et Ayrault, on a eu droit à l'éternel bla-bla-bla-et-patati-et-patata entendu mille fois, sans oublier le poncif du moment : les primaires par lesquelles les socialistes entendent montrer à tous à quel point le régime bonapartiste leur sied à merveille, et que les critiques contre le régime gaulliste,  proférées il y a plus de cinquante ans par François Mitterrand, n'étaient que foutaises et compagnie. Comme quoi, la vérité des socialistes français est à géométrie variable ! 

Tiens, au fait, à quoi reconnaît-on une bonne chronique ou une bonne interview de radio ? Simplement au fait qu'elle vous donne envie de prendre des notes !


19 janvier 2011. Le site de Libération consacre une rubrique au Cameroun, dans laquelle il est vaguement question de la situation politique dans le pays.

La veille, Audrey Pulvar avait signé une chronique consacrée à un gros ouvrage de 700 pages, dédié lui aussi au Cameroun, mais tel que peu le connaissent : un modèle de guerre coloniale au cours de laquelle s'illustra, entre autres, ce grand commis de l'Etat que fut Pierre Messmer, celui-là même qui engagea en Nouvelle Calédonie une politique de colonisation de peuplement visant, tout bonnement, à rendre les Canaques minoritaires sur leur propre sol.

"Nous parlons ce matin d’une guerre cachée, menée par la France en même temps que la guerre d’Algérie. C'est à lire dans un pavé de 700 pages intitulé Kamerun ! K-a-m-e-r-u-n, c’est ainsi qu’était orthographié le nom de ce pays par les colons allemands, avant les Français..."

Le simple rapprochement de la chronique de Pulvar sur France Inter et du papier dans Libération se passerait presque de commentaires !

Vous avez compris que j'ai "pisté" Audrey Pulvar sur pas mal de temps maintenant ; en football, ça s'appelle un marquage... Mais n'allez surtout pas imaginer que j'aie mauvaise conscience après un premier papier, je suis tout simplement objectif. Hé oui, c'est une attitude que je revendique. Dans un cas, il était question de vie privée, et j'ai estimé que Pulvar et Montebourg nous avaient un peu trop joué l'air d'Audrey et Arnaud chez les bisounours. Parce qu'en la matière, la jurisprudence en vigueur s'apparente à la loi (excellente, au demeurant, mais allez comprendre les homos américains voire les exhibitionnistes en général !) américaine dite "Don't tell, don't ask!" (sous-entendu : on ne vous demande rien/sur vos tendances sexuelles, mais à l'inverse, on vous invite à ne pas en faire état.). Donc, là, il suffisait de ne rien dire à personne. Et j'imagine l'entretien entre Pulvar et un de ses employeurs :

-  Alors, comme ça, vous vivez avec Arnaud M. ?
- Ah bon, rétorque l'autre, mais d'où le savez-vous, monsieur le directeur ?

Moi, je vous garantis que l'entretien se serait arrêté là. Parce que je n'imagine pas le directeur de France Inter ou de I-Télé faisant suivre Pulvar et Montebourg par un détective !

Plus sérieusement, voilà que je me découvre  supporter numéro 2 (je cède volontiers à Arnaud Montebourg le fauteuil du n° 1 !) de celle que je villipendais, il n'y a pas si longtemps, pour sa nunucherie supposée. Mais parailleurs, je m'en vais de ce pas protester auprès des responsables de chaînes de radio (pas France Inter, dont il faudrait au contraire féliciter la direction, je veux dire Philippe Val - hé oui, tout arrive ! - pour avoir maintenu sa confiance à Pulvar) et de télévision, en leur demandant d'écouter un peu toutes les tranches matinales, souvent plan-plan, sans contenu, entre bricolage, trucs et astuces et plaisanteries vasouillardes destinées à un public encore en semi-léthargie, et de comparer. Autant dire qu'une tranche matinale, d'habitude, c'est vide de contenu intellectuel, avec juste ce qu'il faut de musique de remplissage et de chroniques sur la météo, la circulation et la consommation. Tout le contraire de ce que nous offre France Inter le matin.

Quant à la télévision, je vois bien que tout le monde est dans les starting-blocks, en prévision de ce pensum que va être l'élection présidentielle de 2012. Et là, je ne donnerai qu'un indice, en ce qui me concerne : je zappe neuf émissions sur dix consacrées à la politique. Par exemple, je ne regarde plus Mots croisés, ni C Politique, ni rien du tout qui ressemblerait à un talk show politique ou une interview d'une personnalité politique. Exit, donc, les Aphatie (si seulement il arrêtait de prononcer bêtement le nom de son invité(e) toutes les trente secondes !), les grand jurys (non mais vous avez entendu la voix chevrottante d'Etienne Mougeotte sur RTL ? Est-ce que quelqu'un de charitable ne pourrait pas lui suggérer d'arrêter de torturer les chers z'auditeurs de la "première radio de France" ?), les Elkabbach (ça doit faire un paquet d'années que je n'écoute plus ce type, qui a dû recevoir Laurent Fabius combien de fois déjà ? 350 ? 560 ? 787 ?) et autres Achili (au fait, c'est qui Achili ? le type de France Inter ? J'ai dû l'apercevoir une fois..., mais il se trouve que je n'écoute jamais, mais alors jamais cette émission sur France Inter, pas plus que je ne la regarde sur I-Télé.).

Du coup, alors même qu'on croyait lui infliger une sanction, il s'avère que le 6-7 d'Audrey Pulvar a ceci d'intéressant qu'il n'y a pas de politique dedans, hormis la présence de tel ou tel chroniqueur de la presse écrite. Quant à l'émission suivante, de Patrick Cohen, c'est simple : dès l'énoncé du quidam interviewé à partir de 8h20, je sais si je vais l'écouter ou non : zéro Bayrou, zéro Aubry, zéro Lagarde, zéro Le Pen... Une poignée d'exceptions quand même : Ségolène Royal, parce qu'elle reste la meilleure à gauche, avec les trente-et-un points qu'elle a mis à Jospin dans la vue, entre 2002 et 2007, ainsi que l'excellent Jean-Louis Bianco (et là, Royal aurait mieux fait de tourner sa langue 700 fois dans sa bouche avant de se laisser aller à dire des âneries (!) sur le soi-disant extraordinaire talent de Strauss-Kahn, parce que moi, comme premier ministre éventuel d'une Ségolène Royal devenue présidente de la République, je place sur la plus haute marche du podium Jean-Louis Bianco !

J'ai aussi regardé Arnaud Montebourg (je n'ai jamais dit que j'étais allergique à Montebourg !) tout récemment, très bon, chez Anne-Sophie Lapix, sur Canal Plus, même si je m'interroge : la Sixième République, c'est bien une idée popularisée en 2007 par Ségolène Royal, non ? Et malgré cela, Montebourg adversaire de Royal ?

Revenons à Canal Plus : je verrais bien Audrey Pulvar succéder à Denisot à la tête du Grand Journal, mais un Grand Journal avec les mêmes invités que ceux qu'elle reçoit sur France Inter : des gens intelligents, qui ont des choses à dire et qui les ont souvent bien écrites dans des bouquins, ou des artistes, des créateurs, surtout pas des politicards radotant les mêmes salades d'un plateau de télévision à l'autre.

Autre suggestion aux responsables des chaînes du PAF, notamment celles de la TNT : je ne sais pas si ces gens se rendent bien compte du caractère archi-rasoir de devoir se farcir le même quart d'heure d'infos passant en boucle, avec les mêmes fautes de frappe sur les menus déroulants au bas de l'écran ! Et, pendant ce temps, sur BBC World News, Al Jazeera, CNN..., on a droit à moult magazines sur toutes sortes de sujets, car les chaînes infos anglo-saxonnes ne sont pas que des robinets de dépêches passant en boucle. 

Le problème de Pulvar est qu'elle doit se coucher tôt, enfin, je suppose. Cela dit, on n'est pas obligé d'être en direct tout le temps, à la télévision en tout cas ! J'aime bien Thierry Dugeon et Mlle Daynac, mais entre nous, le robinet d'infos répétitives entre 22h et minuit, c'est vraiment rasoir ! Et là, je caserais une tranche éclectique - arts, littérature, sports, mode, presse, musées, etc. - dans laquelle le talent de Pulvar pourrait fort bien s'illustrer. Et l'émission serait baptisée... A. P. S. (!), comme de bien entendu. Cela dit, si l'émission est enregistrée, on n'est pas obligé de la caser en opposition directe avec l'excellent Ce soir ou jamais de Taddéi.

Je dis ça comme ça, mais comme j'ai tendance à déserter radios et télévisions ces derniers temps, je suggère un certain nombre de choses qui seraient susceptibles de m'y attirer de nouveau.


Mais je reviens à mon sujet du début : j'aurais pu écrire ce papier dès les premiers jours de janvier, après avoir été positivement emballé par une chronique d'Audrey Pulvar sur les 35 heures. C'est, du reste, ce que j'ai commencé à faire. Mais vous connaissez probablement mon aversion pour les approximations et les jugements hâtifs. J'ai, donc, pris le temps d'écouter le 6-7/7-9 de France Inter des semaines durant, ce qui n'a fait que conforter l'impression du début : dans le registre éclectique et versatile qu'elle a choisi, Audrey Pulvar est bel et bien la meilleure. Tout simplement. Je veux dire la meilleure du P.A.F., radio et télévision confondues.

Ou alors, que l'on me cite un nom, voire deux, de gens capables de présenter le journal (télévisé), de conduire des interviews ciselées, d'écrire des chroniques consistantes sur toutes sortes de thèmes, le tout s'appuyant sur une étonnante capacité à lire les choses les plus diverses. Le fait est qu'Audrey Pulvar est une grosse liseuse, capable de vous présenter un voire deux bouquins par jour, quand les émissions littéraires n'ont lieu qu'une fois par semaine ! Et moi de me demander où diable trouve-t-elle le temps de lire tout ça ! Ah, c'est vrai, j'oubliais qu'elle ne travaille qu'une petite heure et dix minutes par jour, enfin, je me comprends !

Non, je plaisante. La meilleure, je vous dis. Et je suis on ne peut plus objectif !

Du coup j'enrage de voir un tel talent enfermé dans une case ingrate vers les six heures du matin. À quoi on me fera remarquer qu'avec la diffusion sur Internet, quand il est six heures à Paris, on en est déjà à la mi-journée au Japon et en Australie !

Le fait est que moi, qui suis tombé à bras raccourcis sur cette fille et sur son compagnon, coupables, de mon point de vue, de naïveté et d'inconséquence, me voilà subissant une sorte de conversion de Saül de Tarse sur le chemin de Damas, en me surprenant - à peine ! - en train d'avancer l'alarme de mon réveil-matin pour ne pas louper le 6-7 de France Inter. 

Est-ce que c'est grave, Docteur ?




Archives 

Le 6-7
Le 7-9


Lundi 14 février 2011 : une matinée bien molle sur France Inter, avec comme invité, le grand vizir de l'UMP, vous savez ?, celui qui se voit déjà khalife à la place du khalife. Bref, on écoute d'une oreille distraite, en se disant qu'avec ce qu'on nous prépare, et qui a déjà commencé, je veux parler du psychodrame de 2012, il va falloir faire des stocks de café, pour rester éveillé lors de certains débats. Cela dit, il suffira de zapper... 

Arrive la revue de presse, suivie de la chronique "Sans préjugés". 

César Fauxbras, vous connaissiez ? Moi non ! Le bouquin a paru le 10 février 2011 et, le 14, Audrey Pulvar l'a déjà lu ?!  

Son papier finit comme ça : 

"Et tout le monde en prend pour son grade : les « flicards, poulets, bourres et compagnie », les planqués, Pétain le fusilleur de la Grande Guerre, les officiers. On imagine facilement ce texte dit sur scène, on l’imagine appris dans les écoles. (...) Un petit livre bouleversant. Achetez-le, empruntez-le à la bibliothèque, prêtez-vous-le ! C’est du brutal, mais du sincère."

En trois minutes chrono, Audrey Pulvar vous tire de la léthargie dans laquelle le très grisâtre et tellement insipide  - mais lui-même doit se trouver irrésistible, le pauvre ! - Jean-François Copé vous avait plongé ! En attendant, ça va me faire un bouquin de plus sur une liste qui s'allonge démesurément !

Dites-donc, Mlle Pulvar, une petite bande dessinée, de temps en temps, pour changer !