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vendredi 28 juillet 2023

Tomates rouge-sang (Un bidonville africain dans les Pouilles/Italie)

Le génie de l'Internet 2.0 ? Une multitude d'informations et d'archives à la portée du plus grand nombre. Voilà que je tombe tantôt sur cet excellent papier d'une journaliste italienne sur la question des "esclaves du pomodoro" (la formule est de moi) en Italie. Et je ne pouvais que le traduire en français, et comme Blogspot dispose d'un traducteur fort versatile, la chose pourra être lue dans plein d'autres langues. 

Relecture en cours.

 

L'expérience de Matteo Fraschini Koffi dans le ghetto de Rignano est aussi devenue un livre. Il y dénonce les conditions inhumaines dans lesquelles des milliers de personnes, pour la plupart des migrants (1), sont obligées de travailler à la collecte de tomates dans les Pouilles.

Il y a pensé pendant près de deux ans, a dû traverser l'Afrique pour retourner en Italie et décider qu'il pouvait le faire. C'est l'histoire, devenue un livre, de Matteo Fraschini Koffi, né au Togo, adopté très jeune et élevé en Italie, puis revenu en Afrique à la recherche de ses origines, mais aussi, surtout en qualité de journaliste. Par la suite, à son retour dans notre pays, il s'est mêlé aux milliers d'Africains qui sont contraints d'accepter chaque année des conditions de vie et de travail inhumaines dans les champs de récolte de tomates des Pouilles.

 
L'été dernier, Matteo s'est infiltré dans le ghetto de Rignano, une petite Afrique miniature. En effet, le pire de l'Afrique et de l'Italie réunies, lieu d'illégalité, de trafic et d'exploitation à la limite de l'esclavage.

Il l'a raconté dans divers reportages, ce qui lui a valu le prestigieux prix journalistique « Il Premiolino ». Et maintenant, cette expérience est devenue un livre en collaboration avec le photographe et cinéaste Antonio Fortarezza : Campi d'oro rosso (Camps d'or rouge, Ed. Gruppo Solidarietà Africa, Seregno).
 
"Le projet originel vient d'Antonio, dit Matteo. Originaire de Foggia, mais résidant à Milan, Antonio retournait régulièrement dans les Pouilles pour enquêter sur les embauches illégales, notamment liées au ghetto de Rignano. Il y a deux ans, il m'a raconté ce qu'il y faisait. J'y ai longuement réfléchi et ai finalement décidé d'essayer de vivre cette expérience."
 
Après une nouvelle parenthèse en Afrique, où il vit depuis 2006, l'été dernier, Matteo s'est senti vraiment prêt. "Les années passées sur le continent africain m'ont certainement aidé à « flairer » la situation du ghetto, où les mêmes dynamiques que j'avais retrouvées dans les bidonvilles de Nairobi se reproduisent de bien des manières plutôt qu'à Agades, au Niger, où il y a une cinquantaine de ghettos, par lesquels transitent des milliers de migrants en transit vers l'Afrique du Nord".
 
Débarqué dans les Pouilles, Matteo prend un certain temps pour se familiariser avec la réalité du travail saisonnier dans divers lieux de la région. Il fait alors une première « incursion » dans le ghetto de Rignano : juste quelques minutes, accompagné d'un ancien habitant, le temps de comprendre comment ce lieu est organisé et comment il fonctionne, sans trop attirer l'attention, pour ne pas être reconnu.
 
"J'ai attendu encore une semaine – dit-il – le temps de faire pousser ma barbe et mes cheveux. Puis je suis entré. J'étais très déterminé. Mais si je n'avais pas vécu dix ans en Afrique, je n'y serais pas arrivé. Les expériences que j'ai vécues sur ce continent (africain) m'ont rendu tout à fait sûr de ce que je voulais faire".
 
Matteo a passé deux semaines dans le ghetto de Rignano, où environ 1 500 personnes se rassemblent pendant les mois d'été. Un bidonville totalement illégal au "service" de l'embauche clandestine qui gère la récolte de tomates. 
 
Dans les Pouilles, deuxième producteur italien de tomates après la Sicile, plus de 40 % des ouvriers des exploitations inspectées sont irréguliers. En effet, bon nombre des quelque 27 000 entrepreneurs agricoles des Pouilles comptent sur l'embauche illégale pour recruter de la main-d'œuvre bon marché. Et ce ne sont pas seulement les travailleurs subsahariens et nord-africains, mais aussi de nombreux travailleurs européens et italiens. Même beaucoup de femmes. En fait, environ 40 000 travailleurs des Pouilles seraient victimes de l'embauche illégale. Tout ce monde reçoit des salaires très bas, notamment parce que le prix auquel les grandes entreprises de transformation et de distribution achètent leurs produits aux enchères est, lui-même, très bas.
 
"À l'intérieur du ghetto, il y a un peu de tout : un peu de mafia et un peu de drogue, beaucoup de prostitution et beaucoup d'exploitation. Des histoires souvent très similaires de jeunes immigrés, qui pour certains se sont retrouvés malgré eux en Italie, après la chute de Kadhafi en Libye, et qui ne peuvent plus repartir faute d'argent. J'ai été très surpris par la complexité des dynamiques que j'y ai trouvées et qui sont le miroir d'un pays comme l'Italie, qui tolère de telles zones d'ombre, mais qui sont aussi le résultat de politiques internationales myopes et incompétentes. Le ghetto n'est que le symptôme d'un système plus complexe et d'une chaîne d'approvisionnement qui va jusqu'au supermarché – en passant par des politiques nationales et internationales quelque peu discutables".
 
Et il ajoute : "Il est inutile de dire : « Fermons le ghetto ». Le ghetto n'est pas le problème. Ce sont les intérêts qui sont à l'intérieur et autour de nous".
 
À Rignano, Matteo a également rencontré un missionnaire (2), le Père Arcangelo Maira, un Scalabrinien qui, après une longue expérience en Afrique, a trouvé un morceau de ce continent sur sa terre. "Père l'Archange – nous rappelle Matteo – est celui qui n'a pas eu peur. Et qui avait un rôle important au sein du ghetto. Je pense qu'il a reçu des menaces et c'est peut-être aussi pour ça qu'il ne sera plus là cette année".
 
Le Père Maira a donné vie au projet "Je suis là parmi les immigrés", impliquant environ 250 jeunes volontaires qui travaillent parmi les saisonniers, avec lesquels ils partagent d'abord leur temps, leur enthousiasme, le désir de se confronter d'égal à égal et de les traiter comme des personnes humaines et non comme de simples machines à ramasser des tomates. 
 
"Toutes les organisations ne sont pas dans le ghetto avec cet esprit - conclut Matteo - : cela me fait mal de voir des groupes qui devraient être du même côté et se battre ensemble pour les droits de ceux qui y vivent et y travaillent, se contenter de faire avancer leurs propres intérêts spécifiques, qui ne coïncident pas forcément avec les intérêts des migrants. Et ainsi - conclut Matteo avec amertume - chaque année, le même mécanisme d'injustice et d'exploitation se répète".


Source :

 

Notes

(1) Les populations qui traversent la Méditerranée ou proviennent des Balkans, de Turquie ou de Grèce ne sont pas de simples "migrants", raison pour laquelle je récuse ce terme. Ce sont des clandestins amenés là par des mafias 2.0, en somme des évolutions parfaitement hi-tech du trafic d'esclaves.

(2) Ah, l'inévitable missionnaire ! Il se trouve que je suis fils de pasteur, et que je connais bien la dynamique mentale qui fait venir une Sœur Emmanuelle auprès des fouilleurs d'ordures du Caire, une Mère Tereza près des mourants de Calcutta, un Père Pedro dans des bidonvilles de Madagascar, pour ne citer que ces cas emblématiques. Le fait est que les missionnaires adorent les pauvres, qu'il ne s'agit pas de sortir de la pauvreté, mais d'engluer dans de fausses espérances, la première étant la volonté d'en convertir un grand nombre au christianisme. On parie combien que, dans ce bidonville des Pouilles, sans eau courante ni sanitaires, notre bon Père avait aménagé une chapelle catholique ?


lundi 10 février 2020

Gangs urbains et délinquance en culottes courtes : un cancer africain #3


Épisode §3. Après une petite inspection de mes archives...


Avertissement

Ce qui suit est la reproduction d'articles initialement publiés sur un des mes nombreux blogs, celui-là entièrement consacré à la politique de la ville, notamment en matière d'éducation. Par parenthèse, fort d'une longue pratique de la remise à niveau, j'ai eu, souvent, l'occasion d'interpeler (presque toujours) des maires et un ministre de l'Éducation Nationale (Gilles de Robien). Si le ministre De Robien a eu la courtoisie de me gratifier d'un long accusé de réception (deux pages bien tassées), rares sont les maires qui ont daigné se préoccuper des questions de réussite scolaire sur lesquelles j'entendais attirer leur attention. Ce fut particulièrement le cas lors de l'été 2005, qui me vit adresser des courriers à la totalité des maires de la Seine-Saint-Denis (c'est simple : j'ai encore les adresses dans un vieux cahier de brouillon), moyennant ZÉRO réponse de leur part. Et après l'été, il y eut l'automne 2005... ! Mais je pourrais également vous raconter (je le ferai certainement, un jour), mon entrevue avec un des adjoints au maire de Villiers-le-Bel (vacances de Pâques, 1994) pour lui parler d'échec scolaire et de remise à niveau ; 1994, soit treize années avant 2007 !

Fin de l'avertissement



Articles publiés une première fois sur l'Internet autour de 2006.
 
Les textes qui suivent (enrichis de l'une ou l'autre illustration plus récente) figurent parmi la masse de documents adressés par mes soins (sur papier d'abord, sur CD-ROM ensuite), entre 1994 et 2005, aux principaux partis et représentants de la classe politique de France et de Navarre, voire au-delà des frontières.
  • Nés en France 
Montreuil-sous-Bois (93), un jour de mars (2005), 13 heures. Je déambule dans les allées de l'hypermarché du centre commercial lorsqu'une jeune fille noire, aperçue dans le magasin deux minutes plus tôt, fonce littéralement dans ma direction et me demande, d'une petite voix : Monsieur, vous pourriez me prêter deux euros ?

Sur le moment, je suis un peu surpris, puis je me tourne vers une plaque vitrée toute proche, pour m'assurer que je n'ai aucune auréole au-dessus de la tête, des fois que le Saint-Esprit aurait décidé de me faire une petite visitation… Pas d'auréole au-dessus de la tête. Pourtant, il a bien fallu que quelque chose incite cette fille à jeter son dévolu sur moi ! Entre temps, j'ai pris mon porte-monnaie, mais il ne contient que des billets. "Désolé !", fais-je.

Elle tourne les talons, lorsque je me ravise :

- Tout à l'heure, lorsque je passerai à la caisse, je te ferai signe et tu récupèreras la monnaie.

On se retrouve à la caisse ; j'ai dû lui "prêter" quatre ou cinq euros. Et j'en ai profité pour prendre des nouvelles de la famille. Son lycée se trouve à Pantin.

– Et qu'est-ce que tu fais à Montreuil à 13 heures, si loin de ton lycée ?

Elle bredouille une raison quelconque ; elle serait venue avec une copine…, bref, ça sent l'école buissonnière à plein nez ! Née en France ; les parents viennent du Sénégal. J'imagine le panorama : père ouvrier, peut-être au chômage ou à la retraite, une ou deux épouses, petit appartement, nombreuse marmaille…

– Et c'est pourquoi, les deux euros ?

Elle me dit que le lycée organise une sortie, et qu'il y a une participation de deux euros par élève. Mais la raison est peut-être ailleurs : dans ce temple de la consommation, elle veut peut-être tout simplement s'offrir une babiole. Quelque part, je me dis qu'il vaut mieux que je lui file un peu d'argent, plutôt que de la voir quitter le centre commercial entre deux policiers.

Ce que cette histoire m'inspire ?

La même impression bizarre ressentie après les agressions récentes de jeunes lycéens parisiens par des loubards venus de la banlieue, pour "casser du blanc", aux dires de certains commentateurs. Ceux-là oublient les coups de couteau échangés entre jeunes de même origine, je pense à l'Euromarché de Sartrouville, et à son vigile (1993 ?) maghrébin, meurtrier d'un autre jeune maghrébin, venu le provoquer sur son lieu de travail (il faut dire que les jeunes des cités, qui se font enrôler comme vigiles, gardiens, "flics", passent automatiquement pour des lavettes, des vendus… aux yeux de leurs congénères), ou encore à ce train de banlieue investi par deux bandes rivales ; il y a eu un mort, gorge tranchée, qui devait s'appeler Coulibaly… ou Diallo, le porteur du poignard s'appelant Diallo… ou Coulibaly (l'un des deux s'appelait bien Coulibaly, l'autre Diallo !) ! Le fait est que, dans le Sahel africain, Coulibaly et Diallo, c'est comme Dupont et Durand, Schmidt et Meier, Ping et Ming, Malinowski et Poniatowski, Karpov et Liadov ! Mais quand un Africain égorge un cousin à 6000 km de leur pays d'origine, nos pourfendeurs de racisme anti-blanc sont aux abonnés absents !

Le problème de la gamine évoquée plus haut n'est pas d'être noire, jaune ou verte, mais d'être pauvre, à une époque où les jeunes de son âge se baladent avec des centaines d'euros d'équipement électronique sur eux (baladeur MP3, téléphone portable dernier cri…). Cette jeune fille m'a "emprunté" quelques euros, mais peut-être que si j'avais été un gamin de son quartier, elle m'aurait menacé d'un rasoir, pour que je lui offre mon argent de poche, mon baladeur, téléphone portable…

Ah, j'oubliais : je lui ai demandé ce qu'elle faisait au lycée.

– Un CAP de coiffure, a-t-elle répondu.
 

– Ben voyons !, me suis-je dit intérieurement.

Des jeunes, nés en France, ayant la nationalité française, échouent au collège et se retrouvent relégués aussi bas, dans l'échelle sociale, que l'étaient leurs parents, comme si le sous-développement du pays d'origine les suivait partout et leur collait à la peau. Il est beau, l'ascenseur social !

Á ce propos, je suis tombé, un jour, sur la "bio" qui suit (extrait du magazine étudiant Campus Mag) :

(…) J'avais quelques projets, envie de faire de longues études, de passer un bac littéraire. Quand je me suis retrouvée dans un lycée professionnel à passer un BEP comptabilité-secrétariat, ça a été une grosse déception. Je n'avais pas envie de reproduire la vie de mes parents. J'envisageais autre chose…

Programmés pour atterrir en CAP, BEP... (1), tel est , semble-t-il, le lot des jeunes "issus de l'immigration". À ce propos, voici le genre de papiers auquel on a régulièrement droit dans la presse : "Immigration : le cri d'alarme des maires..." et "Les enfants de l'immigration en déshérence", série de Christine Clerc dans Le Figaro (4-5 novembre 2002). (2)

Excellent travail journalistique de Christine Clerc, mais c'est dans l'analyse que les choses se gâtent : Mme Clerc n'est ni sociologue, ni anthropologue, ni familiarisée avec ces populations qu'elle a fréquentées une fois, pour les besoins de son reportage, avant de passer à autre chose !

Car si elle avait été un peu plus familiarisée avec cette question, elle aurait soigneusement évité de recourir à ce souverain poncif qu'est le vocable "immigration", pour ne pas tomber dans la facilité. Ces gens dont elle décrit l'errance, ce ne sont pas des immigrés, ce sont, avant tout, des paysans déracinés !

Madame Clerc ne doit pas souvent regarder les magazines sportifs à la télévision, notamment les émissions consacrées au football, car, sinon, elle constaterait combien est forte la proportion des Africains au sein des équipes françaises, voire européennes : Eto'o à Barcelone (meilleur buteur), Drogba à Chelsea, Cissé à Liverpool, et j'en passe. En France, il y a les Benjani, Essien, Camara, Luyindula, Ndiaye, Niang…; il n'y a pas une équipe de Ligue 1 ou 2 qui ne s'appuie sur un fort contingent de joueurs africains. L'explication est fort simple : un meilleur rapport qualité-prix. En clair, à valeur égale, le footballeur africain est bien moins coûteux à l'achat (!) que son compère européen : Makelele se plaint de ne pas être payé à sa juste valeur par le Real Madrid ; il s'en va à Chelsea, qui devient champion d'Angleterre, tandis que le Real boit la tasse !

Bref, dès lors qu'ils sont utilisés dans ce qu'ils savent faire le mieux, en l'occurrence, le sport, et pas que le sport (cf. l'Éducation nationale, le CNRS, etc.), les Africains montrent qu'ils s'intègrent très bien dans leur pays d'accueil (3). Les articles du Figaro signés par Christine Clerc ne concernent pas des sportifs, ni des médecins, ni des informaticiens, ni des hommes d'affaires, ni des étudiants…, mais des paysans africains illettrés voire analphabètes. En un mot comme en cent, l'immigration n'a rien à voir là-dedans !

  • Paroles d'experts
- Les premiers Turcs émigrés en Allemagne étaient à 90% d'origine rurale. Ils ont eu de gros problèmes en Turquie, lorsqu'ils sont passés des campagnes vers les villes. L'Allemagne aurait dû observer ce problème lorsqu'il a fallu les intégrer. En revanche, la deuxième vague d'immigrants issue de la classe moyenne (urbaine) turque a eu moins de problèmes pour s'intégrer en Allemagne (Vural Öger, Chercheur allemand d'origine turque, Arte, 17 mai 2003).

- La troisième génération des Turcs en Allemagne, qui parlent le dialecte de Hamburg mieux que moi, c'est avec ceux-là qu'on a des problèmes (Jens Weidner, criminologue, Arte, 17 décembre 2002).

Ces chercheurs posent très bien le problème que j'évoquais tantôt : les chiens ne faisant pas de chats, les paysans illettrés du Tiers-monde, qui déboulent dans les cités dortoirs des pays industrialisés, s'avèrent presque systématiquement incapables, parce que non outillés intellectuellement pour ce faire, d'élever leurs enfants dans un univers où il vaut mieux être instruit, lesquels enfants deviennent ce qu'on voit partout : petites études, petits boulots, fort taux de délinquance, déshérence, pour s'en tenir à la terminologie de Mme Clerc.

Mais il y a un autre problème soulevé par ces deux chercheurs : le "décalage" entre primo-arrivants et deuxième, troisième générations n'ayant jamais migré. L'exemple le plus spectaculaire en la matière nous vient certainement des Etats-Unis, avec le phénomène des "maras", gangs ultra-violents créés par les descendants de "migrants" (= clandestins d'origine latino-américaine, notamment salvadorienne : ils sont nés aux Etats-Unis, semblent parfaitement intégrés, notamment sur le plan linguistique, et pourtant...

C'est bien par de jeunes Français, nés en France, que l'hymne national français a été sifflé à plusieurs reprises au Stade de France, non !?

  • Villageois maliens en France ; un chef de village baragouine le Français. Il faut cotiser : 1000 € par homme pour l'école ; il y avait déjà eu 1000 € pour la mosquée ; certains commencent à rechigner.
Commentaire du journaliste : le manque de solidarité des jeunes générations va conduire à des révisions déchirantes (France 3, Paris IDF, 04.11.2004).

Le problème est que la raison la plus communément invoquée pour expliquer l'exode des paysans du Tiers-monde, c'est la volonté d'aider la famille restée au pays. Or, si ce prétexte saute, qu'est-ce que les gens vont pouvoir inventer pour justifier cette auto-déportation (déportation que les gens s'infligent à eux-mêmes) ?
  • Journal télévisé du 25 mai 2005 : quinze clandestins mexicains meurent de soif dans le désert de l'Arizona…
  • France : le reporter Grégoire Deniau obtient le prix Albert Londres pour un reportage (Envoyé spécial, France 2) sur les "pateras", barques conduisant des immigrants clandestins entre le Maroc et les Canaries. La traversée a connu un premier chavirage, avec deux ou trois morts.
Les migrants africains paient, paraît-il, un passage de l'ordre de 9000 ex-francs français, soit le salaire mensuel de trente fonctionnaires burkinabé... Et avec le salaire mensuel de trente fonctionnaires burkinabé, on crée un hôtel-restaurant à Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Bamako, Ndjamena… Le fait est que, dans les pateras qui tentent de rallier l'Espagne, il n'y a pas un médecin, pas un informaticien, pas un comptable, pas un ingénieur…, rien que des ploucs illettrés voire analphabètes. L'informaticien indien de Bangalore, qui touche 300 euros de salaire mensuel, sait pertinemment qu'en Europe, aux Etats-Unis, au Canada…, il pourrait être payé dix voire vingt fois plus. Est-ce pour autant qu'il va embarquer dans le train d'atterrissage d'un avion ?

L'indigence d'une politique d'immigration se reconnaît au fait que l'on se contente de reconduire les clandestins à la frontière, voire dans leur pays d'origine, alors que le problème se situe en amont : donnez un peu plus d'instruction aux paysans mexicains (pourquoi tant de clandestins mexicains et si peu de cubains en route vers l'eldorado nord-américain ?), et vous verrez le nombre de migrants clandestins chuter régulièrement. Parce qu'avec un peu d'argent, l'homme instruit va investir dans une activité professionnelle (4), quand le plouc, obnubilé par les mirages de la société de consommation, s'imagine qu'un illettré comme lui peut faire son beurre dans un pays où il ne peut, tout au plus, qu'espérer être relégué au fin fond de l'échelle sociale. On me dira que le fin fond de l'échelle sociale, ici, vaut toujours mieux que le milieu de l'échelle sociale, là !

Alors, imaginons, un instant, que je sois Ministre de l'Intérieur de la France, par exemple. En collaboration avec les ministres de l'Éducation nationale, de l'Agriculture, de la Coopération, j'adresserais aux pays du Tiers-monde, à commencer par les africains, un message simple : aucun quidam ne peut espérer décrocher un visa de longue durée s'il n'a pas un niveau d'études équivalant au BEPC pour les francophones, ou au BAC pour les autres origines.

Ce qui aura pour conséquence d'exercer une réelle pression sur les gouvernants de ces pays, dans le sens d'une amélioration de leur système scolaire : on ne peut plus tolérer de voir certains pays exporter leurs illettrés dans le monde entier, tout en laissant, par leur incompétence, leur système scolaire en déshérence ! Et, au final, ces pays, en tout cas, leur jeunesse, ne peuvent que sortir gagnants de l'affaire.

Mais comme il ne peut pas être question de transformer les pays du Nord en bunkers, on organiserait, pour les paysans du Tiers-monde, un programme que je décrivais en ces termes, dans un précédent "courrier", et auquel je n'ai strictement rien à modifier :

  • Darwin (7 mars 2001, texte rédigé en marge de la campagne pour les municipales et adressé à plusieurs dizaines de candidats, dont certains/cf. M. Valls, N. Dupont-Aignan, André Santini... ont accusé réception)
Les habitants non hispaniques de Floride peuvent dire un grand merci à Fidel Castro, qui leur envoie régulièrement des immigrants de haut de gamme, instruits et lettrés, des gens qui ont un idéal, pour l'immense majorité d'entre eux ; rien à voir avec les demeurés que le Mexique exporte vers les États-Unis, demeurés mais retors ! Parce que la migration clandestine est un sport de haut niveau, face à la meilleure police du monde. Le clandestin qui réussit à entrer aux États-Unis, au nez et à la barbe des fédéraux, celui-là est un dur à cuire, un vrai de vrai, qui vient de traverser un véritable processus de sélection darwinienne : seuls les « meilleurs » ont une chance de passer. Et ces quidams vont pouvoir transmettre tout leur savoir-faire à leurs cadets, voire à leurs enfants, étant entendu que l'élève a vocation à dépasser le maître. Voilà qui explique pourquoi il y a des gangs de jeunes Latinos ultraviolents en Californie, mais pas en Floride, en tout cas, pas dans les mêmes proportions. Et voilà qui montre aussi que le processus ne peut que s'aggraver. (...) 

Moralité : la régularisation de voyous voyageant sans papiers est un acte dangereux, voire irresponsable, dans la mesure où il ne se projette pas dans l'avenir et ne prend pas en compte une réalité toute simple : les chiens ne font pas de chats ! Celui qui a réussi une fois, deux fois… et s'est installé dans la fraude et le mic-mac, celui-là risque d'engendrer des enfants qui seront bien plus nocifs que leur géniteur. En France, c'est la médiocre qualité des migrants des années soixante et suivantes (dont beaucoup d'illettrés, encore aujourd'hui) qui explique le pourrissement de certaines banlieues, parce qu'entre-temps, ces illettrés ont fait des enfants, qu'ils n'avaient pas les moyens intellectuels d'éduquer ! Ce qui veut dire qu'une sélection drastique des immigrants s'impose. En tant qu'Africain, je me contenterais d'énoncer un principe simple : un paysan n'a rien à faire en ville ! Un paysan arrivant en ville, et non éduqué en conséquence, est un paumé en puissance, qui va "plomber" tout l'avenir de ses enfants ! Et les Africains qui viennent se noyer au large de Gibraltar sont, pour la plupart, des paysans !

Chez eux, ce n'est pas Bamako, Niamey… Chez eux, c'est Dimbokro, à 800 km de Bamako, Barkala, à 560 km de Niamey. Le problème qu'ils posent n'est pas celui de l'immigration clandestine, mais celui de l'exode rural, fusée dont le dernier étage est le saut vers les cités dortoirs de l'hémisphère nord !

La solution ? Très simple : le jumelage !

On prend de petits patelins ruraux, en France, en Italie ou ailleurs, on les jumelle avec des patelins du Mali, Niger…, voire Kurdistan. On fait venir un contingent parfaitement identifié de jeunes de ces villages du Sud, pour se perfectionner dans telle ou telle activité agricole, artisanale, etc. Du coup : les jeunes du Sud peuvent sortir et visiter le Nord ; on sait combien ils sont ; la durée de leur séjour est aussi connue ; et sous l'afflux de cette nouvelle population, de petits villages d'Europe vont pouvoir sortir d'une certaine léthargie… À partir de ce moment, les migrants clandestins n'auront plus aucune espèce d'excuse ; pour eux, ce sera le zéro tolérance ! Un tel système ne présente que des avantages, pour tout le monde !
 
 
(1) Que les choses soient bien claires : Certificat d'Aptitude Professionnelle et Brevet d'Études Professionnelles sont des diplômes sanctionnant l'accès à un réel savoir-faire professionnel représenté par de nombreux "meilleurs ouvriers de France". Du reste, tout le monde ne décroche pas aussi facilement un CAP ou un BEP. Le problème se pose lorsque certaines populations (issues de l'immigration) ou catégories sociales (enfants d'ouvriers) se retrouvent ultra-majoritaires dans ces sections d'études. Pour ma part, je ne connais pas de fils ou fille de prof qui ait été orienté(e) vers une section professionnelle !


(2) Une rubrique spéciale sera consacrée à cette série d'articles de Christine Clerc.


(3) Mais je rassure tout le monde : il n'y a pas que le sport et la bamboula ! Et comme je le relève par ailleurs, on trouve des Africains partout dans le monde dit occidental, et parfaitement intégrés : de la Sorbonne au CNRS, en passant par Microsoft ou la NASA, ainsi que dans le monde artistique et littéraire, voire la boulangerie !

(4) Aboubacar Diop est un ancien de l'Église Saint-Bernard, pour ceux qui se souviennent de cette église parisienne occupée par des sans-papiers. Il est aussi le créateur d'une enseigne informatique baptisée Vis-à-vis, ce qui lui a valu de conclure une transaction commerciale de cession de marque déposée avec la multinationale Vivendi. Avec l'argent que lui a rapporté cette transaction, Aboubacar Diop est rentré dans son Sénégal natal pour y faire fructifier ses affaires. 


Archives

Par parenthèse, l'expérience montre que les bons élèves virent rarement dans la voyoucratie. Et comme aurait dit l'autre (Victor Hugo), "construisez des écoles, vous fermerez des prisons !". Il se trouve que je me suis très vite lassé des cours théoriques de sociologie à la Fac et des lectures obligatoires des Durkheim, Bourdieu et autre Touraine ; par ailleurs, les cours particuliers étaient bien plus lucratifs que d'aller préparer des hot-dogs chez Macdo. Moralité : les étudiants en sociologie devraient, tous, pratiquer la remise à niveau et le cours à domicile, ou en prison ; ça se fait aussi !

Dois-je vous avouer qu'en une bonne vingtaine d'années, j'ai pu afficher un bon 100 % de réussite entre la maternelle et la fin du collège ? De toutes façons, sur une aussi longue distance, les parents ne vous rappellent pas ni ne refilent votre téléphone à des amis si vous n'êtes pas bon.  

Pourquoi seulement jusqu'en fin de collège ? Pour une raison très simple : à partir du lycée, le programme est beaucoup plus lourd ; il faut, donc, consacrer beaucoup plus de temps (4 à 5 heures hebdomadaires par matière) aux élèves en difficulté, là où, en primaire et collège, deux heures hebdomadaires de remise à niveau suffisent amplement pour obtenir 100 % de passage dans la classe supérieure.

Autre chose ? Bien entendu, pas mal des maires que j'ai contactés sur la période 1997-2005 ont été battus depuis... Et dire qu'entre le CP (six ans en moyenne) et la Terminale (autour de 18 ans), il y a deux mandats de maire ! Voilà ce que j'ai eu le plus grand mal à faire comprendre à tant de maires, à savoir que les enfants entrant en CP, là maintenant, seront vos électeurs dans deux mandats. Mais bon. En tout cas, j'aurais essayé !

Ce qui suit n'est qu'une petite fraction des divers courriers (bien évasifs !) que j'ai reçus de ceux des maires qui ont daigné accuser réception...

 







 




Lectures : 01 - 02 - 03  - 04 - 05 - 06




mercredi 19 juin 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #6


Épisode §6. Une histoire (presque) sans paroles

Dans notre série : "Pour souhaiter voir la chaîne France Ô disparaître du paysage audiovisuel national français, il faut être doué d'une phénoménale inculture", je vous propose une histoire entièrement faite de captures d'écran. Nous sommes un mercredi, et Nella Bipat présente une production anglo-saxonne en forme de feuilleton, un reportage en tous points remarquable, et le terme est faible. En règle générale, j'enregistre toujours les programmes télévisés les plus intéressants, pour pouvoir les visionner à tête reposée plus tard. Cette fois-ci, j'ai enregistré le feuilleton, tout en le regardant, soit sur deux bonnes semaines. Vous allez certainement comprendre de quoi il retourne en examinant les images.

J'espère vivement que ceux et celles qui souhaitent avoir la peau de France Ô ont vu ce reportage, mais j'en doute... Cela dit, ils peuvent toujours se rattraper sur le "podcast" de la chaîne, pour peu que le programme soit toujours disponible. Par parenthèse, le final est tout bonnement exceptionnel : même les meilleurs scénaristes hollywoodiens n'auraient pas imaginé pareille apothéose !