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lundi 15 octobre 2018

Comme une histoire sans paroles : à propos de Mahmoud Hams, distingué par le Prix Bayeux des reporters de guerre


Les familiers de ce blog savent que son auteur est du genre peu bavard, en tout cas, peu expansif !

Et, cette fois-ci encore, ça va être assez court : l'image qui suit illustrait déjà un article paru sur ce blog il y a quelques semaines. Je l'avais dénichée tout à fait par hasard sur le net ; et voilà que je découvre le nom de son auteur : le photographe palestinien Mahmoud Hams, récemment primé par le jury du Prix Bayeux des correspondants de guerre.

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Que dire de cette image, qui ne frise la redondance inutile, la photo étant incroyablement explicite ? Le fils de pasteur que je suis ne peut que donner un petit conseil à ce pauvre Benjamin Mileikovsky, ci-devant premier ministre de l'Etat israélien : en effet, tout porte à croire que l'épisode qui voit le minuscule David (l'Hébreu) terrasser l'immense Goliath (le Philistin) n'ait été qu'un lamentable "fake" (le propre des mythes et des légendes étant leur caractère éminemment malléable, pour ne pas dire manipulable !) (1), ce que cette photo nous démontre amplement. Rendez-vous compte : trois, quatre..., cinq mille ans plus tard, une énorme machine de guerre - "le peuple élu de Dieu" ! -  copieusement équipée par les Etats-Unis, avec l'assentiment tacite d'une "communauté internationale" devenue sourde et mal-entendante, s'avère incapable de venir à bout d'un petit peuple de résistants désarmés, faméliques et estropiés !

Celui qu'on voit là doit être un survivant de la première Intifada... Ils lui ont tiré dessus à  balles réelles, mais ils ne l'ont pas tué !

Entre nous, un tel instinct de résistance, ça ne vous donne pas la chair de poule ? 

Ah oui, j'ai failli oublier, mon conseil à B. Mileikovsky : "Laissez tomber ; vous ne vivrez pas assez longtemps pour venir à bout de la résistance des Philistins, surtout depuis que votre Dieu semble vous avoir fait faux bond, ce qui va finir par devenir une fâcheuse habitude de sa part !" (2)


(1) Que ceux que la chose intéresse prennent le temps de bien lire l'épisode biblique en question (cf. la confrontation entre David et Goliath)...; je dis BIEN LIRE..., et là, ils devraient se rendre à l'évidence : cet épisode met face à face un envahisseur et un résistant (à l'envahisseur) qui ne fait que défendre sa terre. (1 Samuel 17:1-18:4)  

(2) La colère de l'Éternel s'enflamma contre Israël, et il les fit errer dans le désert pendant quarante années, jusqu'à l'anéantissement de toute la génération qui avait fait le mal aux yeux de l'Éternel. (Nombres 32:13)


By the way

1. Question : quel rapport y a-t-il entre la photographie de Mahmoud Hams et le reportage de guerre ? Veut-on nous faire croire qu'il y a une guerre entre cet homme cloué dans un fauteuil roulant et ceux qui l'ont mutilé naguère en lui tirant dessus ? Parce que vous appelez ça une GUERRE ?????

2. Soit dit en passant, on parie combien que Benjamin Mileikovsky n'a pas dû lire la Bible bien souvent ni avec toute l'application nécessaire, ce type (mais il n'est pas le seul dans ce cas...) n'étant pas plus juif qu'une bouteille de coca-cola ?!

3. Si Benjamin Mileikovsky n'a pas dû souvent lire les textes sacrés du judaïsme, c'est probablement par pure superstition, en pensant notamment à son illustre devancier, Ariel Scheinermann (1928-2014), grand massacreur de Palestiniens (cf. Sabra et Chatila), fervent promoteur de la colonisation juive en Palestine, et qui a fini, bardé de tuyaux, sur un lit d'hôpital, durant un long coma de huit années. Tout bon croyant (je n'en fais pas partie, bien que fils de pasteur !) y verrait une punition divine !

Autres lectures : 

Aussi l'Éternel s'est-il fortement irrité contre Israël, et les a-t-il éloignés de sa face. -Il n'est resté que la seule tribu de Juda. (2 Rois 17:18)

Avant Josias, il n'y eut point de roi qui, comme lui, revînt à l'Éternel de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse; et après lui, il n'en a point paru de semblable. Toutefois l'Éternel ne se désista point de l'ardeur de sa grande colère dont il était enflammé contre Juda, à cause de tout ce qu'avait fait Manassé pour l'irriter. Et l'Éternel dit: J'ôterai aussi Juda de devant ma face comme j'ai ôté Israël, et je rejetterai cette ville de Jérusalem que j'avais choisie, et la maison de laquelle j'avais dit: Là sera mon nom. (2 Rois 23:25-27)

Cela dit, et pour être tout à fait honnête, les sautes d'humeur du "Dieu des Hébreux", telles que relatées dans les "Saintes Ecritures", devraient être fortement nuancées, ainsi que l'explique très bien et avec force érudition Laurent Guyénot, lorsqu'il avance, entre autres choses, ceci :

Dans la Bible, le destin du peuple juif est lié exclusivement à l’obéissance aux lois et aux ordres de Yahvé, de sorte que chaque revers de fortune d’Israël est expliqué par une rupture de contrat de la part du peuple, et sert à renforcer la soumission du peuple. Lorsqu’un autre peuple s’en prend aux Hébreux, ce n’est jamais présenté comme une réaction aux torts que les Hébreux lui ont fait, mais comme la conséquence de l’infidélité du peuple envers Yahvé. La culpabilité envers Yahvé absorbe donc toute capacité des Juifs à se remettre en question en tenant compte des griefs des Gentils. Si le peuple juif a péché, c’est envers Dieu, jamais envers les autres peuples. Et s’il a péché envers Dieu, ce n’est jamais en maltraitant ses voisins, mais au contraire en sympathisant avec eux, en « s’assimilant ». Ce sont des « vauriens » qui « se vendirent pour faire le mal » et méritent la mort, ceux qui disent : « Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent, car depuis que nous nous sommes séparés d’elles, bien des maux nous sont advenus » (1Maccabées 1,11). (Source)

samedi 14 mai 2011

Crimes against Humanity: 5000 years uprising in Palestine. Cinq mille ans de résistance en Palestine.






U.N. Resolution 1973

... to protect civilians.

... afin de protéger les populations civiles.

The Palestinians: a little people left to barbarism, and therefore born to resist!

Everybody knows that there are no civilians in Palestine but only islamists and extremist militants.

The fact is that Palestine hosts the oldest and longest uprising ever reported in a book! 

Les Palestiniens : un petit peuple livré à la barbarie, et pour cette raison même, né pour résister !

Tout le monde sait qu'il n'y a pas de populations civiles en Palestine, rien que des militants islamistes et extrémistes.

Le fait est que la Palestine est le foyer de la plus vieille et en même temps plus longue insurrection jamais rapportée dans un livre !

Sponsoring a (the first ever reported) genocide... with cynicism! 

Comment susciter un (le tout premier) génocide... avec cynisme !


Second Book of Moses. Deuxième Livre de Moïse (Exodus. Exode)






11.4 Moïse dit: Ainsi parle l'Éternel: Vers le milieu de la nuit, je passerai au travers de l'Égypte;

11.5 et tous les premiers-nés mourront dans le pays d'Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu'au premier-né de la servante qui est derrière la meule, et jusqu'à tous les premiers-nés des animaux.

 11.6 Il y aura dans tout le pays d'Égypte de grands cris, tels qu'il n'y en a point eu et qu'il n'y en aura plus de semblables.

11.7 Mais parmi tous les enfants d'Israël, depuis les hommes jusqu'aux animaux, pas même un chien ne remuera sa langue, afin que vous sachiez quelle différence l'Éternel fait entre l'Égypte et Israël.


11:4 Moses said, “Thus says the Lord: ‘About midnight I will go throughout Egypt,

11:5 and all the firstborn in the land of Egypt will die, from the firstborn son of Pharaoh who sits on his throne, to the firstborn son of the slave girl who is at her hand mill, and all the firstborn of the cattle

11:6 There will be a great cry throughout the whole land of Egypt, such as there has never been, nor ever will be again. 

11:7 But against any of the Israelites not even a dog will bark against either people or animals, so that you may know that the Lord distinguishes between Egypt and Israel




Palestine: the land Moreno-Ocampo has never been to (for a lot of reasons)

La Palestine : le pays que Moreno-Ocampo n'a jamais visité (pour des tas de raisons)





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About guilty conscience - À propos de mauvaise conscience

Do you know why so-called "civilized countries" are also those with the highest level of suicides and also the highest consumption of psychotropic drugs and antidepressants? The answer should be found in a poem by the great French author Victor Hugo, entitled "(Guilty) Conscience", and dealing with the case of Cain, who murdered his brother Abel.

Savez-vous pourquoi les pays dits "civilisés" sont aussi ceux où l'on se suicide le plus, et où la consommation de psychotropes et d'antidépresseurs est la plus élevée ? La réponse devrait se trouver dans ce poème de Victor Hugo intitulé "La (mauvaise) Conscience". Il y est question de Caïn, meurtrier de son frère Abel.

(...)
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »


Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu'il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d'Enos et les enfants de Seth ;
Et l'on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d'enfer ;


L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d'entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l'aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L'oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : " Non, il est toujours là."
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn.

Victor Hugo (extrait de La Conscience/La Légende des Siècles)



(...)
Jubal, father of those who pass through the towns
Blowing trumpets and beating drums,
Shouted: "I know how to build a fence."


palestine

He made a wall of bronze and put Cain behind.
And Cain said "The eye always looks at me!"
Enoch said: "Let's build a fence of towers
So terrible that nothing will approach it.
Let's build a city with its citadel,
Let's build a city that we will enclose."

palestine

So did Tubalcain father of the blacksmiths,
Building a huge and superhuman city.
While working, his brothers in the plain,
Hunted the sons of Enos and the children of Seth;
And whoever passed by had his eyes burst;
And every evening they shot arrows at the stars.
Granite replaced the tent in linen walls,
Each block was tied with knots of iron,
And the city seemed a city of hell;


The shadow of the towers put the countryside into darkness;
They made the walls as thick as mountains;
On the door they engraved: "For God no entrance."
After they had finished closing and walling up,
Grandfather was put in the middle of a stone tower;
So he remained gloomy and haggard. "O my father!
The eye, has it gone? "asked Zillah, trembling.
And Cain replied: "No, it's still there."
Then he said: "I guess I should go underground
As a lonely man in his grave;
Nobody will see me again, I'll never see anything."
So they made a pit, and Cain said: "Well done!"
Then he went down in that dark vault alone.
After he was sitting on his chair in the shade
And that they had closed the grave above his head 
The eye was in the tomb, and still looked at Cain.


jeudi 19 août 2010

Le détail qui tue...


Dans la rubrique "ben voyons !", voilà que le Landerneau politico-médiatique international bruisse de mille clameurs et protestations parce qu'une brave appelée du contingent israélien se serait fait photographier dans des positions scabreuses au côté de déportés palestiniens dont elle avait la garde, en somme une réédition du scandale d'Abou Ghraïb.

Que ceux qui ne connaissent pas le sens du mot "déporté" s'offrent un dictionnaire. Pour résumer, en termes juridiques, le fait de se saisir d'un sujet et de l'extirper de son habitat et de son environnement traditionnels pour l'implanter contre son gré dans un autre habitat et, a fortiori dans une prison ou dans un camp de détention, s'appelle une déportation. Il se trouve qu'Israël est, aujourd'hui, le pays qui compte le plus de déportés dans ses geôles, et il serait vivement souhaitable que, lors des prochaines manifestations larmoyantes organisées régulièrement devant tel ou tel monument dédié à la déportation, l'on ait une petite pensée pour les dizaines de milliers de déportés palestiniens - dont beaucoup d'enfants (!) -, qui s'entassent aujourd'hui dans les bagnes israéliens.

Alors, évidemment, devant les photos de la soldate israélienne, les bonnes âmes font mine de s'indigner, et l'on en profite aussi pour nous expliquer que, quelle chance !, quelle belle démocratie qu'Israël, où l'on n'hésite pas à condamner ce genre d'errement, car quelle belle manifestation de démocratie que de voir cette soldate tancée par ses anciens supérieurs, comme preuve que cette armée est vraiment à cheval sur la morale !

Ben voyons !

Il faut dire que raser des maisons, dévaster des vergers et des terres agricoles, détruire des écoles subventionnées par l'ONU, balancer un obus, quasiment à bout portant, dans le domicile d'un médecin palestinien, à Gaza, tuant au passage la moitié de ses enfants, ériger des check-points par centaines pour rendre la vie des Palestiniens intenable, les soumettre à un blocus tout en continuant d'installer sur leurs terres des colonies de fous furieux hystériques, etc., ça, vous pouvez le faire si vous êtes la plus belle démocratie du Proche-Orient. Mais vous faire photographier devant un déporté palestinien aux yeux bandés, quel scandale !

Tiens, au fait, deux petites images, juste pour rire, enfin, je me comprends : les obus représentés ci-dessous sont destinés à aller écrabouiller des maisons, des usines, des ponts, des hôpitaux... Source :
etymos.com







Commentaire d'origine :

Israeli girls write messages on shells at a heavy artillery position near Kiryat Shmona, in northern Israel, next to the Lebanese border, Monday, July 17, 2006. Photos and caption provided by A.P. Images/Sebastian Scheiner. Used with permission.

(De jeunes Israéliennes écrivent des messages sur des obus entreposés dans une position d'artillerie lourde près de Kiryat Shmona, au nord d'Israël, près de la frontière libanaise. Lundi, 17 juillet 2006... )

Suite du commentaire de l'auteur :
I seldom watch television anymore, but on Sunday night I watched Fox News’s Brit Hume make the simple, conservative case for essentially smashing the Palestinians. To be fair, Hume did not actually state that conclusion (that the Palestinians ought to be smashed)–he merely stated the premises that led to it as a near-necessary logical inference. Hume’s case was essentially as follows: (1) the Israelis have withdrawn from Gaza, thereby generously ceding control of Gaza to the Palestinians, and making any Palestinian blame on Israel for Gaza’s continuing problems nonsensical; (2) despite Israel’s generosity, the population of Gaza has continued to hurl rockets into Israel, to kidnap Fox News journalists, and to kidnap Israeli soldiers (one soldier, to be precise); (3) if the Palestinians were reasonable, they would reciprocate Israel’s generous withdrawal from Gaza with actions of peace; since they have not done this, we may conclude that the Palestinians are not reasonable, and that they only understand brute force, and (4) therefore . . . (policy conclusion unstated, or stated with due vagueness, but rather obvious).
(...)
Its vaunted free status notwithstanding, the mainstream media in the United States practices dramatic self-censorship, withholding information and images from American audiences that appear widely in Britain, Europe and the rest of the world. This is one major reason Americans see the world so differently: they are ignorant, relatively speaking, and largely oblivious to many facts that affect opinions abroad. This is especially true in all matters relating to Israel.
(...)
Ugly images are a part of war, but Americans generally have war sanitized to suit their squeamish dispositions. Americans would be better served with a less filtered, less sheltered, more informed view of world events.
(...)
The above images have circulated widely outside the United States. There is no question about the authenticity of these photographs–I obtained them directly from AP Images. These girls are signing shells bound for Lebanon–exactly as it appears. The reaction in the Arab world has, predictably, been one of outrage. In some cases, these photos have been paired with photographs taken by private citizens in Lebanon–gruesome photographs of carnage caused by shelling on the Lebanese side, mangled bodies of children and other Lebanese civilians on the receiving end. For an example of such imagery, one can look here. As a warning, these images are not for those with weak stomachs. If you want to appreciate how the Lebanese conflict is playing elsewhere in the world, however, there is no substitute for trying to see what the rest of the world sees.

Et, pendant ce temps, la réalité quotidienne des enfants de Palestine ressemble à ça, mais de ça, tout le monde se fout...




P. S.: Mon père lisait la Torah, dans le texte. Quant à ma première 'fiancée', elle savait à peine distinguer le 'כ' du 'ח', et elle n'était pas la seule "juive de pacotille", comme je m'amusais à la houspiller...

mardi 1 juin 2010

Un naufrage...

Mon père lisait la Torah, dans le texte !

Il est arrivé, un soir, avec de gros bouquins reliés de rouge, qu'il a posés délicatement sur la table du salon. Puis il en a ouvert un par l''arrière', je veux dire par la dernière page, et a commencé à lire, en déplaçant son index de droite à gauche, tout en prononçant des sons vraiment bizarres. C'était de l'hébreu.

Mon père devait être le seul Africain, au sud du Sahara, à pouvoir lire la Torah dans le texte.

Qui lui a appris l'hébreu ? Je ne sais pas trop. Il ne nous a jamais fait de confidences sur la question. Je sais seulement qu'il se rendait régulièrement chez un certain monsieur Weil ou Veil (comme Simone V.), disons tous les deux dimanches. Je suppose que ce bon monsieur Weil s'était réfugié en Afrique centrale durant les années que vous savez, loin de Pétain et de Laval... Et c'est probablement lui qui a initié mon père à l'hébreu biblique.

Et puis, des décennies plus tard, mon père a fait le voyage en "Terre sainte". Il a dû passer par Bethléhem, en Palestine occupée. Mais on n'allait pas demander à mon pasteur de père de pinailler sur le droit international et la question de savoir si Hébron, Nazareth, Jérusalem ou Bethléhem étaient en Palestine ou en Israël. Tout cela se situait en Terre Sainte, dénomination bien commode ! C'était bien longtemps avant les Intifadas.

Mais encore plus en avant que les Intifadas, il y eut toutes ces guerres, dont la guerre dite des Six jours. Je vois encore mon père sortant de sa chambre, la mine défaite, et s'écriant : "Vous savez quoi ? L'armée israélienne est encerclée par les Egyptiens!"

Mon père passait ses journées près de son transistor, toujours branché sur la Voix de l'Amérique ou les émissions en français de la BBC. Et ce jour-là la nouvelle était tombée qu'Israël, son Israël, était en grosse difficulté face aux troupes arabes.

Comme chacun sait, cette guerre-là n'a duré que six jours, enfin, façon de parler, car, dans les faits, elle dure déjà depuis quelques millénaires, et rien ne permet de dire que les choses s'arrêtent demain.

Je crois que vous avez compris que mon père était un grand admirateur d'Israël, le peuple de la Bible, le "peuple élu" ! Un grand admirateur, jusqu'au jour où...

Quelqu'un parmi mes frères et soeurs a dû lui offrir un téléviseur. Et c'est sur ce téléviseur qu'il a découvert les premières images de ce qu'on n'appelait pas encore l'Intifada : il s'agissait de deux gamins palestiniens, que des soldats israéliens étaient en train de tabasser méthodiquement, utilisant des masses, comme des cailloux, pour frapper très précisément sur les membres des gamins, comme pour leur briser les os et les articulations. Des images incroyables !

Parce que l'Intifada des petits Palestiniens a commencé comme cela : des soldats israéliens évitant de tirer à balles réelles sur ces enfants (ils se rattraperont largement plus tard !), et se "contentant" de leur briser méthodiquement les os en tapant dessus.

Mon père arrive un jour à Paris. J'ai été prévenu qu'il n'allait pas bien. Mais là, je découvre comme un déporté débarquant de Buchenwald en 1945, avec à peine la peau sur les os.

De l'anorexie, à son âge ? Non mais, ça ne va pas ?

Et pour corser le tout, il avait fait un A.V.C. (accident vasculaire cérébral) qui lui a laissé une moitié du visage presque paralysée. Et comme c'est de coutume dans nombre de républiques bananières africaines, direction la "mère patrie" : la France, parce que, chez nous, les hôpitaux, je ne vous raconte pas.

Durant de longs mois, je ne l'ai pratiquement pas lâché d'une semelle. J'ai donc dû revoir tous mes projets à la baisse, me transformant en infirmier, cuisinier, etc., et surtout, l'accompagnant lors des nombreuses visites à l'hôpital (Cochin), où il a subi toute la panoplie des tests possibles et imaginables.

Et puis, des mois plus tard, il a repris l'avion du retour, complètement remis d'aplomb.

Mais, des années plus tard, rebelote. Cette fois encore, il est question de le mettre dans un avion, mais là, il semble que les choses soient un peu plus compliquées que la première fois. Mon père va mourir à soixante-seize ans, d'anorexie mentale.

J'ai mis des années avant de comprendre. Il se trouve que les deux crises d'anorexie ont correspondu avec les deux Intifadas. Le fait est que mon père est mort pile-poil durant la deuxième Intifada en Palestine, tout comme il a développé sa première anorexie après le déclenchement de la première.

C'est donc ainsi que je me suis expliqué le problème : tant qu'Israël, son Israël, était en butte à l'hostilité de méchantes armées arabes, mon père a fait cause commune avec l'Etat hébreu. Et puis il y a eu la révolte des pierres déclenchée par des gamins de Palestine. Et là, tout a basculé, et ce, d'autant plus que, cette fois-ci, il y avait les images ! Ces terribles images d'une armée surpuissante donnant l'assaut à des bandes d'adolescents. Et voilà comment le peuple élu est devenu un peuple de bourreaux.

Et du coup, mon père, qui était un intégriste à sa manière, a voulu prendre sur lui le péché du monde, je veux dire le péché d'Israël, en se laissant littéralement mourir de faim. La première fois, ça n'a pas marché, puisque j'ai dû m'employer pour le remettre sur pied, mais la seconde a été la bonne.

Autant dire que, dans une certaine mesure, mon père est une victime de l'Intifada en Palestine !

Et dans un sens, il vaut mieux pour lui qu'il soit mort à ce moment-là, ce qui le dispensera d'une nouvelle mort à chaque nouvelle agression israélienne contre les Palestiniens. De fait, mon père, ce grand admirateur du "peuple élu", a échappé à la boucherie de Gaza, dite "Plomb durci" comme à d'autres massacres au Liban et ailleurs.

Et bien entendu, après l'acte de piraterie d'Etat commis contre des organisations pacifistes et dans les eaux internationales, en ce 31 mai 2010, les experts en COM de la propagande israélienne ont déclenché la grosse artillerie. Et là, on se dit : Dieu qu'ils sont pitoyables !




Lu sur lepost.fr cette contribution au forum :

sadawi à 12h01 (1er juin 2010)
Ce qui est choquant,c'est lorsque Pujadas, journaliste aux infos et Charles anderlin, enovoyé spécial à tel aviv, traitent le sujet comme si'ils étaient partie prenante et contre les palestiniens.
Il est vrai que le premier craint pour son poste, le second,parcequ'il a été décoré par israel par je ne sais quelle médaille de je ne sais quel mérite.
Lamentable.

Je dois dire que je partage l'avis de cet internaute, notamment à l'égard de ce pauvre guignol qu'est David Pujadas. En temps "normal", ce genre de zigoto vous aurait clamé son horreur à l'idée de diffuser des images d'otages occidentaux filmés par leurs bourreaux afghans ou irakiens, dans le genre : "vous comprenez, notre déontologie nous interdit de diffuser ce genre d'images de propagande."

Soit ! Sauf que, cette fois-là (journal de 20 h sur France 2, le 31 mai 2010), Pujadas (mais il n'est pas le seul !) nous a abreuvé d'images de propagande émanant de ceux qui venaient de violer le droit international, et de quelle manière ! Donc, on a eu droit à ce qui était censé être l'assaut israélien contre la flotille pour Gaza, le tout étant censé démontrer l'agressivité et le caractère belliciste des soi-disant pacifistes. Images de propagande, donc, dont l'authenticité était plus que douteuse, dès lors que l'on ne reconnaissait aucun visage. Mais, nous a-t-on expliqué, "il s'agissait d'images en infrarouge, d'où le noir et blanc..."

Des images de propagande, forcément manipulées, et qui auraient fort bien pu être tournées dans une base israélienne, lors d'un exercice... Personne ne peut affirmer que ce que nous avons vu à la télévision, moult fois rediffusé, notamment sur les chaînes info, était authentique.

Et puis, après tout, quelle importance ? Nous étions dans les eaux internationales et les soldats israéliens n'avaient tout simplement rien à faire à cet endroit-là et à ce moment-là ! Ce que Pujadas et les larves de son espèce se sont bien gardés de préciser, le droit international étant le grand oublié des spécialistes de l'intox.

Et, de fait, plutôt que d'interroger un expert en droit international, notre guignol de France 2 a préféré donner longuement la parole à un membre du ministère israélien de la propagande, et là, je vous avoue que j'ai zappé !

Je n'irai pas jusqu'à dire que mon père avait perdu la foi en Dieu, mais je suis absolument certain d'une chose : dans sa tête, le "peuple élu" était bel et bien mort !

Et à chaque fois que des Israéliens tuent des Palestiniens, ou lancent une de ces opérations bellicistes dont ils se sont fait la spécialité, je pense à mon père en me disant que, quelque part, il aurait bien aimé se muer en successeur de Paul (chez les protestants, on ne dit pas Saint Paul, ni Saint Matthieu, ni Saint Jean... !), afin d'aller évangéliser, notamment en Asie mineure, tous ceux qui n'avaient pas encore été gagnés par le 'Gospel', la Bonne Nouvelle, je veux dire le Nouveau Testament, à savoir l'effacement de la Loi du Tallion et son remplacement par l'Amour du prochain !

Mon père est mort de désespoir, considérant probablement son impuissance à changer Israël, son Israël !

Un Israël qui fait terriblement penser au Vaisseau Fantôme de Richard Wagner, un navire engagé vers un naufrage irrémédiable, faute de grands Hommes susceptibles de le tirer de ce mauvais pas... Et là, on se dit qu'il faudrait de toute urgence à ce pays un Albert Schweitzer, une Mère Teresa, un Mahatma Gandhi, un Nelson Mandela ou une haute personnalité ayant le même profil.

Parce que, de grands soldats, ce pays ne doit pas en manquer, de grands experts en COM non plus ; mais de grands Hommes...?!



P. B. (Pense-bête)

Penser à offrir à la journaliste Elisabeth Lévy (entre autres destinataires) un ouvrage d'Albert Schweitzer, ou la biographie du Mahatma Gandhi, et pourquoi pas une copie des Béatitudes (Matthieu 5) ?