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dimanche 26 novembre 2023

Harvard Faculty Response to "Combating Antisemitism"

Ce qui suit est une lettre ouverte adressée par un collège de professeurs de l'Université de Harvard (USA) à la suite de ce qui ressemble fort à une chasse aux sorcières entamée par des donateurs, d'anciens alumni et divers personnels de l'université, afin de museler toute parole critiquant la politique israélienne en Palestine occupée.

Je me suis permis d'affubler certains passages de numéros me permettant d'y ajouter un commentaire personnel.

Relecture en cours.

 

Réponse de la faculté de Harvard à la « lutte contre l'antisémitisme »

Chère Présidente Gay :

En tant que professeurs de Harvard, nous avons été étonnés par la pression exercée par des donateurs, d'anciens élèves et même certains sur ce campus pour faire taire les professeurs, les étudiants et le personnel critiques à l’égard des actions de l’État d’Israël. Il est important de prendre en compte le ton et le format condescendants d’une grande partie des critiques que vous avez reçues, ainsi que le racisme pur et simple contenu dans certaines d’entre elles.

Nous avons néanmoins été profondément consternés par votre message du 9 novembre intitulé "Combattre l’antisémitisme". L'engagement de l'Université en faveur de la liberté intellectuelle et d'un dialogue ouvert semble céder la place à tout autre chose : un modèle d'éducation dans lequel le sens de termes naguère susceptibles d'interprétation est prescrit d'en haut par un comité dont les travaux ont été, mardi (dernier), présentés à l'Université comme de simples prémisses.

Il devrait sûrement y avoir des limites à ce qui est dicible, même dans une université. Dire des choses qui sont manifestement fausses – nier l’Holocauste (1), par exemple – mérite d’être condamné. Le fait de dénigrer d’autres membres de la communauté dans un langage raciste, xénophobe, sexiste, homophobe ou transphobe (2) mérite également d’être condamné.

Il doit cependant y avoir un espace sur un campus universitaire pour débattre des actions des États, y compris de l’État d’Israël. Il ne peut pas être considéré comme ipso facto antisémite de remettre en question les actions de ce gouvernement ethno-nationaliste particulier, pas plus qu'il ne serait ipso facto raciste de remettre en question les actions du gouvernement ethno-nationaliste de Robert Mugabe au Zimbabwe. Les arguments qui caractérisent Israël comme un État "d'apartheid" ou ses récentes actions (3a) de "nettoyage ethnique" ou même de "génocide" ne peuvent pas non plus être considérés automatiquement comme antisémites, que l'on soit ou non d'accord avec ces arguments. Le programme concernant les "Politiques et Procédures de discrimination et d'intimidation"  récemment annoncé par l'Université, il est utile de le rappeler, inclut la "conviction politique" (et donc vraisemblablement son expression) comme catégorie protégée.

Il est compréhensible qu'à l'ombre de l'histoire de l'Europe, de la Palestine et d'Israël au XXe siècle, ainsi que des attentats du 7 octobre (2023) et de la catastrophe en cours à Gaza, vous vouliez rappeler aux membres de notre communauté que leurs paroles ont un sens. Et pourtant, à l’heure où une personne affiliée à l’Université se présente, en toute impunité, dans la cour et accuse les étudiants de soutenir le terrorisme, votre définition des limites de l’expression acceptable sur notre campus est dangereusement unilatérale.

De même, l’expression "du fleuve à la mer, la Palestine doit être libre" a une histoire longue et compliquée. Son interprétation mérite et fait l’objet d’une enquête et d’un débat soutenus et continus. Désigner cette expression comme impliquant nécessairement un "déportationisme" (cf. to remove : déplacer, voire déporter, s'agissant de populations, n.d.T.), voire un "éliminationnisme" – alors que plus d’un million de Palestiniens ont été forcés de quitter leurs foyers (3b) et que plus de dix mille civils, dont quatre mille enfants, ont été tués à Gaza (seulement depuis le 7 octobre 2023, n.d.T), actions qu'évoque l’historien de l’Holocauste Omer Bartov dans le New York Times et qui pourraient être assimilées à un "crime contre l’humanité" exécuté avec une "intention génocidaire" –, tout cela nous semble imprudent du point de vue de la politique universitaire et gravement inapproprié en tant qu’acte de leadership moral.

Nous vous appelons à présenter un engagement équilibré en faveur de la liberté intellectuelle à Harvard en prenant les mesures suivantes :

1.    Résister aux appels visant à suspendre et/ou disqualifier le Comité de Solidarité avec la Palestine en représailles à ses déclarations publiques et à son plaidoyer, et à résister aux appels visant à mettre de côté les procédures disciplinaires normales de l'Université, dans le seul but de sanctionner prématurément les étudiants et les employés en raison des inquiétudes soulevées concernant leur activité politique, le tout en l'absence d'allégations spécifiques d'actes répréhensibles (et ceux qui ont déjà été ainsi sanctionnés doivent être réintégrés dans l'attente d'une enquête procédurale solide) ;

2.    Demander au Groupe consultatif du président sur l'antisémitisme d'expliquer sa définition de l'antisémitisme à la communauté universitaire, comme demandé lors de la réunion du corps professoral de la FAS [Faculty of Arts and Sciences] du 7 novembre, avant de recommander toute politique touchant à la liberté de pensée et d'expression sur notre campus ;

3.    Affirmer explicitement et spécifiquement l'engagement de l'Université en faveur de la liberté de pensée, de recherche et d'expression à la lumière de la pression extraordinaire exercée sur les personnes critiquant l'État d'Israël et sur les défenseurs du peuple palestinien, et d'indiquer qu'il ne peut y avoir aucune tolérance pour une "exception palestinienne" à la liberté d’expression ;

4.    Créer un groupe consultatif sur l'islamophobie et le racisme anti-palestinien et anti-arabe (comme suggéré lors de la réunion des professeurs du FAS du 7 novembre).

 

101 signatures

 

Source


Commentaires :

1. Fils de pasteur, j'avoue en avoir plus qu'assez du mésusage fait du terme Holocauste (et ce, d'autant plus qu'avec la soi-disant Shoah, il a été largement instrumentalisé dans le but de dissimuler au public un autre terme : la Haavara !). Que ceux qui ne savent pas ce que ce mot dénaturé par Hollywood veut réellement dire jettent un oeil dans une Bible ! 

(Liens : 01 - 02 - 03 - 04)

À propos : cet article sur la Haavara est mensonger, à l'instar de plein de choses relatives à la période. Pour s'en rendre compte, il suffit de confronter les dates. Lien

2. Je suis toujours un brin circonspect lorsqu'on me parle d'une lutte contre le racisme, le sexisme, l'homophobie et/ou la transphobie. J'imagine qu'il y a à Harvard assez de bons ethnolinguistes pour savoir qu'une myriade de langues, notamment africaines, ignorent le sens de termes comme homosexualité ou trans-machin-chouette. Par ailleurs, la couleur de peau et le sexe d'une personne se voient à l’œil nu, ce qui n'est nullement le cas de ladite "orientation sexuelle". C'est pour ces raisons que je m'interdis, pour ma part, de ranger "racisme", "sexisme" et "homo/trans/phobie" sur le même plan.

3. Un million de Palestiniens forcés de quitter leurs foyers..., je doute qu'il s'agisse de "récentes actions" ! Tout bon étudiant de Harvard, et d'ailleurs, devrait quand même avoir entendu parler de la Nakba, qui est tout sauf une lubie ! 

(Liens : 01 - 02 - 03)


lundi 23 octobre 2023

What I Saw in Gaza Changed Me Forever

Ce qui suit est ma traduction d'un texte paru sur Mintpress et émanant d'une personnalité juive ayant fait sa "conversion de Paul". Il est question de Saül de Tarse, persécuteur de chrétiens qui, sur le chemin de Damas, fait une rencontre, à en croire les Évangiles. Et voilà notre homme devenu le premier des apôtres, le fameux Saint-Paul des Catholiques. Ici, nous avons quelqu'un qui a d'abord été un sioniste convaincu, et qui en est revenu, à l'instar de pas mal de ses congénères.

Relecture en cours

 

Ce que j'ai vu à Gaza m'a changé pour toujours

Ma vraie libération en tant que personne juive est liée à la libération du peuple palestinien.

par Ned Rosch, 7 Mai 2019

Retrouver les valeurs du judaïsme après une expérience sioniste est une puissante collection de 40 essais rédigés par des juifs d'origines diverses. Chacun d’eux décrit un parcours personnel allant d'une vision sioniste du monde à un activisme solidaire des Palestiniens et de ceux des Israéliens qui s’appliquent à édifier une société fondée sur la justice, l'égalité et la coexistence pacifique. Dans cet extrait de l'essai « La Palestine et mon parcours de découverte de soi », Ned Rosch décrit l'impact profond d'une visite à Gaza en 2014, peu après les bombardements intensifs de « l'opération Bord de mer » menée par Israël.

 

Le grand écrivain indien Arundhati Roy a écrit que "Le problème, c’est qu’une fois que vous voyez la chose, vous ne pouvez plus l’ignorer. Et une fois que vous l’avez vue, rester silencieux, ne rien dire, devient un acte aussi politique que d’en parler. Il n’y a pas d’innocence. De toute façon, vous êtes responsable."

À de nombreuses reprises dans ma vie, je l'ai "vue" et ai senti que les fondements fortement endurcis de mon éducation sioniste finiraient par se fissurer et se transformer en poussière, mais peut-être que rien ne m’a plus profondément ébranlé et renforcé ma perspective qu'un voyage à Gaza en novembre 2014.

Pendant une courte mais remarquable période d’une semaine et demie, j'ai eu le privilège incroyable de faire partie d'une délégation sanitaire dans cette petite bande de la Palestine historique, qui se trouve être l'un des endroits les plus peuplés de la planète, car sa population est littéralement emprisonnée par les Israéliens, avec l'aide des Égyptiens. Se retrouver là, juste deux mois après la guerre meurtrière menée par Israël en 2014 contre la population de Gaza, m’a permis d’apercevoir, à travers les histoires douloureuses que j’ai entendues et la destruction accablante dont j’ai été le témoin, l’horreur grotesque de cette guerre de 51 jours. Les structures bombardées étaient partout visibles, le chagrin universel, le traumatisme intense.

Rawya, qui assurait la traduction pour un stage que j’avais organisé à Gaza avec 15 éducateurs scolaires, m'a raconté autour d'un thé chaud que : "Nous aurons peut-être peur à notre tour. Mon mari et moi avons installé nos quatre enfants âgés de neuf à quinze ans sur des chaises, et nous et nos enfants avons discuté de ce que nous ferions si une bombe nous tombait dessus et que nous soyons les seuls survivants de notre famille. J'avais le sentiment d'avoir besoin de cette conversation car la possibilité me paraissait si réelle et, en tant que mère, je devais savoir que nos enfants avaient prévu la chose." 

Elle, les éducateurs, les enfants qu'ils voient et, selon les conseillers, cela va sans dire, tout le monde à Gaza était traumatisé. Lorsque des jets israéliens ont été entendus un soir au cours de notre séjour à Gaza, la peur qui s’amplifiait était palpable.

En accédant à Gaza, nous avons vu des squelettes obsédants de maisons, des personnes vivant dans des bâtiments dévastés par les bombes, ainsi que des mosquées, des hôpitaux et des usines en ruine. Ce qui reste gravé dans ma mémoire, ce sera probablement ce que nous avons vu dans des quartiers civils fortement bombardés. Il est difficile de trouver des mots permettant même de décrire la dévastation totale du territoire.

Les Palestiniens vivaient désormais dans des baraques de fortune de carton et de couvertures, entourées de gravats. Même si j’avais vu auparavant les mêmes images sur des sites, l’impact produit par la vision de ces familles accroupies près de ce qui était tout ce qu’elles possédaient et qui, en quelques secondes, avait été totalement anéanti, m'a coupé le souffle, à l’instar du pan éclaté d’une grande dalle de béton, avec dessus les noms peints à la bombe des membres d’une famille ensevelis sous les monticules de débris, et une femme assise sur les gravats tout en regardant au loin, tandis qu’un mariage était célébré au milieu d'immeubles ravagés.

Dans un camp de réfugiés, une Palestinienne bien dynamique nommée Reem m'a dit qu'elle ne pouvait plus penser à l'avenir. "Tout ce que j'ai, expliquait-elle, est valable aujourd'hui et cela me suffit, dès lors que cela m’offre de nombreuses opportunités pour aider les gens."  

Reem ouvrait des centres dans certaines des zones les plus détruites de Gaza, des centres où les enfants jouent, lisent, chantent, apprennent le français, plantent des graines dans des gobelets en papier - pour peut-être avoir un aperçu de ce que pourrait être une enfance "normale." 

Rien n'est normal à Gaza. Une décennie de siège et trois guerres ont ravagé l’économie, emporté la vie de milliers de personnes, détruit l’environnement et anéanti les espoirs de voir les choses s’améliorer un jour, peut-être y avoir un avenir.

Yasser, un homme doux, directeur exécutif du programme de santé mentale communautaire de Gaza, a perdu 28 membres de sa famille élargie au cours de la guerre de 2014. Personne à Gaza n'a été épargné sur le fait d’avoir un proche tué ou blessé lors du brutal et implacable assaut israélien. Yasser a déclaré que sa famille parlait de 28 chaises vides.

La famille de Mohammed compte maintenant 10 personnes de moins. L'un des défunts était une jeune fille qui a été d’abord sauvée après avoir survécu pendant dix jours sous un énorme tas de béton et de barres d'armature, avant de mourir à l'hôpital deux jours plus tard. Elle s'appelait Yasmin. 

"Je ne peux pas me sortir Yasmin de la tête avoir Yasmin ni l’idée de ce que ses derniers jours ont été," dit Mohammed, les larmes coulant sur sa chemise.

Tout le monde aspire à l'ouverture des frontières pour pouvoir respirer, travailler, voyager, étudier à l'étranger ou obtenir des soins médicaux qui ne sont pas disponibles à Gaza en raison de la pénurie de tout ce qui a été causé par le siège israélien. Pourtant, la plupart affirment qu'ils reviendraient chez eux. 

" Tout comme un poisson ne peut pas survivre hors de l'eau, nous ne pouvons pas vivre longtemps loin de Gaza. Nous devons rentrer à un moment donné.", a déclaré Walaa, une jeune femme titulaire de deux diplômes de troisième cycle et qui était au chômage en pleine économie dévastée de Gaza.

Imad, un infirmier travaillant à plein temps et qui n’était plus payé depuis plus d’un an, m’a invité à rencontrer son épouse et ses huit enfants dans leur appartement extrêmement modeste mais confortable. Lorsqu'on lui a demandé comment ils survivaient sans revenus et avec tant de bouches à nourrir, Imad a expliqué que tout le monde à Gaza faisait ce qu'il pouvait pour aider les autres, car ils se trouvaient tous dans le même bateau. Il a ensuite haussé les épaules et posé pensivement la question que nous entendions si souvent : "Que pouvons-nous faire ?"  

Il est frappant de réaliser que 2 millions de Palestiniens sont emprisonnés à Gaza, soit dans une zone de seulement 25 miles de long et 5 à 8 miles de large - plus petite que la région métropolitaine de Portland.

Une merveilleuse animatrice, qui s’occupait de groupes d'enfants à Gaza, m'a invitée dans un de ces groupes pour des enfants de 5 ans ayant perdu leur maison, leur famille, leur innocence - et bien plus encore - dans des attentats à la bombe. Je me suis assis au sein du cercle parmi les enfants, alors qu'ils choisissaient des reproductions de visages heureux ou tristes pour représenter ce qu'ils ressentaient. Une fillette a déclaré qu'elle avait pris un visage triste parce que son grand-père avait été tué par une bombe. D'autres ont pris des visages tristes parce qu'ils avaient fait de mauvais rêves. L’animatrice m'a dit que sa propre fille de 10 ans l'avait implorée pendant la guerre : "Ne me laisse pas seule. Je veux qu’on meure ensemble."

Il y a donc suffisamment de stress, de chagrin, de douleur et de tristesse à vivre, mais il existe également une quantité remarquable d’amour, de générosité et de détermination. Ramadan, qui a traduit pour moi lors d’un de mes ateliers, et qui prépare un doctorat en psychologie, m’a fait observer que, de même que beaucoup de gens ne peuvent apprécier l’importance de leur santé que lorsqu'ils tombent malades, les Palestiniens ne peuvent ressentir plus intensément l'absence d'une patrie qu’après l'avoir perdue si brutalement. "D'autres ont une patrie physique, un endroit où ils vivent ou qu’ils visitent. Notre patrie vit dans nos cœurs.", m'a dit Ramadan autour d'un café, au son du clapotis des vagues sur le rivage.

Alors que je marchais dans un secteur de Gaza qui avait été fortement bombardé par les Israéliens, observant des maisons, des immeubles d'habitation et une école complètement détruits, un homme d'âge moyen est venu vers moi et m'a poliment offert un grand manuscrit recouvert de la poussière provenant des décombres d’habitations toutes proches détruites au cours d’un bombardement. Quand je lui ai demandé ce que c'était et pourquoi il voulait me le donner, il m'a fait signe de le suivre de l'autre côté de la rue jusqu'à un énorme tas de débris. Alors que nous gravissions le monticule en évitant les éclats de verre, les barres d’armature tordues et le béton, il a sorti son téléphone et m’a montré la photo d’une maison très attrayante et bien entretenue - sa maison. Il a expliqué que la famille occupait cette maison et que tout avait été détruit, à l'exception du manuscrit, sa thèse de doctorat, qui était une critique littéraire des œuvres d'Ezra Pound et de T.S. Eliot.

Ce professeur, qui avait tout perdu, insistait pour que je prenne ce qui restait d'une vie. Je ne saurai jamais pourquoi. Peut-être que c’était l’hospitalité palestinienne qui l’obligeait à donner quelque chose à cet invité, et c’était tout ce qu’il avait à offrir. Peut-être voulait-il que j’emporte ce document en lieu sûr, sachant que rien n'était en sécurité à Gaza. Peut-être ce professeur disait-il qu'en dépit de toutes les destructions que les Israéliens pouvaient déclencher à leur guise, il y avait une chose qu'ils ne pourraient jamais détruire : les idées - pas seulement à propos de Pound et Eliot, mais aussi à propos du rétablissement de la justice pour un peuple qui a souffert une brutalité et une dépossession inimaginables.

Je continue de me débattre avec beaucoup de choses, dont la moindre n’est pas le fait de trouver les mots justes pour exprimer de manière adéquate l’intensité de l’expérience de connaître, de façon modeste mais profondément significative, un certain nombre de personnes inoubliables et belles à Gaza, ainsi qu’un aperçu de la réalité incroyablement dure de leur vie. Il est difficile de comprendre comment l’occupation et le siège de Gaza, qui détruisent lentement mais très régulièrement la vie de deux millions de personnes, peuvent se matérialiser et comment le monde fait si peu pour arrêter cela. La question d’Imad : "Que pouvons-nous faire ?" Résonne dans ma tête. Une partie de ce que je peux faire est claire : un engagement plus fort, comme le dit Arundhati Roy, à prendre la parole, affirmant plus largement et plus souvent l’importance de la lutte des Palestiniens, car nous, les Américains, sommes si profondément complices de l'occupation israélienne en cours sur la terre palestinienne. La majeure partie de ce que je peux faire va sûrement émerger avec le temps, tandis que je continue à penser aux personnes que j'ai rencontrées et qui ne veulent rien d'autre que vivre. À Gaza, j'ai laissé derrière moi des amis et un morceau de mon cœur - un cœur brisé bien des années auparavant par le conflit entre ce que j'avais appris à penser de ce qu’était Israël, et ce que j'avais finalement appris, qui était la sombre réalité d'Israël.

Il y a des années de cela, j’avais sincèrement cru que j’étais plus ouvert d’esprit que ça, lorsque j’essayais de croire fermement qu’il existait deux récits légitimes et très différents, un juif et un palestinien, deux revendications fondamentalement irréconciliables du même terrain, et c'est pourquoi le conflit était si insoluble. Mais ce qui était vraiment insoluble, c’était la bataille qui faisait rage dans ma tête et encore plus vigoureusement dans mon cœur. Voyez-vous, j'étais devenu un progressiste sur tous les sujets, sauf un. J'ai défilé pour les droits civils, les droits des femmes, les droits des personnes LGBTQ, les droits de tous, y compris l’abolition de la guerre. Mais en ce qui concernait Israël et la Palestine, j'étais extraordinairement déchiré. Même à supposer que mes amis eussent pu me dire la vérité, comment aurais-je pu tourner le dos à mon propre peuple et à ma propre éducation, surtout après les milliers d'années de souffrances endurées par les Juifs ? L’histoire juive des pogroms, de l’antisémitisme et des horreurs de l’Holocauste n’est-elle pas au moins aussi convaincante, sinon plus ? Après tout, en tant que personne nommée d'après une victime de l'Holocauste, j'étais un maillon d'une longue chaîne. 

Comment pouvais-je contribuer à saper la lutte juive pour reconstruire un peuple décimé après l'Holocauste ainsi qu’après la création récente de l'État d'Israël ? Avec le temps et l’introspection, mon double univers narratif a commencé à s’effilocher, puis à se défaire complètement. 

Le coup fatal est probablement venu lorsqu'un ami palestinien m'a demandé pourquoi les juifs avaient tant de mal à intégrer l'expérience palestinienne à la compréhension juive de l'histoire. Je n’ai pas bien saisi sa question et, avec appréhension, lui ai demandé de s’expliquer. Il m'a mis au défi de ne pas voir deux récits contradictoires, mais une histoire, une histoire de ce qui s'est réellement passé. Cette question et ce défi, ainsi que l'exploration et la ré-exploration de leurs réponses, m'ont conduit dans l'un des voyages les plus profonds et les plus enrichissants de ma vie. 

C’était la confrontation d’un effort fondamental visant à réconcilier ma vision des choses autour d’Israël et de la Palestine, avec les valeurs fondamentales de mon cœur et, au bout du compte, la révélation du fait que, dans l’essence même de mon être, ma véritable libération en tant que Juif était désormais intrinsèquement liée à la libération authentique du peuple palestinien. Mon sens de la liberté et de la complétude ne sera atteint que lorsque chaque Juif - et chaque Palestinien - sera libre. Le sionisme emprisonne non seulement les corps palestiniens, mais aussi les esprits juifs.

J'ai fini par comprendre que la merveilleuse tradition juive de "La Justice, La Justice tu poursuivras !" m'obligeait à prendre position avec d'autres personnes de bonne volonté, y compris de nombreux Juifs, pour soutenir mes frères et sœurs palestiniens dans leur douleur, leur lutte et leur résistance. Pour moi, la percée a été la prise de conscience ultime que prendre la défense des Palestiniens ne voulait pas dire tourner le dos à mon peuple. 

Au contraire, en soutenant la lutte palestinienne pour la liberté, je défendais les valeurs les plus élevées du judaïsme et les revendiquais pour moi-même, d’une manière profondément nouvelle et personnellement significative. Nelson Mandela a déclaré un jour : "Nous savons trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens."

 

Source

 

Notes

1. Fils de pasteur, je ne supporte pas de lire le mot "holocauste" sous la plume d'un "Juif" qui se respecte. Que des cohortes de guignols incultes usent de ce mot, je peux l'admettre, mais des Juifs, là je dis NON ! (Lecture)

2. Une bonne partie de mon lectorat est faite de jeunes gens que j'ai pu avoir comme élèves et j'ai pour habitude de les titiller en les incitant à rechercher systématiquement des mots-clés (ou expressions-clés) dans les textes qu'ils lisent, histoire d'en faciliter la compréhension. Mais pour ne pas surcharger le texte, je me suis contenté de mettre en exergue quelques passages en les colorant de rouge.  

3. Je rappelle que l'auteur de ce texte est un ancien sioniste, à l'instar de bien des gens ayant viré leur cuti, je pense au fameux Noam Chomsky, linguiste dont j'ai entendu parler pour la toute première fois sur les bancs de la Fac.

4. J'ai inventé sur Twitter le néologisme "Möchtegernjuden", en pensant à Jacques Brel : "Ils veulent avoir l'air, mais ils n'ont pas l'air du tout ! (...) Chez ces gens-là...". Et c'est bien parce que, fils d'un pasteur hébraïsant, ayant eu moi-même deux "fiancées" ashkénazes et ayant sévi dans ma jeunesse comme professeur à domicile, notamment les dimanches, dans des familles pratiquant le shabbat, que j'ai appris à faire la différence entre les vrais Juifs et les faux : les vrais Juifs ont une foi monothéiste et sont dans l'attente d'un Messie. Israël est tout sauf un État Juif (le bel oxymore !) et il ne suffit pas de s'appeler Blumberg, Benchetrit, Wainstein... et que sais-je encore pour se dire juif/ve !



 

lundi 18 novembre 2019

Propos d'un pharisien nommé Alain J. sur la manif contre l'islamophobie


Lu sur un blog (source) :

Ah ces "chambres à gaz", que les cuistres mettent à toutes les sauces ! Il y a quelqu'un, en tout cas, qui aurait dû - logiquement ! - terminer sa vie dans une chambre à gaz ; sauf que... Allez comprendre !
La famille quitte Francfort pour Amsterdam à la fin de l’année 1933, afin d'échapper aux persécutions nazies à l'encontre des Juifs qui se multiplient depuis l’arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier. Alors que les dangers s'intensifient à Amsterdam occupée par les Allemands depuis , les Frank se cachent en dans un appartement secret aménagé dans l’Annexe de l'entreprise Opekta d'Otto Frank, le père. Anne a alors treize ans. Après deux ans passés dans ce refuge, où ils sont rejoints par quatre autres personnes, le groupe, sans doute trahi, est arrêté le puis déporté le vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Sept mois après son arrestation, Anne meurt du typhus dans le camp de Bergen-Belsen, quelques jours après sa sœur Margot Frank. Le camp est libéré par des troupes britanniques le , Amsterdam est libérée le . (Source)
Imaginons, une seconde, qu'au lieu du texte figurant plus haut, le sieur Alain J. ait écrit ce qui suit :
S'il devait, par malheur, advenir que ces enfants et leurs familles voient leurs maisons détruites par des bulldozers, ou se retrouvent prisonniers derrière des grilles établies sur leur territoire par des troupes d'occupation, voire perdent la vie lors de bombardements..., je serais prêt à sacrifier ma vie pour le leur éviter. Mais aujourd'hui, ces photos sont à vomir...
Il faut croire que l'image d'une fillette arborant une étoile à cinq branches, symbole de l'Islam, fait vomir notre pharisien, tandis que les images qui suivent...


Quiz : on cherche le nom du camp (en allemand : "Lager")


The air raids killed Rasmi, his second wife Maryam, 45, and three of his 11 children - Salim, 3, Mohannad, 12, and three-month-old Firas. The bombing also killed Mohamed's wife Yousra, 39, and two of their sons, Moaaz, 7, and Waseem, 13.(...) The deadly attack left Mohamed and 11 other members of the Abu Malhous family, mostly children, in critical condition at Shuhhada al-Aqsa Hospital in central Gaza. Eleven-year-old Nermin has been unable to speak since the bombing, while her cousin Reem continues to ask for her dead mother. (Source)
Les raids aériens ont tué Rasmi, sa deuxième épouse Maryam, 45 ans, et trois de ses 11 enfants - Salim, 3 ans, Mohannad, 12 ans et Firas, âgé de 3 mois. Les bombardements ont également tué l’épouse de Mohamed, Yousra, 39 ans, et deux de leurs fils, Moaaz, 7 ans, et Waseem, 13. (...) L’attaque meurtrière a laissé Mohamed et 11 autres membres de la famille Abu Malhous, pour la plupart des enfants, dans un état critique à l’hôpital Shuhhada al-Aqsa, au centre de Gaza. Nermin, 11 ans, est incapable de parler depuis l'attentat, tandis que son cousin Reem continue de demander des nouvelles concernant la mort de sa mère.

"... aujourd'hui, cette photo est à vomir..". (Alain J., avocat, France)


À propos de la fillette à l'étoile de la manif contre l'islamophobie du 10 novembre 2019, il me semble qu'elle aurait fort bien pu être palestinienne !

Vous savez quoi ? Si j'avais, là, maintenant, un seul et unique conseil à prodiguer à ce monsieur Alain J. (1), ce serait de découvrir, de toute urgence, qui était Albert Schweitzer.
Stigmatiser en chaire la cupidité de l’Occident et l’injustice perpétrée dans les colonies n’est pas banal à Strasbourg autour de 1900. Au risque d’offusquer, Schweitzer affirme que les cruautés et les crimes commis par les conquérants et leurs successeurs ont été innombrables dans ces pays, des siècles durant : l’esclavage, les invasions, les spoliations foncières, les exactions et les répressions, le pillage des ressources, une imposition exorbitante, etc. Des millions d’êtres humains ont été « torturés et assassinés sous couvert de christianisme », dit-il, avec l’aval d’un droit international inique. Et ce sans contrepartie profitable : « Qu’avons-nous apporté à ces peuples d’outre-mer ? L’oppression, la misère, les massacres, l’alcool et d’autres fléaux qui les ont décimés. Ainsi se comportait l’humanité chrétienne ; ainsi se comporte-t-elle encore. » Estimant que « le nom de Jésus est comme blasphémé par nous auprès des païens », il fait observer que les missions ne constituent pas tant la « merveilleuse action de charité » qu’on se plaît à exalter, qu’« une impérative action de réparation des fautes du christianisme et de l’humanité en général », une « œuvre d’expiation ».


(1)  Et pourquoi seulement lui, d'ailleurs ? Voyez l'ONU, nos grandes ONG et autres stars hollywoodiennes si promptes à défendre la veuve et l'orphelin au... Soudan ou en... Birmanie, ainsi que toute cette cohorte de pauvres types cravatés et parfumés censés diriger le monde, et qui se taisent !


Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06



dimanche 28 juillet 2019

Une petite pensée, en passant, pour une grande dame : Gisèle H.


C'était un 28 juillet...


Vous allez finir par savoir que j'ai exercé, parmi quelques activités professionnelles, celle de documentaliste, "professeur-documentaliste..." selon les codes administratifs de l'Éducation Nationale. Mais, longtemps auparavant, j'avais déjà une forte appétence pour les archives, avec ces documents qu'on recopiait 'in extenso' durant de longues après-midi et soirées dans telle grande bibliothèque universitaire (celle de Strasbourg était ouverte jusqu'à 22 heures, soit une heure de plus que le Centre Georges Pompidou). Il faut dire que faire des photocopies, surtout sur les machines disponibles dans les grandes bibliothèques, coûtait/coûte la peau des fesses ! Alors, on recopi/e/ait des pages entières.

Puis vint l'ère de l'ordinateur personnel, de l'Internet, du scanner, du stockage sur disque dur...

Et des scanners, des ordinateurs et des disques durs (amovibles), j'en consomme un maximum. Vous voyez ce petit scanner à main ? À chaque fois que je le sors quelque part, les gens vous regardent avec curiosité voire vous bombardent de questions. C'est pourtant un outil tout à fait banal, que j'utilise depuis une quinzaine d'années maintenant.
Mais quel rapport avec ce qui suit ? Vont se demander certains. 

Il se trouve qu'en ce matin du 28 juillet 2019, tout en réorganisant mes archives sur CD-Rom (répertorier, classer et référencer...), je tombe sur ce texte dont j'avais oublié l'existence, et daté du 28 juillet 2014.

Par parenthèse, 'Halimi' est un patronyme typiquement nord-africain, je veux dire berbère. Le dictionnaire nous dit que 'Halimi' est un nom formé avec le suffixe d’appartenance -i associé au prénom arabe halîm qui veut dire clément, bienveillant.

Origine berbère, soit. Il se trouve que, malgré tous mes efforts, j'ai pu identifier des Boujenah juifs et des Boujenah musulmans, comme des Benguigui, Boukobza, Belkacem, Ben Yamin (Benyamin), Ben Attar (Benattar)... juifs et d'autres musulmans - il me semble avoir déjà écrit là-dessus sur ce blog. Tandis que des Halimi, je n'en connais pas de musulmans. Patronyme berbère, donc, mais uniquement "juif". Étonnant non ? Voilà qui aurait mérité un petit travail de recherche universitaire (en ethnolinguistique, par exemple), histoire de m'occuper un peu, si j'avais encore vingt ans, dans le cadre d'un Master I ou II ; autrefois, on disait Maîtrise/DEA... Cela dit, on n'est pas obligé de passer par l'Université !

Mais pourquoi nous raconte-t-il tout ça ?, s'impatientent quelques visiteurs ?

Parce que je suis tombé, ce matin-même, sur une vieille archive datant d'il y a cinq ans, jour pour jour. Le document est très court et est signé Gisèle Halimi. Et c'est là que j'ai pensé, avec un peu d'inquiétude, que lorsque la "grande" presse ne parle plus de quelqu'un, c'est que la personne est  morte, ou (très) vieille ou (très) malade.

J'espère seulement que Gisèle Halimi, que je n'ai pas besoin de présenter (pour ça, il y a les moteurs de recherche !) n'est ni trop vieille pour passer (encore) à la télévision, ni même malade. (Citation : La mère, Fortunée née Matoudi, s’affichant descendante de la diaspora andalouse judéo-arabe, considérait s’être mésalliée en se mariant, à seize ans, avec un fils de berbère. Voir un des liens plus bas.)
 
Soit dit en passant, en ce moment-même, les Palestiniens continuent de subir l'indicible, l'innommable, pour reprendre une phraséologie propre à feu Claude Lanzmann, mais qu'il revendiquait pour une toute autre cause.

En effet, non content de leur avoir volé leurs terres, détruit leurs écoles, criblé leur territoire de "check points", dressé moult murs et barrières à travers leur territoire, voilà que l'occupant israélien poursuit son travail de déshumanisation des Palestiniens, en détruisant des maisons pour cause de "trop grande proximité avec le mur" (sic).

Dans la rubrique "C'est Hitler qui doit se tordre de rire dans sa tombe!" : "Des soldats israéliens pouffent de rire et se congratulent durant la destruction d'un immeuble (palestinien) en Cis-Jordanie (occupée)"


Alors, bien évidemment, du côté de la grande presse et des "grands" responsables politiques, c'est "motus et bouche cousue". Le hasard n'en est que plus méritant, qui m'a mis sur la piste de cette vieille archive, toujours d'actualité. 

GAZA. « JE NE VEUX PAS ME TAIRE »

Lundi, 28 Juillet, 2014


Appel. Gisèle Halimi est engagée depuis toujours pour la cause anticolonialiste et les droits de l’homme.

Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire. Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Malgré le désert estival, je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre. L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ?
(Source)
 
N.B. Zohra Bitan est une de ces grognasses qui se répandent régulièrement sur les réseaux sociaux (vous comprendrez peut-être maintenant pourquoi je déteste ces réceptacles de diarrhée verbale que sont lesdits réseaux sociaux !), tout en intervenant fréquemment sur une radio parisienne, se définissant elle-même - toute honte bue - comme une "arabe de service". Il se trouve qu'elle est bien moins "juive" que Gisèle Halimi, mais bien moins cultivée aussi, et bien moins regardante que cette dernière à propos du supplice que subit le peuple palestinien depuis des lustres. Et c'est pour qu'elle s'instruise un peu que j'ai adressé tantôt un message à Mme Bitan, l'invitant à lire Jean Dutourd, qui raconte dans son fameux roman "Au bon beurre" les péripéties d'un couple d'épiciers français sous l'occupation (allemande), histoire de comparer les deux occupations, israélienne en Palestine, et nazie en France !


N.B. Concernant les liens ci-dessous, ne manquez pas l'article et le forum de discussion relatifs au n°6 ('Le Monde Diplo') : pas moins de 945 contributions. À boire et à manger, bien sûr, comme sur tous les forums d'ailleurs (cf. RT, lien n° 4).

"Les détenus ne sont pas censés ériger de construction trop près des murs de la prison."

 

 Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07




lundi 15 octobre 2018

Comme une histoire sans paroles : à propos de Mahmoud Hams, distingué par le Prix Bayeux des reporters de guerre


Les familiers de ce blog savent que son auteur est du genre peu bavard, en tout cas, peu expansif !

Et, cette fois-ci encore, ça va être assez court : l'image qui suit illustrait déjà un article paru sur ce blog il y a quelques semaines. Je l'avais dénichée tout à fait par hasard sur le net ; et voilà que je découvre le nom de son auteur : le photographe palestinien Mahmoud Hams, récemment primé par le jury du Prix Bayeux des correspondants de guerre.

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Que dire de cette image, qui ne frise la redondance inutile, la photo étant incroyablement explicite ? Le fils de pasteur que je suis ne peut que donner un petit conseil à ce pauvre Benjamin Mileikovsky, ci-devant premier ministre de l'Etat israélien : en effet, tout porte à croire que l'épisode qui voit le minuscule David (l'Hébreu) terrasser l'immense Goliath (le Philistin) n'ait été qu'un lamentable "fake" (le propre des mythes et des légendes étant leur caractère éminemment malléable, pour ne pas dire manipulable !) (1), ce que cette photo nous démontre amplement. Rendez-vous compte : trois, quatre..., cinq mille ans plus tard, une énorme machine de guerre - "le peuple élu de Dieu" ! -  copieusement équipée par les Etats-Unis, avec l'assentiment tacite d'une "communauté internationale" devenue sourde et mal-entendante, s'avère incapable de venir à bout d'un petit peuple de résistants désarmés, faméliques et estropiés !

Celui qu'on voit là doit être un survivant de la première Intifada... Ils lui ont tiré dessus à  balles réelles, mais ils ne l'ont pas tué !

Entre nous, un tel instinct de résistance, ça ne vous donne pas la chair de poule ? 

Ah oui, j'ai failli oublier, mon conseil à B. Mileikovsky : "Laissez tomber ; vous ne vivrez pas assez longtemps pour venir à bout de la résistance des Philistins, surtout depuis que votre Dieu semble vous avoir fait faux bond, ce qui va finir par devenir une fâcheuse habitude de sa part !" (2)


(1) Que ceux que la chose intéresse prennent le temps de bien lire l'épisode biblique en question (cf. la confrontation entre David et Goliath)...; je dis BIEN LIRE..., et là, ils devraient se rendre à l'évidence : cet épisode met face à face un envahisseur et un résistant (à l'envahisseur) qui ne fait que défendre sa terre. (1 Samuel 17:1-18:4)  

(2) La colère de l'Éternel s'enflamma contre Israël, et il les fit errer dans le désert pendant quarante années, jusqu'à l'anéantissement de toute la génération qui avait fait le mal aux yeux de l'Éternel. (Nombres 32:13)


By the way

1. Question : quel rapport y a-t-il entre la photographie de Mahmoud Hams et le reportage de guerre ? Veut-on nous faire croire qu'il y a une guerre entre cet homme cloué dans un fauteuil roulant et ceux qui l'ont mutilé naguère en lui tirant dessus ? Parce que vous appelez ça une GUERRE ?????

2. Soit dit en passant, on parie combien que Benjamin Mileikovsky n'a pas dû lire la Bible bien souvent ni avec toute l'application nécessaire, ce type (mais il n'est pas le seul dans ce cas...) n'étant pas plus juif qu'une bouteille de coca-cola ?!

3. Si Benjamin Mileikovsky n'a pas dû souvent lire les textes sacrés du judaïsme, c'est probablement par pure superstition, en pensant notamment à son illustre devancier, Ariel Scheinermann (1928-2014), grand massacreur de Palestiniens (cf. Sabra et Chatila), fervent promoteur de la colonisation juive en Palestine, et qui a fini, bardé de tuyaux, sur un lit d'hôpital, durant un long coma de huit années. Tout bon croyant (je n'en fais pas partie, bien que fils de pasteur !) y verrait une punition divine !

Autres lectures : 

Aussi l'Éternel s'est-il fortement irrité contre Israël, et les a-t-il éloignés de sa face. -Il n'est resté que la seule tribu de Juda. (2 Rois 17:18)

Avant Josias, il n'y eut point de roi qui, comme lui, revînt à l'Éternel de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse; et après lui, il n'en a point paru de semblable. Toutefois l'Éternel ne se désista point de l'ardeur de sa grande colère dont il était enflammé contre Juda, à cause de tout ce qu'avait fait Manassé pour l'irriter. Et l'Éternel dit: J'ôterai aussi Juda de devant ma face comme j'ai ôté Israël, et je rejetterai cette ville de Jérusalem que j'avais choisie, et la maison de laquelle j'avais dit: Là sera mon nom. (2 Rois 23:25-27)

Cela dit, et pour être tout à fait honnête, les sautes d'humeur du "Dieu des Hébreux", telles que relatées dans les "Saintes Ecritures", devraient être fortement nuancées, ainsi que l'explique très bien et avec force érudition Laurent Guyénot, lorsqu'il avance, entre autres choses, ceci :

Dans la Bible, le destin du peuple juif est lié exclusivement à l’obéissance aux lois et aux ordres de Yahvé, de sorte que chaque revers de fortune d’Israël est expliqué par une rupture de contrat de la part du peuple, et sert à renforcer la soumission du peuple. Lorsqu’un autre peuple s’en prend aux Hébreux, ce n’est jamais présenté comme une réaction aux torts que les Hébreux lui ont fait, mais comme la conséquence de l’infidélité du peuple envers Yahvé. La culpabilité envers Yahvé absorbe donc toute capacité des Juifs à se remettre en question en tenant compte des griefs des Gentils. Si le peuple juif a péché, c’est envers Dieu, jamais envers les autres peuples. Et s’il a péché envers Dieu, ce n’est jamais en maltraitant ses voisins, mais au contraire en sympathisant avec eux, en « s’assimilant ». Ce sont des « vauriens » qui « se vendirent pour faire le mal » et méritent la mort, ceux qui disent : « Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent, car depuis que nous nous sommes séparés d’elles, bien des maux nous sont advenus » (1Maccabées 1,11). (Source)