Translate

Affichage des articles dont le libellé est charlie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est charlie. Afficher tous les articles

samedi 17 janvier 2015

Terrorisme : concept à géométrie variable. La version de François H.


Dans notre série : vérité en-deçà, erreur au-delà, ou l'inverse...

Tarnac, ça vous rappelle quelque chose ? Des sabotages sur des installations de la SNCF. L'affaire n'a toujours pas été jugée.

Elle n'en a pas moins suscité des commentaires intéressants de la part du "premier secrétaire du parti socialiste à l'époque" (sic), formule que j'emprunte à l'intéressé lui-même, tel qu'il s'est désigné en marge de l'affaire Tristane Banon/Dominique Strauss-Kahn.

Voilà, donc, qui a inspiré le premier secrétaire... de l'époque à s'épancher au micro de John-Paul Lepers au sujet de l'exploitation par certain pouvoir du concept de terrorisme, aux fins de camoufler ses échecs sur le plan économique et social. Document audio transcrit par mes soins. (Source)


Q.: John-Paul Lepers
R.: François Hollande

Q. Est-ce que aujourd’hui, dans notre pays, vous François Hollande, vous trouvez que les choses sur les libertés sont en danger ?
R. Je crois qu’au nom d’une cause qui est juste, nécessaire – lutter contre le terrorisme – on est en train de faire des amalgames et des confusions, c’est-à-dire que celui qui n’est plus dans la norme, qui peut avoir un comportement déviant, qui peut parfois même être au-delà de la loi peut être assimilé à un terroriste, ce qui là est une atteinte grave aux libertés.
Q. Pourquoi on fait ça ? Pourquoi le pouvoir politique fait ça selon vous ?
R. Je crois qu’il y a d’abord une espèce de, de… de mouvement euh… politique, c’est-à-dire de donner le sentiment que… il y a une menace et que le pouvoir y répond ; donc il y  a une intention politique, qui est…
Q. Ils inventeraient la menace alors ?
R. Non, je crois qu’ils ne l’inventent pas ; il y a quand même des actes qui se sont produits, euh, des caténaires, mais on lui donne un sens qui n’est pas le bon, on lui donne une portée, on en fait un acte terroriste comme pour justifier l’intervention sécuritaire du pouvoir et son efficacité. Et puis deuxièmement, et deuxièmement il y a une forme de, de dérive sécuritaire qui justifie des lois sans cesse plus répressives au nom d’une menace qui parfois est réelle, et parfois, on le voit bien, est virtuelle voire même inexistante.
Q. Vous avez quand même dit que, d’une certaine manière, le pouvoir politique pourrait favoriser la qualification d’actes répréhensibles en… en  actes terroristes, pourquoi, pour que la population se sente en sécurité avec ce, avec ce gouvernement ?
R. Je crois qu’on a suffisamment affaire avec le terrorisme réel pour qu’on n’aille pas en inventer un qui n’existe pas, qui relève peut-être d’autres procédures. Donc…
Q. Mais pourquoi il l’invente, le pouvoir alors ?
R. Peut-être pour montrer une efficacité qui sur d’autres terrains, notamment économiques et sociaux, n’est pas forcément au rendez-vous.
Q. C’est grave vos accusations, monsieur Hollande là.
R.    Je pense que c’est grave, enfin mettre en cause des hommes et des femmes, les priver de liberté, les accuser de terrorisme, c’est grave ! L’erreur à mon avis qui a été commise par la ministre de l’Intérieur a été de théoriser, à partir de je ne sais quel livre, de je ne sais quel comportement ou de réseau supposé, de théoriser l’existence d’une gauche, ultragauche dont il faudrait absolument, euh… mettre hors d’état de nuire ses prétendus doctrinaires ou exécutants. Je crois qu’avant de porter une telle accusation, je ne dis pas qu’il n’y a pas à un moment des surveillances à observer ; y a sûrement des surveillances à observer, et même des répressions à exercer quand il y a des mises en causes, des matériels ou des biens qui appartiennent à l’Etat ou qui appartiennent à une entreprise publique. Il faut que les choses se fassent, mais de là à imaginer un scénario où le terrorisme serait là, présent, euh, dans le cœur même de nos villages, je  pense que là il y a eu, il y a eu une dérive. Alors, la ministre de l’Intérieur, si maintenant les procédures démontrent que ces jeunes ne sont pour rien, y compris pour les actes dont on les a supposés coupables, alors là, je pense qu’il faudra des excuses de la part du ministre de l’Intérieur. Si maintenant on lit les livres et on recherche leurs auteurs et on interprète leurs textes et on va les chercher manu militari, y compris dans ma (?) Corrèze pour les mettre sous les verrous, c’est vrai que c’est inquiétant. Faites attention à ce que vous allez imprimer, diffuser, on ne sait jamais, vous pouvez y passer aussi. C’est ça d’ailleurs qui est troublant dans cette affaire de Tarnac, c’est qu’on se dit
Q. Vous êtes inquiet vous, parce que… ?
R. On ne sait jamais qu’est-ce qui peut se produire, euh, je ne crois pas que mes textes encore m’exposent, mais quelqu’un qui, la littérature est pleine de quelques fois de délires d’ailleurs ; on commence à lire ces textes, à supposer que cette fiction devienne peut-être une incitation au passage à l’acte, enfin, et qu’on peut se retrouver comme ça, mis aux fers, c’est vrai que c’est assez troublant.
Q. Ben vous avez l’air en forme, vous êtes souriant, et puis vous êtes clair ce soir ; je vous remercie monsieur Hollande.
R. Plus que le parti socialiste, vous voulez dire ?



jeudi 15 janvier 2015

France. Le syndrome de Ferguson §3


De la frontière ténue séparant démocraties et dictatures.

Episode 3. En anglais, on dit "double standards": deux poids, deux mesures.

Revue de presse : voici le genre de choses qui me confortent largement dans ma décision de ne plus lire la presse française, cette presse si vide, si inepte, si peu informative, si racoleuse et si obséquieuse devant ceux qui semblent détenir du pouvoir. (Mais je vous rassure : j'ai recommencé à la lire, ne serait-ce que pour accumuler quelques éléments importants qui me serviront lors d'une démonstration future.) 

Ce qui suit est tiré d'une petite navigation d'un quart d'heure sur l'Internet, où il est abondamment question de l'interpellation de Dieudonné M'bala M'bala pour... apologie présumée de...  qui serait contenue dans cette séquence de cinq mots : "Je me sens Charlie Coulibaly".

Le moins qu'on puisse dire est que le procès en correctionnelle à venir, concernant Dieudonné M'bala M'bala, ne passera pas inaperçu, voire vaudra à ce dernier un engouement médiatique international qui devrait en surprendre plus d'un.

Ce qui suit n'est qu'un minuscule fragment de ce qu'on peut consulter en ligne, cela va sans dire. Le fait est que ces quatre "papiers" rendent parfaitement compte de l'atmosphère ambiante. Détail important : les commentaires des internautes sont presque plus intéressants (dans la mesure où ils permettent de mieux se rendre compte de la température ambiante, et ce, à des milliers de kilomètres de distance !) que les articles eux-mêmes, et ça, c'est le véritable génie de l'Internet : l'interactivité.

action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, dieudonné, valls, terrorism

FT 
action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, dieudonné, valls, terrorism


action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, dieudonné, valls, terrorism


action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, dieudonné, valls, terrorism

action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, dieudonné, valls, terrorism


Pour mémoire : "equal opportunity" correspond à "égalité des chances" ou à principe d'égalité (entre citoyens), ce qu'on appelle encore l'équité. Quant à "offender", il veut aussi bien dire "délinquant" que "coupable" voire "contrevenant". Il me semble, par conséquent, que le titre du dernier papier contient un contresens sous la forme d'une redondance (évitable), dans la mesure où il se traduirait par "La France enfreint le principe de l'inégalité entre citoyens", alors même que le papier veut dire tout le contraire, à savoir que la France viole le principe de l'égalité entre ses propres citoyens (France is an equal opportunity offender = an unequal opportunity defender...).

En un mot comme en cent, la tonalité est plutôt négative pour la "patrie des Droits de l'Homme" !

mercredi 14 janvier 2015

France. Le syndrome de Ferguson §2



De la frontière ténue séparant démocraties et dictatures.

Episode 2. Présomption de culpabilité : tout suspect de "terrorisme" sera criblé de balles jusqu'à ce que mort s'ensuive


Article 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme


La présomption d'innocence, telle qu'entendue actuellement dans la plupart des pays d'Europe, se fonde sur l'article 11 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 de l'ONU qui la formule de la façon suivante :

"Article 11. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.

Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis." 

Outre la présomption d'innocence, le premier alinéa fonde les droits de la défense. Le deuxième alinéa fonde le principe de légalité des délits et des peines. Le droit canadien formule cette définition de façon explicite dans son Code criminel et dans sa Charte canadienne des droits et libertés :
« Tout inculpé a le droit d’être présumé innocent tant qu’il n’est pas déclaré coupable, conformément à la loi, par un tribunal indépendant et impartial à l’issue d’un procès public et équitable. » (source)

Dans sa définition commune, la présomption d’innocence signifie qu’une personne, même suspectée de la commission d’une infraction pénale, ne peut être considérée comme coupable lors d'une procédure d'instruction pénale et avant d’en avoir été déclaré comme tel par des juges suite au terme de cette procédure. 


En tout état de cause, la charge de la preuve de la mise en jeu de la responsabilité pénale incombe à l'accusation, c'est-à-dire au ministère public.

Au cours de la procédure d'instruction, la présomption d'innocence se matérialise par l'examen des preuves à charge et à décharge ainsi que par la possibilité des investigations de la part du juge chargé de l'enquête.

(…)

Selon la règle "In dubio pro reo", le doute joue en faveur du prévenu qui devra être relaxé ou acquitté « au bénéfice du doute », car il vaut mieux absoudre un coupable que de condamner un homme qui est peut-être innocent.

Il est fréquent de constater la publicité donnée à une accusation de personnes dans les organes de presse imprimés ou audiovisuels mais aussi et surtout sur internet.

Le cas échéant, une telle publicité pourra être considérée comme une diffamation.

(…)

L'article 9-1 du code civil dispose que :


« Chacun a droit au respect de la présomption d'innocence. Lorsqu'une personne est, avant toute condamnation, présentée publiquement comme étant coupable de faits faisant l'objet d'une enquête ou d'une instruction judiciaire, le juge peut, même en référé, ordonner l'insertion d'une rectification ou la diffusion d'un communiqué aux fins de faire cesser l'atteinte à la présomption d'innocence, sans préjudice d'une action en réparation des dommages subis et des autres mesures qui peuvent être prescrites en application du nouveau code de procédure pénale et ce, aux frais de la personne physique ou morale, responsable de l'atteinte à la présomption d'innocence. »  (source)

Que dire de tout ce qui précède ? Sinon que la France, ce pays grand donneur de leçons de droits de l'Homme aux quatre coins du monde, mais dont le ministre des Affaires étrangères s'est retrouvé au coeur d'un attentat international ayant causé la mort d'un homme, que cette France, donc, se montre volontiers amnésique dès qu'il s'agit d'appliquer à la lettre les principes de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

En voulez-vous une démonstration ?

Quelques images qui rappelleront des choses à certains.

1. Présumés innocents, donc arrêtés vivants et livrés à la Justice


action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, dieudonné, valls, terrorism

action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, terrorism

action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, terrorism

Pour mémoire, l'arrestation de Rouillan et Ménigon, Rue Pergolèse, à Paris, a donné lieu à une fusillade assez nourrie (je m'en souviens parfaitement, l'information étant tombée en direct à la radio). Rouillan et Ménigon furent pourtant arrêtés vivants.

action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, terrorism


Autre suspect célèbre arrêté vivant et livré à la Justice :



action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, terrorism

2. Criblés de balles et, de ce fait, jamais jugés
action, coulibaly, death, dictature, directe, droits, démocratie, extrajudiciaire, exécution, ferguson, france, homme, kelkal, kouachi, merah, mort, peine, penalty, rights, ménigon, rouillan, corse, gign, raid, dieudonné, valls, terrorism


Entre nous, en rapprochant la liste (1) et la liste (2), vous n'êtes pas frappé(s) par un détail, ou est-ce moi qui ai mauvais esprit ?

Pour mémoire :

1. La peine de mort a été abolie en France en 1981, et cette abolition devrait logiquement profiter à n'importe quel suspect.

2. Présumés innocents de leur vivant, Khaled Kelkal, Mohammed Merah, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly le sont et le restent, a fortiori, après leur mort, et ce à titre perpétuel !

Par voie de conséquence, toute assimilation de ces individus à des criminels et, a fortiori, des terroristes, violerait gravement leur droit - désormais perpétuel - à la présomption d'innocence ainsi que consigné en l'article 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

On s'interroge, par conséquent, sur les arguments qui peuvent avoir conduit à la mise en garde à vue de Dieudonné M'bala M'bala, dans la mesure où l'on ne voit pas très bien ce qu'il pourrait y avoir de "terroriste" dans l'action de personnes présumées INNOCENTES, et que M'bala M'bala aurait évoquées dans un message sur sa page Facebook.
action directe, aubron, charlie, cipriani, coulibaly, culpabilité, dieudonné, droit, déclaration universelle, ferguson, homme, innocence, kelkal, kouachi, merah, ménigon, présomption, rouillan

Mais peut-être allons-nous apprendre bientôt que le Code Pénal français a été modifié en catimini, et que l'évocation de la mémoire d'un sujet présumé innocent y est désormais assimilée à de l'"apologie de terrorisme" !

Wait and see!


Cerise sur le gâteau

Il paraît qu'évoquer "Charlie/Charles Coulibaly" sur un tweet ou quelque chose comme ça, c'est de l'ordre de l'apologie de je ne sais trop quoi ! Pour ne rien vous cacher, je me suis presque roulé par terre, de rire, en entendant la nouvelle. Ah les cons !, ai-je pensé spontanément.

Vous voulez savoir pourquoi ? Il m'a fallu trois minutes et des poussières pour réaliser ces deux captures d'écran...
action directe, aubron, charlie, cipriani, coulibaly, culpabilité, dieudonné, droit, déclaration universelle, ferguson, homme, innocence, kelkal, kouachi, merah, ménigon, présomption, rouillan

action directe, aubron, charlie, cipriani, coulibaly, culpabilité, dieudonné, droit, déclaration universelle, ferguson, homme, innocence, kelkal, kouachi, merah, ménigon, présomption, aladou, mariam, rouillan

Comme vous pouvez le voir, dans le staff de Amadou et Mariam, il y a (eu) un Charles Coulibaly.

Sachez, braves gens, que le patronyme "Coulibaly" est très fréquent dans l'Ouest africain, où il est porté majoritairement par des musulmans, ainsi que par quelques chrétiens (Côte d'Ivoire, Burkina Faso). En Afrique, nous connaissons, tous, un Claude Coulibaly, un François Coulibaly, voire un, deux... Charles C.

En tout cas, je connais au moins deux Charles, alias "Charlie" Coulibaly, qui ont dû se rouler par terre, de rire, en apprenant que leur patronyme était assimilé à... quoi déjà...? de l'apologie de terrorisme. Rien que ça ! 

Bandes de nazes, aurait dit l'autre !



P.S.

Lu sur le net le 22 janvier 2015 : l'auteur de ce qui suit est un ancien avocat général, donc représentant du ministère public lors de procès criminels. Et voilà ce qu'un ancien magistrat du siège ose écrire :

(...) 
Ce qui démontrera à quel point ce débat, écartelé entre droit et politique, est complexe sera le procès de Dieudonné bientôt jugé en correctionnelle. Celui-ci avait écrit sur sa page Facebook, le 11 janvier : « Sachez que ce soir je me sens Charlie Coulibaly. »
L’apologie de terrorisme, qui lui est reprochée, n’est pas absurde puisque, réunissant, dans sa phrase, en quelque sorte les premières victimes et l’un des assassins, il peut sembler justifier, avec ce lien indécent, ce comportement criminel. Une autre analyse, cependant, pourra être tentée par la défense de Dieudonné si ce dernier ne décide pas de revendiquer cet écrit.


C'est ici que je ne peux qu'inciter ce brave ex-avocat général qu'est Philippe Bilger de profiter de sa retraite toute neuve pour reprendre le chemin de la Faculté de Droit, histoire d'y (ré)apprendre des choses qu'il a dû oublier depuis.

Lorsqu'il écrit notamment "...réunissant dans sa phrase, en quelque sorte, les premières victimes et l'un des assassins, il peut sembler justifier, avec ce lien indécent...", il va sans dire que la langue de notre ex-magistrat du siège a fourché, puisque je puis affirmer, sans l'ombre d'une hésitation, que l'avocat général Bilger ne se serait jamais permis de traiter quiconque d'assassin au cours d'un procès, les personnes présentes dans le box... comment dit-on déjà ? "Box des accusés" - n'étant encore coupables de rien, le métier de l'accusation étant précisément de prouver la culpabilité des accusés.

On perçoit bien ici le gouffre qui sépare la théorie et la pratique, la France n'étant une république qu'en théorie - liberté, égalité, fraternité, présomption d'innocence, etc. -, les faits montrant un pays impliqué dans une myriade de coups fourrés aux quatre coins du monde : soutien aux pires dictateurs en Afrique, il n'y a pas si longtemps, interventions militaires aux côtés de l'Otan un peu partout, implication dans la déstabilisation de l'Ukraine aux côtés des néo-nazis de Bandera, etc. 


vendredi 9 janvier 2015

Le monde contre le terrorisme, oui, mais quel terrorisme ? The world against terrorism! What are you talking about?


Dans notre série : "Les arroseurs arrosés..." (The biters bit...)


obama, drone, afghanistan, iraq, irak, terrorism, agression, allori, bible, charlie, colonialism, cristofano, djihad, hollande, holoferne, imperialism,  jihad, judith, massacre, paris, propaganda, syria, syrie

Alors, comme ça, il paraît que c'est l'union sacrée des forces démocratiques, voire de la Civilisation, contre la barbarie ? Parce que quelques personnalités un peu connues de la sphère médiatique française ont été assassinées on ne sait trop par qui ? (On m'a toujours appris que vous étiez présumé INNOCENT tant qu'un tribunal ne vous avait pas formellement jugé COUPABLE, et encore disposez-vous, dans ce cas, de voies de recours, en appel, en cassation...).

Alors, bien évidemment, le ban et l'arrière-ban de la société bien-pensante, journalistes et politiciens en tête, ont entrepris de se livrer à un numéro de strip-tease bien peu excitant, avec force larmes de crocodile et déclarations d'attachement indéfectible aux valeurs morales de l'Humanité. Rien que ça !

Le problème est que les mêmes, il n'y a pas si longtemps, s'activaient à détruire un pays, la Libye, tout comme ils continuent de s'activer à détruire la Syrie, après avoir tenté de détruire l'Irak et l'Afghanistan. Et comme leur connerie est sans limites, voilà qu'ils tentent d'isoler la Russie, coupable de ne pas les laisser aller répandre leur merde en Ukraine.

Bien évidemment, quand la merde que l'on tente de répandre sur les autres gicle sur vous, alors là, on a droit au grand lamento sur la Nation en danger, comme à Boston, où, un jour de marathon, une bombinette a tué et blessé des gens, ce qui est toujours regrettable, certes, mais ne saurait nous faire oublier que, tous les jours, ou presque, un assassin que les journalistes de son pays appellent "Mister President" arrose des villages afghans, yéménites, somaliens et pakistanais de tirs de missiles lâchés par des drones, faisant chaque semaine dix, vingt, trente fois plus de morts et de blessés que l'attentat de Boston !

L'éternelle histoire de la paille et de la poutre...


Il se déclare "désolé" pour les quelque 1600 personnes tuées par erreur (mauvaise visibilité, etc.) à l'aide de son joystick de pilote de drone... "Bryant, who worked for almost five years in America's secret drone program bombing targets in Afghanistan and other countries, such as Pakistan and Iraq, said operators lacked visibility and were not sure about the identity of the people they were shooting at."(Source)

Je vois encore, il n'y a pas si longtemps, un guignol à qui les journalistes donnent du "Monsieur le président" claironner, sur le perron de l'Elysée (c'est à Paris, pour ceux qui ne connaissent pas la France), que l'"on" allait apporter un soutien, y compris militaire, à l'opposition syrienne..., dans ce qui n'est qu'une poursuite de ce délire psychopathique bien dans la tradition "socialiste" française d'interventionnisme colonialiste dans les affaires des autres Etats, surtout quand ils sont réputés faibles !

La France soutient et finance des opérations barbouzardes en Syrie, après avoir participé à une opération barbouzarde internationale en Libye, puis à une autre en Côte d'Ivoire, et actuellement dans le Sahel, sans oublier l'Afghanistan, que les rats sont en train de quitter, la queue entre les jambes. Et voilà qu'après que deux ou trois gugusses ont tiré des coups de feu ici ou là, tuant une douzaine de personnes - contre des centaines de milliers dans les opérations sus-mentionnées -, le ridicule "Monsieur le Président" vient nous faire le coup de la patrie en danger et de la RRRRRRépublique outragée.

Pitoyable spectacle !

Résumons : il n'y a pas si longtemps, en Libye, la mafia internationale baptisée OTAN a voulu créer un merdier. C'est fait. Du coup, le nouveau slogan est "Tous aux abris !". Plus une seule ambassade ouverte à Tripoli. Mieux, ou pire : les Américains ont vu leur ambassadeur lynché comme un rat, et où ? À Benghazi, la ville que la résolution 1973 était censée protéger de l'infâme dictateur Kadhafi ! Désastreuse ironie du sort ! Et voilà l'Afrique du Nord et son Sahel déstabilisés pour longtemps par des criminels doublés de crétins, qui ne perdent rien pour attendre.

Il faut quand même savoir qu'au moment où j'écris ces lignes, un peu partout, et pas qu'en France, des gamins se claquent dans les mains et font le 'V' de la victoire après le coup fumant réalisé - j'ai failli écrire 'réussi' ! - l'autre jour, en plein centre de Paris, sur un local qui était censé bénéficier d'une protection policière. Et il ne faut pas se leurrer : de cette affaire, il va sortir deux ou trois héros qui ne demanderont qu'à faire des émules ; qu'ils en sortent vivants ou trucidés par les groupes d'intervention ne change strictement rien à l'affaire !

Vous êtes dans la merde, monsieur le président ! 

Mais j'en ai trop dit. Il y a juste une image qui résume très bien ce que nous sommes quelques milliards (entre Asie, Afrique, Amérique latine, voire Europe et Amérique du Nord) à penser actuellement.




Épilogue (provisoire)

Ce vendredi 9 janvier 2015, en fin d'après-midi, la police aurait donné un double assault à deux endroits distincts de Paris et de sa région, où des prises d'otages ont eu lieu. Bilan : trois preneurs d'otages présumés = trois morts.

On s'étonnera quand même de voir la police française si peu curieuse de savoir ce qu'il y avait derrière tous ces attentats, au point de ne pas s'appliquer à prendre ces gens vivants, histoire de les interroger... Car, à l'instar de feu Mohammed Merah, voilà que trois personnages dont les dépositions auraient été si précieuses dans la lutte contre le "terrorisme" sont "neutralisés". Reste tout de même un problème : à l'instar de Mohammed Merah, les trois individus "neutralisés" par la police, ce 9 janvier 2015, continuent de bénéficier de la présomption d'innocence, et ce, à titre perpétuel.

Cette bonne blague ! devez-vous penser. En effet, on parie combien que, dans pas très longtemps, nos braves journalistes et politicards, vous savez ? ceux-là mêmes qui nous dispensent des leçons de déontologie et de morale rrrrépublicaine à longueur de journée, vont se répandre dans les médias sur la mort des "tueurs de journalistes" ou des "auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo", conformément à une ligne éditoriale constante qui leur est chère, celle de la présomption de culpabilité ! (**)

Et j'imagine que, du côté des policiers français, on se prend à espérer que, lors d'un prochain attentat, les "terroristes" auront de nouveau la bonne idée de laisser  traîner une pièce d'identité dans une voiture volée !!! (Là, je viens de lire sur un forum de discussion quelque chose d'intéressant ; la personne faisait remarquer que les présumés gugusses de chez Charlie Hebdo avaient été assez niais pour "égarer" une carte d'identité... même pas falsifiée... Non mais, c'est vrai ça ; vous ne trouvez pas ça un peu gros ?! Alors, imaginons une autre hypothèse, sachant qu'on n'est pas obligé de croire la police sur parole : il n'y aurait jamais eu de carte d'identité dans la voiture ! Alors ? Les deux frères ont-ils compris que quelqu'un les avait manipulés...? Moi, à leur place, j'aurais appelé un organe de presse et je me serais rendu en plein jour, devant plein de témoins...).


Cerise sur le gâteau : une évocation picturale de Judith assez réussie, je dois l'avouer, que l'on doit à Cristofano Allori (1577-1621), peintre italien de la Renaissance.


Quoi ? Vous ne saviez pas qui était Judith, un des plus célèbres personnages féminins de l'Ancien Testament, qui a tranché, de ses petites mains, la tête du "méchant" Holopherne ? Par parenthèse, vous avez instinctivement compris que Judith n'était pas... musulmane !



(**) Dans la série : "Qu'est-ce que je vous disais ?"



Petite précision à l'attention de nos (nombreux) amis vivant à l'étranger : Le quotidien Le Monde, que je ne lis plus depuis de très nombreuses années - et il n'est pas le seul dans ce cas - passe en France pour être le journal de référence d'une certaine intelligentsia. Voilà qui vous donne une idée du niveau de l'intelligentsia française !

Répétons-le encore et toujours, maintenant qu'ils sont morts, les frères Kouachi et le dénommé Coulibaly ne seront jamais condamnés par aucun tribunal et, du coup, la présomption d'innocence dont ils bénéficiaient de leur vivant devient définitive ! C'est comme ça, dans les pays... civilisés.