Translate

Affichage des articles dont le libellé est campagne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est campagne. Afficher tous les articles

mardi 17 mars 2020

Bilder ohne Worte. Images sans paroles #2


Épisode §2. Sans paroles, ou presque...




16ème arrondissement de Paris, un jour de marché public sur le Boulevard du Président Wilson. 

J'ai passé la matinée dans quelques-uns des musées du quartier (pour mémoire : Palais de Tokyo, Musée Guimet, Musée Galliera, Palais de Chaillot : Cité de l'Architecture, Musée de l'Homme...). J'attends le bus qui va m'amener Gare Saint-Lazare. Et voilà que... 

La vieille dame, qui doit venir du marché, ne peut pas déplacer tout son équipement d'un seul coup, avec sa canne dans une main, d'où de nombreux allers-retours. Lui prêter main-forte ? Le problème est que je porte sur moi un lourd et bien encombrant équipement photographique (trépied, gros sac à dos...). 

Il se trouve que, sur le trottoir d'en face, à l'arrêt de bus opposé, un groupe de jeunes femmes ont repéré la vieille et se posent visiblement les mêmes questions que moi. Et les voilà qui se dirigent vers la dame...














Ce que cette histoire m'inspire ? D'abord, je me demande comment fait cette vieille dame le reste du temps, étant entendu que les bonnes samaritaines rencontrées ce jour-là ne seront pas disponibles tout le temps ! Et les autres jours, elle fait comment notre petite dame ?

Voilà qui me rappelle également que la canicule de l'été 2003 en France a tué pas mal de monde, dont un contingent important dans les "beaux" quartiers de Paris, ce qui a fait dire à un de mes interlocuteurs qu'étant donnée la structure des familles, cette canicule avait tué "plus de Blancs que de Noirs". Je pense à un certain August von B. (nom d'artiste), que j'ai bien connu, terrassé par la canicule en plein quartier des musiciens (Paris 16ème, Avenue Mozart, Rue Prokofiev...). Je pense encore à cette dame, évoquée à la télévision, vivant seule dans son immense appartement du 15ème arrondissement (et dire qu'il y avait de la place pour héberger des étudiantes ou des jeunes filles au pair !), et que les pompiers ont retrouvée, morte, devant un réfrigérateur dont la porte était restée grande ouverte. 

À l'époque, j'habitais à Villiers-le-Bel (95), dans une de ces cités dites "sensibles", entendez pleines d'immigrés, à ceci près que la canicule a tué bien peu d'immigrés cette année-là. En tout cas, je ne connais personne (d'issu de l'immigration, comme on dit à la télé) qui soit mort à Villiers-le-Bel cette année-là du fait de la canicule.

Mais ne tirons pas de conclusions hâtives : la solitude, je dirais plutôt, l'"ultra-moderne solitude", pour reprendre le titre d'une formidable chanson d'Alain Souchon, ne touche pas que certains vieillards des "beaux" quartiers de Paris. 

Quelque part, dans un quartier de HLM au nord de Paris. L'homme est visiblement très âgé, on dira dans les 80 ans et plus. Je me demande depuis quand il chemine ainsi en poussant son déambulateur. Je lui demande où il va. Il ne parle visiblement pas français puisqu'il me répond en arabe et désigne du menton l'immeuble tout proche.

Je m'empare du déambulateur qui doit peser ses douze kilos, voire plus, autant dire aussi lourd que le sac de sport que j'utilise régulièrement pour faire mes courses, et que je charge toujours à ras bords. Je pose l'engin sur le palier puis j'envisage de donner un coup de main au papy, mais je me ravise aussitôt : visiblement, il n'est pas encore invalide, puisqu'il peut encore se promener en ville avec son déambulateur. Et puis, habitué à faire de la gymnastique tous les matins, je me dis que ce petit exercice consistant à gravir les marches d'un escalier ne peut pas lui faire de mal. Cela dit, je me tiens prêt à intervenir si jamais il donnait des signes de défaillance.

Le fait est que lentement, mais sûrement, il escalade les marches. Entre temps, j'ai sorti mon petit appareil photo...


 






L'homme est un "chibani" et fait partie de la cohorte de travailleurs immigrés transbahutés du Maghreb vers les usines de France et de Navarre dans les années 50 et suivantes. Il n'a pas pu me répondre en français, ce qui ne me surprend guère ! Ceux et celles qui ont un peu de mémoire se souviennent probablement de ce "héros" malien ayant sauvé du désastre des clients d'un hypermarché casher lors d'une fameuse tuerie (2015). Le Malien en question, d'une trentaine d'années tout au plus, était employé dans le magasin, et tout le monde aura noté qu'il s'exprimait dans un français approximatif. On parie combien que lorsqu'il aura l'âge de notre papy, son français ne se sera pas amélioré du tout ?!

Pour mémoire, au Québec, par exemple, les nouveaux arrivants bénéficient d'un programme massif d'intégration basé sur l'apprentissage de la langue pour les non francophones, politique appliquée par plein de pays à travers le monde. En France, après seize ans, âge butoir de l'instruction obligatoire, les allogènes sont livrés à eux-mêmes, à l'instar de nos chibanis et autres "migrants" d'Afrique et d'ailleurs.

J'ai écrit, tantôt, à une élue française d'origine nord-africaine pour attirer son attention sur ces chibanis dont le sort ne semble intéresser personne, arrivés en France il y a bien longtemps, et à qui personne n'a pensé à apprendre à lire et à écrire. Mais tout le monde sait qu'en France, c'est le ministère de l'Éducation nationale qui s'occupe de tout, n'est-ce pas ?

Autre chose ? Dans une de mes précédentes résidences, soit il y a une bonne dizaine d'années, je suis réveillé un beau matin par des coups puissants assénés sur ma porte. Je me dis qu'il n'y a que des flics pour taper aussi fort sur une porte. Sauf que je n'ai pas le souvenir d'avoir commis la moindre infraction ni le moindre délit ! Devant la porte, des "ninjas", je veux dire des sapeurs-pompiers en grande tenue, avec casque rutilant sur la tête et tout le décorum, notamment des cordes d'alpinistes. J'avoue être un tantinet surpris.

Bonjour Monsieur, me dit le chef d'escadron. On a un problème : votre voisin du dessous n'a pas donné signe de vie depuis un certain temps et les voisins s'inquiètent. Et comme on ne peut pas accéder à son logement, nous allons être obligés de passer par votre fenêtre et descendre en rappel pour briser la vitre du logement du monsieur.

Deux des pompiers sont descendus en rappel et comme ils ne sont jamais remontés par le même chemin, je n'ai plus eu de nouvelles du voisin. Ont-ils trouvé un cadavre en décomposition dans le logement ? C'est probable. Peut-être ai-je croisé ce voisin dans le hall un jour ou l'autre, à ceci près que la plupart des locataires prennent l'ascenseur, même pour descendre au rez-de-chaussée, tandis que moi, je privilégie l'escalier. Donc, je croise peu de monde quand je sors de... ou rentre chez moi.

La morale des deux diaporamas (presque) sans paroles précédents ?

Le jour où j'ai appris que Jacques Chirac s'était fait prêter un appartement parisien par une riche famille libanaise, j'ai juste pensé : "Quelle connerie !", tant je suis persuadé que la ville est un milieu éminemment toxique pour les gens âgées.

Jacques Chirac, c'est ce gaillard énergique à la voix de baryton, capable de vous engloutir moult victuailles lors d'une journée entière passée au Salon de l'Agriculture, et qui est venu finir à Paris en étant réduit à l'état de légume, cloué dans un fauteuil roulant. Vous parlez d'une fin misérable ! Et dire que la Corrèze est un si beau département, avec ses innombrables collines, ses rivières, ses forêts qui se prêtent si bien à des ballades sportives qui vous fichent une pêche d'enfer, que vous ayez été ou non victime d'un accident de santé !

Corrèze bucolique. Les Tours de Merle

Pourquoi estimé-je que la ville est un milieu hautement toxique pour les gens âgées ? 

Réponse au prochain numéro... 


Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 


mercredi 3 mai 2017

France. Présidentielle 2017. Lettre ouverte aux étudiants de 'Science Po' §4


Je me dois de rappeler aux visiteurs de ce blog que je ne suis pas du tout un sympathisant du Front National ni une groupie de Marine Le Pen [moi qui suis profondément marqué à gauche, même si ce n'est pas celle de Poutou ou d'Arthaud, ni la gauche dogmatique communiste, qui ne sait plus trop où elle habite, ni encore la gauche insipide, flasque et mollassonne  des socialo-bonapartistes, lesquels, à commencer par leur grand gourou, François Mitterrand, ont scrupuleusement contribué à la déconfiture de toute pensée progressiste en France...], ce qui me met parfaitement à l'aise face à la médisance, laquelle serait de nature à glisser sur ma peau à la manière de gouttes d'eau sur le plumage d'un canard !

Autre petit rappel : j'ai déjà eu l'occasion d'adresser du courrier à l'encore ministre de l'Economie d'alors, Emmanuel Macron, lequel possède, donc, mon adresse postale, contrairement à Marine Le Pen, à laquelle je n'ai jamais adressé le moindre courrier, même si j'ai également écrit à Louis Aliot, vice-président du F. N. Le fait est que j'ai écrit à Macron (et à Ségolène Royal, voyez la série sur Cuba...), ce que je n'aurais jamais fait avec des gens que je méprise prodigieusement, à l'instar de ce pauvre type, ex-maire d'Evry et ex-premier ministre, que je me garderai bien de nommer ici.

Il se trouve que j'ai une petite culture scientifique, ce qui me permet d'aborder les choses les plus diverses avec la plus parfaite objectivité, tout en continuant de défier quiconque de me prendre en défaut en la matière.

On poursuit nos investigations concernant les deux derniers candidats de cette présidentielle ?

J'entends tous les jours des spécialistes, ou supposés tels, s'interrogeant sur les mérites comparés des programmes de Macron et de Le Pen.

Non mais, laissez-moi rire !

Mais, surtout, soyons objectifs, et prenons, par exemple...

1. Les dix premières mesures de chaque programme.

    1. 1. Macron
   1. 2. Le Pen


Je ne reviendrai pas sur la misérable présentation du tract de campagne de Macron (noté 1/10 contre 10/10 pour Le Pen). Tenons-nous en au contenu.

Ce n'est pas aux fort(e)s en thèmes de 'Science Po' que je vais expliquer l'importance d'une campagne promotionnelle quelle qu'elle soit : ici, l'accroche est importante ; que dis-je ? essentielle ! Prenez les gros titres des journaux ou la Une d'un magazine, toutes choses censées "accrocher" l’œil de passants qui ne font que longer au pas de course la devanture d'un kiosque à journaux. 

Et maintenant, comparez-moi les dix premières propositions des programmes de Le Pen et de Macron, et dites-moi lequel/laquelle des deux a vraiment compris ce que l'on attendait d'un(e) président(e) de la République. 

Le fait est que, sans même prendre le temps de consulter ces propositions dans le détail, l’œil du/de la passant(e) aura été accroché par trois gros titres se détachant de l'ensemble et résumant parfaitement la pensée de leur auteur (Marine Le Pen) : 

Rendre à la France sa souveraineté nationale.
Vers une Europe des nations indépendantes,
au service des peuples

Réformes institutionnelles : rendre la parole au peuple
et établir une démocratie de proximité

Refaire de la France un pays de libertés
           
Ainsi, avec Le Pen, nous entrons, de plain-pied, dans le domaine de compétence d'un président de la République, quand le "jeune" Macron en est encore à aspirer à devenir ministre du Travail ou à rester celui de l'Economie ("nous - [entendez 'au sein d'une équipe gouvernementale'] améliorerons le pouvoir d'achat de tous les travailleurs...").

Le Pen entame la présentation de son programme par l'essentiel : souveraineté - institutions - libertés à restaurer, quand Macron se perd en considérations conjoncturelles comme le pouvoir d'achat des travailleurs, entendez 'ceux qui ont déjà du travail...', et tant pis pour les millions de chômeurs ou de travailleurs (cf. Whirlpool) partis pour perdre leur job bientôt !

Chers amis de 'Science Po', ne me dites pas que vous n'avez pas eu le même réflexe que moi en découvrant ces deux programmes, et que vous ne vous êtes pas dit, comme moi, qu'il y avait là quelqu'un qui faisait vraiment président(e), face à un autre, qui n'a pas encore compris de quoi il retournait !

Et pourtant, comme je l'indiquais ailleurs sur ce blog, je persiste à penser que Marine Le Pen ferait mieux d'attendre encore un peu, en raison du "merdier" dans lequel le prochain président va se retrouver du fait de l'indigence de ses prédécesseurs, notamment les deux derniers : Sarkozy et Hollande.

Voyez seulement ce qui se passe actuellement au large de la Libye ou du côté des Balkans et de la Turquie !

Autre comparatif, celui portant sur... 
    

2. Les slogans de campagne (second tour)

    2. 1. Macron



Alors là ! Dois-je vous avouer que je suis presque tombé de ma chaise en apercevant le slogan de second tour d'Emmanuel Macron ?

Et moi de me demander où diable notre "Kennedy Français" avait-il appris la langue de Molière !

Vous ne voyez pas où est le problème ?!

Petit retour en arrière, en fait, petits retours..., d'abord avec Jacques Chirac (2002), puis Nicolas Sarkozy (2007) : à chaque fois, il s'est agi d'affiches pour une campagne présidentielle.


En fait, j'entends et lis partout que Macron s'est inspiré de la campagne de Jacques Chirac de 2002. Que nenni !


En réalité, Macron et son équipe se sont inspirés de Sarkozy 2007, je veux dire qu'ils ont fait montre de la même inculture grammaticale, parce qu'il faut être phénoménalement inculte en grammaire et syntaxe pour oser utiliser ce mot (ensemble) à si mauvais escient !   

Vous ne voyez toujours pas où est le problème ?

Alors c'est qu'il va falloir, dare-dare, muscler le cursus des formations, à 'Science Po', avec des séminaires de linguistique française ; et ça urge !

Par parenthèse, j'espère qu'il y en a quand même quelques-uns sachant dans quelle catégorie grammaticale ranger le mot 'ensemble' ?

En fait, il y a deux catégories : c'est un substantif (nom commun), ex. les grands ensembles ; mais c'est aussi un adverbe.

Je suis allé chercher des exemples en ligne :

- Ils sont ensemble.
- Elles travaillent ensemble.
- Ils parlent tous ensemble.
- Ce sont des meubles qui vont ensemble.
- Le patron a rencontré tous ses employés ensemble.
- Ces couleurs vont bien ensemble.

S'agissant d'un  adverbe, conformément à l'étymologie (ad/verbum), il ne se présente, normalement, qu'en compagnie d'un verbe, comme on peut le voir sur les exemples qui précèdent.

Dans tous ces cas, l'adverbe est censé précéder (ou être flanqué d') une proposition verbale au sein de laquelle le sujet du verbe est "nous", ou "vous", ou "ils", voire flanqué d'un groupe nominal (sujet ou non du verbe)... généralement au pluriel !

Exemples : 
- ensemble, vous allez finir le job ;
- ensemble, ils résistèrent à la charge des assaillants ;
- ensemble, nous sommes invincibles ;
- quand on voit les deux jumelles ensemble, on ne saurait les distinguer...

Cela dit, dans des cas particuliers, par exemple en poésie, on peut recourir à des ellipses, ou à des escamotages, de manière à juste sous-entendre l'existence d'une proposition verbale, mais juste suggérée, comme dans ce genre de propositions :

- Ensemble vers la victoire (sous-entendu : ensemble nous nous dirigeons vers la victoire) ;
- Ensemble pour la patrie (sous-entendu : ensemble nous nous mobilisons pour la patrie) ;
tout le monde connaît le fameux slogan cher aux militants syndicaux : tous ensemble, tous ensemble, ouais ! ouais !

Il ressort de ce qui précède que la seule affiche respectant la syntaxe du français est celle de Jacques Chirac : La France en grand, la France ensemble.

Du côté de Sarkozy, et de son imitateur Macron, il y a, comme qui dirait, de sérieuses lacunes en syntaxe.

En un mot comme en cent, "ensemble tout est possible" et "ensemble, la France" sont des barbarismes qui en disent long sur l'inculture qui mine durablement certaines élites de ce pays. Et dire que Macron (à l'instar de Sarkozy) est entouré de cadors sortis probablement de l'ENA et de 'Sciences Po' !

Quelle misère, mes aïeux !

By the way, juste pour rire, rappelez-moi le métier de Madame Brigitte Macron ? Prof de français ?!?!

Vous comprenez maintenant, peut-être, pourquoi l'analphabétisme règne en maître dans nos écoles, collèges et lycées ?

Et, comme preuve que Macron a senti comme un malaise avec ce slogan de m..., ne voilà-t-il pas que l'autre jour, à La Villette, il a voulu le rafistoler quelque peu ?



Mais on a beau remplacer 'la France' par 'la République', la bourde syntaxique se voit comme le nez au milieu de la figure. Et s'il n'y avait qu'elle !

Le fait est que Macron adore les formules alambiquées, lesquelles, à elles seules, pourraient constituer un beau sujet de thèse !


macron, le pen, science, po, politique, élection, présidentielle, france, 2017, campagne, chirac, sarkozy, hollande, françois, slogan

  
... combat pour la République et pour la démocratie libre !!!

... parce que je sais à quel point la famille construit.

Par parenthèse, 'construire' est un verbe strictement transitif, ce qui veut dire qu'il faut impérativement lui adjoindre un complément d'objet (direct) !


  2. 2. Le Pen


À dire vrai, je trouve que l'attitude un peu cavalière de la candidate, vaguement assise sur un coin de table, ne fait pas très "présidente" ! Il y aurait même un peu de négligé là-dedans qui me chiffonne un tantinet, surtout parce que le photographe que je suis ne trouve pas cette attitude très naturelle.

Sinon, quel excellent slogan !

"Choisir la France" a un côté dynamique qui résume toute la problématique de la campagne de la candidate ! C'est un slogan qui interpelle les gens et les oblige à réfléchir sur tout ce qu'il recouvre comme sous-entendus.

Et, là encore, je mets quiconque au défi de me dire qu'il y aurait photo entre "Ensemble, la France", d'une part, et "Choisir la France", d'autre part !

Comme pour la présentation des programmes, en m'en tenant au strict contenu des slogans, j'accorderai 1/10 à Macron, contre 10/10 à Le Pen.


3. Les spots télévisés

Rien que du classique chez les deux candidats, avec une Le Pen assise derrière un bureau.

Reste l'essentiel, ce qui m'a fait la plus forte impression chez les candidats : chez Macron, rien ! Chez Le Pen, il y a ce spot se terminant par cette formule :




Jolie trouvaille, n'est-il pas ?
Vous n'avez que la France pour vous défendre
La France n'a que vous pour la défendre.

En découvrant ce passage, j'avoue avoir pensé, en allemand : "Gut gemacht!" ("Bien joué !")


4. L'impression générale

4. 1. Macron

Pourquoi ne pas le dire ? Je le trouve un tantinet coincé, quand il ne nous joue pas le coup du gourou hystérique, comme lors de son premier grand meeting de la Porte de Versailles, voire un tantinet exalté le reste du temps.




Macron grimaçant, Macron éructant... Entre nous, pour entamer une carrière politique par une campagne présidentielle, en ayant zappé les municipales, départementales, régionales, législatives, il faut être sacrément gonflé !

Le comble est qu'il va probablement falloir s'habituer à voir cet accordéoniste du dimanche diriger un orchestre philharmonique !

Ne dit-on pas "jamais deux sans trois !" ? Après les amateurs que furent Sarkozy et Hollande, pourquoi pas un troisième ? Il faut croire que la France a les dirigeants qu'elle mérite ! 

4. 2. Le Pen

Autant son adversaire sourit peu et donne toujours l'impression d'avoir un manche à balai enfoncé quelque part, autant Marine Le Pen affiche régulièrement une mine avenante, souriante, quand elle ne s'esclaffe pas carrément devant les caméras (souvenons-nous de ses crises de fou-rire lors du premier débat à cinq sur TF1 !).

Une décontraction que l'image qui suit résume fort bien :





La morale de tout ce qui précède ?

J'avais parié avec quelqu'un que Marine Le Pen serait présidente de la République longtemps avant Manuel Valls (finalement, j'y arrive bien, à écrire le nom de ce type !). Je maintiens ma prédiction, en suggérant à Le Pen de se servir de 2017 comme d'un galop d'essai pour 2022 !




mercredi 2 mai 2012

Nicolas S.: une certaine pédagogie du mensonge


Avertissement : ce site est intitulé : "'Com' ils disent" et il y a une bonne raison à cela. Il se trouve que j'estime que la France manque cruellement d'analystes politiques, ceux qui en tiennent lieu n'étant que de vulgaires commentateurs de sondages. Il n'était que de voir leur désarroi au lendemain du premier tour de la présidentielle française face au "bon" score de Marine Le Pen et au "médiocre" score au regard des sondages de Mélenchon. Parce que l'analyse politique n'a rien à voir avec le commentaire de  sondages. Moi, je n'ai pas eu besoin de sondages pour prédire une déconfiture à Mélenchon, dont l'erreur majeure a consisté à passer plus de temps à taper sur Le Pen qu'à parler de son propre programme ; ne parlons même pas de cette rodomontade puérile de Capitaine Matamore, consistant à claironner sur tous les tons : "Je serai devant Marine Le Pen.". Cette fois, j'ai jeté mon dévolu sur les derniers clips de campagne des deux candidats restés en lice pour le second tour de la présidentielle française.


Dimanche 6 mai 2012, la France désigne son président de la République pour la période 2012-2017. C'est vous dire si la chose est d'importance. Nous voilà donc avec deux candidats désignés pour ce second tour. Pour ma part, j'ai déjà manifesté ailleurs la circonspection que m'inspirait le candidat socialiste en raison de son attitude dans des situations précises : je pense notamment à la manière dont, en sa qualité de Premier secrétaire, il a géré l'affaire ayant opposé Tristane Banon à Dominique Strauss-Kahn ; et je ne saurais oublier la connivence manifestée par les socialistes aux côtés de la droite dans l'agression impérialiste en Libye ! C'est vous dire le peu de confiance que François Hollande m'inspire. Le problème est qu'en face de François Hollande, il y a quelqu'un... Enfin, quelqu'un qui mérite véritablement qu'on le regarde et qu'on l'écoute attentivement. C'est ce que j'ai fait durant cette dernière campagne électorale.

Vous allez pouvoir en juger à partir des captures d'écran qui suivent. Fort heureusement, les clips électoraux sont sous-titrés ; ce sont, donc, les titres originaux que vous découvrirez au bas des images.

Je me suis donc attaché à relire les images de la campagne du second tour du candidat sortant, en m'intéressant successivement à la forme puis au fond.


Question de forme

La chose a déjà été observée ailleurs, et elle laisse quand même perplexe, s'agissant d'une "bête politique rompue à toutes les joutes électorales", comme on aime volontiers à le répéter du côté de ses admirateurs. Ici, j'ai relevé comme un geste de néophyte cette propension à ne pas regarder le téléspectateur dans les yeux, en raison d'un mauvais alignement du "prompteur", qui gère le défilement du texte, avec l'axe de la caméra.

Dès la première image, ci-dessous, on voit bien que le regard est dirigé vers le bas de l'écran, car c'est là que défile le texte.






Sur l'image suivante, on a même une amplification de la  perspective en contre-plongée, avec une caméra que le candidat regarde en plongeant son regard vers le bas pour chercher le texte. L'impression générale est qu'on a affaire à du travail d'amateur ! S'agissant d'un président sortant, censé être assisté par le gratin des communiquants de France et de Navarre, on a envie de dire : bravo ! Les mauvaises langues vont certainement nous dire qu'il a dû manquer d'argent, avec toutes ces rumeurs autour du financement de la campagne de 2007...




Question de fond


Le candidat sortant n'a pas de bilan, pas de projet, ou plutôt si : combattre les idées, ou ce qu'il croit être les idées de son adversaire. Il va donc s'attacher à démontrer...




La démonstration du candidat sortant va reposer sur un leit-motiv : "nulle part dans le monde"... 






Le candidat socialiste n'a jamais dit : "Je veux augmenter les dépenses publiques." Ses propositions portent sur des faits précis, enfin, si je puis me faire son interprète. Par exemple, il y a la question des 60.000 recrutements sur cinq ans concernant les services publics, et ce, en contradiction d'une politique de suppression massive de postes, entre 2007 et 2012, notamment dans l'Education nationale. 

Il y a, donc, quelque chose d'étrange, à entendre un candidat sous-entendre que son adversaire veut "augmenter les dépenses publiques", sans autre précision. Parce que ça ne correspond pas à la réalité de ce qui a été dit.

Puis vient le couplet sur l'immigration.




Franchement, à part l'extrême-gauche et peut-être Jean-Luc Mélenchon, y a-t-il eu un seul candidat s'inscrivant en faveur d'une régularisation massive de l'ensemble des immigrés (admirons le pléonasme au passage !) ? Et a-t-on seulement entendu quelqu'un souhaiter accueillir toute la misère du monde


Rappelons, en passant, que ce discours nous est servi par quelqu'un qui participe au pouvoir (exécutif) depuis au moins 2002 et sans discontinuer.


Le candidat socialiste serait aussi favorable à ceci :





Le candidat socialiste considère que lorsqu'on a des droits, on n'est pas forcément obligé d'avoir des devoirs.


On se répète la chose une fois, deux fois, trois fois..., et l'on se pince, pour être sûr de ne pas avoir rêvé, tout en se disant que c'est quand même incroyable qu'un candidat à une présidentielle, non pas au Tadjikistan, non pas au Waziristan, non pas au Zimbabwe, au Burkina Faso..., vous savez ?, ces infâmes républiques bananières, diamantifères, forestières, gazières... dirigées par des autocrates à moitié fous, non, un candidat à une présidentielle en France, ose dire des choses pareilles, enfin..., s'il se contentait seulement de les dire sur des places de marché, dans des bistrots... Non, là, il les profère à la télévision, avec sous-titrage, pour que le monde entier enregistre l'énormité de la chose !


Il considère que lorsqu'on a des droits, on n'est pas 
forcément obligé d'avoir des devoirs.


Celle-là, il faudra l'encadrer !


Vous savez quoi ? Même Staline n'aurait pas osé afficher une telle outrecuidance !


Mais le plus incroyable est que ce candidat pense qu'il se trouvera des gens assez débiles pour avaler de telles énormités !


La preuve : venons-en au couplet sur les retraites.






Travailler moins longtemps pour financer les retraites. Et là, on s'interroge, parce que le principe du "travailler moins longtemps" est déjà ancien et a débouché sur les 35 heures, instaurées par le gouvernement Jospin-Strauss-Kahn-Aubry durant les années 1997-2002 ; et la droite, revenue aux affaires en 2002, n'a toujours pas formellement abrogé cette loi de réduction du temps de travail.

On s'interroge par conséquent sur cette nouvelle réduction du temps de travail évoquée par le candidat sortant ! 

Enfin, on croit comprendre : il ne s'agit pas de la durée hebdomadaire du travail, mais du total des annuités effectuées avant d'accéder à la retraite. Mais, là encore, on s'interroge : ça veut dire quoi ce "travailler moins longtemps", s'agissant des normes admises en France depuis longtemps maintenant, à savoir la retraite à 60 ans au bout de 41 annuités et des poussières ? La réforme initiée par la droite a été votée par cette même majorité de droite au parlement, et combattue par l'opposition de gauche, ce qui est tout à fait normal. Fallait-il pour autant présenter la chose en insinuant que "c'est vous, les retraités, qui devrez diminuer les pensions de retraite..." ?

Mais que sous-entend le candidat de droite par cette chose et où a-t-il vu que les retraités pourraient diminuer (eux-mêmes ?!) les pensions de retraite ? Visiblement, le candidat a rédigé son discours lui-même, avec les approximations lexicales et syntaxiques dont il est coutumier. En fait, il aurait dû dire : "c'est vous, les retraités, qui devrez voir dimunuer vos pensions de retraite...".

Retour sur un leit-motiv : "nulle part dans le monde..., mais...".



On n'a vu ça nulle part dans le monde, mais ici ou là, quand même...




En Espagne...


En Grèce...


Au Portugal...




... après tant d'années de socialisme... 


Donc, si l'on a bien compris, le "nulle part ailleurs" n'était pas la bonne formule, puisqu'il y avait effectivement un ailleurs, où avait sévi le socialisme : Espagne, Grèce, Portugal, seuls pays récemment gérés par des socialistes en Europe ? Et la Suède ?


Il est vrai que le PSOE espagnol, sous le leadership de Jose-Luis Zapatero, a dirigé le pays durant deux mandats, succédant à deux autres mandats du conservateur Jose Maria Aznar. Sept années de direction socialiste, contre dix années continues de direction UMP en France, par exemple. Quant aux autres pays cités, on a comme un doute, et même plus qu'un doute. Faisons donc, une petite recherche sur l'Internet.


Portugal :


Au Portugal, gauche et centre droit se sont régulièrement partagé le pouvoir au cours des dernières années. La formule "tant d'années socialistes" est à tout le moins un mensonge.


Grèce :


Il est exact que le Pasok de Papandréou est revenu aux affaires après un assez long intermède de la droite (Karamanlis), soit en octobre 2009, ce qui contredit le "tant d'années de socialisme", même si droite et gauche se partagent le pouvoir en Grèce depuis quelque temps déjà.


Aussi peut-on lire ce qui suit sur le site du Parti de Gauche :


Les élections législatives anticipées du 4 octobre en Grèce voient une nette victoire du Parti socialiste grec (Pasok). Avec près de 44 % des voix, celui-ci devance largement la Nouvelle-démocratie (droite) conduite par le premier ministre sortant Costas Caramanlis. Avec près de 34 % des voix obtenues, ND perd près de 60 sièges au parlement qui en compte 300. Le Pasok s’assure une confortable majorité avec 162 sièges obtenus. (...) La droite enregistre une grande défaite et paie les désastres de sa politique néolibérale et son incapacité à faire face aux incendies qui ont cet été, une fois de plus, ravagé les alentours d’Athènes. (...) La victoire du Pasok intervient après une campagne menée plus à gauche qu’en 2004 et 2007 lorsque les socialistes ont connu deux défaites électorales successives. Il convient de noter cette évolution. Le Pasok a fait de nombreuses promesses de soutien aux bas revenus. Il a promu une politique de relance de l’économie par des politiques publiques, de refonte fiscale favorable aux classes populaires et de lutte contre la corruption dans le pays. (...) Le Parti de gauche observera avec vigilance ce que le Pasok fera réellement au pouvoir, mais se réjouit de voir la droite battue et, qui plus est, sur des idées de gauche.

Suède : ce pays n'a pas été évoqué par le candidat sortant, ce qui est curieux, parce que c'est probablement le pays européen de l'Ouest à avoir connu le plus long "règne" socialiste.





Est-ce parce que ce pays spécialisé dans le système de l'Etat providence socialiste qu'est la Suède n'a été en rien secoué par les soubresauts de la crise mondiale que le candidat de droite n'a pas jugé utile de le ranger aux côtés de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce ?


Question : quid de la crise des subprimes aux États-Unis, subprimes dont le candidat sortant était un ardent défenseur ? Quid du tsunami qui a secoué le système bancaire américain, avec les Lehmann Brothers et autres Goldmann Sachs... ?


Le résumé de tout ce qui précède ? Il est rare de voir un candidat à la présidentielle, de surcroît président sortant, manier avec autant de cynisme et d'aplomb le mensonge et l'approximation délibérée. Mais bon, on me dira que ça ne mange pas de pain, et que, dans l'adversité, tous les moyens sont bons. Tous ? Vraiment ?


Et dire que notre si énergique pourfendeur de l'immigration et de l'insécurité aurait pu vanter son si brillant bilan en la matière ! Il voudrait diviser par deux le nombre d'étrangers présents en France ? Pas d'immigrés clandestins, non, d'étrangers ! Et tout ça au nom de quelle loi mathématique établissant un quota maximal autorisé ? Et que ne l'a-t-il fait plus tôt ?


Mais le plus loufoque n'est-il pas de lire et d'entendre ceci :








Technique classique de démagogue : cette fois, il nous refait le coup du "travailler plus pour gagner plus", adapté à l'immigration : si dans un an... Et là, on se dit : "ben voyons !", "les méthodes de l'Europe n'ont pas changé...", et là on aimerait comprendre. Parce que la politique communautaire européenne repose non pas sur des méthodes mais sur des traités, que les pays sont libres de ratifier ou non. Parce qu'un traité ratifié acquiert  force de loi, voire plus. Il se trouve que divers pays de l'Union Européenne ont choisi de ne pas entrer dans l'Espace Schengen (ex. Le Royaume Uni). La France, pour sa part, fait bel et bien partie de l'espace Schengen. Donc, ou elle y reste, ou elle en sort. Par ailleurs, s'agissant de Schengen, chaque pays membre est responsable de ses propres frontières. Et sur ce point, ce qui se passe à Mayotte, en Guyane ou aux Antilles ne saurait être mis sur le dos de l'Italie, de l'Espagne ou de la Grèce. Ce serait un peu facile !

Les déclarations qui précèdent ne sont donc que démagogie et formulations creuses car vides de sens ! Cet homme sort de cinq années de présidence de la République française, et de presque autant d'années comme ministre de l'Intérieur, et il en est encore à promettre un "retenez-moi ou je fais un malheur !"

Question : mais qui diable peut encore croire aux rodomontades de ce capitaine Matamore ? 

Conclusion provisoire : on se demande toujours pourquoi le candidat sortant n'évoque jamais son si exceptionnel bilan, notamment en matière de sécurité...