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samedi 16 juin 2012

Valérie Trierweiler et Ségolène Royal : comme une gémellité hystérique

(Avertissement : chers internautes qui me faites l'honneur de consulter régulièrement ma prose, je vais vous paraître bien prétentieux, à peine, parce que, entre nous, si vous prenez le temps de vous arrêter pour consulter ce modeste blog, au milieu de milliards d'autres pages, c'est que vous y trouvez de l'intérêt. Alors, figurez-vous que si je me suis mis, un jour, à écrire des choses sur Internet, c'est parce que j'en ai eu assez de lire des torrents de niaiseries sur le Web, et que j'ai tenu à y mettre des choses du niveau de ce que j'étais disposé à y lire ! Alors, pour ce "papier" sur deux femmes représentatives du spécimen "hystérique", j'ai pris un peu de mon temps, et j'affirme ici, tout à fait calmement, que ce qui suit vous dispensera largement des vasouillardises que l'on a pu écrire ici et là sur la question. Vous voyez comme je suis modeste ! Je vous préviens : c'est un peu long. Texte libre de droits, sous réserve de la mention de la source. Vous connaissez cette règle de bienséance sans laquelle le Web libre et démocratique est mort ! Dernier détail : ce blog n'est pas ouvert aux forums car je déteste voir mon travail pollué par des propos de café du commerce. Il n'empêche que l'on me presse de partout pour prolonger le débat, je vais y réfléchir. En attendant, voici une adresse électronique : rwboula@gmx.fr).



(...) Puis, ivre de rage, Valérie T. twitta les... codes nucléaires !

La personnalité hystérique (…) prédomine chez la femme et est constituée de différents traits de caractère :

Un théâtralisme avec un comportement séducteur (érotisation des rapports sociaux).

Une dépendance affective et une grande intolérance à la frustration (l’hystérique est capricieuse et irritable).

Une plasticité. L’hystérique adapte son attitude en fonction des désirs de l’autre.

Une mythomanie. L'hystérique préfère vivre des histoires plutôt que son histoire.

Une hyperréactivité émotionnelle. Les sentiments sont exagérés dans leur expression et sont vécus avec intensité (crises de larmes et de colères spectaculaires). (Source)

"Lacan avait eu cette définition superbe : 'Une hystérique, c'est une esclave qui cherche un maître sur qui régner.'" Pierre Rey, Une saison chez Lacan, Ed. Seuil, Collection Points.
 "Le désir ne se maintient chez l'hystérique que de l'insatisfaction qu'on y apporte, en s'y dérobant comme objet." (J. Lacan)
"Que veut une femme ? vous situez la question au niveau du désir, et chacun sait que situer la question au niveau du désir, pour la femme, c'est interroger l'hystérique. Ce que l'hystérique veut je dis ça pour ceux qui n'ont pas la vocation, il doit y en avoir beaucoup -, c'est un maître. C'est tout à fait clair. C'est même au point qu'il faut se poser la question si ce n'est pas de là qu'est partie l'invention du maître. (...) Elle veut un maître. (...) Elle veut que l'autre soit un maître, qu'il sache beaucoup de choses, mais tout de même pas qu'il en sache assez pour ne pas croire que c'est elle qui est le prix suprême de tout son savoir. Autrement dit, elle veut un maître sur lequel elle règne. Elle règne, et il ne gouverne pas. C'est de là que Freud est parti. Elle, c'est l'hystérique, mais ce n'est pas forcément spécifié à un sexe." (Jacques Lacan, Séminaire XVII, Éd. du Seuil, 1969-1970,  p. 150).

J'ai longtemps hésité sur le titre à donner à cet article, optant, dans un premier temps, pour "Les bourdes de Ségolène Royal", ce qui n'aurait pas tout à fait correspondu à  mon propos ni aux fondements de mon analyse et aurait paru par trop tendancieux et partisan. Par ailleurs, je m'étais déjà fendu (juillet 2010) d'un article intitulé "La faute de Ségolène Royal" et j'invite ceux et celles que ça intéresse à le lire préalablement à ce qui va suivre, tout en regrettant que ni Ségolène Royal ni personne de son entourage ne l'aient lu. Mais, entre nous, quelle leçon Royal aurait-elle tiré d'un obscur article paru dans un modeste blog, elle qui semble si pathologiquement incapable de tirer quelque leçon que ce soit de ses échecs, à en juger par ce que j'annonçais déjà dans ce "papier" ? 

Je ne voudrais pas me vanter, mais il me semble que, dans ce modeste "post", j'annonçais déjà tous les déboires à venir de Ségolène Royal - après avoir amplement admiré sa performance lors de la primaire socialiste de 2006 ainsi que la campagne présidentielle de 2007 -, mais surtout, je leur donnais de la consistance en m'étonnant de la légèreté avec laquelle la présidente du Conseil Régional de Poitou-Charentes et principale animatrice du réseau Désir d'Avenir s'entêtait à prendre ses soutiens pour de vulgaires groupies en leur imposant continuellement l'art du contre-pied. Mais j'invite ceux qui perdent tant de leur temps à lire des niaiseries sur l'Internet à examiner d'un peu plus près ce que j'ai pu écrire ces mois derniers - sur ce même blog - sur Eric Zemmour (dont je regrette la  disgrâce annoncée auprès de son employeur RTL, mais bon, je l'avais prévenu !) ou Jean-Luc Mélenchon, tout récemment, et ils se convaincront que je ne suis pas trop mauvais pronostiqueur !

Quel dommage quand même que Ségolène Royal soit à ce point imbue d'elle-même et soit surtout si mal entourée ! Mais il faut croire que c'est le propre de beaucoup de personnalités sujettes à l'hystérie !

Alors, bien sûr, il y a eu le tohu-bohu médiatique provoqué par ce message sur Twitter, expédié par une personne que d'aucuns qualifieraient volontiers d'hystérique. Pensez-donc : une histoire de crêpage de chignons et de jalousie de boudoir.La belle affaire pour les éditorialistes de Café du commerce et tous leurs confrères et consoeurs de la presse écrite et audiovisuelle !

Quant au psychodrame de la Rochelle, qui a servi de prétexte à la sortie de piste de l'hystérique évoquée plus haut, il me semble que, comme d'habitude, nos grands analystes politiques n'y ont strictement rien compris. Il est vrai que la France n'a pas d'analystes politiques, juste des commentateurs de sondages !

Le bilan de toute cette affaire ? Une sorte de catastrophe nationale, c'est le moins qu'on puisse en dire, car elle concerne l'ensemble du corps social et politique français et ne saurait être rabaissée au rang de simple crise de jalousie relevant de la sphère privée : on a quand même affaire à une ancienne candidate à l'élection présidentielle, ainsi qu'à un président en exercice et à la compagne de ce dernier, laquelle pourrait peut-être, un jour, avoir inopinément accès aux codes nucléaires ! Vous imaginez le fameux "tweet" que ça ferait !

Examinons, donc, dans l'ordre, les cas successifs des principaux protagonistes de cette embrouille : celui d'une compagne de président qui n'a pas mis longtemps pour démontrer à tout le monde qu'elle n'avait visiblement pas le niveau d'une première dame, celui d'un "petit apparatchik" socialiste transformé en marionnette et parti pour connaître une bien éphémère célébrité "warholienne", comme aurait dit certain pédant de la télévision, celui d'un parti socialiste en pleine déconfiture idéologique, quoi qu'en pense sa première secrétaire sur le départ, Martine Aubry, un parti visiblement accroché à son statut de seul parti socialiste bonapartiste d'Europe et, enfin, celui d'une admiratrice de la Castafiore d'Hergé, je veux dire de la Marguerite du Faust de Charles Gounod et Jules Barbier, qu'elle entend singer à tout propos sur l'air fameux, dit "des bijoux" : "Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir !".


I. Valérie T. ou le syndrome du Rottweiler

J'entends encore les vociférations du Landerneau politico-médiatique après que le député de droite Lionel Luca s'est permis un jeu de mot fort osé et de bien mauvais goût, entre Trierweiler et Rottweiler, mais j'en connais un qui doit boire du petit lait en se voyant conforté dans son expertise psychologique par la victime apparente de son "mauvais" jeu de mots !


Par parenthèse, le Rottweiler est un chien originaire de la ville allemande de Rottweil et utilisé longtemps comme chien de berger et ce, longtemps avant que d'être converti en chien d'attaque agressif et égorgeur de bébés et de vieilles dames.

Valérie T. doit se montrer plus discrète..., a déclaré le premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mais, ça veut dire quoi, plus discrète ?

Retour sur les événements tels que relatés par David Revault d'Allonnes et Thomas Wieder  (lemonde.fr). 

Mardi 12 juin, juste avant midi, le président Hollande a connu sa première secousse, limitée à quelques mots de Valérie Trierweiler, sur son compte Twitter, mais de forte amplitude : "Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé." Soit un soutien appuyé de la "première dame" au candidat socialiste dissident dans la 1re circonscription de Charente-Maritime, en opposition à la ligne du président, qui venait juste d'assurer officiellement Ségolène Royal de son soutien. (...) 
L'annonce du choix du chef de l'Etat, sous la forme d'un court texte destiné à figurer sur la profession de foi de Mme Royal, en fort délicate posture, a été connue mardi peu avant 10 heures. Le tweet de sa compagne a été diffusé à peu avant midi. Mme Trierweiler aurait-elle mal pris de n'avoir pas été informée au préalable des quelques mots du président, validés par lui, lundi après-midi, avant d'être transmis à Mme Royal ? Force est de constater qu'elle semble n'avoir pas apprécié ce soutien et qu'elle l'a fait savoir. Au point de prendre, à son tour, M. Hollande et son équipe par surprise. 
 A l'Élysée, où les collaborateurs du président préparaient son intervention devant le Conseil économique, social et environnemental, en début d'après-midi, on a d'abord cru à un "fake", un de ces faux qui circulent sur Internet. "C'est une mauvaise plaisanterie, disait un conseiller. On m'a dit que le compte Twitter de Valérie a été piraté. Ils sont en train de mettre des pare-feu à la cellule Web."
Très vite, pourtant, il faut se rendre à l'évidence. Dans les couloirs, c'est la sidération. Quand on lui dit que Mme Trierweiler vient de confirmer son propos auprès de l'AFP, ce conseiller se déclare "littéralement scotché". "Je m'attendais à des crises gouvernementales, mais pas à des crises conjugales", commente-t-il. M. Hollande, qui reçoit un visiteur est informé sans tarder. Le président et son équipe ne peuvent l'ignorer : les prochaines heures vont être agitées. (...)
Ce conseiller à la présidence de la République se trompe, comme tout le monde se trompe, en parlant de crise conjugale ou d'affaire privée entre une maîtresse et une ex-compagne. Cette affaire va beaucoup plus loin que ça. Et le premier ministre et les édiles socialistes ne peuvent pas se contenter de botter en touche en invitant cette femme à plus de discrétion ou de mesure ou je ne sais quoi d'autre. Tout simplement parce que nous sommes en présence d'une affaire d'Etat d'une exceptionnelle gravité, ainsi que je l'expliciterai tout à l'heure.

Exceptionnelle gravité, dis-je, surtout si les propos de la journaliste Anna Cabana sont vrais.
Selon les dires d’Anna Cabana qui sur la chaîne BFM TV parlait de plusieurs sources lui ayant confirmé l’information, Valérie Trierweiler n’aurait pas supporté que Ségolène Royal, se félicite du soutien de François Hollande. La présidente de la région Poitou-Charentes avait en effet publié sur son site, un texte bref où François Hollande lui apporte son soutien. Selon la journaliste du Point, Valérie Trierweiler, dont l’inimitié avec l’ex-compagne et mère des enfants d’Hollande est connu, aurait peu goûté cela. François Hollande et elle auraient alors eu un échange âpre sur le sujet, et la first girlfriend aurait lancé au président un "Tu vas voir de quoi je suis capable". La suite, on la connaît, un tweet majoritairement analysé comme l’oeuvre d’une femme jalouse, et ayant reçu moult critiques, tant la frontière entre vie publique et vie privée, semble avoir été franchie. (culturefemme.com)
Majoritairement analysé comme l'oeuvre d'une femme jalouse... Non mais, sans blague ! Le problème est que le "tu" n'est rien de moins qu'un président de la République fraîchement élu ! Voilà pourquoi il faut se garder de toute dérive gaudriolesque  à la sauce Canard Enchaîné, qui constituerait le summum du mauvais goût.

À propos de mauvais goût, il y a là une image que je trouve vraiment étrange, et qui m'en rappelle une autre : un meeting de campagne de François Hollande, qui redescend de l'estrade et donne l'accolade à des personnalités présentes, lorsqu'il arrive à la hauteur de la "first girlfriend" avec laquelle il va échanger quelque chose qui aurait dû être un "bisou" sur la joue, et puis, l'affaire s'éternise, l'un des deux (Hollande) cherchant visiblement la bouche de l'autre, laquelle (Trierweiler) ne semble pas chaude sur le moment pour un French kiss. Je suis sûr que bien des téléspectateurs se souviennent de cette étrange séquence, qui a semblé durer une éternité. Et puis, on a cette image, ci-dessous, juste symétrique de la scène que je viens de décrire.
Source  -  (Commentaire)

Cette image a quelque chose de terrible !

On y voit clairement que la protagoniste du tête à tête avance  une bouche particulièrement conquérante en direction de l'objet du désir, lequel (Hollande) semble rester - non, reste ! - de marbre devant l'assaut libidineux. Je suppose qu'il s'agit de la fameuse séquence survenue à la Bastille, le soir de la victoire, où l'on dit que la first girl friend aurait intimé à son compagnon de président de l'embrasser sur la bouche, histoire de se démarquer d'un double bisou échangé avec Ségolène Royal quelques secondes plus tôt. Le fait est que cette image a quelque chose d'étrange, voire d'impressionnant. Le visage de marbre de François Hollande semble dire à cette femme - j'insiste bien là-dessus : à cette femme qui, à cet instant-là, passerait presque pour une étrangère tant le raidissement de l'homme est grand ! - que ce n'était vraiment pas le moment de se laisser aller à des apartés privés et intimes, alors même qu'il est là, sur la Place de la Bastille, pour s'offrir tout entier au peuple français ; au PEUPLE, à tout le peuple, et pas à une compagne qui aimerait l'accaparer pour elle seule !

Cette image a quelque chose d'extraordinaire, mais d'humain en même temps, ce qui me rassure quelque peu sur la psychologie de François Hollande. Au point que je me demande si cet instant-là ne marque pas un tournant dans la relation entre ces deux tourtereaux. Parce que, si mon pronostic est le bon, alors il est certain que Madame Valérie T. a dû vivre ces moments de liesse sur la place de la Bastille comme l'une des pires humiliations de son existence. Parce que cette bouche conquérante qui se heurte à un masque (d'indifférence) flegmatique et froid a été vue par le monde entier !

Il m'est arrivé, ici même, de dire et d'écrire bien des méchancetés sur François Hollande. J'avoue qu'en découvrant ce cliché, j'ai tout de suite pensé : "Tiens, il n'est donc pas aussi calculateur que je le pensais !". 

Imaginez Hollande en sujet calculateur et roublard... Un French kiss, bien appuyé, comme elle le lui suggère toutes lèvres dehors, vous imaginez le cliché ? Plus fort que les deux amants parisiens de Doisneau ! Parce que ce cliché-là se serait retrouvé à des centaines de milliers, voire millions d'exemplaires, sur tous les réseaux sociaux de la planète : l'image de la victoire électorale. Seulement voilà : François Hollande est un être humain et, quelque part, malgré tout ce que j'ai pu en dire, un brave homme, qui ne veut pas humilier son ex-compagne, la mère de ses enfants, qui se tient là, tout près, qui ne veut pas choquer ces mêmes enfants, qui le regardent sans doute, sur cette place ou à la télévision. Cette femme à la bouche agressive est une manipulatrice ; il vient de le sentir à l'instant, comme on reçoit une décharge électrique. À ce moment précis, et contrairement à tous les usages et à tous les codes de bienséance, elle le veut pour elle toute seule, et elle aimerait le faire savoir à tout le monde, sur cette place, à la télévision... Elle se moque bien de sa victoire à lui. Ce qu'elle veut, c'est en faire une victoire pour elle... seule ! 

Pauvre François Hollande !

Vous voulez que je vous dise ? Je ne retire rien de ce que j'ai pu dire sur François Hollande, l’apparatchik terne et gris, retors, roublard, qui savait tout sur Strauss-Kahn... Je l'ai écrit, je ne vais pas me renier. Néanmoins, je dois avouer que cet homme m'est devenu un peu plus sympathique qu'avant. L'homme. Pas le politicien. Nuance ! Pour la suite, on jugera sur pièce.

Pourquoi ai-je tout d'un coup de la compassion pour François Hollande ? Parce que je crois vraiment qu'il est tombé sur une hystérique, qui est bien partie pour lui empoisonner la vie.

Ça ne se fait pas ! Voilà une injonction que nous avons, tous, entendue des milliers de fois. En public, devant tant de monde, un président élu ne s'appartient pas, pas plus qu'il n'appartient à sa famille ou à ses proches : il appartient d'abord à la France. Et ce que cette femme tente de faire, à cet endroit-là, à ce moment-là, ça ne se fait pas. Et je suis persuadé que c'est précisément pour ça qu'elle le fait, ou tente de le faire. Imaginez seulement son triomphe si le coup du French kiss avait marché !

Mais j'aurais pu commencer par là : je n'aime pas cette femme !

Elle est ravissante, sans doute, ne manque pas d'allure ; elle a un regard pénétrant. Il n'y a pas à dire : c'est une très belle femme ! Lorsqu'ils se rencontrent, François Hollande doit bien afficher une trentaine de kilos en trop sur la balance ; il n'est pas au centre de l'activité politique, tout juste premier secrétaire du parti socialiste. Et là, on se dit : "Mais qu'est-ce qu'elle a bien pu lui trouver à ce brave notable rondouillard ?".

Lui, on devine ses motivations : comme Mitterrand, montrer qu'on peut encore séduire, et tant pis si l'on ne sait pas trop si l'autre est séduite par ce que vous êtes intrinsèquement, ou simplement par ce que vous pourriez être un jour. J'imagine que la mère de Mazarine P., que j'ai toujours tenue pour une intrigante, se doutait bien que Mitterrand avait toutes les chances d'entrer, un jour, à l'Élysée. Et en tant qu'Africain, je sais bien ce qu'est un "deuxième bureau". Bien des femmes apprécient de vivre dans l'ombre d'un grand homme : ça ne procure que des avantages ; on n'a pas à le subir tout le temps, ce qui permet de s'offrir quelques extras, on est gâtée matériellement et financièrement, et j'imagine que la mère de Mazarine P. serait bien en difficulté si, d'aventure, un procès était intenté contre elle par quelque contribuable désireux de voir l'Etat français récupérer les sommes indûment détournées par François Mitterrand au profit d'une famille adultérine. Sauf que là, cette femme n'était nullement obligée de se faire engrosser par Mitterrand, et si elle l'a fait, c'était sciemment...

Les motivations de Valérie T.? Probablement les mêmes que pour Audrey Pulvar rencontrant Arnaud Montebourg, sauf que Montebourg a quand même plus de prestance que le Hollande empâté d'il y a quelques années. Alors, calcul ? En se disant : "Un jour, peut-être, il sera président !" ? Pourquoi pas ! Et qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a pas de femmes fascinées par les uniformes de gendarmes, les biscottos des joueurs de foot ou de tennis, ou les voitures officielles !

Justement : le problème, parce qu'il y en a un, est qu'il y a un monde entre l'officieux et l'officiel, et qu'une simple compagne ou amie, ou maîtresse... n'est pas une liaison OFFICIELLE.

D'où l'expression - justifiée - employée par la presse anglo-saxonne : "first girlfriend".

Cette femme n'est qu'une liaison OFFICIEUSE de François Hollande et il faudrait rendre grâce à Bernard Debré de l'avoir martelé dans une récente lettre ouverte.

Bernard Debré écrit notamment ceci (les mises en exergue sont de mon fait et vont appeler quelques commentaires) :
Il me semble que ce métier (journaliste politique) est incompatible avec la fonction que vous aimeriez avoir, même si elle n’est pas officielle (1). Vous avez donc décidé de faire du journalisme de bavardages pour bien montrer votre autonomie par rapport à votre ami François Hollande. Vous avez néanmoins accepté, demandé, peut-être même exigé de l’accompagner dans ses voyages officiels. À quel titre  ? (1) Simplement d’amie ! (...)
Après tout, François Hollande a le droit d’avoir comme amie qui il veut et le temps qu’il le désire. Quant au titre de « première dame », il est usurpé. Ce statut  (1) n’existe pas et a été monté de toutes pièces par des journalistes avides de sensationnel. Vous n’avez, Madame, aucune existence légale d’autant plus que vous n’êtes ni mariée, ni pacsée (1). Que dirait-on d’un président de la République qui accumulerait les « premières dames » comme on accumule des amies ou des flirts ? (...) 
Il y avait et il y a toujours un obstacle : Ségolène Royal ! Vous ne la supportez pas, elle qui est pourtant mère des 4 enfants de François Hollande. Il semblerait qu’à la Bastille, lorsque François Hollande a « claqué une bise » sur les deux joues de Ségolène Royal, vous ayez exigé qu’il vous embrasse sur la bouche pour montrer la différence de statut ! Cet acte était sinon puéril du moins cruel (2). (...) 
Mais vous ne la supportez pas, taraudée par la jalousie. Après le ridicule de « embrasse-moi sur la bouche » que, semblait-il, vous aviez prononcé, voici maintenant la trahison (2) ! En effet, de quoi vous mêlez-vous en soutenant Monsieur Falorni qui, au demeurant, reste très sympathique ? Est-ce en tant que journaliste politique que vous prenez position pour un candidat ? (...) 
Est-ce pour affirmer votre indépendance vis-à-vis de votre compagnon ? Peut-être aussi pensiez-vous affirmer l’importance de la liberté de la femme ? Je ne le crois pas non plus car je ne suis pas sûr que la liberté consiste à faire des gaffes. Peut-être ce mot est-il trop faible ? Il s’agit d’une faute grave (2). (...)
La France, par ce tweet, a été ridiculisée dans le monde entier. Une si petite phrase ayant de telles conséquences ! Vous avez non seulement desservi la France où vous n’avez aucun rôle à jouer même si vous avez accompagné François Hollande dans ses voyages officiels à l’étranger (ce qui, déontologiquement, diplomatiquement, était déjà une extravagance)(1), mais vous avez desservi le président de la République élu par une attitude grotesque de femme jalouse qui se mêle de politique pour entraver la carrière de son ami ou compagnon (2). (...)
Bref, ce petit tweet de rien du tout a été le révélateur, Madame, d’un malaise que les Français n’osaient pas admettre, qui mélange la faiblesse du président de la République et la méchanceté (2de sa compagne.

Dans cette lettre ouverte, il me semble que Bernard Debré, qui est médecin mais aussi homme politique, a judicieusement soulevé deux séries de questions importantes, que l'on pourrait rattacher d'une part au droit, d'autre part à la médecine, à côté d'autres questions, qui sont un peu moins essentielles (la profession de journaliste ou de journaliste politique : après tout, libre à l'employeur - privé, contrairement à Audrey Pulvar - de Madame Trierweiler de la maintenir dans un rôle d'équilibriste en qualité de journaliste politique, si ça ne les dérange pas, même si cela risque de mettre plus d'un lecteur mal à l'aise !) : A) qui êtes-vous pour revendiquer tel ou tel statut et B) votre comportement (= votre méchanceté) pose problème.

A. Qui êtes-vous ? Les Américains répondent "first girlfriend", et ils ont raison. Ce qui veut dire, en clair, que cette femme n'a pas de statut officiel, qu'elle n'existe pas officiellement ! En conséquence, elle n'a rien à faire aux côtés du président de la République dans le cadre d'un voyage voire de toute activité OFFICIELLE.

Debré a raison d'attirer l'attention de cette femme sur les modalités offertes par la loi pour "officialiser" une relation entre personnes physiques : le mariage ou le PACS. Et en dehors de ces deux instances, la relation est officieuse, certainement pas officielle ! Et ce n'est pas une question anodine ! Debré précise que "vous n'avez aucune existence légale" et il a raison ! On ne voit donc pas à quel titre, cette femme, qui n'existe que de manière officieuse, disposerait de bureaux voire d'un personnel attitré à l'Elysée ! C'est déontologiquement, diplomatiquement, une extravagance...

Bernard Debré a mille fois raison, mais c'est là que j'interpellerais volontiers le fils d'un des penseurs de la Vème République, même si je n'entends pas lui faire le reproche du loup à l'agneau de La Fontaine, en le paraphrasant : "Si ce n'est toi, c'est donc ton père !".

Il se trouve, cher Bernard Debré, que l'extravagance est tout entière incluse dans ce concept que je persiste à trouver foireux et calamiteux de Vème République, qui fait de la France une anomalie dans le paysage politique européen.

Une petite digression, en passant, sur le cas Audrey Pulvar - Arnaud Montebourg. Je me suis déjà exprimé là-dessus il y a de nombreux mois, avec une certaine véhémence, du reste. Le fait est que s'ils avaient été citoyens britanniques, allemands, autrichiens, norvégiens..., pas un instant cette journaliste et ce politicien socialiste n'auraient imaginé pouvoir faire prospérer cette liaison en cohabitation avec un emploi de Pulvar comme journaliste politique, voire de présentatrice de bulletins d'information au sein desquels elle aurait été dans l'obligation de parler de son compagnon ! Seulement voilà : on est en France, et Pulvar et Montebourg se disent qu'après tout, dans cette vieille république bananière où un président de la République en exercice entretient une famille adultérine aux frais du contribuable, tout en faisant écouter la moitié de la France afin de protéger ses turpitudes, après tout, on peut bien se permettre plus d'un coup de canif à la déontologie. Du coup, ce qui est inimaginable en Espagne (Laetizia Ortiz est bien mariée au prince héritier mais elle a dû abandonner son métier de journaliste), au Portugal, en Suède, Italie (même sous Berlusconi), Grèce, etc., est tout à fait envisageable en France, où des Marie Drucker, des Béatrice Schönberg, des Catherine Nay, des Anne Sinclair, des Christine Ockrent... peuvent (ont pu) allègrement officier comme présentatrices dans l'audiovisuel public voire comme analyste politique (Nay), tout en étant ostensiblement en ménage avec un homme politique.

Il y a là de mauvaises habitudes récurrentes en France et nulle part ailleurs, et ce n'est pas la question purement conjoncturelle d'une Audrey Pulvar ou d'une Valérie Trierweiler qu'il faut résoudre, mais le problème structurel de ces institutions républicano-bonapartistes qui font un peu trop ressembler la France à ces républiques cacaoyères ou arachidières d'Afrique ou d'Amérique latine.

Traiter le problème sur un plan structurel revient à répondre à une question simple : que se passe-t-il le jour où un citoyen ou une association lambda décide d'attaquer la présence de Valérie Trierweiler à l'Elysée - où elle est censée disposer de bureaux et d'un personnel payé par le contribuable - devant le juge administratif ?

Concrètement, nous avons là un président de la République qui, de façon tout à fait officieuse, installe dans les palais de la République une femme qui se trouve être sa petite amie, sans autre précision. Du coup, moi, citoyen lambda, j'estime être en droit d'attaquer cette décision administrative du président de la République devant le juge compétent, de manière à lui faire constater l'inexistence officielle, donc,  statutaire, de la petite amie en question.

Vous pariez combien que, saisi en dernier ressort, le Conseil d'État va me donner raison ?

Pour sortir de cet imbroglio, François Hollande n'a pas le choix ; quatre options s'offrent à lui : 1) il se sépare définitivement de Valérie Trierweiler ; 2) Valérie Trierweiler reste la compagne de François Hollande, mais uniquement à titre privé, ce qui lui interdit tout usage de bureaux et de personnels à l'Elysée ; 3) Hollande et Trierweiler concluent un PACS ; 4) Hollande et Trierweiler se marient.

D'ores et déjà, je ne saurais trop inviter Jean-Marc Ayrault, premier ministre et/ou Christiane Taubira, garde des Sceaux, à saisir dare-dare le Conseil d'État afin de se faire "briefer", comme c'est l'usage, sur la marche à suivre face à la perspective d'une procédure juridictionnelle telle que je l'annonçais plus haut. Parce que, tôt ou tard, la question du statut de Valérie Trierweiler va se poser, et je doute fortement que François Hollande n'en fasse qu'à sa tête, car, pour le coup, nous serions dans une république authentiquement bananière !

Tiens, à propos, que dit la Constitution, cher Bernard Debré ?  Ne vous fatiguez pas, je la connais : elle est d'un silence de mastaba sur la question de la "compagne" du président de la République.

Du travail en perspective pour le Parlement, réuni en Congrès à Versailles ! 

B. Votre méchanceté. Acte sinon puéril, du moins cruel. Faute grave. Ridicule. Trahison. Attitude grotesque... Le moins qu'on puisse dire est que Bernard Debré n'y va pas avec le dos de la cuiller. Et j'approuve tous ces termes, tout en estimant qu'ils n'ont pas de consistance scientifique : un médecin (psychiatre) ne dit pas que son/sa patient(e) est méchant(e), cruel(le), ridicule, grotesque... Il parlera plutôt de schizophrénie, de phobie, de paranoïa..., d'hystérie.

Pour ma part, je penche depuis le début pour l'hystérie, parce que ces exigences formulées en public, concernant le baiser sur la bouche, et confirmées par la photo analysée plus haut, ainsi que par ce tweet, me semblent typiques d'un comportement hystérique. 

Et il y a un mot que Debré n'a pas évoqué : le danger. Parce qu'il n'y a pas que le ridicule pour Hollande. Cette femme ne présente-t-elle pas un danger pour la fonction de président de la République incarnée par François Hollande ?

Mais au fait, on nous parle généralement de la santé des présidents ; on produit même régulièrement des bulletins de santé. Et c'est là que je m'interroge doublement : 1) quid de la santé globale des présidents ? 2) quid de la santé globale de leurs compagnes ou épouses ?

1. La santé globale des présidents et dirigeants. 

Entre nous, pourquoi se contenter de nous révéler l'état de la prostate, des artères ou du foie d'un tel ou d'un tel ? Et pourquoi n'évoque-t-on jamais également la santé mentale ? Veut-on me faire croire qu'elle n'a pas d'importance ? Veut-on me faire croire qu'il n'y a jamais eu de président de la République présentant une addiction... à l'alcool, à la cocaïne, aux euphorisants, aux médicaments, au sexe... ? Et il n'y a pas que les présidents : n'a-t-on pas eu droit à un suicide avec Pierre Bérégovoy, du moins officiellement ?

Il me semble que le silence radio observé sur la santé mentale des dirigeants constitue une grave lacune qu'il faudrait combler rapidement.

2. Et que dire de la santé globale, tant physique que mentale, des épouses et compagnes de nos dirigeants ? Pour aller droit au but, quelqu'un peut-il me certifier, là, maintenant, que la girlfriend de François Hollande est saine d'esprit ? Sait-on seulement si elle a une addiction à l'alcool, si elle prend de la cocaïne (cf. Françoise Sagan, amie de Mitterrand), si elle accumule les barbituriques (cf. Dalida, amie de Mitterrand) ?

Question : et si cette femme était tout simplement folle ? Est-ce qu'il existe des moyens pour s'en assurer ? Et si, demain, le tout nouveau président se présentait en public avec un cocard sur la tête, conséquence d'une bouteille de champagne fracassée sur son occiput par une first girl friend jalouse ? Vous ne trouvez pas que c'est un peu dangereux tout ça, outre le ridicule évoqué par Debré plus haut ?

La France tremble ! 


II. Olivier Falorni et le quart d'heure 'warholien'

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Le voilà donc, notre apparatchik socialiste rochelais, accédant à son quart d'heure warholien, pour parler comme Thierry Ardisson, qui use et abuse de cette formule du maître américain du pop art, selon lequel tout(e) un(e) chacun(e) a vocation à connaître, un jour, son quart d'heure de célébrité.

Pauvre Olivier Falorni !

Pauvre ? Ben oui ! À peine commencée, voilà que sa carrière nationale est déjà terminée ! Non mais sans blague, qu'est-ce qu'il s'imagine, le pauvre Falorni, qu'on peut impunément humilier publiquement un président de la République et un premier ministre, qui lui ont demandé, fermement mais courtoisement, de ne pas insister et de respecter le vote des électeurs du premier tour de la législative ?

Mettons qu'il gagne ce second tour. Le voilà à l'Assemblée Nationale. Seul ! Les innombrables déplacements en train, les séjours à Paris, l'hémicycle aux côtés des non-inscrits... C'est ça le rêve qu'il caressait comme candidat à l'Assemblée ?

Siéger avec les non-inscrits, ça veut dire aux côtés de gens qu'on ne connaît pas, dont on ne partage pas forcément les options... Du coup, compte tenu de la misérable prestation des "petites formations" : Front de Gauche ou Modem, Falorni est bien mal barré, et pour se retrouver dans un vrai groupe à l'Assemblée, voilà qu'il va devoir rejoindre l'UMP ! Un autre a essayé avant lui : Eric Besson. Vous vous souvenez  du pamphlétaire dont l'ouvrage anti-Royal lui valut de passer sur tous les plateaux de radio et de télévision, en plein second tour de la présidentielle de 2007 ?

Est-ce que quelqu'un pourrait me dire ce qu'il est advenu d'Eric Besson ?

Pauvre Olivier Falorni !

Si le problème des femmes c'est une certaine propension  à l'hystérie - et souvent aussi, à la nunucherie, voyez cette pauvre nunuche (et je suis gentil !) d'Audrey Pulvar, qui feint de découvrir les règles de déontologie censées séparer le métier de journaliste et le lit d'une personnalité politique, après les affaires Schönberg, Sinclair, Ockrent, Drucker  ! -, celui des bons hommes, ce serait plutôt la suffisance et l'orgueil mal placé.

Et comme, pour couronner le tout, de bien mauvais génies se sont penchés sur son oreille pour lui conseiller de ne pas lâcher le morceau, voilà notre Falorni pétant plus haut que son cul, comme aurait dit Bedos, le Guy Bedos qui avait encore des couilles et ne s'était pas encore laissé emballer dans la naphtaline, en devenant un vieil opportuniste dégonflé et ne trouvant plus rien de mieux à faire que de tirer à vue sur un confrère en difficulté (Dieudonné). Mais bon, Bedos n'a pas dû être vacciné contre la jalousie, parce que, côté humour décapant, Dieudonné est le meilleur, et de loin !

Si j'avais eu un conseil à lui donner, j'aurais d'abord suggéré à Falorni de se méfier des faux amis qui tentent de régler leurs comptes avec Ségolène Royal par gogo interposé, en se servant de lui comme d'une marionnette, et ensuite, d'infliger une petite leçon de probité à Ségolène Royal en se retirant, de manière à éviter à ses bienveillants mentors socialistes (Hollande et Ayrault, mais je suppose qu'il y en a de malveillants, qui se contrefichent éperdument de ce qu'il va devenir dans cinq mois ou cinq ans !) de se retrouver avec une grosse épine dans le pied, surtout après l'affaire du tweet.

En jouant au coq de basse cour, qui veut montrer à tout le monde qu'il en a, Falorni va peut-être gagner, mais gagner quoi, une bataille ? Cinq années au Parlement ? À siéger tout seul dans un coin de l'hémicycle, ostracisé par tout le monde ? Et puis après ? Dans cinq ans, il se retrouve avec un candidat estampillé PS en face de lui, s'il est toujours d'attaque pour une nouvelle campagne électorale, et là, ce sera une autre paire de manches. Sauf miracle, ou alors il aura rejoint les rangs de l'UMP, sa carrière politique nationale est, d'ores et déjà, terminée.

Pauvre Olivier Falorni !


III. Le PS ou la déroute du social-bonapartisme

Tout le monde au Parti socialiste, Martine Aubry en tête, pense que le parti de la Rue de Solférino a réalisé un carton plein électoral en cette année 2012 et que tous les voyants sont au vert.

Quelle erreur ! Ben oui, quelle erreur, que la première secrétaire du principal parti de gauche, en clair, du principal parti de l'opposition sortante, ne soit pas candidate aux législatives. Mais où a-t-on vu ça en Europe, qu'un chef de parti, de surcroît, d'un parti important, délaisse le combat électoral au milieu de ses troupes ? De ce point de vue, Martine Aubry et Lionel Jospin auront été de bien étranges curiosités. L'explication, pour Aubry, date de 2002.




Ce siège perdu en 2002, Martine Aubry n'a jamais pu le reconquérir depuis, malgré les 59 % de Ségolène Royal à Lille au second tour de la présidentielle. On a même vu Madame le Maire tenter de quémander à François Hollande, premier secrétaire d'alors, une circonscription facilement gagnable, ce que l'autre, roublard et retors, s'est bien gardé de faire, d'où leur profonde brouille.

C'est, donc, sous la conduite d'une cheftaine planquée et absente du combat que le PS s'apprête à redevenir le premier parti de l'Assemblée Nationale Française !

On parie combien que, pour cette raison - une absence évidente de leadership - et pour d'autres, le PS risque d'entrer bientôt dans un tunnel d'invisibilité qui devrait durer cinq bonnes années, voire dix si Hollande se représente et l'emporte en 2017, à l'instar de la calamiteuse décennie traversée par l'UMP entre 2002 et 2012 ?

Étrange !, allez-vous me dire.

À vrai dire, je ne vois pas ce qu'il y a d'étrange là-dedans, qu'un parti bonapartiste disparaisse de la circulation dès que l'un des siens accède à la magistrature suprême ! Tout le monde sait, ou devrait savoir que dans un système bonapartiste, il n'y a qu'une tête qui dépasse. Donc, durant les cinq prochaines années, attendez-vous à n'entendre que des éloges de leur "grand homme" de l'Élysée, qui va être leur alpha et leur oméga en toutes circonstances : "conformément aux souhaits du président de la République, en accord avec le président de la République, comme le préconise le président de la République, etc.".

Ça ne vous rappelle rien ? Moi, ça me rappelle François... Mitterrand entre 1981 et 1995 : quatorze années durant lesquelles le Parti socialiste s'est inscrit aux abonnés absents. Ou alors que quelqu'un me rappelle un peu quelle était la doctrine du PS en matière de Françafrique, par exemple, quand on connaît l'aventurisme mitterrandien en la matière, ou encore à propos du programme nucléaire. C'est simple : durant deux septennats, amputés, il est vrai, par deux cohabitations, le PS a été inexistant, hormis durant les deux petites fenêtres cohabitationnistes, et encore ! Même observation durant le "règne" de Jospin à Matignon entre 1997 et 2002.   

Je m'en vais, donc, citer en toute confraternité un collègue bloggeur dont je trouve les analyses au moins aussi pertinentes que celles d'un Alain Duhamel, d'un Serge July ou d'un Jean-Michel Aphatie. Ce bloggeur prend un malin plaisir à pointer les incohérences posturales du Parti Socialiste dont la doctrine anti-FN et anti-droite sarkozyste est à plus qu'à géométrie variable.
Le Parti Socialiste, en soutenant les parachutages et en ne respectant pas partout la règle qu'il prétend vouloir faire appliquer, s'adonne à des calculs court-termistes très dangereux. Un peu comme celui qui le conduit à soutenir, dans la 3ème circonscription des Bouches-du-Rhône, Sylvie Andrieux, pourtant poursuivie pour détournement de fonds publics. (...)
Ce jusqu'au-boutisme peut également servir à justifier un soutien clair et sans équivoque aux candidats de la droite sarkozyste dans d'autres circonscriptions. Le mépris affiché envers les "voix de la droite" (une bien curieuse expression...), ces infamies qui viendraient troubler la pureté virginale des "voix de la gauche", peut donc, selon la situation, se muer en encouragements bienveillants. Curieux.
Et que nous dit Olivier Thomas lorsque Marine Le Pen appelle à voter en sa faveur pour battre Nathalie Kosciusko-Morizet dans la 4ème circonscription de l'Essonne ? Que les frontistes sont "des électeurs, des citoyens", des gens normaux, en somme. Être élu avec "les voix de l'extrême-droite" serait dans ce cas précis totalement légitime, contrairement à La Rochelle. Que c'est compliqué, le socialisme !

J'ai cru comprendre, en effet, que nombreux furent les barons socialistes - non dénoncés par la Rue de Solférino - à se dresser contre l'accord entre PS et EELV réservant certaines circonscriptions aux Verts, voire aux radicaux de gauche, de manière à leur assurer un certain nombre de sièges gagnables, ce à quoi certains parrains et potentats locaux, à l'instar du maire de Lyon, ont choisi de s'opposer. Voyez les ennuis de l'infortuné écologiste Philippe Meyrieu.

Ceux-là ont juste oublié que, malgré sa déroute à la présidentielle, sans les deux points et des poussières d'Eva Joly au premier tour, François Hollande ne gagne pas la présidentielle !

Et il est permis de croire que l'une des conséquences de l'hégémonisme du PS à gauche et de l'UMP à droite est la massive abstention qui frappe les législatives, les électeurs votant avec leurs pieds contre cette culture des parrains et des larbins.

Le fait est que le grand problème du parti socialiste - à l'instar de ses alter ego de droite : l'UDR et le RPR hier, l'UMP aujourd'hui - n'est pas seulement son bonapartisme mais, surtout, son hégémonisme, qui lui confère cette culture tellement proche de la mentalité maffieuse. Vous avez bien lu : maffieuse, l'organisation d'origine sicilienne reposant sur le principe selon lequel il n'y a pas de pairs, juste un chef et des larbins. C'est bien pour ça que les socialistes dépensent tellement d'énergie pour se grouper en courants, tous nommés non pas d'après une inclinaison idéologique - ça ce serait le cadet de leurs soucis, eux qui pensent à peu près la même chose ! -, mais d'après le nom d'un chef : fabiusiens, strauss-kahniens, jospiniens, rocardiens..., tout cela rimant fort bien avec larbin, quand les mafieux se nomment d'après leur localité ou région d'origine : on est Calabrese, Genovese, Milanese...

Et c'est bien ce système hégémonique qui conduit tant de figures socialistes à s'arc-bouter dans la défense du cumul des mandats ; voyez l'ex-préposé à la modernisation du parti, j'ai nommé Arnaud Montebourg qui, jusqu'à sa nomination au ministère du redressement productif, cumulait les fonctions de député et de président de conseil général, à l'image du président fraîchement élu. Et que dire de Michel Vauzelles, qu risque de voir échapper son siège de député si chéri au profit du Front National ? Mais rassurez-vous : le plus tout jeune Vauzelles pourra toujours se consoler avec le fauteuil de président de la région PACA.  


IV. Ségolène Royal et le syndrome de la Castafiore 

Vous voulez que je vous dise ?


Le meilleur qui puisse arriver à Ségolène Royal dans son bras de fer à la Rochelle serait qu'elle soit battue à plate couture par Olivier Falorni.

Je commence sérieusement à penser que ce serait là le seul déclic, en forme d'électrochoc, susceptible de la ramener sur terre, tant je suis convaincu, maintenant  - après l'avoir soutenue et admiré son parcours et sa méthode, enfin, ce que je prenais pour une méthode, à savoir la démocratie participative, qui lui a si bien réussi lors des primaires de 2007 - que cette femme a un problème, comme d'autres ont des problèmes avec l'alcool, avec la cocaïne, le poker... Pour Ségolène Royal, le problème, c'est son nombril, qui aurait vraiment besoin d'être dégonflé. Et peut-être qu'une cuisante défaite face à un obscur apparatchik, un sans-grade, serait-elle la bienvenue pour lui permettre d'entamer la nécessaire cure de désintoxication contre l'hypertrophie nombriliste.

Pour mémoire, Ségolène Royal est la présidente du Conseil Régional de Poitou-Charentes et elle prêche, depuis un certain temps maintenant, les valeurs du non cumul des mandats, ce qui l'a vue céder son fauteuil de députée des Deux Sèvres à sa suppléante Delphine Batho. Et j'ai fait partie de ceux qui se sont dit : "enfin quelqu'un qui met ses actes en accord avec ses paroles, quand d'autres disent une chose et font le contraire : les Ayrault ou Valls (député-maire), les Hollande ou Montebourg (député-président de conseil général), les Gérard Collomb ou François Rebsamen (sénateur-maire), les Michel Vauzelles (président de conseil régional-député)..., aux côtés des ministres-maires, des premiers ministres-maires, etc.,  faisant du parti socialiste ce parti qui refuse toute modernisation, tout rajeunissement, toute féminisation, toute diversification ethnique, à l'instar d'un vulgaire parti de droite !".

C'est vous dire ma surprise en apprenant que Royal avait viré sa cuti en se proposant d'accéder de nouveau au Palais Bourbon. Parce que de deux choses l'une : ou bien elle restait fidèle à la doctrine du non cumul, ce qui voulait dire que toutes les promesses faites à ses électeurs, lors des dernières élections régionales, passaient à la poubelle, ou bien elle comptait rester fidèle à ses électeurs de la région, ce qui voulait dire que la doctrine du non cumul passait à la poubelle. Bref, tout et n'importe quoi !

Le fait est que, pour justifier son retour à l'Assemblée Nationale, Ségolène Royal a dû produire un certain nombre d'arguments, dont je crois savoir que le perchoir était le plus décisif.

Ce qui montre bien qu'elle se moque du monde, pour ignorer à ce point le vote des députés, qui sont les seuls décisionnaires en la matière. Mais voilà, les cent propositions  de la campagne de 2007 sont déjà loin. 

Chapitre 6 des cent propositions  de Ségolène Royal (2007) : La présidente d'une République nouvelle.

Proposition n° 69 : Instaurer le non cumul des mandats pour les parlementaires.

Proposition n° 73 : Introduire la démocratie participative dans toutes les collectivités publiques.

Cette démocratie participative s'est traduite, durant la préparation des primaires puis de la campagne présidentielle, par l'organisation d'un millier de rencontres ayant drainé autour d'un millier de participants à chaque fois, soit autour du million de participants séduits par la méthode Royal en 2007, et qui expliquent abondamment l'avance confortable qu'elle a prise sur ses concurrents de la primaire dès le premier tour. Et puis, patatras !

Cinq ans plus tard, plus la moindre référence au pacte de 2007 ni aux débats participatifs, lesquels n'ont jamais donné lieu au moindre débat analytique. Rendez-vous compte : Ségolène Royal est fille de militaire. Elle sait, donc, que la moindre mission commence toujours par un "briefing" et se conclut toujours par un "débriefing". Or, en 2007, rien de tel ne s'est produit. Tout ce formidable travail a été balancé à la rivière. Quant au million et plus de gens qui s'étaient déplacés pour les débats, c'est simple, ils semblent s'être volatilisés.

On comprend, dans ces conditions, que Ségolène Royal soit passée de 60 % aux primaires de 2007 au dixième de ce score en 2012 : quand on passe son temps à virer de bord sans crier gare, les gens finissent par se lasser et vous tournent le dos.

Mais, me direz-vous, quand on est quelqu'un de censé et d'organisé, on tire les leçons des atermoiements et erreurs du passé, à la manière des techniciens de l'aéronautique, qui commencent toujours par rechercher les boîtes noires après un accident aérien, pour comprendre, ce qui a rendu le transport aérien si sûr.

Mais pour se livrer à ce genre d'investigations, comme sur une boîte noire, encore faut-il être disposé à mettre tous les éléments sur la table, sans rien se dissimuler, et surtout pas ses propres erreurs.

Le problème est que Ségolène Royal ne se trompe jamais ! N'essayez donc pas de trouver dans sa production littéraire le moindre mea culpa, la moindre autocritique : rien que de l'autocontemplation et de l'autocongratulation, dont nous avons ci-dessous un bel échantillon.



Le titre est on ne peut plus explicite : Femme debout. Alors, évidemment, comme on ne peut quand même pas trop s'autocongratuler, alors on fait appel à une comparse qui va le faire à votre place, en vous tendant complaisamment le miroir dans lequel vous allez pouvoir vous admirer, comme la Marguerite de Gounod !

Une année dans la vie d'une femme française... D'une femme, et seulement d'elle ? 

Françoise Degois entame la préface de l'ouvrage ainsi :
Que savons-nous vraiment d'elle ? Malgré les milliers de reportages de ceux qui suivent, d'éditoriaux de ceux qui savent, d'interviews de ceux qui cherchent ? Malgré les heures passées ensemble et séparément dans les trains, les avions, sur le terrain, du Sénégal à la banlieue de Roubaix, de la bande de Gaza au Marais poitevin ?
Et la même préface se termine ainsi : 
Ce chemin initiatique, François Mitterrand l'a emprunté, comme Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy aussi à sa manière. Ces trois hommes ont su regarder en face leur échec, l'admettre, l'analyser, se cuirasser face à toutes les attaques et repartir, avancer avec une conviction d'autant plus forte qu'elle repose sur le sentiment inébranlable d'avoir un destin. Ségolène Royal semble faite de ce bois.
La cible s'est dessinée au soir de sa défaite : gagner la présidentielle en 2012. Une cible omniprésente au fil de ces conversations qui courent sur près d'une année. Comme la corde de rappel qui tient, quelle que soit la force de la tempête. Même lorsque c'est elle qui sème le vent.
Que connaissons-nous vraiment d'elle ? Ce qu'elle a bien voulu montrer. Ce que j'en ai déduit. Ce que vous en comprendrez.

Moi j'ai compris que, face à une personnalité aussi narcissique, Françoise Degois a su manier le miroir, pour que l'autre puisse s'admirer dedans, sans jamais se remettre en cause.

Le bouquin s'achève avec l'évocation de l'échec du congrès de Reims et la magouille ouvertement admise maintenant, en tout cas jamais contestée par les intéressés, même pas après la parution de l'ouvrage Hold-ups, arnaques et trahisons, de Rissouli et André.

Et voilà ce que déclare Ségolène Royal à Françoise Degois en conclusion de Femme debout. On peut y découvrir la formidable capacité de Ségolène Royal à se tromper, notamment sur des gens qu'elle prenait pour de grands amis (pp. 273-275) 
La nouvelle direction a essayé par tous les moyens de décrocher des gens très talentueux. Aurélie Filippetti, ou encore Guillaume Garot et même Gérard Collomb, mais tous ont dit non. En fait, malgré les petites sorties de route apparentes, nous sommes resté unis. Et nous allons nous structurer. Mettre en place dans nos propres fédérations ce parti dont nous rêvions  à grande échelle, mais je vous rassure, sas faire sécession ! (Rires) Et puis, je trouve que ce congrès aura au moins eu le mérite de montrer pour la première fois, réellement, que la coalition antiroyal existe vraiment. On m'a toujours fait ce procès en victimisation. Cette attitude de victime que j'aurais adoptée tout au long de on ascension. Mais là, je ne pouvais pas rêver d'une démonstration plus éclatante. Jusqu'au bout, j'ai tendu la main, jusqu'au bout j'ai fait avec eux ce que j'aurais aimé qu'ils fassent avec moi. Ils ont refusé. Mais je n'abandonne rien, je ne lâche rien. Désirs d'avenir est relancé, plus mobilisé que jamais, j'ai plein de projets, notamment un film sur l'environnement car je veux vraiment me consacrer à cette question du point de vue économique. Dans la crise actuelle, les éco-industries sont une issue extraordinaire. Il faut travailler avec acharnement sur cette question. Je travaille aussi beaucoup sur l'éducation. Mon groupe d'économistes se remet lui aussi en marche, après cette parenthèse du congrès. Je sens aussi que le ciment tient bon avec de grands élus, comme Gérard Collomb ou Jean-Noël Guérini. Je ne dis pas que c'est facile, mais je vois bien le chemin.
"Le ciment tient bon avec de grands élus, comme Gérard Collomb ou Jean-Noël Guérini...".

Étonnante candeur de Ségolène Royal ! Il faut dire que les sondages sont passés par là : si, en 2007, elle avait de bonnes courbes, en 2011 et 2012, il n'y en a eu que pour Strauss-Kahn, jusqu'à une funeste affaire dans un hôtel newyorkais, puis pour François Hollande et Martine Aubry dans la phase suivante. Du coup, le "ciment" a moins bien tenu !

Pour la toute fin du bouquin, je vous ai fait un fac simile :


Vous avez compris ? Moi ! Moi ! Moi !... 

Et les cent propositions de 2007 ? Et tous ces débats participatifs, avec plus d'un million de participants ? Peut-on seulement imaginer une trajectoire politique qui fasse à ce point abstraction des gens auxquels on est censé s'adresser, surtout après qu'on a dit qu'ils étaient les meilleurs experts de ce qu'ils vivent au quotidien ?

Il est vrai qu'il est question de projets sur l'environnement, les éco-industries, l'éducation, mais ça, ce sont des mots-clés ; on met dedans ce qu'on veut. Les gens, en revanche, on ne les formate pas à notre image. Or les gens sont absents du discours de Ségolène Royal. Il faut dire que "Femme debout" n'était pas censé parler des gens !

Ça tombe bien : reparlons de Ségolène Royal, qui dit, page 258, répondant à une observation de son interlocutrice qui considère qu'il y a un manque d'humilité évident dans tous les partis :
Oui, et sans humilité on bloque la machine. Les négociations patronat-syndicats, la diplomatie, les sommets internationaux, la gestion au quotidien des régions, des départements, des villes. L'arrogance, vous avez raison, tue plus sûrement un homme ou une femme politique qu'une mauvaise campagne. Mais c'est difficile de la combattre parce que parfois on ne se rend même pas compte qu'on est arrogant.
Vous l'êtes ?
J'ai probablement eu des crises d'arrogance, quand j'étais jeune conseillère ou dans ma carrière, quand les choses vous montent un peu à la tête. C'est normal. Mais je crois pouvoir dire sans trop me tromper que les trois ans que je viens de passer m'ont guérie d'une forme d'arrogance. Enfin, je le crois, sinon c'est à désespérer de tout...
... m'ont guérie d'une forme d'arrogance... Venant de Ségolène Royal, la formule est presque drôle ! "Guérie d'une forme"..., sous-entendu, pas de toutes les formes... d'arrogance, comme l'idée de penser que le poste de président(e) de l'Assemblée Nationale vous était dû, sans même qu'il soit besoin de procéder au moindre vote des députés !

J'aime bien l'expression "crise d'arrogance", qui fait penser à "crise d'hystérie". Excellent diagnostic. Je n'aurais pas mieux dit !

L'hystérie chez Ségolène Royal ? Certainement mieux contrôlée que chez d'autres personnes, comme la pauvre Valérie T. que Royal sait pouvoir manipuler à distance et à sa guise, quoi qu'on pense. Après tout, c'est de bonne guerre, non ? En tout cas, ce sont les deux gourgandines Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin qui vont devoir réactualiser leur opuscule stupidement intitulé La femme fatale, parce que 90 % de leurs opinions sur Ségolène Royal sont fausses.     

Et l'autre, la "Rottweiler", l'a parfaitement compris, que Royal allait lui pourrir l'existence avec le savoir-faire d'une mante religieuse : sans avoir l'air d'y toucher. Comment ? En se rendant indispensable pour commencer. Ne dit-on pas partout que sans Ségolène Royal, Hollande aurait probablement perdu la présidentielle, parce qu'elle a su être là à un moment où, lui, avait impérativement besoin de se relancer ?

Quand je pense qu'il y a des gens qui traitent Royal de gourde, de Bécassine du Poitou ! Ah, les cons ! Ségolène Royal est certainement plus futée et plus roublarde qu'Olivier Falorni, Lionel Jospin, Sylviane Agacynski, Jean-Pierre Raffarin et Dominique Bussereau réunis. 

La first girlfriend de François Hollande sait que Ségolène Royal lui est mentalement supérieure, et voilà comment elle disjoncte au tout début du parcours d'obstacles, parce qu'elle sent qu'elle aura du mal à tenir la distance face à quelqu'un qui semble être revenue de tout.

Mais il y a autre chose : même en ayant perdu la primaire socialiste, Ségolène Royal avait largement le choix entre son plan de carrière et l'intérêt supérieur du parti qu'elle dit vouloir moderniser, et lui a fait déclarer à Françoise Degois : "Eh bien, il serait temps aussi de tout casser pour tout reconstruire."

Elle s'est fait voler la victoire en 2008 ? Il m'a pourtant semblé que l'imposture constituée par Martine Aubry allait bientôt prendre fin, cette dernière ayant épuisé ses capacités à jouer les femmes de paille, qu'on place à la tête du parti en attendant le retour du sauveur exilé au FMI.

En somme, il aurait suffi à Ségolène Royal d'attendre un peu pour ramasser les cadavres, après l'affaire du Sofitel de New York et l'implosion consécutive de la mascarade autour d'Aubry, et pour triompher complètement de tous ses adversaires survivants, et ce, même à retardement et même sans une victoire aux primaires socialistes et, a fortiori, à la présidentielle. Et la voilà qui aurait fait d'une pierre deux coups : accéder à la direction du parti en entamant, dans la foulée, sa modernisation tant espérée.

Tout casser et tout reconstruire ? Apparemment, le PS attendra, dès lors que Mme Royal a plus urgent à faire ! Parce qu'il faut croire que, depuis Femme debout, Ségolène Royal a encore changé de pied, considérant visiblement que sa carrière comme quatrième personnage (autodésigné) de l'État valait bien mieux que la rénovation du parti. Vous avez compris que tout le discours évoqué plus haut, sur l'humilité et l'arrogance, par exemple, n'était que théorie fumeuse. 
Mais je crois pouvoir dire sans trop me tromper que les trois ans que je viens de passer m'ont guérie d'une forme d'arrogance. Enfin, je le crois, sinon c'est à désespérer de tout...
Je crois pouvoir dire... Enfin, je le crois... Sacrée Ségolène Royal ! Vous avez compris que notre présidente de Poitou-Charentes n'était même pas certaine de ce qu'elle avançait ?

Le problème de Ségolène Royal ? Certainement pas  d'éventuelles bisbilles avec  un tel ou une telle. Le problème de Ségolène Royal c'est Ségolène Royal et il serait grand temps que cette femme redescende sur terre et cesse de prendre les gens pour des imbéciles. Enfin, les gens, si elle veut, moi, certainement pas ! Et les 60 % de la primaire de 2007, qui se transforment en 6,8 % en 2012 sont là pour attester de l'exaspération que Ségolène Royal peut susciter chez ses plus fervents supporters, lassés d'être traités comme de vulgaires groupies par quelqu'un qui se proclame volontiers humble et à l'écoute des gens, mais qui n'est vraiment qu'à l'écoute de ses propres pulsions nombrilistes.

Présidente de l'Assemblée Nationale ? Pour apparaître tous les mardis sur ce perchoir un peu étriqué sur lequel on se contente d'annoncer les intervenants ? Même si la fonction semble empreinte d'un certain prestige, Fabius est bien passé par là, non ? Et alors ? Cela a-t-il le moins du monde contribué à redorer son blason ? Et Bernard Accoyer, il en sort aussi, non ? Est-ce que par hasard son statut d'ex-président de l'Assemblée Nationale lui confère un poids particulier dans la perspective du leadership à l'UMP ? Je n'ai pas cette impression. Pour dire les choses autrement, que l'on me cite un seul président de la Vème République qui soit passé par le perchoir de l'Assemblée Nationale !

C'est là qu'on mesure à quel point Ségolène Royal peut être incohérente !

Mais au fait, à droite, à quel niveau les observateurs situent-ils le centre de gravité du pouvoir et des orientations futures de l'UMP, sinon à la direction du parti ? Et pourquoi en irait-il autrement au Parti Socialiste ?

Donc, si elle a (encore !) un certain sens politique, Ségolène Royal devrait savoir que le véritable tremplin vers la magistrature suprême ne se situe pas au perchoir de l'Assemblée Nationale, auquel elle pourrait toujours accéder dans dix ou quinze ans, mais bien à la direction du parti, en l'occurrence, au premier secrétariat du PS. Ce n'est quand même pas Royal, la fidèle de Mitterrand, qui va me démentir, ou alors elle a zappé les trajectoires de Giscard, de Mitterrand, de Chirac et de Sarkozy !

Alors je rassure tout le monde, à commencer par les admirateurs de Ségolène Royal : une défaite au second tour de la législative de La Rochelle ? Ce serait une excellente nouvelle pour Royal elle-même, quoi qu'elle pense sur l'instant. Parce que le parti socialiste a besoin d'éviter de se retrouver dans un trou noir comme dans les périodes 1981-1995 ou 1997-2002, avec des bonapartistes bon teint au pouvoir, qui n'imaginent pas leur parti autrement que dans la position de la courroie de transmission ou de la cohorte de godillots dociles et soumis.

Faire tout le contraire de ce qu'a fait l'UMP entre 2002 et 2012 en qualité de parti de larbins sans épine dorsale. Voilà ce qui attend le PS si jamais il devait être rénové. Et pour ce faire, il faut une personnalité de premier plan à sa tête, et certainement pas un apparatchik sans états de service comme le trop tendre et insipide Harlem Désir.

Maintenant, supposons que les abstentionnistes rochellais du premier tour se mobilisent massivement et aillent voter en faveur de Ségolène Royal, la propulsant devant Olivier Falorni, jusqu'au perchoir de l'Assemblée Nationale, ça voudra simplement dire que l'indispensable rénovation du seul parti bonapartiste d'Europe occidentale aura été renvoyée aux calendes grecques !

Un dernier conseil à Ségolène Royal - qui n'a besoin des conseils de personne, je sais ! - : quand on est la fille d'un militaire, on doit apprendre le sens des mots "briefing", "débriefing". Mais il n'y a pas que les militaires : dans les sciences et techniques, on ne fait pas autrement. Voyez le monde de l'aéronautique, la recherche médicale ou la Formule 1...


P. S.


Dans la rubrique "rions un peu", lu sur le site lefigaro.fr :


Je cite : "sa défaite ternirait la victoire attendue de la gauche.". Ça veut dire quoi, sachant qu'il ne reste plus de candidat de droite, que Falorni est (déjà) passé à l'UMP ? Ça pour un scoop !