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jeudi 31 mars 2011

Libye. Le dossier Wikileaks (Libya. The Wikileaks files)




Avant-propos 


Gouverner c'est prévoir !, dit la sagesse populaire ! Et ça serait quoi, le contraire de la sagesse ?

Bien évidemment, il était difficile de faire l'impasse sur les télégrammes rapportés par Wikileaks sur la Libye, où l'on constate que les diplomates américains ont bien fait leur travail, en relayant les informations collectées par leurs informateurs sur le terrain, notamment dans cette fameuse région de la Cyrénaïque, dont le centre est Benghazi.

Ces documents ont quelque chose à la fois de banal et d'impressionnant. Ce qu'ils révèlent, en tout cas, c'est que l'Administration américaine savait quasiment tout, à savoir que la région de Benghazi était un pôle de recrutement de jeunes Libyens pour le Djihad, notamment en Irak. Des jeunes naturellement farouchement anti-américains !

Sur un plan plus prosaïque, je suis allé sur le site natif de Wikileaks et ai récupéré ces fiches, qui se présentent sous la forme de quinze chapitres dont le premier (présenté ci-dessous sous la forme originale.) résume l'ensemble. C'est cet ensemble que je vous présente ci-dessous, tel que traduit par mes soins.

Important : ma conception de l'Internet est telle que je considère que  le réseau mondial est le lieu majuscule de la gratuité, de la convivialité et du partage. Par conséquent, je suis un chaud partisan du libre accès des documents librement postés par leurs auteurs sur le web, et ce, à une réserve près, que l'on s'impose la discipline élémentaire consistant à citer ses sources (par exemple en insérant un lien de renvoi), comme je m'attache à le faire moi-même. Simple question de bienséance.

Ah, j'oubliais : par "xxxxx", il faut entendre les noms des informateurs, nécessairement masqués pour garantir leur anonymat. Par ailleurs, dans le texte original, la formule GOL revient souvent, dont j'ai déduit qu'elle ne pouvait se comprendre que par "Government Of Libya" (gouvernement de Libye).





15 items. Présentation de l'original de l'item 1. (Summary/Résumé) suivie de la traduction en français de la totalité des 15 items. Sans commentaire.


1. (C) Summary: A U.S.-Libyan dual national who regularly visits family members in eastern Libya recently described for us social, political and economic factors that have contributed to and facilitated participation by a disproportionately large number of eastern Libya's native sons in "martyrdom acts" and other insurgency operations in Libya and Iraq. A reportedly deliberate GOL policy to keep the east poor as a means by which to limit the potential political threat to Qadhafi's regime has helped fuel the perception among many young eastern Libyan men that they have nothing to lose by participating in extremist violence at home and in Iraq. The prospect of financial compensation for their impoverished families motivates some, but local pride in eastern Libya's historical role as a locus of opposition to occupying forces of various stripes is also an important factor. The fact that eastern Libyan mosques are more numerous and remote, together with tight local social networks, has reportedly circumscribed the ability of GOL security organizations to monitor and control the activities of radical imams as effectively as elsewhere in Libya. Unlike the rest of the country, sermons in eastern Libyan mosques are laced with phraseology urging worshippers to support jihad in Iraq and elsewhere through direct participation or financial contributions. While senior regime figures, including Saif al-Islam al-Qadhafi, appear to have recognized that the east merits more attention and investment, the reported ability of radical imams to propagate messages urging support for and participation in jihad despite GOL security organizations' efforts suggests that claims by senior GOL officials that the east is under control may be overstated. End of summary


1. Résumé : Un témoin détenant la double nationalité américano-libyenne, qui visite régulièrement les membres de sa famille dans l'Est de la Libye, a récemment décrit pour nous les facteurs sociaux, politiques et économiques qui ont contribué à accroître la participation d'un nombre anormalement élevé de ressortissants originaires de l'Est de la Libye dans des "actes de martyre" ou d'autres opérations insurrectionnelles en Libye et en Irak. Une politique délibérée du gouvernement libyen, visant à maintenir l'Est du pays dans un état de pauvreté, de manière à restreindre les risques potentiels de voir s'y développer toute contestation politique dirigée contre le régime de Kadhafi, a contribué à entretenir le sentiment, parmi de nombreux jeunes de l'Est, qu'ils n'avaient rien à perdre en participant à des actes de violence extrémiste tant dans le pays qu'en Irak. La perspective d'une compensation financière pour les familles paupérisées (des martyrs) peut être une motivation, mais la fierté locale tenant au rôle historique de la Libye, notamment de l'Est, comme foyer de l'opposition aux forces d'occupation de toutes sortes est également un facteur important. Le fait que les mosquées de l'Est du pays sont plus nombreuses et plus éloignées (des centres névralgiques de l'Ouest ?), de même que des réseaux sociaux locaux assez denses, peuvent expliquer la difficulté, pour les services de sécurité gouvernementaux, de surveiller et contrôler les activités des imams radicaux aussi efficacement que dans d'autres parties du pays. Contrairement au reste du pays, les sermons des mosquées dans l'est de la Libye sont truffés d'une phraséologie exhortant les fidèles à soutenir le djihad en Irak et ailleurs par le biais d'une participation directe ou de contributions financières. Alors que des personnalités importantes du régime, y compris Saif al-Islam al-Kadhafi, semblent avoir reconnu que l'Est mériterait une attention accrue ainsi que plus d'investissements, la capacité manifestée par des imams radicaux, aux dires des témoins, pour propager des messages invitant la population à soutenir et à participer au , et ce, en dépit des efforts des organes de sécurité gouvernementaux, suggère que les affirmations de hauts fonctionnaires gouvernementaux, selon lesquels l'Est du pays serait sous contrôle, seraient manifestement exagérées. Fin du résumé


2. Lors d'une réunion tenue le 5 février, le citoyen xxxx, détenteur de la double nationalité américano-libyenne (anonymat strictement protégé) a dit au chef du P/E (?) que l'Est de la Libye restait un lieu d'activité extrémiste sur lequel les services de sécurité du gouvernement n'avaient que peu de contrôle.


3. Le gouvernement lybien maintient l'Est du pays dans la pauvreté de manière à le conserver dans un état de soumission politique

xxxxx déclare que l'Est de la Libye souffre d'un niveau anormalement élevé de chômage, en particulier pour les jeunes hommes âgés de 18 à 34 ans. "Au moins la moitié" des jeunes hommes de cette tranche d'âge sont au chômage ou employés intérimaires. La situation s'explique en partie par la conviction du régime de Kadhafi que s'il maintient la région dans un état de pauvreté constante, cette dernière sera incapable de susciter une opposition politique sérieuse au régime. Expliquant cet état de fait, il a cité un proverbe libyen : "Si vous les traitez comme des chiens, ils vous suivront comme des chiens".


4. Mais la violence récente suggère un point de vue gouvernemental erroné

xxxxx dit que les événements récents survenus à Benghazi et Derna suggèrent que les spéculations du gouvernement sont erronées. Des membres de la famille avec lesquels il est en contact régulier lui ont dit lors de sa dernière visite qu'il y a eu des affrontements violents entre extrémistes locaux et représentants du gouvernement à la fin de l'année dernière. Lors d'un de ces incidents, les extrémistes ont ouvert le feu à proximité d'un hôpital de Benghazi, lors d'une tentative visant à  obtenir de l'aide médicale pour un de leurs camarades malade ou blessé. Il y a eu aussi une explosion ou un échange de tirs (les avis divergent) à un rond-point dans un faubourg de Benghazi alors qu'un agent de police tentait d'arrêter un véhicule utilisé par les extrémistes. (Note: Les deux incidents ont été signalés l'année dernière via d'autres canaux C'est la première fois que nous avons entendu parler de ces événements à partir d'autres sources. Note de fin...)  xxxxx a également évoqué allusivement des attaques menées par des extrémistes qui semblent avoir été des membres du Groupe islamique combattant libyen ; ces attaques visaient la police et des installations militaires dans le but de se procurer des armes.


5. "Rien à perdre"

Citant des conversations qu'il a eues avec des parents, xxxxxx dit que les chômeurs, les jeunes gens privés de leurs droits, à l'Est du pays, "n'ont rien à perdre" et sont donc "prêts à se sacrifier" pour quelque chose de plus grand qu'eux, en se livrant à Tripoli à des actes extrémistes au nom de la religion. "Leurs vies ne veulent rien dire et ils le savent, alors ils cherchent à donner un sens à leur existence à travers leur mort", a-t-il déclaré. Le manque de travail et les faibles perspectives d'emploi, ainsi que l'augmentation du coût de la vie, font que de nombreux jeunes gens n'ont pas les moyens de se marier, ce qui les voit privés de tout accès à un statut social et les prive de stabilité dans ce qui reste une société traditionnelle. Comme dans certaines parties de l'Egypte voisine, l'âge moyen auquel les hommes se marient a augmenté dans de nombreuses régions de l'Est de la Libye. Beaucoup se marient aujourd'hui au début voire à la moitié de la trentaine, ce qui aurait été considéré comme un âge déjà avancé dans un passé pas si lointain.


6. Indemnisation des familles des martyrs considérée comme incitatrice aux yeux de certains

xxxxx a carrément déclaré que certains jeunes gens, en particulier ceux des clans les plus pauvres, sont motivés par la promesse d'une compensation financière à long terme pour leurs familles s'ils commettaient des "actes de martyre" en Irak ou ailleurs. Notant que les revenus des habitants de l'Est sont faibles, il a fait entendre que les réseaux extrémistes sont capables d'inciter les jeunes hommes de se tuer en offrant des sommes relativement modestes de 150-200 dinars libyens par mois (environ 120-160 $/mois) aux familles des "martyrs". (Note : Comme élément de référence, la plupart des salaires gouvernementaux vont de 250 à 330 dinars libyens par mois. Note de fin..)


7. Une "fierté perverse" comme lieu géographique de la résistance, génère de l'attrait pour d'autres personnes

Le fait que l'Est ait été relativement démuni, conjointement à son rôle historique en tant que foyer de l'opposition à l'Empire ottoman et à l'occupation italienne, contribue à un "sentiment de fierté perverse" parmi les Libyens de la région dans leur rôle de principaux fournisseurs d'hommes jeunes enrôlés pour le djihad en Irak et ailleurs, xxxxxxx a rendu compte d'un grand dîner à Derna, chez un ami de la famille, et qui s'est tenu à l'été 2007. Les conversations entre les hommes, la plupart d'âge mûr, qui se trouvaient là, étaient axées sur les nouvelles selon lesquelles deux jeunes hommes de Derna avaient été récemment impliqués dans des attentats suicide en Irak. Des invités au dîner ont adressé à la fois des condoléances ainsi que des félicitations aux parents des deux jeunes hommes.


8. xxxxxx dit avoir été frappé par la forte réprobation contre les forces de la coalition en Irak, et par la fierté évidente des convives dans le fait que deux des fils du pays avaient "porté un coup" aux "forces d'occupation des Croisés en Irak". Il a souligné que ce dîner fut l'une de ces circonstances relativement rares, en Libye, où il s'est senti mal à l'aise du fait de sa citoyenneté américaine. De son point de vue, les Libyens de l'Est ne sont pas nécessairement anti-américains, mais sont fortement opposés à une présence militaire américaine en Irak ou dans tout autre pays musulman. Dans les années 1980, ce rejet visait l'occupation soviétique en Afghanistan, et maintenant, il s'est tourné vers  la présence américaine en Irak.


9. Notant que le chef de la résistance libyenne contre l'occupation italienne, au début du 20e siècle, le héros national Omar Mukhtar, venait du village de Janzour, situé à l'Est du pays, xxxxxx a averti que ce serait une erreur de penser que les jeunes gens de Derna étaient motivés par des opérations suicide en Irak uniquement en raison du chômage et dans l'espoir d'obtenir une compensation financière pour leurs familles. La région a une longue histoire, empreinte de fierté, qui l'a vue s'opposer à des forces d'occupation de toute obédience. Ses habitants sont fiers de leur volonté de "lutter pour la justice et pour leur foi religieuse", et ce, malgré leur pauvreté relative.


10. L'Irak considéré comme un enjeu "local" par les jeunes Libyens de l'Est

xxxxx a noté que pour de nombreux jeunes hommes de l'Est, le jihad en Irak est perçu comme un problème local. Parmi les facteurs qui alimentent cette perception, il a souligné l'impact du prosélytisme pratiqué par des Libyens ayant combattu en Afghanistan et qui, désormais, recrutaient de jeunes Libyens de l'Est pour des opérations en Irak, ainsi que l'influence des programmes de télévision par satellite et en langue arabe, l'utilisation de l'Internet pour échanger des informations et coordonner la logistique, et la facilité relative de voyage vers/de l'Irak. Au cours de sa dernière visite dans l'Est du pays, des parents et des amis lui ont fait part de reportages dans les médias, selon lesquels des Libyens, la plupart d'entre eux venant de Derna et de l'Est, représentaient le deuxième contingent le plus important de combattants étrangers identifiés dans des documents saisis au cours de la dernière opération "Massey" intervenue à la frontière syro-irakienne. xxxxx a noté que la majorité de ceux de Derna qui évoquaient ce problème semblaient être fiers du fait que leur petite ville ait contribué de façon disproportionnée au djihad contre les forces de la coalition en Irak. 


11. Des sermons "codés" dans les mosquées les plus radicales à l'Est

xxxxxx attribuait en partie l'état d'esprit farouche des gens de Benghazi et de Derna aux messages prêchés par les imams des mosquées dans cette partie du pays, dont il disait qu'ils étaient nettement plus radicaux que ceux entendus dans d'autres parties du pays. xxxxx insiste sur la fréquentation des mosquées, à chacune de ses visites en Libye comme un moyen de communiquer avec les voisins et les parents et de prendre le pouls politique de la situation. Les sermons tenus dans les mosquées de l'Est, en particulier la "khotba" du vendredi, sont truffés de "formules codées", invitant les fidèles à soutenir le djihad en Irak et ailleurs soit par une participation directe ou par des contributions financières. La langue est souvent assez ambiguë pour être raisonnablement qualifiée de suspecte, dit-il, mais pour les musulmans pieux, le discours est clairement incendiaire et sans ambiguïté en faveur du djihad. Les références directes ou  indirectes à des "opérations de martyre" n'étaient pas rares. Contrairement aux mosquées de Tripoli et du reste du pays, où les références au djihad sont extrêmement rares, à Benghazi et Derna, ce sont des sujets (de prêche) assez fréquents.


12. L'architecture et la géographie compliquent le contrôle des mosquées de l'Est par le gouvernement

Une partie de la difficulté pour les autorités, dans le contrôle des mosquées de l'Est, tient au fait que les imams les plus zélés ont tendance à prêcher dans de petites mosquées suburbaines (dans des zones périphériques) et rurales. Notre informateur/trice a mentionné l'atmosphère presque festive d'un voyage, à l'occasion duquel la famille s'est rassemblée pour un voyage vers une mosquée rurale éloignée, afin d'y entendre le sermon d'un imam "controversé". Contrairement à Tripoli, les mosquées de l'Est ont tendance à être plus petites et plus nombreuses, ce qui les rend plus difficiles à surveiller. L'architecture et les traditions locales  jouent également leur rôle : de nombreuses mosquées de l'Est du pays ne ressemblent pas, physiquement, à des mosquées traditionnelles telles qu'on en trouve ailleurs dans le pays, reflétant en partie la tradition "pseudo-secrète" des confréries Sanussi qui ont évolué dans l'Est de la Libye au milieu du 19e siècle. Le fait que de nombreuses mosquées de l'Est soient moins facilement identifiables complique la tâche des organes de sécurité gouvernementaux et explique qu'il soit plus facile d'y tenir des réunions et des sermons échappant à toute surveillance. (…) xxxx  a déclaré qu'il était "de notoriété publique" que, dans l'Est du pays, les mosquées situées dans les centres urbains fussent plus étroitement surveillées par les organes de sécurité gouvernementaux, mais qu'il était (donc) plus difficile pour ces mêmes organes de sécurité de surveiller des mosquées plus petites et isolées dans des bourgades et des patelins dispersés autour de Benghazi et de Derna.


13. Comment les cercles sociaux fonctionnent comme des familles très unies

Citant des conversations qu'il a eues avec sa famille, xxxxx dit qu'il est "de notoriété publique" que les organes de sécurité gouvernementaux surveillent les sermons et les activités survenant dans les mosquées, en particulier les sermons de la "khotba" du vendredi. (Note: à Tripoli et dans d'autres parties du pays, le texte des prêches de la "khotba", validés par les autorités, était distribué dans les mosquées, souvent sous la forme de photocopies.) Outre la prolifération de petites mosquées moins visibles, la capacité des organes de sécurité de surveiller efficacement les mosquées de l'Est du pays est limitée par la structure sociale et familiale relativement étanche. Les communautés orientales (de l'Est du pays) ont tendance à être plus petites et plus soudées ; les étrangers y sont plus faciles à repérer et les familles "font attention" à ceux de leurs membres qui pourraient avoir été enrôlés au sein des organes de sécurité du gouvernement pour espionner les activités de leurs parents et voisins.


14. xxxxxx a raconté l'histoire d'un jeune homme de Derna, qui a récemment été soupçonné de rapporter aux organes de sécurité gouvernementaux ce qui se disait dans la mosquée locale et qui fréquentait l'établissement. L'informateur présumé s'est retrouvé ostracisé par ses compagnons, les habitants de la ville voire par les membres de sa propre famille. Après avoir perdu son emploi, en partie à cause de sa "trahison", il a fui en Egypte et n'a pas été revu depuis.


15. xxxxxxx nous livre une description d'un rare intérêt car effectuée de l'intérieur (insider's look) sur les facteurs sociaux et économiques régnant dans l'Est de la Libye, et qui ont aidé et facilité la participation d'un nombre disproportionné des enfants du pays à des "actes de martyre" et à d'autres mouvements d'insurrection en Irak. L'opinion générale voudrait que l'Est soit plus pauvre et plus défavorisé, en partie de manière délibérée, mais, par ailleurs, de hauts responsables gouvernementaux ont récemment initié des changements visant à consacrer plus de temps à ces régions et d'y investir plus de moyens. Saif al-Islam al-Kadhafi, la personnalité la plus emblématique du régime, dans sa composante réformatrice sur le plan politique et économique, a choisi de tenir les première et deuxième réunions de son Forum annuel sur la jeunesse à Benghazi, en 2006 et 2007, et il est allé à la rencontre de foules importantes dans la région. Dans la perspective de ces deux événements, il a passé beaucoup de temps dans et autour de Benghazi, en vue d'y assurer la promotion de projets de développement économique et social sous l'égide de la fameuse organisation non-gouvernementale dite Fondation Kadhafi pour le développement, dont il est le dirigeant. Parmi les projets, on peut citer un projet "vert" de plus d'un milliard de dollars, consacré au  développement d'un tourisme respectueux de l'environnement ainsi que l'implantation de quartiers d'affaires, le tout se situant non loin des ruines gréco-romaines de Cyrène, près de Benghazi. Par ailleurs, des travaux sont en cours, visant à  une vaste rénovation du port de Benghazi, dans le but de le moderniser et d'en accroître le volume de fret tout en y créant des emplois. L'aspect le plus troublant et le plus problématique dans les comptes-rendus de xxxxxx tient dans l'orgueil que de nombreux Libyens de l'Est, en particulier dans et autour de Derna, semblent manifester dans le rôle assumé par leurs enfants dans l'insurrection en Irak. La capacité évoquée des imams radicaux, dans la  propagation de messages de soutien exhortant au djihad, en dépit des efforts des organes de sécurité gouvernementaux, suggère que les affirmations de certains hauts fonctionnaires gouvernementaux, selon lesquels l'Est du pays serait sous contrôle, semblent être des plus optimistes.


Observation : dans la rubrique "pan sur le bec !", chère au Canard Enchaîné, j'avais promis de ne pas faire de commentaire, mais quand même. Voyez ce chapitre 15. On y découvre que l'Est de la Libye avait été régulièrement et systématiquement maltraité par le régime de Tripoli, conformément à cet adage qui dit que "si tu les traites comme des chiens, alors ils te suivront comme des chiens.". Seulement voilà, un des fils du "dictateur" réalise manifestement le danger de cette politique, et entreprend de la corriger, par de grands travaux et des investissements importants (pesant des milliards de dollars américains). Et c'est précisément à ce moment-là que la révolte, je veux dire l'insurrection démarre. Vous avez dit bizarre ? Et l'on va nous dire que le régime de Kadhafi, ce n'est qu'une dictature sanguinaire ? Cette révolte libyenne me fait furieusement penser à ce qui s'est produit en Côte d'Ivoire en 2002, avec la volonté manifeste de Gbagbo d'ouvrir le pays à "l'Orient arabe" (ce sont ses propres termes), par le biais de la diplomatie, des échanges commerciaux avec les pays arabes, ainsi que par l'inauguration, à l'Université d'Abidjan, d'une chaire d'arabe. Et c'est précisément à ce moment-là que démarre un soi-disant soulèvement des musulmans du Nord. Vous avez (encore) dit bizarre ?


Tiens, by the way, soit dit en passant, faites donc une petite recherche sur l'affaire "Al Qaeda" ou "Al Qaïda" : des pages par millions, et avec ça, une impression de "silence radio" sur les grands médias français. Étonnant non ?!





N. B. Cette traduction est encore toute fraîche, elle peut encore être améliorée ; j'y travaille.