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jeudi 19 août 2010

Le détail qui tue...


Dans la rubrique "ben voyons !", voilà que le Landerneau politico-médiatique international bruisse de mille clameurs et protestations parce qu'une brave appelée du contingent israélien se serait fait photographier dans des positions scabreuses au côté de déportés palestiniens dont elle avait la garde, en somme une réédition du scandale d'Abou Ghraïb.

Que ceux qui ne connaissent pas le sens du mot "déporté" s'offrent un dictionnaire. Pour résumer, en termes juridiques, le fait de se saisir d'un sujet et de l'extirper de son habitat et de son environnement traditionnels pour l'implanter contre son gré dans un autre habitat et, a fortiori dans une prison ou dans un camp de détention, s'appelle une déportation. Il se trouve qu'Israël est, aujourd'hui, le pays qui compte le plus de déportés dans ses geôles, et il serait vivement souhaitable que, lors des prochaines manifestations larmoyantes organisées régulièrement devant tel ou tel monument dédié à la déportation, l'on ait une petite pensée pour les dizaines de milliers de déportés palestiniens - dont beaucoup d'enfants (!) -, qui s'entassent aujourd'hui dans les bagnes israéliens.

Alors, évidemment, devant les photos de la soldate israélienne, les bonnes âmes font mine de s'indigner, et l'on en profite aussi pour nous expliquer que, quelle chance !, quelle belle démocratie qu'Israël, où l'on n'hésite pas à condamner ce genre d'errement, car quelle belle manifestation de démocratie que de voir cette soldate tancée par ses anciens supérieurs, comme preuve que cette armée est vraiment à cheval sur la morale !

Ben voyons !

Il faut dire que raser des maisons, dévaster des vergers et des terres agricoles, détruire des écoles subventionnées par l'ONU, balancer un obus, quasiment à bout portant, dans le domicile d'un médecin palestinien, à Gaza, tuant au passage la moitié de ses enfants, ériger des check-points par centaines pour rendre la vie des Palestiniens intenable, les soumettre à un blocus tout en continuant d'installer sur leurs terres des colonies de fous furieux hystériques, etc., ça, vous pouvez le faire si vous êtes la plus belle démocratie du Proche-Orient. Mais vous faire photographier devant un déporté palestinien aux yeux bandés, quel scandale !

Tiens, au fait, deux petites images, juste pour rire, enfin, je me comprends : les obus représentés ci-dessous sont destinés à aller écrabouiller des maisons, des usines, des ponts, des hôpitaux... Source :
etymos.com







Commentaire d'origine :

Israeli girls write messages on shells at a heavy artillery position near Kiryat Shmona, in northern Israel, next to the Lebanese border, Monday, July 17, 2006. Photos and caption provided by A.P. Images/Sebastian Scheiner. Used with permission.

(De jeunes Israéliennes écrivent des messages sur des obus entreposés dans une position d'artillerie lourde près de Kiryat Shmona, au nord d'Israël, près de la frontière libanaise. Lundi, 17 juillet 2006... )

Suite du commentaire de l'auteur :
I seldom watch television anymore, but on Sunday night I watched Fox News’s Brit Hume make the simple, conservative case for essentially smashing the Palestinians. To be fair, Hume did not actually state that conclusion (that the Palestinians ought to be smashed)–he merely stated the premises that led to it as a near-necessary logical inference. Hume’s case was essentially as follows: (1) the Israelis have withdrawn from Gaza, thereby generously ceding control of Gaza to the Palestinians, and making any Palestinian blame on Israel for Gaza’s continuing problems nonsensical; (2) despite Israel’s generosity, the population of Gaza has continued to hurl rockets into Israel, to kidnap Fox News journalists, and to kidnap Israeli soldiers (one soldier, to be precise); (3) if the Palestinians were reasonable, they would reciprocate Israel’s generous withdrawal from Gaza with actions of peace; since they have not done this, we may conclude that the Palestinians are not reasonable, and that they only understand brute force, and (4) therefore . . . (policy conclusion unstated, or stated with due vagueness, but rather obvious).
(...)
Its vaunted free status notwithstanding, the mainstream media in the United States practices dramatic self-censorship, withholding information and images from American audiences that appear widely in Britain, Europe and the rest of the world. This is one major reason Americans see the world so differently: they are ignorant, relatively speaking, and largely oblivious to many facts that affect opinions abroad. This is especially true in all matters relating to Israel.
(...)
Ugly images are a part of war, but Americans generally have war sanitized to suit their squeamish dispositions. Americans would be better served with a less filtered, less sheltered, more informed view of world events.
(...)
The above images have circulated widely outside the United States. There is no question about the authenticity of these photographs–I obtained them directly from AP Images. These girls are signing shells bound for Lebanon–exactly as it appears. The reaction in the Arab world has, predictably, been one of outrage. In some cases, these photos have been paired with photographs taken by private citizens in Lebanon–gruesome photographs of carnage caused by shelling on the Lebanese side, mangled bodies of children and other Lebanese civilians on the receiving end. For an example of such imagery, one can look here. As a warning, these images are not for those with weak stomachs. If you want to appreciate how the Lebanese conflict is playing elsewhere in the world, however, there is no substitute for trying to see what the rest of the world sees.

Et, pendant ce temps, la réalité quotidienne des enfants de Palestine ressemble à ça, mais de ça, tout le monde se fout...




P. S.: Mon père lisait la Torah, dans le texte. Quant à ma première 'fiancée', elle savait à peine distinguer le 'כ' du 'ח', et elle n'était pas la seule "juive de pacotille", comme je m'amusais à la houspiller...

lundi 16 août 2010

Pharisienne et fière de l'être

16 août 2010 : un couple est lapidé en Afghanistan pour moeurs non conformes à la législation islamique, le tout dans l'indifférence absolue du microcosme politico-médiatique occidental.

16 août 2010, déclaration sur France Infos, de Mme Elisabeth Badinter, qui, une fois n'est pas coutume - il faut dire qu'elle n'a pas de bouquin à vendre, ce qui est exceptionnel ! - envahit les médias pour nous livrer une de ces professions de foi dont elle s'est fait une spécialiste.

Elisabeth Badinter dixit :

(...) Pour ma part, je me sens très coupable de ne pas réagir à chaque fois que des soldats ou des colons israéliens tuent des femmes et des enfants en Palestine et détruisent des habitations ou dévastent des propriétés agricoles. (...) On ne peut pas laisser passer une chose pareille sans manifester notre profond dégoût devant ce qui se passe en Palestine occupée.

Fin de citation

Pour avoir voulu manifester leur profond dégoût devant ce qui se passe depuis trop longtemps en Palestine sous occupation israélienne, des militants pacifistes se sont fait, tout récemment, canarder sauvagement, dans les eaux internationales, par des commandos israéliens.

Il faut croire que c'est cela qui a dû inciter notre grande philologue à sortir de son hibernation pour manifester son soutien au peuple palestinien, un beau geste qui l'honore.

Non, mais attendez, on me signale que je n'ai apparemment rien compris, que Mme Badinter n'a jamais prononcé les mots que je lui attribue. En fait, Mme Badinter ne parlait pas des souffrances du peuple palestinien, dont elle n'a rien à fiche, mais du sort d'une femme, accusée d'avoir commis un adultère assorti d'une complicité de meurtre sur la personne de son mari.

En fait, elle a voulu dire ceci : "Pour ma part, je me sens très coupable de ne pas réagir à chaque fois que les tribunaux iraniens condamnent des gens à la lapidation... On ne peut pas laisser passer une chose pareille sans manifester notre profond dégoût devant ce qui se passe en Iran." (sic)

Ouf, la vérité est rétablie, Elisabeth Badinter n'est pas folle ! Non mais quelle idée que d'imaginer que le sort des Palestinien(ne)s, qui meurent tous les jours sous les balles, les obus ou les conséquences du blocus, ait pu le moins du monde intéresser notre illustre pharisienne !



Cf. Évangile selon Luc VI, 41.

« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l'œil de ton frère. »


Pense - bête : penser à offrir à Mme Badinter un exemplaire des Évangiles et/ou (d'un résumé !) du Tipitaka (Palikanon) !

Boomerang



C'est l'éternelle histoire de l'arroseur arrosé...

Gros buzz sur toutes les gazettes, tant en presse qu'en audiovisuel : le maire de Nice veut jouer les redresseurs de torts en matière de délinquance, en pointant les responsabilités (exclusives !) des maires en la matière.




PARIS (Reuters) - Les socialistes se sont indignés dimanche des propos du ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, qui accuse les maires de gauche de laxisme en matière de sécurité et propose de les sanctionner financièrement.

"Les maires n'oublieront pas l'agression gouvernementale du 15 août contre leur action, qui s'ajoute aux attaques contre leurs ressources et leurs capacités d'investissement", écrivent les secrétaires nationaux du PS chargés de la sécurité et de l'industrie dans un communiqué.

"Dans les quartiers populaires et les zones rurales en particulier - où les habitants ont subi de plein fouet les dégâts des suppressions d'effectifs de policiers et de gendarmes décidées par le gouvernement -, la mise en cause des élus locaux pour masquer l'abandon d'État est ressentie comme une provocation insupportable et inacceptable", soulignent Jean-Jacques Urvoas et Guillaume Bachelay.

"On aimerait que M. Estrosi, plutôt que de jouer les cow-boys de mauvais westerns pour tenter de devenir ministre de l'Intérieur lors du prochain remaniement (...) se consacre à 100% à sa mission actuelle: être un ministre de l'Industrie digne de ce nom. Il en est malheureusement très loin", déplorent les deux élus socialistes.

Dans le Journal du Dimanche, Christian Estrosi propose que les municipalités qui ne respectent pas leurs obligations sur le plan de la sécurité soient sanctionnées par de "très fortes amendes", à l'instar de ce qui se pratique dans le domaine du logement social.

Il estime en outre que les maires devraient publier mensuellement "un observatoire de la tranquillité publique" montrant l'évolution de la délinquance, et mettre à jour régulièrement leur CLSPD (contrat local de la sécurité et de la prévention de la délinquance).

Seulement voilà, il faut croire que les bonimenteurs parlent toujours trop vite, à moins que Marseille, par exemple, ne soit passée nuitamment à gauche... Parce qu'on y meurt assez souvent de mort violente !



Mais d'où donc me vient cette étrange impression que le maire de Nice et certains de ses condisciples, débordés et surmenés, n'ont pas beaucoup fréquenté les églises ces derniers temps. Raison de plus pour leur offrir une petite séance de rattrapage, à partir de la fameuse parabole sur le Pharisien et le Publicain (Évangile selon Luc, XVIII, 9-14) :

Il (Jésus) dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu'elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres :

Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l'un était pharisien, et l'autre publicain.

Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même :
"Ô Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus."

Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant :
"Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur."

Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé.


P. S. (Petit Supplément... illustré) : source leparisien.fr, 17.08.2010



Pour mémoire : Corbeil-Essonnes est une ancienne municipalité communiste qui, en matière d'incivilités anti-policières, n'a jamais cessé de défrayer la chronique. Rappelons que la ville a été dirigée par les communistes jusqu'en... 1995 pour devenir le fief de..., de qui déjà ? Un grand constructeur d'avions militaires et d'affaires, dont le nom va me revenir...

vendredi 13 août 2010

Perpetuum mobile...

... ou mouvement perpétuel...

Jean Plantu est un grand dessinateur de presse. Personnellement, je lui ai toujours préféré Cabu, l'inventeur du Grand Duduche et du Beauf... Mais bon : Plantu reste un grand dessinateur de presse, qui manifeste une certaine prédilection pour une religion : l'Islam.

C'est en tout cas ce qui ressort de cette planche extraite du Monde Mag du 31 juillet 2010, consacrée à..., voyez vous-mêmes.


Cliquer pour agrandir l'image
(...) Rien à voir avec l'Islam. Le dernier assassinat d'otage par Al-Qaïda au Maghreb islamique nous montre encore un islam de tuerie. Il ne s'agit que de barbarie. Rien à voir avec la religion.

(...) D'abord je vais vous lire quelques versets sur la tolérance...


Rien à voir avec la religion, mais en attendant, les références à l'Islam sont omniprésentes sur cette planche, à commencer par ces minarets que l'on voit partout.

Rappelons d'abord à Plantu qu'en français, "tuerie" renvoie rarement au meurtre d'une seule personne ! Par exemple, quand un obus occidental tombe 'par inadvertance' sur un village irakien ou afghan, tuant quelques familles au passage, on peut parler de tuerie, comme on peut aussi appliquer ce mot au carnage provoqué par une escouade de barbouzes intervenant dans les eaux internationales contre des pacifistes turcs, en en tuant neuf et en en blessant quelques dizaines, comme on peut encore utiliser le mot à propos des massacres perpétrés par les Français à Sétif (1945), Madagascar (1947), par les Israéliens, tout récemment, à Gaza, sans oublier tous les crimes de guerre et autres génocides qui jalonnent l'histoire de la barbarie humaine depuis l'antiquité jusqu'à nos jours.

Précisément, je n'ai jamais croisé les expressions "christianisme de tuerie", ni "judaïsme de tuerie" sous la plume de Plantu, s'agissant de crimes commis par des sujets parfaitement identifiés comme étant chrétiens ou juifs. Mais ce bon Plantu va peut-être m'expliquer que le mot "tuerie" s'applique difficilement au christianisme et au judaïsme. Rien à voir avec l'Islam !

Il faut croire, par ailleurs, que Plantu dessine mieux les minarets (musulmans) que les églises (chrétiennes) et les synagogues ! Deux poids et deux mesures ?

Mais il y a aussi ceci, qui m'a fait littéralement bondir :




Il arrive quelquefois que l'on puisse associer les mots islam, culture et tolérance (Mais c'est rare !, rétorque un personnage voilé).

Bien évidemment, rien à voir avec la religion (sic !). Mais quand même... Et c'est là que je me demande si, hormis le fait qu'il ait appris autrefois à dessiner, Plantu a aussi appris à lire, par exemple des livres d'histoire, ce qui lui aurait permis, par exemple, de savoir qui étaient Ibn Battuta, Ibn Khaldoun, de connaître l'origine des chiffres dits arabes, l'origine du jeu d'échecs, de savoir comment la médecine moderne est parvenue en Occident, à une époque où il était encore interdit de pratiquer des autopsies, de connaître l'origine de mots comme alchimie, algèbre, algorithme, alcaloïde... C'est rare !, rétorque le personnage voilé, qui n'a jamais mis les pieds dans l'Espagne mauresque, pour contempler l'Alhambra, à Grenade, par exemple, et tous ces lieux de culture qui jalonnent le passage des Maures en Espagne, qui n'a jamais entendu parler de Chinguetti, dans le désert mauritanien, etc., etc.

Restons en Espagne, dont Plantu ignore visiblement l'histoire : on aurait aimé lui suggérer de s'informer sur le statut des religions non musulmanes durant la présence des Maures sur la péninsule, notamment le statut des Juifs, ce qui devrait lui permettre de connaître le sort réservé aux Sépharades à l'avènement de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille, dite "la Catholique".

Et que dire de cet emprunt à Michelange, pour illustrer un article sur le pélerinage à la Mecque de musulmanes lyonnaises ? La main (de Dieu) renvoie à la création de l'Homme, élément notable des fresques de la voûte de la Chapelle Sixtine. Nous sommes ici au coeur du Saint des Saints du dogme catholique.




On se demande forcément ce que cette référence au catholicisme vient faire ici, au milieu du principal lieu saint de l'Islam ?

"Pêter plus haut que son cul" est une expression que l'on entend souvent, à propos de quelqu'un de suffisant et d'imbu de lui-même, qui cherche à se donner des airs. Et je me demande sérieusement si notre dessinateur du Monde n'a pas un peu présumé de son intelligence et de sa culture, qui s'avèrent bien maigrichonnes, en l'occurrence.

Moi qui ne suis pas catholique, ni musulman, mais qui suis tout bonnement fils de pasteur (pasteur protestant, donc, et vaguement islamophobe, ce qui ne surprendra personne !), j'avoue avoir été estomaqué par l'enchevêtrement d'inculture, de stupidité, de bêtise et de mauvaise foi qui compose cette planche de dessins.

Prenons le dernier dessin, dans le coin droit, tout en bas, sous la légende : "En attendant que les choses s'arrangent entre l'Europe et le Maghreb." Et c'est là qu'une fois de plus, je sursaute : l'Europe est symbolisée par des immeubles neutres et par la Tour Eiffel, et le Maghreb ?




Le Maghreb est évidemment symbolisé par un minaret, une mosquée ! Et là on se dit : Ben voyons !

Je suis encore tombé sur un autre dessin de Plantu (14 août 2010), représentant une Iranienne menacée de lapidation. Devinez quel type de monument le dessinateur a-t-il représenté à l'extrême gauche de son dessin ? Quand je parlais de mouvement perpétuel !



Seulement voilà, il n'y a pas que les dessins de Plantu que je lise dans Le Monde, ce qui m'a valu de tomber, dans le même journal du 14 août 2010, sur cet entrefilet :





Judaïsme de tuerie, aurait certainement écrit Plantu. Et s'il ne l'écrit pas, il doit le penser fortement !

vendredi 6 août 2010

Dr Goebbels still alive!

Tiens, un petit quiz, pour commencer : savez-vous qui a inventé la communication (= la COM) moderne ? Selon moi, Josef Goebbels, le très sulfureux ministre de la propagande d'Adolf Hitler. Car en matière de COM, Goebbels avait presque tout compris.

Annoncé avec tambours et trompettes sur radios et télévisions, ce 6 août 2010, un sondage tombant fort à propos (ben voyons !) et venant corroborer les nouvelles rodomontades de certain 'capitaine Matamore' à propos des délinquants d'origine étrangère...

Source : lefigaro.fr du 6 août 2010 :



Bien évidemment, on a le réflexe de chercher les mentions figurant en tout petits caractères, tout en bas du tableau :




Détail de la fiche technique :



Sondage réalisé par l'Ifop pour le Figaro. Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans, etc.

Ce que je n'ai jamais compris aux sondages, c'est l'utilisation qui en est faite par les "journalistes" ainsi que les politiciens, consistant à passer d'un millier de personnes à la population de tout un pays !

Prenons un sondage, au sens premier du terme, consistant à "sonder un terrain", ici, un test de solidité sur la glace d'un lac gelé. Avant toute autorisation d'ouvrir le lac gelé aux patineurs, le maire fait procéder à des mesures sur la solidité de la glace.

Imaginons maintenant que les techniciens de la mairie procèdent par sondage sur "un échantillon représentatif de la superficie du lac". Il va sans dire qu'en cas d'accident, donc de rupture de la glace sous les pas de patineurs, la municipalité sera condamnée pour manquement aux règles de sécurité. Elle aura beau dire : "nous avons sondé la glace sur 80 % de sa superficie.", le tribunal lui rétorquera que l'accident s'étant produit sur les 20 % non sondés, il y a bien eu faute !

Moralité : un sondage ne rend compte que du comportement de l'échantillon testé, car il est une règle d'or dans toutes les disciplines scientifiques : ON S'INTERDIT TOUTE EXTRAPOLATION !

Bref, les sondages d'opinion, tels qu'ils sont exploités par la presse et les mouvements politiques, affirmant, sans rire, qu'un millier de personnes reproduisent à l'identique et de façon homothétique le comportement de la population de tout un pays, relèvent de la plus pure escroquerie car ils constituent une négation structurelle de ce qui constitue les fondements mêmes de la science.

Et à chaque fois que je lis des commentaires à propos de sondages, comme le dernier produit par Le Figaro, je me dis que c'est Goebbels qu'on ressuscite !

J'ai donc repris le fameux sondage et entrepris de le restituer dans son intégrité originelle, en me fondant sur l'effectif interrogé, à savoir 1003 personnes. En clair, là où on lisait (cf. Le Figaro) 52 %, il faudrait lire : 523 personnes ; au lieu de 89 %, il faut comprendre 893 personnes, etc.

De fait, contrairement au titre ronflant en Une du Figaro : Les Français en accord avec les différentes mesures de sécurité, la véritable information est celle-ci : Un échantillon de 1003 sondés majoritairement favorable aux différentes mesures de sécurité...



Quel était déjà le slogan repris dans les communiqués de la Résistance entre 1940 et 1944 ? "Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand !"

C'est bien ce que je disais : c'est Goebbels qu'on ressuscite !

jeudi 5 août 2010

Licence to kill



Formule chère à Ian Fleming, l'inventeur de James Bond. En français : permis de tuer.

Donc, depuis quelques jours, le Landerneau politico-médiatique français bruisse d'une clameur suscitée par les déclarations du caudillo élu par les Français en mai 2007 concernant la déchéance possible - c'est loin d'être fait et ça ne le sera probablement jamais ! - de la nationalité française, déchéance infligée aux Français d'origine étrangère coupables du meurtre d'un agent de la force publique.

Tout le monde, à gauche, semble scandalisé par cette discrimination visant les (criminels) Français, selon leur origine. Franchement, entre nous, est-ce le plus important ?

D'abord, pourquoi seulement un agent de la force publique ? Cela veut-il dire que les Français d'origine étrangère auraient le droit (!), enfin, je me comprends, de tuer des civils, des enfants, des vieillards, des magistrats, enseignants, conducteurs de bus, arbitres, gens d'église... ?

Parce que, si je dis à un criminel d'origine étrangère : "là, si tu tues un policier ou un gendarme, je te retire la nationalité.", en bonne logique, il se dira que je lui suggère de s'en prendre plutôt à des non-policiers, des non-gendarmes, bref, à monsieur ou madame tout-le-monde ! On risque donc, d'avoir une recrudescence des meurtres de vieilles dames, de retraités, d'adolescents, et pourquoi pas, de policiers ou gendarmes... en civil !

Parce que je suppose qu'un agent dépositaire de la force publique doit être identifiable ès qualité, ce qui exclut le policier ou gendarme en villégiature, en vacances, faisant du jogging ou allant à la pêche.

Ce qui veut dire, si je poursuis le raisonnement de notre illustre président, que si un criminel d'origine étrangère veut trucider un agent dépositaire de la force publique, il devra patiemment attendre que ledit agent ne soit pas en service et ne soit donc pas porteur de signes permettant de l'identifier comme représentant des forces de l'ordre.

Dans l'urgence, les criminels d'origine étrangère devront s'organiser, je veux dire prendre des associés, des Français de souche, forcément. Je rappelle qu'à Grenoble, ils étaient deux, dont le survivant court toujours. Survivant non identifié, qui pourrait être d'origine étrangère mais peut-être... de souche !

Parce que, dans le cas d'espèce, les truands grenoblois, après avoir attaqué un casino, se sont repliés vers La Villeneuve, où ils ont eu un échange de tirs avec les forces de l'ordre, l'un des truands ayant perdu la vie dans l'échauffourée. Et notre illustre président d'embrayer sur l'origine étrangère et l'éventuelle déchéance de la nationalité. Mais que savons-nous de l'autre truand ? Et s'il avait, lui aussi, participé à la fusillade et s'avérait être un Français de souche ?

Quand on connaît la capacité d'adaptation des voyous, j'imagine comment les choses risquent d'évoluer : tant qu'à faire, les truands devront désormais travailler en bi- voire polynômes, du type Kader (d'origine étrangère) et Florian (Français de souche), ce dernier étant le seul à pouvoir tirer sur - et éventuellement tuer - un policier ou gendarme. Et si l'on arrête Kader, ce dernier affirmera que c'est Florian qui a tiré sur l'agent. Du coup, impossible de déchoir Kader de sa nationalité française !

On risque donc d'avoir une spécialisation dans les gangs, assortie d'une forme de mixité, du type BBB : black, blanc, beur, le Blanc étant le seul habilité à tuer des flics ou des gendarmes.

Et du coup, la future loi votée par l'UMP risque de tomber rapidement en désuétude.

Franchement, je ne suis pas sûr que notre illustre président ait mesuré la portée de ses propos du vendredi 30 juillet 2010, à Grenoble.


Mais venons-en à ces fameux propos :

"Je prends mes responsabilités. La nationalité française devrait pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police ou d'un militaire de la gendarmerie, ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique. La nationalité française se mérite, et il faut pouvoir s'en montrer digne. Quand on tire sur un agent chargé des forces de l'ordre, on n'est plus digne d'être Français."

Et là, je dois noter comme une étrangeté, pour ne pas dire une incongruité. Deux passages interpellent, en effet :

1. La nationalité française devrait pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police ou d'un militaire de la gendarmerie, ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique. La nationalité française se mérite, et il faut pouvoir s'en montrer digne.

2. Quand on tire sur un agent chargé des forces de l'ordre, on n'est plus digne d'être Français.

Non, mais, vous ne trouvez pas ça étrange, cette façon de formuler les choses, en se contredisant au passage ?

Résumons :

(1) Celui (d'origine étrangère) qui attente à la vie d'un dépositaire de la force publique perdra sa nationalité française. Seulement voilà :

(2) Qui(conque) tire sur un dépositaire de la force publique n'est plus digne "d'être français" et non pas "de devenir français". Mais pourquoi donc "on n'est plus digne d'être Français" ne s'appliquerait-il qu'aux sujets d'origine étrangère ? Il s'avère que cette deuxième partie de la déclaration, qu'on aurait voulu redondante, pour bien marteler les choses, vient en parfaite contradiction avec la première partie de la déclaration, d'où la forte impression d'incohérence et d'incongruité.

Comme quoi, il vaut mieux parfois lire ses discours, au lieu d'improviser de manière hasardeuse !

"N'est plus digne d'être français" s'applique nécessairement à TOUS LES FRANÇAIS, indépendamment de leur origine.

Ouf ! C'est la gauche qui va se sentir rassurée. On l'avait échappé belle !

Maintenant, je souhaite bonne chance à tous les godillots de l'UMP, qui vont devoir se coltiner avec cette déclaration incohérente, pour tenter de concocter une loi tenant à peu près debout.

Entre nous, c'est pas gagné !

mardi 3 août 2010

Géolocalisation




Lu dans Le Monde daté du 4 août 2010, p. 7 :



Et c'est là qu'on se dit que, décidément, il y a, de la part de bon nombre de journalistes, et non des moindres - Le Monde passant pour être le nec plus ultra de la presse quotidienne française, en tout cas auprès d'une certaine intelligentsia, mais bon ! -, de bonnes habitudes qui se perdent, à moins qu'il ne s'agisse de mauvaises habitudes qui tendent à s'incruster.

Résumons :

1. L'article de Benjamin Barthe est rangé dans la rubrique International & Europe, sous-rubrique Israël.

2. La mairie de Jérusalem autorise la construction de nouveaux logements dans une colonie juive... en plein coeur de la partie arabe de la ville.

3. Cette décision intervient alors que la communauté internationale presse l'Autorité palestinienne de reprendre les négociations directes avec Israël...

4. Contrairement au premier ministre israélien, qui s'attend à une reprise rapide des négociations directes, Mahmoud Abbas "persiste à exiger que "l'Etat juif" suspende au préalable la colonisation en Cisjordanie..., mais aussi à Jérusalem.

Et c'est là que l'on se perd en conjectures.

Nous sommes donc (1) en Israël, où la municipalité (israélienne, donc) de Jérusalem (2), autorise la construction de nouveaux logements. Où ? Dans une colonie...

Comment ça dans une colonie ? Une colonie en Israël ? C'est absurde ! Ah, pardon, j'avais mal lu : dans la partie arabe de la ville. Donc, en dehors du territoire israélien, s'il s'agit de la partie arabe annexée en 1967 par le corps expéditionnaire israélien. Nous ne sommes donc pas en Israël, contrairement à ce que la sous-rubrique "Israël" nous le suggérait.

Cette poursuite de l'annexion des territoires palestiniens intervient alors même (3) que la communauté internationale presse Mahmoud Abbas d'aller à Canossa. Enfin, c'est tout comme. Oui mais, la communauté internationale !, quelle communauté internationale ? En quelle circonstance a-t-on vu la communauté internationale adresser aux Palestiniens l'injonction de reprendre des négociations directes avec l'occupant de leur territoire ? Suffit-il que (guère plus de) deux ou trois politiciens américains ou occidentaux invitent Mahmoud Abbas à "collaborer" avec l'occupant israélien pour qu'il s'agisse de la voix de la communauté internationale ?

Quant à ce "alors que" (cette décision intervient alors que la communauté internationale...), le journaliste du Monde, dans sa précipitation, n'oublie-t-il pas quelques éléments en route, je veux parler de la flopée de résolutions onusiennes toujours en cours de validité, enjoignant Israël de libérer les territoires palestiniens qu'il occupe, et ce, sans condition ?

N'est-il pas étrange que le journaliste du Monde privilégie des injonctions informelles adressées officieusement par tel ou tel politicien occidental à Mahmoud Abbas - lequel, soit dit en passant, ne détient aucun mandat pour liquider la terre de Palestine au profit de l'occupant israélien ! - à des résolutions, elles, tout à fait officielles, émises dans le cadre tout à fait solennel du Conseil de Sécurité de l'ONU ?

Comment expliquer une telle amnésie du journaliste du Monde ?

Quant à l'affirmation (4) selon laquelle "Mahmoud Abbas persiste à exiger que l'Etat juif...", nous savons bien qu'il n'y a pas que Mahmoud Abbas qui formule cette exigence du droit international. Mais, par ailleurs, on aimerait connaître la formulation exacte du propos des responsables palestiniens ; en clair, il faudrait s'assurer que notre journaliste rend parfaitement compte de ce qui se dit : car il est peu probable que Abbas voie dans Israël un Etat juif, et il n'y a pas que lui, d'ailleurs, dès lors qu'Israël est loin de n'être peuplé que de Juifs. Que des extrémistes veuillent faire d'Israël une théocratie, nous ne le savons que trop, mais qu'un observateur extérieur, de surcroît, un journaliste, donc quelqu'un d'instruit, supposons-nous, s'évertue à reprendre à son compte la loggorhée des extrémistes juifs israéliens est plus que navrant !

Bref, M. Benjamin Barthe nous livre là un papier mal foutu, mal écrit, qu'un bon élève de la Troisième des collèges n'aurait pas pondu ! Et des papiers comme celui-là, on en lit à peu près tous les jours. Hélas !

Quant au quotidien de référence de l'intelligentsia française, souhaitons-lui de se reprendre rapidement, lui et ses confrères. Je crois savoir que la presse française serait en train de perdre des lecteurs. Et je ne suis pas certain qu'Internet soit responsable de tout ! Lassé de se laisser raconter n'importe quoi, le lecteur exigeant finit par aller chercher fortune ailleurs, ce qui est de plus en plus souvent mon cas, et je ne dois pas être le seul...